A. L'approche Une Sante
1. One health au Cameroun
L'approche One Heath a pour but de s'arrimer aux exigences du
Règlement Sanitaire International (RSI), du code terrestre des animaux,
et des conventions et traités internationaux en matière de
préservation de l'environnement auxquels le Cameroun a souscrit. Le pays
s'active davantage depuis quelques années à repositionner ce
référentiel sanitaire au coeur des stratégies de
prévention, de mitigation, de préparation et de réponse
aux situations d'urgence. Cette matérialisation se traduit par
l'amélioration de la gouvernance sanitaire et le renforcement des
capacités techniques des différents secteurs et
intervenants202. L'un de ses principaux défis reste la
prévention d'une éventuelle apparition de zoonoses. Parmi les
zoonoses susceptibles d'apparaitre dans les AP nous avons :
a. La Maladie à Virus Ebola
Connue sous le nom de fièvre hémorragique Ebola,
la maladie à virus Ebola (MVE) est une maladie rare mais souvent
mortelle chez l'homme si elle n'est pas traitée. Elle est apparue pour
la première fois en 1972 au Soudan du Sud et a connu en 2014-2016 sa
plus grande épidémie. Elle se manifeste par une période
d'incubation qui va de 02 à 21 jours. Les symptômes de la MVE
peuvent être soudains et inclure la fièvre, la diarrhée, la
fatigue, les
198Ibid., p. 7.
199Coordonnateur du comité technique du
programme zoonose Cameroun.
200Stratégie Nationale Une Santé,
«Advancing One health in Cameroon», Cameroun one health
magazine, no
001, 2022, p. 9.
201Microsoft, « Internet des objets (IoT), 30
projets concrets », Paris, LIVRE BLANC, 2015, p. 82.
202Stratégie Nationale Une Santé, op.
cit., p. 9.
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douleurs musculaires, les maux de tête, la gorge
irritée. Au cours de l'évolution de la maladie, d'autres
symptômes peuvent se développer tels que les vomissements, une
éruption cutanée, voire des symptômes d'insuffisance
rénale et hépatique. Les manifestations de la MVE sont d'ordre
diverses : saignements internes et externes, faible taux de globules blancs et
de plaquettes, taux élevé d'enzymes hépatiques.
Figure 10: Schéma de l'approche One Health.
Source: Cameroun one health magazine.
Le traitement pour la MVE n'est pas encore disponible.
Toutefois, les soins de soutien (réhydratation par voie orale ou
intraveineuse) et le traitement de symptômes spécifiques
améliore la survie. S'agissant de la prévention, les mesures de
réduction des risques prennent en compte un certain nombre de facteurs
tels que le risque de transmission de la faune à l'homme, la
transmission interhumaine, la contamination par les liquides et les tissus
liés à la grossesse et le renforcement des mesures de
contrôle des épidémies. Au Cameroun, même si le
risque de survenue est élevé, aucun cas n'a encore
été détecté à date203.
b. La variole du singe
La variole du singe encore appelée monkeypox,
est une zoonose causée par un virus orthopoxviridae, du
même genre que celui de la variole humaine. La transmission se fait par
contact avec les animaux infectés, le plus souvent des rongeurs
sauvages. Elle peut ensuite se propager d'une personne à l'autre. Chez
l'humain, la variole du singe se manifeste par des
203 Ibid., p. 16.
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éruptions cutanées pustuleuses, de la
fièvre, des symptômes respiratoires entrainant parfois la mort. En
Afrique, la variole du singe est présente dans les régions
centrales et occidentales, près des forêts tropicales humides. Le
taux de mortalité se situe entre 1 et 10 %. Il n'existe pas de
médicament spécifique. Le traitement est symptomatique. Ainsi, la
surveillance de la variole est cruciale dans la perspective de prévenir
une éventuelle réémergence de la variole jadis
éradiquée. Au Cameroun, de nombreux cas ont été
signalés principalement dans les régions du Centre, de l'Est, du
Sud, de l'Ouest et du Nord-ouest204.
La stratégie nationale Une santé du Cameroun
vise à prévenir la survenue de bien d'autres zoonoses comme la
grippe aviaire, l'anthrax, la rage, etc. Le ministère des forêts
et de la faune en charge de la gestion des aires protégées est
particulièrement interpelé à cet effet.
2. Le rôle du MINFOF dans la stratégie One
health.
Parmi les missions régaliennes du MIFOF, certaines ont
un lien direct avec les activités du Programme Zoonoses, notamment la
gestion de la faune sauvage qui constitue des réservoirs ou vecteurs de
nombreuses maladies zoonotiques ou épizooties. Représenté
au sein de toutes les instances décisionnelles de ce Programme, le
MINFOF contribue à l'élaboration et à la mise en oeuvre
des stratégies et plans d'actions de celui-ci, en liaison avec les
autres sectoriels concernés. Plus particulièrement, un accent est
mis sur le renforcement des capacités des écogardes dans la
prévention, la surveillance épidémiologique et la lutte
contre les zoonoses, de même que la sensibilisation des populations
riveraines des aires protégées.
Le suivi sanitaire des espèces sauvages se fait in-situ
et ex-situ. Pour cela, le Ministère de l'Elevage des Pêches et des
Industries Animales (MINEPIA), a mis à la disposition du MINFOF, des
vétérinaires dans les jardins zoologiques de Mvog-Betsi, Limbe,
Garoua et au Parc National de Campo Ma'an. Pour le moment, ce suivi est fait
aussi bien par les écogardes que par ces vétérinaires. Il
consiste à observer des singes suspects lors des missions de terrain de
suivi écologique ou des patrouilles. Au niveau des jardins zoologiques,
ce suivi est beaucoup plus accentué en raison du fait que les animaux
sauvages vivent en captivité et le milieu est ouvert au public. En cas
de prélèvement, les échantillons sont soit soumis aux
analyses préliminaires sur place, pour les cas des aires
protégées disposant de laboratoire (Parc National de Campo Ma'an
et le Jardin Zoologique de Limbe), soit transmis au Laboratoire National
Vétérinaire (LANAVET) sous autorité du MINEPIA, pour des
analyses plus poussées.
Le grand défi reste le renforcement des
capacités des personnels sur les différents symptômes de
maladie, afin qu'ils soient mieux outillés pour les alertes et la
manipulation des échantillons. Certaines aires protégées
ont bénéficié des kits de prélèvement des
échantillons205. Dans le but d'arriver à des standards
internationaux mais aussi de réduire le contact et les pressions
anthropiques au cours de leurs différentes missions, plusieurs aires
protégées au Cameroun investissent dans les nouvelles
technologies.
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