A. Les ZIC
Au parc national de Lobéké (PNL), la chasse
sportive est pratiquée dans le cadre de safaris ouverts à des
chasseurs amateurs dans des zones spécifiques qui sont affermées
par l'Etat camerounais à des guides professionnels.
Les Zones d'Intérêt Cynégétiques (ZIC)
au PNL sont :
- Du domaine permanent, assimilées à des aires
protégées ;
- Exploitées par l'administration en charge de la
faune, ou en affermage par une personne physique ou morale, ou une
collectivité locale.
Si ces zones d'exploitation sont l'objet de convoitise de la
part de nombreuses firmes internationales, la transparence dans l'attribution
des permis d'exploitations reste assez complexe. Les questions sur ce domaine
extrêmement lucratif sont très souvent mal perçues et les
gestionnaires (généralement des safaris étrangers)
confirment le peu d'informations disponibles sur ce domaine.
La simple évocation du mot safaris dans certaines zones
périphériques du parc national de Lobéké suffit
à créer des tensions. Ces exploitants sont accusés par les
populations locales d'abus dans leur traitement lorsqu'elles sont
utilisées comme guides de chasse. Aussi, ces populations se plaignent
des intrusions de ces safaris hors des zones qui leurs sont assignées
par les autorités. Si ces phénomènes sont observables tant
dans les ZIC que dans les ZICGC, des efforts de coopération et
d'implication sont beaucoup plus perceptibles au niveau des ZICGC (Zone
d'Intérêt Cynégétiques à Gestion
Communautaire zones).
109Eulalie Guillaume,« La foresterie
communautaire : Opportunité ou chimère pour les femmes du Bassin
du Congo », Fern, 2018, p. 28.
110Ernest Orlando Lawrence, « Vouloir vivre
ensemble et science », in O., Lawrence et al., Epistémologie de
la science politique, Presses de l'Université de Québec,
1998, p. 109.
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Figure 06 : ZIC et ZICGC en périphérie du
PNL. Source : Zela, 2021.
B. Les ZICGC
Les Zone d'Intérêt Cynégétiques
à Gestion Communautaire (ZICGC) au PNL sont :
- Le produit d'une révision de la notion de territoire
de chasse prévue par le décret no95/466/PM du
20juillet 1995 ;
- L'établissement de la « Convention de
Mambélé » en juin 1999, dont les propositions
sont officiellement entérinées par
l'arrêté ministériel no1236 du 20 septembre 2000 ; - Les
ZICGC peuvent s'étendre sur des unités forestières
d'aménagement (UFA) et des
aires protégées ;
- Elles sont gérées localement par des
Comités de Valorisation des Ressources Fauniques (COVAREF), qui ont
statut d'association.
Si ce modèle de gestion participative est clairement
une avancée dans le partage des bénéfices des forêts
périphériques du PNL, des améliorations sont à
envisager pour une gestion optimale. Il s'agirait par exemple de :
- Clarifier et rendre transparent le processus d'attribution
des zones de chasse pour sélectionner les meilleures guides sur la base
de leurs compétences avérées ;
- Simplifier la réglementation, notamment pour les
COVAREF qui disposent de faibles sommes d'argent devant être
essentiellement allouées à la gestion de la zone de chasse et au
développement local ;
- Mettre en place des incitations pour appliquer la
réglementation sur le terrain en matière de gestion des
populations animales, de contrôle des pratiques de chasse ou de respect
de cahiers des charges ;
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- Solutions alternatives : la privatisation du contrôle
de la chasse sportive, avec la délivrance d'un label privé de
gestion durable ;
- Favoriser l'éclosion de l'écotourisme.
En effet, la conservation de la biodiversité
nécessite une approche globale des enjeux. Bien que des
spécificités existent au niveau international, les conventions et
accords semblent tous revêtir en commun la volonté d'inverser la
perte continue de la biodiversité. La biodiversité constitue un
enjeu géostratégique, scientifique, économique et aussi
culturel pour les acteurs internationaux et sous régionaux dans le
bassin du Congo.
De ce fait, le chapitre suivant fera un aperçu des
liens de causalités parfois complexes entre les relations
internationales au sens ontologique et les mécanismes d'absorption et de
diffusion des politiques de conservation de la biodiversité dans la
sous-région comme la COMIFAC.
CHAPITRE II :
LES RELATIONS INTERNATIONALES ET LA CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE DANS LE BASSIN DU CONGO
44
Comment expliquer le paradoxe récurrent entre l'ampleur
des enjeux environnementaux et la faiblesse des politiques pour y
répondre ? Pourquoi, en dépit de l'accumulation de preuves
scientifiques, de l'urgence d'agir, des pressions de l'opinion publique, des
discours souvent emphatiques sur le sujet ; les Sommets internationaux sur
l'environnement débouchent-ils le plus souvent sur un cuisant constat
d'échec ? Quels sont les principaux acteurs, les ressorts et les effets
réels des politiques internationales sur l'environnement et les
communautés qui en dépendent? Dans quelle mesure les pays du
Bassin du Congo peuvent-ils réellement coopérer pour
définir et faire respecter des accords internationaux sur des enjeux
essentiels tels que le réchauffement climatique, la protection de la
biodiversité ou encore la promotion du développement durable?
Pour ainsi reprendre les interrogations de Philippe Le Prestre
(L'un des `pères' de l'écopolitique) dans le contexte
camerounais, nous examinerons l'encadrement international et sous
régional de la conservation de la biodiversité pour les pays du
bassin du Congo. Dans ce deuxième chapitre, il sera plus
précisément question d'analyser les schémas de transfert
des politiques internationales de conservation de la biodiversité dans
le bassin du Congo et au Cameroun en particulier. Au travers des protocoles de
Nagoya et la CITES, nous examinerons le contexte international et ses
répercussions directes ou indirectes sur le modèle de gestion des
forêts dans la sous-région (Section I) et la déclinaison
décentralisée au plan national (Section II).
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