5.1.2.2- Stratégies individuelles
Pour paraphraser Jaulin, l'homme n'est pas un idiot culturel.
Ce dernier ne croise pas ses bras et attend tout de dieu pour se sauver, au
contraire, l'homme par ses facultés et son intelligence, met toujours
des stratégies pour résoudre un problème donné.
Dans le cadre de notre recherche, les stratégies individuelles renvoient
au mode d'organisation des propriétaires de terrains qui
développent chacun ses techniques et les mettent en place pour se
protéger contre les inondations. Dans sa pratique, les stratégies
individuelles varient d'un individu à un autre. Elles dépendent
des moyens et sont généralement des mesures
éphémères qui ne s'inscrivent pas dans une démarche
durable. Les mesures que prennent les populations individuellement pour
gérer les inondations, sont insuffisantes et même souvent à
court terme. Car cela est dû aussi aux moyens matériels et
financiers. Plusieurs mécanismes individuels meublent cette partie de
notre travail.
5.1.2.2.1- Migration de la population comme technique
La migration reste le meilleur moyen pour échapper aux
catastrophes tel que les inondations surtout en cas de débordement ou la
forte pluie au milieu de la nuit. Certains habitants de la commune du
9eme arrondissement de la capitale tchadienne semblent être
habitués à la submersion de leur site. Nombreux d'entre eux ont
développé des stratégies contribuant à la lutte
contre les inondations. Ainsi, pour se mettre à l'abri, certaines
personnes se déplacent de leur maison pour aller s'installer à
des endroits supposés non inondés dans les environs. Si
l'inondation arrive à les atteindre à leurs lieux de refuge, ils
se déplacent à nouveau, ainsi de suite. Cette pratique est
courante dans les zones inondables. D'une manière solidaire ces moments
de douleurs se gèrent avec efficacité par endroit. D'autres
encore, quittent
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totalement le milieu pour y revenir des mois après. Sur
le terrain, nous avons constaté que certains habitants
développent des méthodes pour pouvoir vivre dans l'eau. Ils
utilisent les meubles (tables, armoires,..) comme supports. Ces
différents mécanismes d'adaptation on les constate beaucoup plus
après le débordement appelé « almé sel
» ce dernier fait surface beaucoup dans la nuit. Ce genre de pluie ou
le débordement invisible et inattendu, oblige les populations à
quitter les zones dans l'immédiat au risque de perdre leur vie. C'est ce
qu'atteste Elis lorsqu'il dit :
Ma maison ne pas en dur, juste en terre battue et sa
construction ne pas moderne non plus. Je suis bien proche du fleuve Chari et en
temps d'inondation, je suis parmi les premières victimes. Je faisais
toujours les efforts à résister aux inondations dans un premier
temps mais je fini toujours par refugier soit dans les sites de
sinistrés, soit chez mes proches. On ramasse juste nos biens
nécessaires et le reste, on les laisse entre les mains de Dieu.
(Entretien avec Elis, 62 ans, ancien délégué et
responsable de sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août
2021).
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