SECTION I : LE TOURISME DURABLE COMME ENJEU DE
DEVELOPPEMENT
La Convention sur la diversité biologique (CBD)
étudie la question de la diversité biologique et du
développement écotouristique depuis 2004. Elle a notamment
adopté un document intitulé « Guidelines on Biodiversity and
Tourism Development ». Un autre intitulé « Lignes directrices
sur la diversité biologique et le développement du tourisme
» ainsi que deux guides d'application correspondants, l'un intitulé
« Managingtourism and biodiversity», Gestion du tourisme et
diversité biologique, et l'autre « Tourism supporting
Biodiversity». Le tourisme au service de la biodiversité. Les
travaux présentés lors de la Conférence des Parties de la
CDB en 2020 ont conclu que le tourisme était le principal secteur
à contribuer, au niveau mondial, au financement des réseaux
d'aires protégées dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne
en faisant appel aux mécanismes du marché, grâce à
l'acquittement de droits d'entrée et d'autres redevances d'utilisation,
et à la mise en place de partenariats et de concessions pour la
constructions d'établissements touristiques hauts de
gamme216.
PARAGRAPHE I : LA STRATEGIE SOUS- REGIONALE DE
DEVELOPPEMENT DE L'ECOTOURISME
D'après l'UICN, de nombreuses Parties à la CDB
sous-exploitent le tourisme comme moyen de concourir à la
viabilité financière des aires protégées. Les
partenariats et les concessions touristiques dans des aires
protégées répondent à la sous-exploitation de ce
potentiel et aux récentes décisions prises par la CDB sur le
tourisme, dans lesquelles elle invite les Parties à :
«[...]renforcer les capacités des agences
nationales et infranationales responsables des aires protégées et
des parcs ou autres organes compétents, selon qu'il convient, afin de
former des partenariats avec l'industrie touristique pour contribuer
financièrement et
216UICN, A., Spenceley, S.,Snyman, et P.,
Eagles, Lignes directrices sur les partenariats et les concessions
touristiques dans les aires protégées: Créer des revenus
durables pour la conservation et le développement. Rapport au
secrétariat de la Convention sur la diversité biologique et
à l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 2017,
p. 6.
97
techniquement à l'établissement,
l'exploitation et l'entretien des aires protégées au moyen
d'outils pertinents tels que les concessions, les partenariats
public-privé5».217
Dans ce paragraphe, nous verrons le rôle de la
coopération internationale pour la valorisation des sites touristiques
(A) et les limites à l'implémentation de l'écotourisme au
Cameroun (B).
A. La coopération internationale pour la
valorisation des sites touristiques
1. Quelques définitions
Touriste: un visiteur (du tourisme interne, récepteur ou
émetteur) est qualifié de touriste (ou visiteur qui passe la
nuit) s'il/elle passe une nuit sur place.
visiteur: un visiteur est une personne qui fait un voyage
vers une destination située en dehors de son environnement habituel,
pour une durée inférieure à un an, et dont le motif
principal de la visite (affaires, loisirs ou autre motif personnel) est autre
que celui d'exercer une activité rémunérée dans le
pays ou le lieu visite. Un visiteur (du tourisme interne, récepteur ou
émetteur) est qualifié de touriste (ou visiteur qui passe la
nuit) s'il/elle passe une nuit sur place, et de visiteur de la journée
(ou excursionniste) dans le cas contraire. Pour les aires
protégées, un visiteur est une personne qui visite les terres et
les eaux de, l'aire protégée dans un but précis. Un
visiteur n'est pas payé pour être dans l'aire
protégée et ne vit pas en permanence dans l'aire
protégée. La visite est typiquement à des fins
récréatives, éducatives ou culturelles.
Tourisme durable: Tourisme qui tient pleinement compte de ses
impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en
répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de
l'environnement et des communautés d'accueil218.
Tourisme axé sur la nature: Toute forme de tourisme
utilisant les ressources naturelles dans un cadre sauvage ou non
aménagé - notamment les espèces, les habitats, les
panoramas, les paysages, les eaux salées et eaux douces et leurs
éléments. Le tourisme axé sur la nature est un voyage dont
le but est de profiter des aires naturelles non aménagées ou de
la faune.
Écotourisme: Forme de voyage responsable dans les
aires naturelles qui contribue à la protection de l'environnement et au
bien-être des populations locales, et qui comprend des services
d'interprétation du patrimoine et d'éducation.
Tourisme non rationnel: Type de tourisme où la faune
ou la flore sont recueillies, chassées ou pêchées (en
appliquant de préférence les principes et les approches
liés à une utilisation durable).
Tourisme respectueux: Type de tourisme qui ne détruit
pas la faune, comme par exemple la photographie touristique basée sur
l'observation de la faune219.
2. La coopération comme outils d'aide au
développement du tourisme durable
217Ibid., p. 6. 218Ibid., p. 10.
219Idem.
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La coopération au développement est un des
piliers des relations internationales de la seconde moitié du
XX? siècle. Jusque-là confinée au
développement économique dominé par le fétichisme
de la croissance, c'est-à-dire par une exploitation anarchique des
ressources naturelles en vue d'atteindre des objectifs statistiques sans
considération des conséquences sur le milieu vivant ; cette
coopération internationale s'est progressivement ouverte aux
préoccupations environnementales220.
L'Afrique en particulier, apparue pendant longtemps comme un
terrain d'expérimentation de ces politiques développementalistes
parfois écologiquement désastreuses, constitue aujourd'hui le
champ privilégié où se déploie, non sans quelques
confusions ou un certain manque de coordination, cette nouvelle approche du
développement intégrant préoccupations économiques
locales et exigences écologiques. De façon
générale, en effet, les principales instances de la
coopération multilatérale avec le continent ont désormais
leurs propres politiques environnementales, tout comme les institutions
internationales d'aide au développement intègrent
dorénavant un volet environnemental dans leurs interventions.
Leurs actions sont relayées sur le terrain par de
nombreuses organisations non gouvernementales (ONG). La plupart de ces ONG sont
du reste originaires des pays pourvoyeurs de l'aide, et le renforcement de
leurs capacités participent de la nouvelle philosophie de l'aide
internationale qui privilégie l'intervention directe auprès des
collectivités de base, ou l'intermédiation des ONG actives sur le
terrain, plutôt que de passer par les mécanismes étatiques
traditionnels. Cette nouvelle approche de la coopération pour le
développement durable, en particulier le rôle des institutions, a
été soulignée et amplement développée aussi
bien par la Déclaration de Rio que par le Programme d'Action
21221.
Le Groupe d'experts sur le tourisme et les aires
protégées (Groupe Tapas) est l'un des différents groupes
de bénévoles réunis dans le cadre de la Commission
mondiale des aires protégées (CMAP) de l'Union internationale
pour la conservation de la nature (UICN). Le Groupe Tapas est un réseau
de plus de 480 bénévoles engagés à promouvoir le
tourisme durable dans les aires protégées et les autres aires
naturelles appropriées en tant que moyen d'assurer la conservation
à long terme de la nature ainsi que les services
écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont
associés. Il a pour but d'offrir un cadre propice à la
collaboration, au dialogue, à l'échange de données
d'expérience, au développement et à la diffusion de
connaissances, et au renforcement des apprentissages, afin d'améliorer
la planification, le développement et la gestion du tourisme durable
dans les aires protégées. Il a notamment pour objectif de fournir
des avis stratégiques aux gouvernements, entre autres, sur les
stratégies optimales en faveur du tourisme durable dans les aires
protégées et aussi de développer et de diffuser des
connaissances sur le tourisme et les aires protégées, au moyen
notamment d'études de cas et de recueils de bonnes
pratiques.222
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