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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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A. Les ZIC

Au parc national de Lobéké (PNL), la chasse sportive est pratiquée dans le cadre de safaris ouverts à des chasseurs amateurs dans des zones spécifiques qui sont affermées par l'Etat camerounais à des guides professionnels.

Les Zones d'Intérêt Cynégétiques (ZIC) au PNL sont :

- Du domaine permanent, assimilées à des aires protégées ;

- Exploitées par l'administration en charge de la faune, ou en affermage par une personne physique ou morale, ou une collectivité locale.

Si ces zones d'exploitation sont l'objet de convoitise de la part de nombreuses firmes internationales, la transparence dans l'attribution des permis d'exploitations reste assez complexe. Les questions sur ce domaine extrêmement lucratif sont très souvent mal perçues et les gestionnaires (généralement des safaris étrangers) confirment le peu d'informations disponibles sur ce domaine.

La simple évocation du mot safaris dans certaines zones périphériques du parc national de Lobéké suffit à créer des tensions. Ces exploitants sont accusés par les populations locales d'abus dans leur traitement lorsqu'elles sont utilisées comme guides de chasse. Aussi, ces populations se plaignent des intrusions de ces safaris hors des zones qui leurs sont assignées par les autorités. Si ces phénomènes sont observables tant dans les ZIC que dans les ZICGC, des efforts de coopération et d'implication sont beaucoup plus perceptibles au niveau des ZICGC (Zone d'Intérêt Cynégétiques à Gestion Communautaire zones).

109Eulalie Guillaume,« La foresterie communautaire : Opportunité ou chimère pour les femmes du Bassin du Congo », Fern, 2018, p. 28.

110Ernest Orlando Lawrence, « Vouloir vivre ensemble et science », in O., Lawrence et al., Epistémologie de la science politique, Presses de l'Université de Québec, 1998, p. 109.

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Figure 06 : ZIC et ZICGC en périphérie du PNL. Source : Zela, 2021.

B. Les ZICGC

Les Zone d'Intérêt Cynégétiques à Gestion Communautaire (ZICGC) au PNL sont :

- Le produit d'une révision de la notion de territoire de chasse prévue par le décret no95/466/PM du 20juillet 1995 ;

- L'établissement de la « Convention de Mambélé » en juin 1999, dont les propositions

sont officiellement entérinées par l'arrêté ministériel no1236 du 20 septembre 2000 ; - Les ZICGC peuvent s'étendre sur des unités forestières d'aménagement (UFA) et des

aires protégées ;

- Elles sont gérées localement par des Comités de Valorisation des Ressources Fauniques (COVAREF), qui ont statut d'association.

Si ce modèle de gestion participative est clairement une avancée dans le partage des bénéfices des forêts périphériques du PNL, des améliorations sont à envisager pour une gestion optimale. Il s'agirait par exemple de :

- Clarifier et rendre transparent le processus d'attribution des zones de chasse pour sélectionner les meilleures guides sur la base de leurs compétences avérées ;

- Simplifier la réglementation, notamment pour les COVAREF qui disposent de faibles sommes d'argent devant être essentiellement allouées à la gestion de la zone de chasse et au développement local ;

- Mettre en place des incitations pour appliquer la réglementation sur le terrain en matière de gestion des populations animales, de contrôle des pratiques de chasse ou de respect de cahiers des charges ;

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- Solutions alternatives : la privatisation du contrôle de la chasse sportive, avec la délivrance d'un label privé de gestion durable ;

- Favoriser l'éclosion de l'écotourisme.

En effet, la conservation de la biodiversité nécessite une approche globale des enjeux. Bien que des spécificités existent au niveau international, les conventions et accords semblent tous revêtir en commun la volonté d'inverser la perte continue de la biodiversité. La biodiversité constitue un enjeu géostratégique, scientifique, économique et aussi culturel pour les acteurs internationaux et sous régionaux dans le bassin du Congo.

De ce fait, le chapitre suivant fera un aperçu des liens de causalités parfois complexes entre les relations internationales au sens ontologique et les mécanismes d'absorption et de diffusion des politiques de conservation de la biodiversité dans la sous-région comme la COMIFAC.

CHAPITRE II :

LES RELATIONS INTERNATIONALES ET LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE DANS LE BASSIN DU CONGO

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Comment expliquer le paradoxe récurrent entre l'ampleur des enjeux environnementaux et la faiblesse des politiques pour y répondre ? Pourquoi, en dépit de l'accumulation de preuves scientifiques, de l'urgence d'agir, des pressions de l'opinion publique, des discours souvent emphatiques sur le sujet ; les Sommets internationaux sur l'environnement débouchent-ils le plus souvent sur un cuisant constat d'échec ? Quels sont les principaux acteurs, les ressorts et les effets réels des politiques internationales sur l'environnement et les communautés qui en dépendent? Dans quelle mesure les pays du Bassin du Congo peuvent-ils réellement coopérer pour définir et faire respecter des accords internationaux sur des enjeux essentiels tels que le réchauffement climatique, la protection de la biodiversité ou encore la promotion du développement durable?

Pour ainsi reprendre les interrogations de Philippe Le Prestre (L'un des `pères' de l'écopolitique) dans le contexte camerounais, nous examinerons l'encadrement international et sous régional de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo. Dans ce deuxième chapitre, il sera plus précisément question d'analyser les schémas de transfert des politiques internationales de conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo et au Cameroun en particulier. Au travers des protocoles de Nagoya et la CITES, nous examinerons le contexte international et ses répercussions directes ou indirectes sur le modèle de gestion des forêts dans la sous-région (Section I) et la déclinaison décentralisée au plan national (Section II).

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