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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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SECTION I : LE TOURISME DURABLE COMME ENJEU DE DEVELOPPEMENT

La Convention sur la diversité biologique (CBD) étudie la question de la diversité biologique et du développement écotouristique depuis 2004. Elle a notamment adopté un document intitulé « Guidelines on Biodiversity and Tourism Development ». Un autre intitulé « Lignes directrices sur la diversité biologique et le développement du tourisme » ainsi que deux guides d'application correspondants, l'un intitulé « Managingtourism and biodiversity», Gestion du tourisme et diversité biologique, et l'autre « Tourism supporting Biodiversity». Le tourisme au service de la biodiversité. Les travaux présentés lors de la Conférence des Parties de la CDB en 2020 ont conclu que le tourisme était le principal secteur à contribuer, au niveau mondial, au financement des réseaux d'aires protégées dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne en faisant appel aux mécanismes du marché, grâce à l'acquittement de droits d'entrée et d'autres redevances d'utilisation, et à la mise en place de partenariats et de concessions pour la constructions d'établissements touristiques hauts de gamme216.

PARAGRAPHE I : LA STRATEGIE SOUS- REGIONALE DE DEVELOPPEMENT DE L'ECOTOURISME

D'après l'UICN, de nombreuses Parties à la CDB sous-exploitent le tourisme comme moyen de concourir à la viabilité financière des aires protégées. Les partenariats et les concessions touristiques dans des aires protégées répondent à la sous-exploitation de ce potentiel et aux récentes décisions prises par la CDB sur le tourisme, dans lesquelles elle invite les Parties à :

«[...]renforcer les capacités des agences nationales et infranationales responsables des aires protégées et des parcs ou autres organes compétents, selon qu'il convient, afin de former des partenariats avec l'industrie touristique pour contribuer financièrement et

216UICN, A., Spenceley, S.,Snyman, et P., Eagles, Lignes directrices sur les partenariats et les concessions touristiques dans les aires protégées: Créer des revenus durables pour la conservation et le développement. Rapport au secrétariat de la Convention sur la diversité biologique et à l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 2017, p. 6.

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techniquement à l'établissement, l'exploitation et l'entretien des aires protégées au moyen d'outils pertinents tels que les concessions, les partenariats public-privé5».217

Dans ce paragraphe, nous verrons le rôle de la coopération internationale pour la valorisation des sites touristiques (A) et les limites à l'implémentation de l'écotourisme au Cameroun (B).

A. La coopération internationale pour la valorisation des sites touristiques

1. Quelques définitions

Touriste: un visiteur (du tourisme interne, récepteur ou émetteur) est qualifié de touriste (ou visiteur qui passe la nuit) s'il/elle passe une nuit sur place.

visiteur: un visiteur est une personne qui fait un voyage vers une destination située en dehors de son environnement habituel, pour une durée inférieure à un an, et dont le motif principal de la visite (affaires, loisirs ou autre motif personnel) est autre que celui d'exercer une activité rémunérée dans le pays ou le lieu visite. Un visiteur (du tourisme interne, récepteur ou émetteur) est qualifié de touriste (ou visiteur qui passe la nuit) s'il/elle passe une nuit sur place, et de visiteur de la journée (ou excursionniste) dans le cas contraire. Pour les aires protégées, un visiteur est une personne qui visite les terres et les eaux de, l'aire protégée dans un but précis. Un visiteur n'est pas payé pour être dans l'aire protégée et ne vit pas en permanence dans l'aire protégée. La visite est typiquement à des fins récréatives, éducatives ou culturelles.

Tourisme durable: Tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l'environnement et des communautés d'accueil218.

Tourisme axé sur la nature: Toute forme de tourisme utilisant les ressources naturelles dans un cadre sauvage ou non aménagé - notamment les espèces, les habitats, les panoramas, les paysages, les eaux salées et eaux douces et leurs éléments. Le tourisme axé sur la nature est un voyage dont le but est de profiter des aires naturelles non aménagées ou de la faune.

Écotourisme: Forme de voyage responsable dans les aires naturelles qui contribue à la protection de l'environnement et au bien-être des populations locales, et qui comprend des services d'interprétation du patrimoine et d'éducation.

Tourisme non rationnel: Type de tourisme où la faune ou la flore sont recueillies, chassées ou pêchées (en appliquant de préférence les principes et les approches liés à une utilisation durable).

Tourisme respectueux: Type de tourisme qui ne détruit pas la faune, comme par exemple la photographie touristique basée sur l'observation de la faune219.

2. La coopération comme outils d'aide au développement du tourisme durable

217Ibid., p. 6. 218Ibid., p. 10. 219Idem.

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La coopération au développement est un des piliers des relations internationales de la seconde moitié du XX? siècle. Jusque-là confinée au développement économique dominé par le fétichisme de la croissance, c'est-à-dire par une exploitation anarchique des ressources naturelles en vue d'atteindre des objectifs statistiques sans considération des conséquences sur le milieu vivant ; cette coopération internationale s'est progressivement ouverte aux préoccupations environnementales220.

L'Afrique en particulier, apparue pendant longtemps comme un terrain d'expérimentation de ces politiques développementalistes parfois écologiquement désastreuses, constitue aujourd'hui le champ privilégié où se déploie, non sans quelques confusions ou un certain manque de coordination, cette nouvelle approche du développement intégrant préoccupations économiques locales et exigences écologiques. De façon générale, en effet, les principales instances de la coopération multilatérale avec le continent ont désormais leurs propres politiques environnementales, tout comme les institutions internationales d'aide au développement intègrent dorénavant un volet environnemental dans leurs interventions.

Leurs actions sont relayées sur le terrain par de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG). La plupart de ces ONG sont du reste originaires des pays pourvoyeurs de l'aide, et le renforcement de leurs capacités participent de la nouvelle philosophie de l'aide internationale qui privilégie l'intervention directe auprès des collectivités de base, ou l'intermédiation des ONG actives sur le terrain, plutôt que de passer par les mécanismes étatiques traditionnels. Cette nouvelle approche de la coopération pour le développement durable, en particulier le rôle des institutions, a été soulignée et amplement développée aussi bien par la Déclaration de Rio que par le Programme d'Action 21221.

Le Groupe d'experts sur le tourisme et les aires protégées (Groupe Tapas) est l'un des différents groupes de bénévoles réunis dans le cadre de la Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le Groupe Tapas est un réseau de plus de 480 bénévoles engagés à promouvoir le tourisme durable dans les aires protégées et les autres aires naturelles appropriées en tant que moyen d'assurer la conservation à long terme de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés. Il a pour but d'offrir un cadre propice à la collaboration, au dialogue, à l'échange de données d'expérience, au développement et à la diffusion de connaissances, et au renforcement des apprentissages, afin d'améliorer la planification, le développement et la gestion du tourisme durable dans les aires protégées. Il a notamment pour objectif de fournir des avis stratégiques aux gouvernements, entre autres, sur les stratégies optimales en faveur du tourisme durable dans les aires protégées et aussi de développer et de diffuser des connaissances sur le tourisme et les aires protégées, au moyen notamment d'études de cas et de recueils de bonnes pratiques.222

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille