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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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SECTION I : LE CONTEXTE INTERNATIONAL DE LA CONSERVATION DE LA

BIODIVERSITE

La diplomatie contemporaine sous sa forme multilatérale englobe aujourd'hui de façon croisée tous les acteurs et enjeux internationaux : guerre et paix, droits humains, commerce, environnement, etc. Stricto sensu, la diplomatie multilatérale met en relation un minimum de trois États. En pratique, elle rassemble couramment des dizaines d'États (représentés par leurs diplomates et leurs délégations mais aussi des multinationales) et un nombre croissant d'acteurs non étatiques. La diplomatie multilatérale a longtemps été organisée sous forme de conférences ad hoc. Depuis la création de la Société des nations (SDN) puis de l'Organisation des Nations Unies (ONU), elle s'incarne aussi beaucoup dans les organisations internationales111.

La conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo dans cet ordre d'idée fait

intervenir un nombre important d'acteurs et d'instruments internationaux. Les accords et

111FranckPetiteville,D., Placidi-Frot,« La diplomatie multilatérale », in Balzacq, T. (dir.) et al., Manuel de diplomatie, Paris, Science Po, 2018, p. 53.

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conventions comme le protocole de Nagoya et la CITES, ratifiés par les États membres du bassin du Congo sont ou devraient être adaptés au contexte sous régional par les institutions supra nationales comme la COMIFAC (Commission des Forêts d'Afrique Centrale).

Dans cette section nous ferons une analyse du protocole de Nagoya et de la CITES (Paragraphe I) puis une tentative de décryptage de leur appropriation au niveau de la COMIFAC (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : TENTATIVE D'INTERPRETATION DU PROTOCOLE DE NAGOYA ET DES OBJECTIFS D'AICHI

D'après Jose Do Nascimento, « Durant la colonisation, les puissances coloniales avaient organisé la mise en valeur des ressources africaines selon une logique d'exploitation qui ne produisait des bénéfices et avantages qu'au seul profit des grandes compagnies concessionnaires et des métropoles coloniales. La mise en valeur des ressources africaines sous l'angle de la rentabilité externe est encore aujourd'hui la logique selon laquelle les multinationales mettent en valeur les ressources africaines dans un contexte post colonial ».112

A. Le protocole de Nagoya et les objectifs d'Aichi en 2022 1. Les objectifs du protocole

La Convention sur la diversité biologique (CDB) a été ouverte à la signature le 5 juin 1992, lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (le « Sommet planète Terre » de Rio) et est entrée en vigueur le 29 décembre 1993. La Convention est encore le seul instrument international complet sur la diversité biologique. La Convention a trois objectifs : la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments constitutifs et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques113. À la suite de la CDB, de nombreux accords internationaux vont tenter d'enrayer la perte continue de la biodiversité. Le protocole de Nagoya reste l'un des plus ambitieux de ces dernières décennies.

Le Protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation relatif à la Convention sur la diversité biologique a été adopté à la dixième réunion de la Conférence des Parties, le 29 octobre 2010, à Nagoya, au Japon, après six ans de négociations. En encourageant l'utilisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles associées à celles-ci, et en consolidant les occasions de partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, le Protocole devait contribuer à stimuler la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments constitutifs, accroitre la contribution de la diversité biologique au développement durable et au bien-être humain.114Mais rendu en 2022 quel est le bilan de cette convention rendu à son terme en 2020 ?

112José Do Nascimento,« La pensée politique de Cheikh Anta Diop », Paris, l'Harmattan, 2020, p. 113.

113 CBD, Protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation relatif à la convention sur la diversité biologique, Montréal, 2012, p. 1.

114 Ibid., p. 1.

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L'UICN dans l'un de ses rapports sur le protocole de Nagoya précisait qu'au niveau national, les États signataires s'engageaient à :

« Améliorer la qualité de la gouvernance des AP, ainsi qu'à garantir la participation pleine et entière des communautés locales et autochtones aux structures de gestion et de gouvernance des AP de façon à améliorer leurs moyens de subsistance, leur accès aux ressources naturelles, ainsi qu'un partage équitable des avantages tirés des aires protégées ».115

Il était déjà nécessaire de porter sans attendre toute l'attention à l'élaboration d'un cadre, de normes, d'instruments et d'indicateurs internationaux pour l'évaluation sociale des aires protégées, et d'en tenir compte pour évaluer l'efficacité de la gestion des AP. Il demeure à ce jour important de fournir des renseignements sur l'évaluation sociale des projets et programmes de conservation. Que des données précisent sur les avancées majeurs et les retours d'expériences de terrain soient introduits dans la base de données mondiale sur les aires protégées (WDPA) afin d'améliorer les négociations au niveau international et la prise de décision au niveau national.

Figure 04 : Mécanisme d'accès et de partage des avantages des AP. Source : Introduction à l'accès et au partage
des avantages
, Montréal, Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, 2011, p. 4.

115UICN, « Améliorer la contribution des aires protégées à la conservation de la biodiversité- Le rôle du Programme de travail sur les aires protégées (PTAP) de la CDB : déclaration de position », p. 1.

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Du protocole de Nagoya va déboucher le Plan stratégique 2011-2020 de la mise en oeuvre des « Objectifs d'Aichi ». Il proposait que pour inverser la perte continue de la biodiversité, il était impératif d'aborder les causes sous-jacentes comme la pauvreté et l'éducation. Il préconisait déjà de commencer à prendre des mesures stratégiques, afin de gérer, dans une perspective de long terme, les causes sous-jacentes de l'appauvrissement de la diversité biologique dans les zones prioritaires de la biodiversité comme les bassins de l'Amazonie, du Congo et du Mékong. Toute chose qui nécessitait une cohérence des politiques générales, ainsi que l'intégration de la diversité biologique dans l'ensemble des politiques et stratégies de développement national, dans les secteurs économiques, et à tous les niveaux de planification des gouvernements.

Les approches stratégiques pour parvenir à ceci devaient alors inclure nécessairement la communication, l'éducation et la sensibilisation du public, la coopération, etc. Les parties prenantes de tous les secteurs des gouvernements, de la société et de l'économie, y compris le milieu des affaires, devaient être impliquées en tant que partenaires, pour mettre en oeuvre ces mesures. Les conservateurs et les citoyens devaient être mobilisés pour contribuer à la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique afin de réduire considérablement l'empreinte écologique et soutenir l'action des gouvernements.

2. Les recommandations du protocole

En 2022, Les enjeux pour les pays du bassin du Congo restent les mêmes. Pour rappel, il serait important de ne pas oublier que :

« L'utilisation des ressources génétiques est bien souvent associée à des connaissances traditionnelles. Bien avant l'exploitation à grande échelle de certaines ressources génétiques par le secteur biotechnologique occidental, nombre de communautés autochtones et locales (CAL), dans le monde entier, identifiaient déjà les propriétés particulières des ressources naturelles disponibles dans leur environnement pour en développer des utilisations et des innovations. »116

La nécessaire implication totale des populations locales et autochtones demeure une recommandation fondamentale héritée du protocole de Nagoya.

D'autres recommandations des évaluations sur l'efficacité de la gestion des aires protégées dans le bassin du Congo devraient être mises en oeuvre et intégrées dans d'autres évaluations (Par exemple: Financement durable et innovant), afin d'attirer et d'orienter l'allocation des ressources financières destinées à la mise en oeuvre de ces recommandations. L'UICN souligne cependant la nécessité de coordonner la mise en oeuvre des stratégies locales avec d'autres conventions, accords et programmes relatifs à l'environnement (RAMSAR, Convention du patrimoine mondial de l'UNESCO, Programme pour l'homme et la biosphère de l'UNESCO, CCNUCC et CDD, etc.), ainsi qu'avec d'autres programmes de travail de la CDB comme la CITES, afin d'améliorer l'efficacité des actions117.

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