5.1.2.2.4- Protection des biens matériels
Dans le 9eme arrondissement de N'Djamena, lorsque
l'eau pénètre dans les concessions, la première
réaction de chefs de ménages est de chercher un abri pour leurs
biens enfin de contourner les dégâts. Sur le terrain, nous avons
constaté un petit nombre de ménages qui dit être
obligé de fabriquer des étagères ou se servir de leur
meuble, table et lit pour conserver leurs biens (appareils
électroniques, moquettes) en période d'inondation. Ensuite, il
existe une solidarité entre voisins pour s'entraider en cas
d'inondation. Pour mieux amorcer cette situation, la population a
développée des actions collectives pour adopter de
mécanismes d'adaptation pour une meilleure gestion des inondations dans
cet arrondissement.
Quand la pluie menace, nous avons toujours les mains sur
le coeur, nous sommes perturbés, si nous sommes loin de la maison, on
fait tout pour rentrer avant la tombée de la pluie. Quand on sent
vraiment que la pluie ferait les dégâts, on ramasse nos biens tels
que : le tapis, l'écran, les fauteuils bref tout objets dommageables
pour les déplacer vers un endroit bien garanti. (Entretien avec
Elis, 62 ans, ancien délégué et responsable de
sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août 2021).
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5.1.2.3- Stratégies collectives
Dans ce contexte, nous entendons par stratégie
collective, l'ensemble des actions qu'un groupe de personne mène pour
lutter contre les inondations. Pour le bien-être de leurs vies et de leur
commune qui est le 9eme arrondissement. Il a été
constaté que plusieurs stratégies sont développées
par les populations pour faire face aux problèmes des inondations nous
avons :
5.1.2.3.1- Aménagement des espaces comme
stratégie d'adaptation
Dans cet arrondissement, le déplacement en
période d'inondation est difficile, cela est dû à la
submersion des terrains par les eaux. En effet, pour faire face aux
inondations, la population a mis en place un certain nombre de
mécanismes, par ses propres moyens, pour atténuer leurs impacts.
Il s'agit des mesures à court termes : utilisation des sacs de sable,
des briques ou des vieux pneus à l'entrée des maisons soit sur
les pistes des quartiers, pour pouvoir se déplacer, oeuvre de la
majorité des ménages à revenu faible et moyens financier,
ces ménages se résignent à cette opération. Ce
système n'a d'effet que pour des épisodes d'écoulements
passagers, au moment où le sol n'est pas encore gorgé d'eau,
notamment pendant les trois premiers mois de pluie (mai, juin, juillet).
Je suis fier des jeunes de mon quartier, ce sont les
jeunes organisés et bien souciés de situation dont on vit dans ce
quartier. A l'approche de la saison pluvieuse, ils s'organisent en
équipe et viennent me voir en tant que leur chef de quartier pour
transmettre le message aux citoyens de les donner leur appuie pour le curage de
caniveaux et rigoles, de construire des digues et bien d'autre activités
de bons citoyens qu'ils sont. (Entretien avec Emma. 58 ans, chef de
quartier, à Ngoumna : 17 septembre 2021).
Au cours des mois d'extrêmes pluies, (août et
septembre voire octobre) ces dispositifs n'ont plus d'effet. Parce que le sol
est saturé d'eau, la stagnation devient permanente et par
conséquent, le coefficient de ruissellement est presque nul. Dans leur
collectivité, les propriétaires de concession ou d'habitation se
consultent dans un souci de collecter le fonds pour s'acheter de la terre ou
des remblaies pour mettre dans les rues afin de surmonter le niveau d'eau. Mais
cette stratégie cause parfois des mésententes dans le quartier,
dans la mesure où l'eau est déviée chez les autres. Nous
remarquons que ce mécanisme consiste à faciliter l'accès
des populations aux lieux publics.
Quels soient autochtones ou allogènes, les populations
et surtout les jeunes volontaires s'organisent et aménagent les routes.
Chaque année, à l'approche de la saison de pluie, ils
s'organisent pour affronter les inondations. Dans cette perspective, notre
informateur témoin
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en ce sens : « on a nos matériels, on a un
gestionnaire qui nous garde les matériels, en cas de besoin, on fait
recours aux matériels pour faire les travaux. On a aussi une motopompe
qui nous sert à évacuer l'eau » (Entretien avec Abdel,
38 ans, président de l'AJADES, à CNRD le 27 août 2021).
Photo 16 : Construction de digue pour
traverser
Source : MOUKHTAR Adoum, Août 2021
Sur cette photo nous observons des jeunes filles traversent
librement d'un lieu à l'autre via un pont fait à la
traditionnelle. Cette construction des digues à base des pneus et des
sacs remplis de sable sur le lit de l'eau par les habitants, permet aux
passagers de circuler indépendamment sans tremper les pieds dans l'eau.
Dans certains coins, pour traverser, c'est payant.
Les populations font usage d'autres mesures pour s'adapter aux
risques d'inondations. Il s'agit par exemple de la construction des digues le
long des cours d'eaux de manière rudimentaire, des canaux
d'évacuation. L'une des pratiques habituelles dans notre zone
d'étude et le curage des rigoles et des caniveaux. Il s'agit des
exercices dont les populations du 9eme arrondissement semblent mener avec une
attention particulière.
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