1. Le WWF au PNL
La connaissance des interactions systémiques entre les
enjeux anthropiques, environnementaux, technologiques, inter et intra culturels
de la conservation de la biodiversité, demande un haut niveau de
formation dans la recherche scientifique. Le WWF est sans conteste l'un des
plus importants acteurs en matière de défense des valeurs
environnementales dans le monde. Bien que des rapports récents d'ONG
locales font état de nombreux cas d'ingérence, de stigmatisation
et parfois de violence physique de la part de certains assistants techniques
peu ou mal informés sur les enjeux culturels de la forêt pour les
populations riveraines des aires protégées au Cameroun.
Au parc national de Lobéké, le WWF apporte un
appui dans la gestion communautaire de la périphérie mais aussi
et surtout dans le suivi écologique. La logistique du parc est
assurée conjointement et parfois transversalement par le personnel du
MINFOF et celui du WWF. Les missions du parc sont systématiquement
soumises au contrôle financier et
144GIZ/ V., Eligne, « Bilan de 25 années
d'appui de la GTZ/GIZ à l'aménagement forestier durable au
Cameroun (1992-2013), 2014». [En ligne : «
https://docplayer.fr/89185666-Bilan-de-25-annees-d-appui-de-la-gtz-giz-a-l-amenagement-forestier-durable-au-cameroun-vincent-beligne.html
» Consulté le 23/06/2022 à 04h09].
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technique du WWF. Y compris les patrouilles intelligentes, les
déplacements du conservateur dans le cadre des rencontres bi ou tri
nationales, les rencontres avec les organisations de la société
civile (OSC) et COVAREV, les différents partenaires financiers du parc
comme la fondation pour le tri national de la sangha (FTNS) et aussi les
touristes.
Ce transfert de politique sous régionale est
implémenté ou tout au moins devrait l'être sur le terrain
par le WWF et d'autres partenaires techniques145. Dans le but
d'optimiser le rôle de l'assistance technique au Cameroun et dans la
sous-région, certaines organisations supra nationales comme la
CA.WH. FI apportent des recommandations
techniques claires.
2. Les recommandations de la
CA.WH.FI pour une
optimisation de l'assistance technique
La
CA.WH.FI (Central africa world heritage
forest initiative / initiative pour le patrimoine mondial forestier d'Afrique
centrale) émet comme recommandations structurelles à
l'amélioration de l'assistance technique des aires
protégées :
- Créer ou redynamiser les Comités Nationaux du
Patrimoine Mondial dans le cadre de la mise en place des plateformes nationales
de concertation des différents acteurs concernés par la gestion
de sites inscrits ou potentiellement éligibles au Patrimoine Mondial
;
- Réaliser l'étude sur l'harmonisation des
législations relatives à la gestion de la faune tel que
programmée avec le RAPAC ;
- Réaliser l'étude sur la vulgarisation des
expériences de la RCA et du Cameroun sur la gestion de la faune (ZCV et
COVAREF) à engager en rapport avec RAPAC, ECOFAC, WWF-JENGI, FFEMRCA.
Dans ce cadre, il s'agit de manifester aux partenaires de la sous-région
l'intérêt de partager les données sur leurs
expériences et de susciter un débat en fonction des
résultats ;
- Poursuivre et intensifier le travail de communication sur
le Patrimoine Mondial, thématique qui n'a pas
bénéficié d'assez d'interventions au cours des
dernières années ;
- Maintenir et améliorer la formule consistant
à faire le point sur l'exécution des contrats et budgets à
l'occasion de chaque comité de pilotage, pour assurer davantage la
transparence dans la gestion du programme afin de renforcer la
visibilité et la confiance au sein des partenaires ;
- Veiller au respect des dates limites de soumission des
rapports financiers et techniques par les partenaires pour ne pas retarder les
paiements et par conséquent la réalisation des activités
dans les délais et les meilleures conditions ;
- Veiller à l'homogénéisation de la
qualité des rapports techniques et financiers ;
- Mettre la matrice de la coordination partiellement
actualisée en circulation auprès des différents
partenaires concernés pour achever sa mise à jour ;
- Etudier la possibilité de coordonner
l'évaluation finale des activités financées sur les fonds
du l'UNF d'une part et l'évaluation à mi-parcours de
activités financées par le FFEM
145Samuel Christian Tsakem, M. Tchamba, et R.B.,
Weladj, « Les gorilles du parc national de Lobéké
(Cameroun) : interactions avec les populations locales et implications pour la
conservation », Department of Biology, Concordia University,
Sherbrooke Street West, Montréal, Canada, 2009, P.1. [En ligne :
http://ajol.info/index.php/ijbcsConsulté
le 23/06/2022 à 06h01].
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d'autre part, afin de réduire leurs coûts et
d'éviter dans la mesure du possible un double emploi ;
- Susciter une réflexion sur les modalités
d'une participation effective des partenaires du programme à la
célébration de l'évènement Yaoundé +10 ainsi
que celle des pays du Bassin du Congo au prochain Congrès Forestier
Mondial prévu à Buenos Aires en Argentine ;
- Etudier et améliorer les modalités de
distribution des publications, afin que celles-ci parviennent sans
complications aux administrations nationales et aux conservateurs des sites
concernés ;
- Valoriser les résultats de l'important atelier
organisé par le RAPAC avec les appuis de
CA.WH.FI, FAO et ECOFAC sur la
thématique de la conciliation des contraintes de la conservation avec
les besoins de développement socio-économique des populations
vivant dans la périphérie des aires protégées, en
allant au-delà des simples actes publiés, par la mobilisation des
financements nécessaires pour une mise en oeuvre effective des
recommandations très pertinentes adoptées au cours dudit atelier
;
- Introduire un axe d'intervention qui mettra un accent
particulier sur la contribution des aires protégées à
l'atténuation des changements climatiques ainsi que sur les mesures
à prendre pour l'adaptation des sites du patrimoine Mondial aux dits
changements ;
- Améliorer la gestion et consolider les sites du
Patrimoine Mondial existants créés dans le cadre du programme
CAWHFI, par la mise en place de mécanismes de financement durable. Une
piste à explorer par la valorisation des stocks de carbone et
mécanismes de reboisement ;
- Rappeler aux États, leurs engagements et obligations
en rapport avec la nomination des sites de leurs pays respectifs en
qualité de Réserves de biosphère ou de Sites du Patrimoine
Mondial ;
- Etudier dès maintenant les solutions viables et
déterminer avec les gouvernements des pays, les modalités de
prise en charge par les États des salaires des écogardes
actuellement payés par CAWHFI après la fin du programme
prévue en juin 2010 ;
- Prendre les modèles des textes juridiques de la RCA
et du Congo définissant le statut des écogardes pour proposer un
texte similaire aux autres pays, en vue de l'harmonisation des politiques et
législations, dans le cadre de l'étude programmée par le
RAPAC avec les appuis des programmes CAWHFI et ECOFAC. À cet effet, les
administrations des pays impliqués dans le programme CAWHFI doivent se
procurer ces textes pour les vulgariser auprès de leurs autorités
de tutelle respectives, avec les appuis et la facilitation des programmes du
RAPAC et de la COMIFAC ;
- Demander une intervention forte de la COMIFAC pour une
régulation plus rigoureuse146.
Dans ce contexte institutionnel et relationnel où l'on
relève facilement un foisonnement d'enjeux liés à
l'appropriation réelle des textes internationaux et le positionnement
technique et stratégique de certains partenaires internationaux, la
législation camerounaise pourrait- elle être efficace et
efficiente sur le long terme sans véritablement intégré
les paramètres comme les droits des peuples autochtones et les
impératifs de développement durable ? Dans le
146Rapport de la
CA.WH.FI, IVème
Réunion du comité de pilotage, 2008, [En ligne :
https://archive.pfbc-cbfp.org/docs/news/mars_avril2009/CAWHFI_actescomitepiltage_2009.pdf
, Consulté le 23/06/2022 à 05h17].
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chapitre suivant, nous tenterons une critique constructive de
l'encadrement législatif camerounais afin d'en dégager de
potentielles améliorations.