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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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B. L'Internet Of Things (IoT)

204 Ibid., p. 17.

205 Ibid., p. 31.

1. Origines et bénéfices de l'IOT

En 2019 se fêtait les 50 ans de l'Internet. Son embryon est en effet né en 1969 au Darpa sous l'appellation «Arpanet», premier réseau à faire transiter l'information sous la forme de paquets de données. L'Internet est entré dans l'âge adulte à 21 ans, en 1990, avec l'invention du Web, dont on ne répétera jamais assez qu'il n'est qu'une application de l'Internet (de même que l'e-mail, par exemple), et non pas l'Internet à lui tout seul.

Nous précisons tout de suite que nous choisirons de circonscrire notre analyse à l'utilisation du drone et des camera connectés étant donné le rayon extrêmement vaste des IoT. Ces deux outils en particulier sont d'une grande utilité dans le domaine précis de la conservation de la biodiversité et les enjeux de développement durable. Ceci pour bien montrer qu'il s'agit d'une réalité unique, à savoir l'interconnexion de tous les réseaux de terminaux émetteurs de données (data) à travers le monde206.

a. Les origines de l'IoT

Depuis 1990, qu'est-il arrivé à l'Internet ? Pas grand-chose, à vrai dire. Certes, au fil des années, une part de plus en plus importante des Terriens ont pu s'y connecter, et de plus en plus vite; c'est vrai, il y a eu la « nouvelle économie », le « Web 2.0 », les médias sociaux, etc. Mais tous ces changements de paradigmes, car c'est bien ce dont il s'agit, ont plutôt concerné le Web, c'est-à-dire tout ce à quoi l'on accède à partir d'un navigateur. Le seul vrai changement au fond qui a touché la partie « tuyaux », la technique, c'est l'avènement de l'Internet Mobile, qui a réellement émergé à partir de la sortie de l'iPhone en 2007.

À l'aube de ses 50 ans, il était temps que l'Internet fasse sa révolution, sous peine de rejoindre à court terme la radio ou la télévision dans le club du troisième âge des technologies. Cette révolution, elle est en train de se produire: c'est l'Internet des Objets.

De quoi s'agit-il ? D'une généralisation du concept de l'Internet à une grande variété d'objet, au-delà de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un ordinateur, y compris les montres, GPS, smartphones, drones, caméras et autres objets.

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206 Microsoft, op. cit., 2015, p. 9.

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Figure 11 : Formation en pilotage de drones207. Source : Bohin B.,2021.

Aujourd'hui, en effet, une foultitude d'objets sont des « terminaux émetteurs de données ». Capteurs industriels sur des chaînes de production en usines, sondes de température dans des colis devant rester à climat contrôlé, objets du quotidien (montres, bracelets), robots domestiques en train d'apparaître, capteurs d'empreinte carbones, etc. Tout ceci n'est pas entièrement nouveau. Ce qui l'est, en revanche, c'est l'essor que prend le phénomène, sous l'effet conjoint de la diminution des prix, de l'apparition de nouvelles technologies d'échanges de données, économiques à la fois du point de vue financier et du point de vue énergétique, et enfin de nouveaux comportements liés à la mesure des effets de la pollution et de la destruction de la biodiversité, et au partage des données208. L'IoT permet de rendre visible les images des sites naturels à l'intérieur du parc, des vidéos en temps réel qui peuvent être directement observées sur un site web dédier du parc. Cette nouvelle forme de tourisme visuelle par exemple dépasse l'idée de l'immersion dans la nature telle que nous la concevions encore.

207Formation en pilotage de drones et à la gestion des données sur le paysage faunique du parc national du Mpem et Djim par le colonel Bisseck (Conservateur du parc). Formation au cours d'une mission de tracking des lions observés quelques mois plus tôt dans le parc par les populations riveraines victimes d'attaques de leur bétail. Nous avons également évoqué la question de la valeur stratégique (sur le plan international) des données recherchées par tous les groupes étrangers auprès des aires protégées. Nous avons à cet effet travailler sur comment valoriser la communication des données obtenues des camera trap installées dans presque tout le parc ?

208 Idem.

Figure 12 : Panthère prise en photo par une camera trap. Source : WWF, 2017 p. 8.

En effet, grâce au digital et à des applications comme les casques virtuels, il est tout à fait possible aujourd'hui de vivre un voyage au coeur de la vie sauvage sans avoir à laisser une grosse empreinte carbone au passage. Les touristes aujourd'hui qui sont taxées de grands pollueurs acceptent de plus en plus l'idée de participé à la lutte contre le réchauffement climatique. Grace à l'IoT, il est aujourd'hui possible pour les touristes d'avoir des détails sur leurs efforts.

Au PNL, les images des caméras traps régulièrement collectées par le service de surveillance permettent d'alimenter l'unité d'écotourisme (en charge de la communication et de la visibilité des actions du parc) en images directement postées sur les pages Facebook, YouTube et autres. Initiative qui porte des résultats encourageants au stade actuel des recherches sur les questions ultra futuristes comme l'autonomisation des robots et objets connectés, qu'importe le vocabulaire, pourvu qu'on ait l'usage. Les gens ne sont pas à la recherche d'objets connectés, ils recherchent des fonctionnalités, des solutions pour réduire leur consommation d'énergie, pour améliorer la sécurité sanitaire ou le confort à domicile ou lors des voyages. « Nous sommes face à une mutation qui est que le produit s'efface derrière l'usage ».

b. Les bénéfices de l'IoT en matière de valorisation des savoirs traditionnels liés à la pharmacopée.

Il y a plusieurs façons de considérer les bénéfices induits par l'internet des objets dans le domaine de la pharmacopée traditionnelle :

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Des objets connectés pour prendre soin des hommes et de leur environnement.

L'un des domaines dans lequel l'Internet des objets est le plus développé est sans nul doute celui de la santé (pèse personnes connectés, traceurs d'activité, montres spéciales, la panoplie des objets connectés dédiés au sport et à la santé est bien fournie). Mais au-delà de cette dimension « forme et bien-être », l'Internet des objets peut considérablement améliorer le quotidien de centaines de milliers de malades, voire sauver des vies. L'utilisation que commence à en faire les laboratoires pharmaceutiques classiques au moyen de la télémédecine ouvre également la voie à de possibles consultations à distance faites par des guérisseurs pygmées Baka grâce aux applications smartphones actuellement en cours de développement par des étudiants français, belges et de bien d'autres nationalités au niveau du PNL.

· Les objets connectés pour un meilleur suivi des traitements.

« Soigner un patient ne consiste pas uniquement à lui administré un vaccin ». Pour qu'un traitement soit efficace, il faut qu'il soit bien observé et pris de manière persistante209. Il est déjà possible de créer des interfaces d'échange entre les populations autochtones détentrices de savoirs traditionnels exceptionnels et les potentiels patients dans le monde entier. La culture asiatique en est un parfait exemple.

· Une bonne observance.

L'observance du traitement consiste en la prise du médicament dans les conditions prescrites par le médecin (posologie, moment de prise, etc.). Un dispositif connecté fixé à notre inhalateur pourrait permettre également de suivre ces données.

2. Les grands enjeux de l'IoT pour la conservation de la biodiversité.

De nombreux enjeux stratégiques gravitent autour de l'application des nouvelles technologies dans la conservation de la biodiversité. Mais sans aucun doute la gestion des data est le plus important. Au final, qu'apportent les objets connectés, sinon la capacité de capter des lots de données de faibles volumes unitaires mais en grande quantité (images, audio, cartes et données GPS etc.), pour un coût modique et au niveau micro-local? En ce sens, ils sont un catalyseur extraordinaire du Big Data210.

a. Le Cloud

Comment le Cloud rend possible l'exploitation des données émises par les objets connectés ? « L'internet des objets a un ancêtre : le machine to machine. Vu son coût, ce dernier était réservé à certaines industries et à certaines entreprises. Le Cloud, aujourd'hui apporte les mêmes possibilités pour n'importe quel type d'objet, de la poubelle à l'ascenseur en passant par la voiture, etc. Le Cloud apporte des données à large échelle, permettant de traiter des problématiques de type Big Data. Enfin, il rend tout cela possible à un coût raisonnable. Aujourd'hui, l'internet des objets devrait être accessible à n'importe quel parc dans le bassin du Congo. À partir du moment où on oriente les recherches sur des outils déjà

209 Ibid., p. 15.

210 Ibid., p. 33.

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largement accessibles auprès des populations autochtones notamment le Smartphone qui permet de gérer une large gamme de données211. Donner de la valeur aux données est un enjeu clé pour les aires protégées. « Connecter des objets, c'est relativement facile, la difficulté, c'est d'exploiter l'énorme quantité de données qu'ils produisent, et d'y ajouter de la valeur. Le back-office des objets connectés est donc très important, pour donner de la valeur à ces données. Avec des algorithmes pertinents, il faut pouvoir tirer quelque chose d'intéressant et d'exploitable à partir des données émanant des objets connectés212. En particulier les données économiques par exemple.

b. La block chain

En juillet 2022, la République centrafricaine s'est ouvertement tourner vers les financements alternatifs qu'offrent internet comme le Bit Coin. L'objectif annoncer étant de favoriser des financements qui soient libérés des contraintes imposées depuis des décennies par le système colonial. La RCA veut en effet profiter des avantages des systèmes comme la Block Chain pour s'affranchir des chaines qui freinent l'exploitation de son immense potentiel minier et environnementale. La Block Chain ouvre par exemple la voie à une forme de tourisme participatif à la fois dans le flux direct des transactions financières entre les nombreux acteurs dont les touristes engagés, et des populations locales autochtones en charge de la conservation, réunies sur le terrain sous forme d'association.

L'écotourisme en ce sens-là peut répondre à de nombreux défis déterminants du développement durable et interculturel. La valorisation des produits comme les chenilles213commercialisées au niveau des standards internationaux, en prenant en compte les enjeux stratégiques de développement durable pour les pays du bassin du Congo, fait partie de notre vision pour réduire les pressions anthropiques sur le commerce et la consommation excessive de viande de brousse. Apporté une réponse aux enjeux économiques sans les tracasseries bancaires serait forcément un gain en efficacité. L'autonomisation financière des populations riveraines constitue en effet le coeur des réflexions actuelles en matière de conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo.

La difficulté majeure se trouve dans le fait de pouvoir proposer des produits qui répondent également aux valeurs culturelles des populations locales. Et dans ce sens, la cuisine Baka est extrêmement riche tant sur le plan diététique que sur le plan esthétique. Mais il faudrait une synergie de talents pour arriver à la valoriser au même niveau que la cuisine traditionnelle asiatique par exemple. Pour joindre la théorie à la pratique, nous avons essayé de confectionner une maquette214 totalement opérationnelle qui a été exposée et appréciée par toutes les autorités administratives et traditionnelles présentent lors du festival Baka - Bantu

211Ibid., p. 34.

212Ibid., p. 35.

213MBOYO : concept d'une boite de conserve de chenilles fumées. Produit à base d'une recette culinaire

autochtone (pygmée Baka)

214Maquette entièrement supervisée personnellement dans le but d'impulser une dynamique innovante sur les questions de conservation de la biodiversité et tendre vers un consensus social. Comment puis-je vendre mon produit à un touriste de manière à valoriser également mon patrimoine culinaire et participer au Soft Power au niveau des relations internationales ? Ces travaux ont bénéficié du soutien financier de la KAS (Allemagne), de la CARN (USA), de la FTNS (Cameroun, RCA, Congo.) et ont été retenus par le Comité national MAB-UNESCO Cameroun pour candidater au programme de bourse MAB-UNESCO pour jeunes scientifiques en 2022.

organisé en Novembre 2021 au PNL. En cas de financement, ces alternatives peuvent dans une politique internationale de conservation communautaire donné vie à des projets de reboisement d'arbres hôtes des chenilles inféodées à ces derniers ; en l'occurrence le Sappeli215. En plus, il est aujourd'hui possible de donner au client à l'autre bout du monde la possibilité d'acheter et ou financer tout en traçant la destination de son argent à partir d'un code barre. Par là, il est possible d'ouvrir la voie à un commerce juste, durable et équitable. Commerce qui ouvre par ricochet des possibilités importantes de tourisme durable.

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215 L'une des essences de bois les plus exploitées dans le bassin du Congo.

CHAPITRE IV : LE TOURISME DURABLE AU PARC NATIONAL DE LOBEKE

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Le tourisme est l'un des secteurs d'activité qui emploie le plus au monde. Aussi, depuis quelques années, les pays d'Afrique centrale misent sur le tourisme durable comme enjeux de développement (Section I). À titre d'exemple, le parc national de Lobeke au Cameroun a élaboré une stratégie de développement de l'écotourisme autour du tourisme culinaire à laquelle nous avons contribué (Section II).

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery