WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Recrudescence et gestion endogène des inondations dans le 9e arrondissement de N'Djamena: contribution à  l'anthropologie écologique


par Adoum Oumar MOUKHTAR
Université Yaoundé 1 - Master 2 en anthropologie 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2.2.2- Pauvreté

Ledoux, (1995), souligne que « la pauvreté accroit la vulnérabilité de population, et les risques naturels augmentent la pauvreté ». Généralement, ce ne sont que des pauvres qui y habitent par manque de moyen pour s'offrir des terrains hors danger. Ainsi, pendant la saison de pluie, ces personnes vivent dans des conditions insupportables. Elles bâtissent dans les champs, c'est ainsi qu'en période pluvieuse, elles rencontrent des difficultés en commençant par l'humidité des chambres ainsi que des devantures qui deviennent des mares d'eau. Ces

81

personnes sont souvent victimes des morsures de serpent, de piqûres des scorpions ainsi que des maladies hydriques et vectorielles qui s'enchainent.

Le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena regorge en son sein une grande partie de la population rurale. Certaines d'entre elles sont descendues en ville à la recherche du travail et mener une vie meilleure. Louer une maison ou chambre en pleine ville n'est pas à leur porté, donc elles sont tournées vers les quartiers périphériques non urbanisés où le coup d'achat du terrain est moins cher. Dans les zones marécageuses ou encore non urbanisées, les terrains sont moins chers que dans les zones urbanisées. C'est ce qui fait que certaines populations sont obligées de construire dans les zones marécageuses par manque de moyen. Koum, exprime son expérience comme suit :

J'ai vécu toutes les crises des inondations. En 1963, on a vécu les inondations et nous vivons encore dans les inondations, mais à notre temps, l'inondation ne causait pas des dégâts aussi catastrophiques que de nos jours. Entretemps, nous vivons sur les parties élevées, c'est pour vous dire que depuis que je suis à Walia l'inondation ne m'a jamais casser la maison, c'est pour dire qu'aujourd'hui là, je sais quels lieux l'eau peut passer, quels lieux l'eau occupe, par où l'eau vienne et par où l'eau se retire ; je connais tout çà. C'est la pauvreté qui a fait aux gens d'habiter les espace inondables. Avec le changement climatique, on ne vit pas comme avant. Quand l'inondation arrive, l'eau reste jusqu'à la ceinture ou même jusqu'à la poitrine. (Koum, 64 ans, secrétaire général a la mairie du 9eme arrondissement, à Walia, 03 août 2021).

De ces propos nous comprenons mieux que la pauvreté est un des facteurs aggravant les inondations dans cette commune. Cette dernière regorge en son sein la majorité des populations pauvres ou du moins de classe moyenne.

3.2.2.3- Occupation anarchique des espaces

Les inondations qui sont un phénomène naturel lié au débordement des eaux des rivières, sont aujourd'hui aggravées par les pressions issues des activités humaines. Celles-ci résultent de très forte concentration de l'habitat (Kenlack, 2019). La partie avare de notre zone d'étude est caractérisée par un étalement urbain qui ne respecte aucun plan d'urbanisation. Dans cette partie du bassin colonisée par les populations du 9eme arrondissement, des aménagements non adaptés sont bâtis sur des zones très sensibles qualifiées de « non aedificandis » par la communauté urbaine. Malgré l'interdiction de l'occupation de ces espaces à risques, on voit des maisons construites jour après jour à proximité des drains et/ou sur des drains, ou encore des maisons en terre battues dans les marécages. Au cours de notre enquête sur le terrain, nous

82

avons observé plusieurs habitations installées sur les lits des cours d'eau. Dans les quartiers comme Digangali, N'Gueli, Walia, Ngoumna et Toukra, les maisons sont régulièrement inondées à cause de la position qu'elles occupent sur la partie aval des cours d'eau (Chari-Logone), certains habitants sont même installés en empiétant sur le lit mineur. Cette installation anarchique empêche le passage normal de l'eau. Les occupations des espaces des lits des cours d'eau constituent l'un de facteurs gravant les risques d'inondations dans la zone d'étude. A cet effet l'on observe l'installation anarchique de certaines personnes sur les exutoires naturels de l'eau. Celles-ci y construisent leurs maisons, empêchant ainsi le ruissellement des eaux de pluie. Dans cette perspective, notre informateur nous explique une des causes des inondations dans son quartier en ces termes :

L'inondation ça cause énormément de dégât, ça, c'est un phénomène naturel. La cause des inondations ce que on a construit dans le passage de l'eau, dans le lit de l'eau, et quand l'eau monte et que ça déborde maintenant, même les digues qu'on a construite récemment, l'eau le casse et va dans son lit et pendant les trois (3) mois elle se retire. (Entretien avec Albe, 47 ans, délégué, à Walia, 21 septembre 2021).

Dans ces propos nous retenons que les populations construisent sur le passage de l'eau, ce qui fait que quand la pluie tombe et que le Chari ou la digue est plein, sa déverse dans les quartiers et causes des dégâts énormes. Le même enquêté assume d'être dans la zone inondable et argumente en ce sens :

Pour lutter contre l'inondation-là y a qu'une seule solution, c'est de fuir pour ne pas perdre sa vie. Parce que nous habitons sur le passage de l'eau et la pluie vient sans prévenir quelqu'un ; parfois nous croyons que la saison pluvieuse est fini, et à la dernière minutes, l'inondation nous surprenne. (Entretien avec Albe, 47 ans, délégué, à Walia le 21 septembre 2021).

Dans ces propos pour lutter contre l'inondation, l'unique stratégie c'est de prendre fuite pour sa survie. Nous retenons aussi que certaines personnes sont conscientes du danger dont elles sont sujets, mais s'accrochent par contrainte parce qu'elles ne savent où aller.

Des entretiens avec les autorités communales nous ont permis d'avoir des informations sur la question des occupations des espaces non aménagés. Il ressort que l'occupation anarchique des terres s'observe surtout dans les zones non loties ou marécageuses. La population s'installe à leur guise sans se soucier du caractère insalubre des secteurs d'installation. Dans les quartiers/villages de la commune de 9eme arrondissement l'on note l'absence quasi-totale de réseau d'assainissement pouvant assurer l'évacuation des eaux. Cette situation ne peut engendrer que les inondations. Dans cette situation d'occupation anarchique

83

de terre, l'Etat aussi est impliqué. C'est dans ce contexte que notre informateur tient le propos ainsi :

Je peux dire que les responsabilités sont partagées, d' une part, c'est la population elle-même et d'autre part c'est l'Etat. Avant dans cette zone, il n'y avait pas des maisons, c'est le lit d'eau et comme N'Djamena est devenu petit et avec l'urbanisation de la ville, l'Etat a procédé à des déguerpissements des espaces de l'Etat, donc tous ceux qui se retrouvent dans les zones déguerpis à l'exemple de quartier ancien Gardolé Djedit, Bololo, Djambal bar ; ces habitants-là étaient obligé de venir ici pour trouver de l'espace croyant que cet espace serait viable. A leur grande surprise, ils sont sur le lit d'eau, donc, je peux dire que c'était par obligation aussi s'ils sont dans cette situation. (Entretien avec serge, 46 ans, enseignant et secrétaire général adjoint à la mairie du 9eme arrondissement, à Walia le 09 août 2021).

Dans ces propos nous pouvons retenir que ce ne sont pas seulement que les populations qui sont à l' origine des occupations anarchiques des espaces dans cet arrondissement mais l'Etat aussi en est l'origine parce que, il fait semblant ou il ne maitrise ou pas les zones inhabitables, et c'est ainsi qu'il attribue de terre sans études au préalable.

Photo 1 : Inondation à Digangali

Source : MOUKHTAR Adoum, 2021

Sur cette image nous pouvons percevoir dans le quartier Digangali une chambre construite en terre cuite, sans fenêtres submergée dans l'eau. Nous pouvons observer aussi l'eau stagnée, des sacs remplis de sable pour la devanture de ladite chambre ; nous observons également la présence d'un père et ses enfants. Le père qui lave ses habilles avec l'eau stagnée tant disque deux de ses enfants nagent dans l'eau, un assis tranquillement sur la digue et deux de ces filles sont debout.

84

3.2.2.4- Insalubrité

L'insalubrité est désormais un problème de comportement, d'incivisme dû à la mauvaise gestion des déchets et à l'ignorance de la population. Certaines ordures ménagères dégagées sont jetées souvent dans les caniveaux et constituent un blocus au drainage des eaux des pluies dans le 9eme arrondissement. Le système de drainage actuel dans ledit arrondissement est très pauvre. On note un manque de caniveaux. Lorsqu'ils existent, ceux-ci sont creusés par la population elle-même et sont dans la plupart de cas surchargés par les ordures ménagères.

Au niveau des ménages, nous pouvons observer les devantures sont pleines d'ordures qui ne sont pas régulièrement enlevées. A ces dégâts matériels, s'ajoutent les risques sanitaires liés en grande partie aux matériaux transportés : déchets ménagers de tout genre, matières fécales et matériaux hétéroclites. Dans la plupart des quartiers, les mauvaises conditions d'hygiènes, notamment la présence des latrines et des fosses septiques aux abords des lits des rivières et des zones humides, qui augmentent la propagation des maladies hydriques. En effet, l'évacuation des excrétas humains et animaux, et la présence de déchets constituent de gros facteurs de propagations des maladies. Il faut aussi noter que l'inaccessibilité de cette commune pendant la saison pluvieuse est due à la présence des ordures dans les cours d'eau. Des personnes inciviques continuent à remblayer clandestinement les ouvrages des conduits d'eau sans se rendre compte du risque péril. Ces ordures empêchent l'écoulement de l'eau. Alors ce qui cause les inondations parfois très violentes par débordement. On comprend à ce point que la population est parfois responsable du malheur qui les frappe. Ainsi la majorité des enquêtés interrogés lors de notre enquête avoue se débarrasser de leurs ordures dans les cours d'eau. C'est le cas de notre informateur lance ces propos en ce terme :

Je suis dans ce quartier depuis 9 ans déjà, je connais tous les quartiers qui ses habitants sont propres et qui ont le comportement civique tant disque dans certains quartiers a l'instar de mon quartier, nous vivons même dans les saletés, certaines concessions n'ont même pas les toilettes, les enfants et les grandes personnes sans honte font leurs besoins a l'air libre. Les femmes aussi avec leurs déchets ménagères qui jettent dans les caniveaux nous cause vraiment des maladies et ces déchets ménagères là, bouchent les caniveaux et empêchent l'eau de circuler et ce qui fait pendant la saison pluvieuse, ce quartiers connais l'inondation. (Entretien avec Elis, 62 ans, délégué de sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août 2021).

Dans ces propos nous pouvons retenir que les populations sont à l'origine de l'insalubrité et cette dernière cause d'énormes inondations dans cette commune. Jeter de

85

déchets ménagers, causant l'encombrement des canaux de drainages, matières fécales causant également des maladies.

Photo 2 : Rigole bouchée par les déchets

Source : MOUKHTAR Adoum, Juin 2021

Sur la photo si dessus nous pouvons observer une grande rigole encombrée par les eaux usées, les bouteilles, des verres, des plastique et bien d'autres. A l'extrême droite, on observe les devantures des maisons en tôles. Aux environs de rigole, on remarque également la présence des ordures de tout genre qui sont débordées par les pluies.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire