B. Les principaux défis actuels de la foresterie
communautaire
1. Une meilleure prise en compte des
minorités
Dans la quasi-totalité des communautés
villageoises du bassin du Congo et du Cameroun en particulier, la forêt
est perçue comme un élément fondamental de la vie des
villageois. Ils y retrouvent tous les éléments nécessaires
pour la pharmacopée traditionnelle. Sur le plan des moyens d'existence,
c'est dans la forêt qu'ils viennent au monde et elle constitue leur
source principale de moyen d'existence. Ernest Adjina, président
d'ASBABUK108 dit avec regret que :
« Par le passé, les communautés
pouvaient se déplacer librement dans la forêt sans restriction.
Mais de nos jours, la forêt a été divisée et les
choses ont changé. La forêt communautaire a des obligations qui ne
correspondent pas avec notre façon de vivre. Par conséquent,
c'est compliqué pour nous. Nous ne maitrisons rien du processus de
forêt communautaire. Toutes les procédures en vue de l'obtention
d'une convention de gestion, le plan simple de gestion
etc. ne sont ni connues, ni
maitrisées par nous. Nous ne connaissons même pas nos rôles.
Tout est fait par les ONG.»
En effet, la mise en oeuvre des FC suppose la création
d'une organisation formelle représentative de toutes les composantes de
la communauté qui puisse légalement s'engager en son nom.
D'après la loi en vigueur au Cameroun, les quatre types d'entités
légales sont les associations, les coopératives, les Groupes
d'initiative Commune (GIC) ou les Groupes d'Intérêt Economique
(GIE). Cependant, aucune de ces entités n'est adaptée au contexte
social et administratif de la zone, et de ce fait, une faible appropriation des
FC par les populations locales est souvent constatée.
Autre problème, le « noyautage » des FC par
les élites externes ou internes qui contrôlent, parfois à
leur seul profit, les retombées positives de la gestion des FC. Une
marginalisation de certains groupes sociaux : de manière
générale, certains groupes sociaux tels que les peuples
autochtones de la forêt, les femmes. Les allogènes
forcément sont défavorisés dans le processus de foresterie
communautaire actuel. Leurs besoins sont très rarement pris en compte
dans la gestion de la FC et en reçoivent rarement les
bénéfices équitables ou justes. Ce qui peut entrainer des
conflits entre différents groupes sociaux.
2. L'implication des femmes
À l'exemple de ce qui se passe dans les autres parcs du
bassin du Congo, les femmes des forêts du Cameroun jouent un rôle
significatif dans la gestion des forêts. Que ce soit en pratiquant
l'agroforesterie traditionnelle ou en collectant du bois de chauffe et des
produits forestiers non ligneux (PFNL) pour se nourrir, nourrir le
bétail, se soigner ou générer des revenus. La
réalité du terrain démontre que les femmes, au même
titre que les hommes sont activement engagées dans les activités
de gestion et d'utilisation des forêts et des ressources
forestières.
108Association Sanguia Buka Buma'a Kpode est l'une des
plus importantes associations pygmée Baka dans le bassin du Congo.
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En effet, les activités dans la forêt sont
réparties en fonction des sexes. Toutefois, bien que leurs rôles
soit bien définis, il n'en demeure pas moins qu'elles sont reconnues
comme main d'oeuvre plutôt que comme des actrices majeures de la gestion
des ressources forestières109.
PARAGRAPHE II : ZONAGE PARTICIPATIF ET
GESTION INTEGREE DE LA PERIPHERIE DUPNL
D'après Lawrence Olivier, « La vie en commun
ne doit pas seulement être possible, cela ne peut pas être une
simple possibilité (au sens d'hypothèse), il faut que chacun y
voit aussi son intérêt, qu'il soit concerné,
c'est-à-dire qu'il adhère non seulement par contrainte à
la communauté (le pire moyen d'adhésion en l'absence d'un ordre
transcendant), mais parce que celle-ci peut être avantageuse dans la
poursuite de ses fins. »110
En ce sens, la répartition de la zone tampon du parc
national de Lobéké en espaces d'aménagement pour les
communautés riveraines participe de la stratégie
d'intégration du PNL. Ce zonage se décline sous la forme de ZIC
(A) et ZIGC (B).
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