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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

En somme, cette partie nous a permis d'observer et commenter le contexte global de la conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo. Il a été fait un constat mitigé qui comme nous l'a démontré le premier chapitre contraste entre des avancées politiques importantes et des enjeux sous-jacents encore peu ou mal maitrisés comme les conflits homme grand singe, l'implication des populations locales et autochtones, des femmes, le rôle stratégique de certains assistants techniques internationaux, etc. Nous avons également pu voir le rôle, l'historique et le fonctionnement de la principale institution décisionnelle de la sous-région dans la gestion politique des forêts à savoir la COMIFAC.

Cependant, le constat général est que la gestion des aires protégées dans le bassin du Congo fait face encore aujourd'hui à une présence occidentale pas toujours bonifiée au travers de l'assistance technique parfois au détriment des droits des populations locales et autochtones. Toutefois, des avancées significatives sont observables au niveau du parc national de Lobeke par exemple où la sécurité humaine des populations riveraines est de plus en plus intégrée dans les processus décisionnels du parc.

La gestion des forêts du bassin du Congo comme nous l'avons vu, tend fortement vers des processus décisionnels beaucoup plus intégrés. Aussi, les institutions sous régionales comme la COMIFAC tendent tant bien que mal à diffuser les objectif du plan de convergence à l'horizon 2025. Parmi les axes majeurs de ce plan figure en grande ligne une meilleure absorption de tous les piliers et objectifs du développement durable et une valorisation des ressources biologiques au travers de l'écotourisme.

PARTIE II : LES ENJEUX CONTEMPORAINS DE LA
CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE FACE AU
DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LE BASSIN DU CONGO

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S'il est vrai que les réflexions sur la relation entre les activités économiques et l'environnement étaient déjà présentes dans la philosophie antique, elles prennent une place grandissante dans la seconde moitié du XXe siècle avec l'apparition des pollutions, des déchets issus de modes de consommation gaspilleurs de ressources, la surexploitation des systèmes naturels, la consommation croissante d'énergies d'origine fossile dans un contexte de croissance exponentielle de la population mondiale. C'est en 1992, année où se déroule à Rio de Janeiro la deuxième conférence mondiale des Nations Unies sur l'environnement que le développement durable prends définitivement corps. À ce « Sommet de la Terre », les réflexions portent la marque de changements majeurs au niveau mondial : depuis la conférence de Stockholm (1972), la population mondiale est passée de 3,5 milliards d'individus à 5 milliards, l'appauvrissement des pays du Sud s'est accentué ; le remboursement de la dette absorbe l'aide publique du Nord, etc. La conférence de Rio aboutit sur plusieurs points : rédaction des principes de la « Déclaration de Rio », d'un programme d'actions pour le XXIe siècle avec l'Agenda 21 et de deux conventions : convention cadre sur le changement climatique et convention sur la diversité biologique147.

Cependant, malgré cette prise de conscience des problèmes environnementaux et de sous-développement, malgré l'accord sur les principes d'une plus grande défense du patrimoine naturel alliée à une amélioration de la qualité de la vie pour l'ensemble de l'humanité, les actes qui traduiraient de manière conséquente ces principes sont encore trop peu nombreux. Et, lorsqu'ils existent, ils relèvent plus d'actes isolés que d'une stratégie politique à grande échelle.

La conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo à ce titre illustre largement cet état de fait. Pour contribuer à l'objectif général de l'atteinte de l'agenda 2030 des Nations Unies, l'appropriation concrète de ces enjeux est un impératif pour les aires protégées et les secteurs d'activités connexes comme le tourisme.

Ainsi, dans le premier chapitre de cette partie intitulé : Développement durable et conservation de la biodiversité (Chapitre III), nous ferons un rappel des piliers du développement durable sous le prisme des sciences politiques et quelques outils techniques susceptibles d'optimiser leur prise en compte dans la conservation de la biodiversité.

147 Alexandre Alcouffe et al., « Les enjeux du développement durable », Université des sciences de Toulouse, no 57, 2002, p. 1. [En ligne « https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02116569/document », consulté le 11/072022 à 14 :07 ].

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Au chapitre suivant intitulé : Tourisme durable au parc national de Lobéké (Chapitre IV), nous présenterons les enjeux et la stratégie de développement de l'écotourisme du parc national de Lobéké à laquelle nous avons participé et quelques perspectives positives pour la sous-région.

CHAPITRE III : LE DEVELOPPEMENT DURABLE ET LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE

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Le développement durable fait référence à toute politique de développement qui s'efforce de concilier la protection de l'environnement, l'efficience économique et la justice sociale, en vue de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire les leurs. En d'autres termes, le développement durable est une finalité dont la réalisation peut faire l'objet de différentes stratégies. Stratégies qui peuvent quant à elles concerner les activités d'une entité étatique ou gouvernementale, entité territorialement décentralisée ou toute forme d'entreprise (publique ou privée), un groupe social tout autant qu'un individu.

Les aires protégées en raison de leur importance pour la planète et les populations riveraines qui en dépendent presque totalement dans le bassin du Congo, se doivent de s'approprier le développement durable dans son sens le plus complet. Par exemple, analyser et optimiser la gestion stratégique de l'environnement par rapport à l'action politique tout en veillant à une capitalisation des externalités de l'économie classique pour les populations riveraines relève encore de l'abstrait pour de nombreux gestionnaires d'aires protégées en Afrique centrale.

Proposer un modèle d'opérationnalisation des différents piliers et outils du développement durable pour la gestion des aires protégées constituera le corpus de ce chapitre. La (section I) intitulée : les piliers du développement durable dans la conservation de la biodiversité fera un rappel des objectifs attendus de chaque pilier du développement durable pour une optimisation des politiques de conservation de la biodiversité. La (section II) intitulée : entre pratiques traditionnelles et innovations scientifiques, présentera de nouvelles approches largement encouragées pour une conservation durable, efficiente et efficace de la biodiversité dans le bassin du Congo.

SECTION I : LES PILIERS DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LA
CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE

Les piliers du développement durable que sont l'environnement, l'économie et le social sont aujourd'hui analyser dans leur sens le plus large pour en déterminer des actions créatrices d'un réel changement auprès des populations. Aujourd'hui encore, la dualité conceptuelle rencontrée dans les courants de pensée scientifique depuis les origines du concept de développement durable reste manifeste. Lorsque survient le besoin de ce développement au sens strict du terme, la durabilité semble rationalisée par l'impératif économique. La responsabilité sociétale dans le sens de la recherche du bien être humain qui quant à elle semble se substitué à une formalité imposée par le besoin de paraitre conforme aux normes internationales. Tels sont entre autres les enjeux abordés dans cette section.

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Au (Paragraphe I) intitulé : l'environnement et, ou l'économie ? Nous essaierons de révéler une des causes tacites du problème, de confronter l'idée selon laquelle l'un de ces piliers devrait forcément s'opposer à l'autre dans un processus de développement durable.

Dans le (Paragraphe II) intitulé : la responsabilité sociétale, il sera question d'aborder l'éducation environnementale comme un préalable à tout processus de bien être total pour les générations présentes et futures.

PARAGRAPHE I : L'ENVIRONNEMENT ET, OU L'ECONOMIE ?

Le rapport Meadows du Club de Rome, intitulé « Halte à la croissance », dénonce un modèle économique fondé sur une croissance illimitée. Ce rapport présente le développement économique et la protection de l'environnement comme étant antinomiques et appelle à un changement radical de mode de développement. Or, le développement durable nous propose aujourd'hui des outils susceptibles d'associer performance économique et protection de l'environnement.

Ce paragraphe illustrera dans un premier temps l'ASGE (stratégique de la gestion environnementale) en (A). Il s'agit brièvement d'un modèle de conceptualisation de la relation qui existe entre les différents enjeux de chaque concept. Dans un second temps nous parlerons de l'économie durable (B).

A. L'analyse stratégique de la gestion environnementale (ASGE) 1. Les origines de l'analyse de la gestion environnementale

L'analyse stratégique de la gestion environnementale (ASGE) prend ses racines dans les années 1980 à partir d'études de cas très diverses, notamment la théorie de la pratique de la gestion environnementale148. Ces travaux ont été par la suite largement appuyés par les bases théoriques d'un réseau de chercheurs qui, de 1976 à 1987, ont développé la « gestion patrimoniale ». Trois (03) des fondements de cette théorie sont encore aujourd'hui au coeur de la mise en oeuvre de l'ASGE :

Cependant, la plupart des approches développées dans ce champ de l'environnement sur ces mêmes bases à l'exemple de la gestion patrimoniale, la gestion intégrée, le développement durable, etc., reviennent en dernière analyse à instituer comme système d'action pour remédier à un problème environnemental, le même système d'action qui porte en lui, souvent profondément inscrites, les causes de ce problème et l'impuissance ou la réticence à les résoudre. Il y a là une contradiction essentielle, que ces approches entendent lever tant sur le plan théorique que pratique, en posant sous des formes diverses l'hypothèse d'un potentiel de transformation à mobiliser par une meilleure coordination. Coordination qui inclurait en autres l'amélioration de la communication, changement des procédures, l'ajout de nouvelles institutions de coordination etc.149

Même si ces approches qui posent le problème environnemental en termes de coordination ou d'action collective en sont encore à leurs débuts au milieu des années 1980, la

148Laurent Mermet, « L'institution patrimoniale du haut Béarn : gestion intégrée de l'environnement ou réaction anti-environnement ? », Annales des Mines/Responsabilité et Environnement, 2001, p. 9.

149 Idem.

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réflexion critique sur leurs fondements, le constat qu'elles méconnaissent ou minorent systématiquement certains aspects des dossiers d'environnement,150conduisent à affirmer un désaccord théorique fondateur de notre démarche encore en 2022.

Résumons-le en quelques mots : s'il y a un « problème » écologique que la gestion existante peine à résoudre, il faut envisager de changer le système de gestion ; l'amélioration de la coordination, la collaboration dans l'action ne sont que des aspects particuliers de ce changement. Il n'y a pas de raisons de lès considérer a priori comme centraux, encore moins comme suffisants. La problématique de changement, intrinsèque à la plupart des situations de gestion environnementale rencontrées, nous incite à mettre au centre de nos analyses le projet d'identifier dans les situations concrètes de gestion de l'environnement, les conditions d'un changement de gestion, sans les postuler au départ151.

2. Des propositions pour une amélioration

Les principaux théoriciens de cette approche préconisent comme préalable, la mise en oeuvre d'un cadre pour une analyse stratégique de la gestion de l'environnement, articulée autour de quatre (04) principes organisateurs :

· Appuyer l'analyse du système d'action lié à un problème d'environnement sur une définition préalable, en termes écologiques, de l'objet environnemental à prendre en compte et des objectifs poursuivis.

La formule un peu provocatrice « buts dans la nature, moyens dans la société » ; insiste sur la ponctuation très spécifique qu'opère, dans le continuum socio-écologique, l'opération particulière qui consiste à répondre à une question précise de responsabilité sur l'état de l'environnement.

· Prendre en compte, dans le diagnostic de la gestion de cet objet environnemental, l'ensemble des actions anthropiques qui, consciemment ou non, intentionnellement ou non, ont une influence déterminante sur ses qualités. C'est cet ensemble que l'on définit comme la « gestion effective ». Ce concept, souvent mal compris, opère un décalage majeur par rapport aux habitudes qui restreignent en général l'usage du mot gestion à l'intervention délibérée sur une organisation.

Pourtant, le concept de gestion désigne bien aussi l'exercice de fait, conscient ou non, d'une responsabilité d'ensemble. Ainsi, une entreprise mal gérée n'est pas tant celle que ses dirigeants «mal-gèrent» consciemment et activement, que celle où le management ne parvient pas à insuffler à la gestion effective la cohérence nécessaire avec les objectifs de gestion.

· Apporter une attention centrale aux acteurs qui ont pour mission principale de provoquer des changements appropriés de la gestion effective de l'objet écologique : ce sont les « acteurs d'environnement», opérateurs de la « gestion intentionnelle ».

Ce concept est souvent, lui aussi, saisi avec peine. La tentation est forte, en effet, de considérer comme acteurs d'environnement tous ceux qui sont impliqués dans le problème environnemental que l'on considère, ou bien tous ceux qui mènent des actions à objectif environnemental affiché.

150Par exemple, le rôle essentiel souvent joué par le mouvement environnemental, le poids des résistances au changement, la domination exercée à tous les niveaux de la décision par des réseaux d'intérêts sectoriels, etc. 151 Laurent Mermet, et al., 2005, Op.cit, p. 3.

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Nous lui donnons un sens plus étroit où le ou les acteurs qui, dans une situation donnée, jouent effectivement (à la fois dans le discours et par leurs actions constatées), vis-à-vis des acteurs responsables des processus dommageables pour l'environnement ou des acteurs régulateurs (élus territoriaux, préfet, etc.), un rôle d'agent de changement en faveur de l'objectif environnemental pris en référence. Là encore, ce concept porte le poids d'un déplacement de l'analyse qui fait passer le problème d'environnement du statut de « problème-collectif-à-résoudre-tous-ensemble » à celui de responsabilité collective qui ne sera pas honorée sans l'intervention stratégique efficace d'un agent de changement, en général minoritaire, au moins au départ.

· Replacer ces analyses dans la perspective dynamique d'un système de gestion qui change et se structure au fil du temps sous l'effet structurant des conflits, par lesquels les préoccupations portées par les interventions de gestion intentionnelle finissent par être partiellement intégrées. Ce caractère intégré caractérisant avant tout un résultat de gestion, même s'il peut aussi porter sur l'intervention de gestion elle-même152.

Ces quatre principes pris ensemble permettent un recadrage déterminant pour l'analyse des problèmes environnementaux et dans un sens plus large les problèmes de développement durable. À ce titre, l'analyse du concept d'économie durable.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King