5.1.2.3.2- Curage des caniveaux comme moyen de lutte
Essounga (2014), propose comme stratégie à court
terme, le curage régulier de canaux de drainages, et à long terme
la construction d'un canal sur le Woumangue. D'habitude dans ledit
arrondissement en cette saison pluvieuse, les populations se regroupent en
comité pour
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creuser les caniveaux, ils cotisent pour acheter les
matériels comme la pelle, la pioche, le râteau, la brouette etc.,
certains habitants affirment être conscients que les déchets
déversés dans les drains contribuent énormément au
phénomène d'inondation. Nous constatons des jeunes munis des
pelles, râteaux, pioches et autres, ils s'activent dans une ambiance
joviale accompagnée de musique. Parmi eux se trouvent des
élèves, des étudiants et même des
diplômés. Quant aux femmes, elles encouragent ces jeunes en leur
préparant du thé, du lait, de la bouille, des salades et bien
d'autres. Pour certains jeunes du quartier, il vaut mieux se débrouiller
que d'attendre les responsables de la mairie pour faire le travail. Cette
initiative vise à prévenir les dégâts des pluies qui
s'annoncent. Certains jeunes sans emploi profitent de la situation pour se
faire de l'argent. En association, achètent les remblaies puis mettent
dans les sacs ils posent dans les rues les plus stagnées par l'eau et
qui bloquent le passage. Pour traverser, il faut donner au moins 50FCfa pour
avoir accès.
Pour s'affranchir du risque permanent d'inondations, les
populations ont très vite compris l'utilité du curage des canaux
qui sont envahis par les amas d'ordures qui obstruent les canaux de
ruissellement et causent les inondations. A cause de l'importante
récurrence des inondations dans la zone, ces actions de curage sont
organisées par les populations afin de permettre aux cours d'eau de
ruisseler dans les fleuves.
Dans le 9eme arrondissement, surtout dans les zones
les plus affectées par les inondations, pour faciliter
l'écoulement des eaux, les populations ont opté pour la
création des rigoles parce que les quartiers sont dépourvus d'un
système de drainage. Les inondations sont souvent causées par
l'encombrement des conduits de canalisation des eaux. En effet, nous avons
constaté l'existence d'un seul canal dans la commune (la digue.) ces
travaux consistent à creuser à l'aide des pioches, des pelles de
râteaux et des brouettes une rigole servant de voie de canalisation.
Notons que ces activités sont un moyen de lutte contre les
inondations.
Nous avons une association qui oeuvre dans
l'amélioration des conditions de la population de notre arrondissement.
Nous avons déjà acheté les matériels
nécessaire tels que les peuls, les pioches, les râteaux, les
brouettes, les gants, les bottes grâce à l'appui des personnes de
bonnes moralités. Donc, à l'approche de la saison de pluie, nous
sortons tous munirent de nos matériels pour tracer les passages de
l'eau, curer les caniveaux. (Entretien avec Abdel, 38 ans,
président de l'AJADES, à CNRD le 27 août 2021).
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5.1.2.3.3- Actions religieuses et
traditionnelles
Les autorités traditionnelles et religieuses ne
baissent pas les bras et attendent le miracle des dieux pour leurs sauver. Ils
ont adopté leurs stratégies pour réduire les risques
d'inondations. Les chefs de carrés, les délégués,
les églises et les mosquées dans leur collectivité
sensibilisent les jeunes aux prières collectives, ils passent souvent
dans un espace publique (église, mosquée) suivi de
l'aumône. On sacrifie une bête (vache, chèvre, coq).
Très souvent, les femmes des quartiers préparent de la bouillie
et les distribuent après les prières. Ces prières
consistent à faire appel au seigneur de retards de la pluie et aux
risques qui va y avoir pendant la pluie. Ils procèdent également
aux cotisations pour l'achat des matériels tels que pelles, pioches,
brouettes. Les offrandes aux mannes des ancêtres et aux divinités
de l'eau sont fortement encouragées par les autorités
traditionnelles. C'est ce que certifie Madji en ces mots :
Pendant les inondations, nous mettons nos ressources
financières et matérielles à la disposition des
sinistrés. L'exemple en est que, le débordement de l'année
2020, nous avons hébergé des sinistrés dans notre paroisse
saint Bernard, nous avons aussi mis une voiture pick-up, des pelles, pioches,
brouettes, râteaux à leur disposition et aux associations oeuvrant
dans le combat de lutte contre l'inondation. A cela j'ajoute que nous animons
également de prières collectives et au sein de notre sainte
église, nos fidèles se sont portés volontaire et
crées une association qui lutte aussi contre les catastrophes telle que
inondation et bien d'autre. (Entretien fait avec Madji 56 ans,
prêtre le 17 septembre 2021 à 10h à Walia Barriere).
5.2- MECANISMES D'ADAPTATION MIS PAR L'ETAT ET SES
PARTENAIRES POUR LUTTER CONTRE LES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA
Dans cette sous partie, Il s'agit d'énumérer
quelques stratégies que le gouvernement et ses partenaires ont mis en
place pour la gestion des inondations et amélioration des conditions de
vie de la population du 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena. Il faut noter que l'Etat est appuyé par diverses institutions
internationales. Suite aux inondations, on assiste à de
déplacement massif vers les sites non inondés. Les
déplacés, étant dans leurs nouveaux sites,
éprouvent des difficultés tant physiques que psychologiques. Dans
leurs situations alarmantes, le gouvernement et ses partenaires viennent en
aident à ces sinistrés afin d'améliorer leurs conditions
des vies dans leur refuge.
La sensibilisation, interdiction formelle sous peine d'amande
aux personnes pratiquant l'insalubrité, aménagement des zones
inondables de ladite commune, la réfection des ouvrages
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5.2.1- Actions gouvernementales
Vu la situation alarmante, les autorités tchadiennes en
charge d'aménagement ne peuvent pas rester indifférentes. Le
Ministère de l'Aménagement du Territoire de l'Urbanisme et de
l'Habitat (MATUH) a revu sa politique, afin de réduire les risques
d'inondations. Il s'agit, d'améliorer les conditions de vie des
populations urbaines et en particulier les personnes les plus
vulnérables. En leur offrant un terrain où s'installer et hors
danger, un toit, l'accès aux services publics de base (eau,
électricité, assainissement, ordures ménagères,
équipements collectifs etc.) Boring (2019).
Le Ministre des finances et du budget, l'Ambassadeur de France
au Tchad, et le Directeur de l'AFD, ont signé une nouvelle convention
pour le financement d'un projet visant à permettre aux services de la
Mairie de N'Djaména d'effectuer des travaux d'urgence permettant
d'éviter les inondations dans de nombreux quartiers de la capitale lors
de la prochaine saison des pluies. Ce nouveau projet, d'un montant de 1,5
million d'euros (soit près d'un milliard de francs CFA) vise à
apporter un appui technique et financier d'urgence à la Commune de
N'Djaména pour la remise en état d'urgence, du réseau de
drainage pluvial des quartiers Nord, Est et du sud de la capitale.
Dans les sites de Toukra, le gouvernement à travers le
ministère de la sante publique a mis en place un centre de sante avec
deux (2) médecins, 2 infirmiers et six (6) agents de santé. La
délégation de l'action sociale a contribué avec 2 agents
sociaux. En collaboration avec l'Unicef, le ministère de
l'éducation a sauvé l'année des enfants en âge
scolaire en mettant à leur disposition des tables bancs et 16
enseignants pour couvrir l'école avec un cycle complet. Dans les
mêmes sites, le ministère de l'hydraulique a construit des forages
pour l'alimentation en eau potable, Tamdjim (2020).
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