B. Leur mode de vie
1. L'organisation familiale
Les pygmées vivent généralement en clan,
c'est-à-dire qu'ils appartiennent à un même ancêtre.
C'est la raison pour laquelle, lorsqu'un membre du clan veut épouser une
femme, il doit aller la chercher dans une autre communauté, pour
éviter de tomber sous le coup de l'inceste. Avant de se marier, tout
homme doit passer par le rite de la circoncision encore appelé le beka'a
en langue locale. Chez les pygmées, chaque membre du clan a un
rôle bien défini. Tout membre quelqu'il soit doit se soumettre aux
règles du clan de peur d'être sanctionné.
Les anciens représentent la sagesse et
l'expérience. Ils conseillent les jeunes et leurs transmettent leurs
savoirs. L'enfant c'est l'héritage familial. Celui-ci doit se montrer
obéissant et disponible. Les femmes sont les garantes de la tradition.
Elles prennent les décisions importantes dans la gestion de la famille.
Elles sont chargées de construire les huttes. Un savoir-faire qu'elles
transmettent aux enfants. Les hommes assurent la protection de la famille. Ils
sont chargés de veiller aux besoins alimentaires de la famille.
Dès que les garçons ne sont plus sous la responsabilité de
leurs mères, ils sont à la charge des hommes pour poursuivre leur
éducation196.
Les pygmées croient en un dieu tout puissant qu'ils
appellent Komba. Ils le considèrent comme celui qui a créé
le ciel et la terre, donc le créateur de l'univers. À
côté, il y a Ed-jengui, le dieu de la forêt qui les
protège dans la forêt, leur offre du gibier, les plantes
médicinales ou encore d'autres denrées alimentaires. Les
pygmées croient en la réincarnation. C'est la raison pour
laquelle lorsqu'un membre du clan décède, ils savent qu'il va
continuer sa vie dans celle d'un animal ou d'un arbre. Une croyance qui les
emmène à s'abstenir de chasser certains animaux ou de couper
certains arbres. En désobéissant à cela, ils s'exposent
à la colère des « més », d'autres esprits de la
forêt197.
2. La sédentarisation
L'année 1960 qui marque un grand tournant historique
dans le jeune État Cameroun, pousse les autorités à lancer
un vaste programme d'insertion des pygmées. L'initiative avait pour but
d'en faire des citoyens camerounais à part entière. C'est ainsi
que les premiers pygmées à bénéficier de cette
mesure sont ceux de la région de l'Est dans l'arrondissement de
Moloundou. Puis suivront les pygmées du département de
l'Océan dans la localité de Bipindi. En 1968, le gouvernement
lance l'opération mille pieds inscrit dans le deuxième plan
quinquennal pour accélérer la sédentarisation des
pygmées. Mais le projet n'ira pas jusqu'au bout.
Les pygmées sont certes les premiers habitants du
Cameroun mais leur représentativité est presque inexistante au
sein de la société. Très peu ont la chance d'aller
à l'école ou encore d'avoir accès à certains
besoins primaires. Une marginalisation qui les oblige à fuir la
modernité. La forêt qui est leur espace de vie, est menacée
de déforestation par des entreprises qui viennent couper du bois.
Envahis dans leur environnement, certains sont obligés de se
196 Ibid., p. 5.
197 Ibid., p. 6.
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déplacer dans les zones plus reculées ou encore
de troquer malgré eux leur mode de vie de nomade à celui de
sédentaire198.
Un changement de mode de vie qui a une conséquence sur
le nouveau regard qu'on porte sur certains pygmées. Ils ne vivent plus
dans la forêt, leur savoir-faire sur le plan de la médecine
traditionnelle disparaît peu à peu. Une aliénation qui nous
pousse à nous demander si dans quelques années, on aura encore
des pygmées authentiques ?
PARAGRAPHE II : DEUX AVANCEES SCIENTIFIQUES DANS LA
CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE
D'après Mr. Sali Ballo,199« Face
aux graves enjeux liés à la vulnérabilité sanitaire
actuelle dans le monde, la communauté internationale se questionne sur
le nouvel ordre de sécurité sanitaire à adopter, en vue
d'anticiper la prochaine pandémie et limiter les
évènements de santé publique. Pour y répondre,
l'approche One health apparait comme la solution idoine. »200
L'approche One heath (A) et l'internet des objets (B)
apportent des solutions aux pressions anthropiques et favoriseraient des
innovations en termes de développement durable en
périphérie du Parc national de Lobéké. À la
fin, c'est « l'association des objets connectés avec d'autres
technologies, d'autres approches culturelles, d'autres politiques
environnementales et d'autres modèles économiques innovants qui
vont donner toute la valeur » au process201.
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