3.2.2.5- Déforestation
Les forêts sacrées existent dans tous les pays
d'Afrique. Ce sont des lieux mythiques et mystérieux ou sont
gardés de grands secrets d'initiation, des objets sacrés et
immémoriaux, nourriture, matériel de construction,
médicament, gagne-pain ainsi que des totems. On n'y trouve
également les mammifères, oiseaux, insectes,
végétaux, de nombreuses espèces parfois rares y ont
trouvé refuge. Les « forêts sacrées »
représentent, pour certaines populations, des valeurs culturelles et
spirituelles. Par conséquent personne ne doit y pénétrer
sans y avoir été autorisé et encore moins en exploiter les
ressources qu'elles contiennent.
L'Homme joue aussi un rôle important dans le
développement des inondations. Le déboisement des grandes zones
peut provoquer les inondations. Lorsque trop d'arbres sont abattus, le
régime des pluies diminu, le ruissellement augmente et l'érosion
des sols
24 Centre National de la Recherche Scientifique
(CNRS) fondé le 19 octobre 1939 en France pour coordonner les
activités des laboratoires en vue de tirer un rendement plus
élevé de la recherche scientifique.
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s'accélère car, la terre n'est plus retenue par
les racines (CNRS, 2019)24. La forêt de neems et d'acacias,
qui borde l'entrée sud de N'Djaména, dans la commune du
9eme arrondissement, est dangereusement menacée de
disparition. Depuis plus de dix ans, elle connait une déforestation
accélérée à cause de deux facteurs principaux.
D'abord, elle subit une coupe abusive, oeuvre des riverains qui se servent de
ses bois pour leurs divers besoins ménagers. Ensuite, la forêt est
surexploitée par des éleveurs nomades qui ont élu domicile
et l'ont transformée en fourrage pour leur bétail. La
déforestation dans cette zone a une conséquence majeure non
seulement sur l'avancée du désert, mais aussi et surtout aux
inondations. Nous constatons maintenant que par manque de gestion de ladite
forêt, les éleveurs et certains habitants coupent les arbres et
faire le charbon ou fagot comme leur activité génératrice
de revenue. Les arbres vieux de 100 ans sont récoltés en quelques
secondes, et aucun n'est planté alors que les animaux et les ressources
naturelles grâce auxquelles vivent les gens sont détruits. Cet
orgueil insidieux et maladroit que l'homme développe vis-à-vis de
la nature compromet la cohabitation et la recherche d'équilibre dans les
relations entre l'homme et la nature. Aux regards des inondations qui affectent
le Tchad, notamment à N'Djamena et dans les autres régions, nous
disons tout simplement que la nature est en train de réagir ou de
manifester son ras-le-bol contre toutes ces agressions abusives de l'homme sur
les composantes de la nature. Les espaces verts qui servaient d'abris aux
divinités ont été pour la plupart complètement
rasés. L'inondation de 2020, les habitants de Toukra sont gravement
touchés et la majorité se retrouve sans abri. Ce que nous pouvons
retenir auprès de notre informateur :
Chaque jour, des éleveurs coupent les branches et
les plants pour nourrir leur bétail, empêchant sa
régénération et tout cela se passe sous le nez des agents
des eaux et forêts qui observent et laissent faire. Le paradoxe
dans tout ça, c'est l'attitude passive des agents des eaux et
forêt installés à proximité du site. Ils sont
prêts à arrêter et ou amender toute personne qui entre en
ville avec du charbon de bois ou du fagot, mais ne font rien face aux arbres
qui disparaissent peu à peu sous leurs yeux. Les troupeaux qui ont
détruit la forêt de Walia appartiennent à des gens haut
placés (autorités). C'est la raison pour laquelle, pendant la
période pluvieuse, cette forêt conserve l'eau et à un
moment elle déverse dans les quartiers. (Entretien avec Ado, Ancien
délégué et responsable des sinistrés, a Walia le 18
septembre 2021), a Walia le 18 septembre 2021 à 09h).
Dans ces propos nous retenons que les éleveurs coupent
abusivement les plantes pour nourrir les bétails en présence des
agents des eaux et forêt. Les habitants aussi coupent les
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plantes pour faire le fagot, bois et charbon pour leur vente
et cette pratique (déforestation) fait pousser les eaux à la
sortie et déverse dans les quartiers.
A l'époque, vers le Kabé, Toukra et une partie
de Walia, les habitants coupaient en masse les arbres et les transformaient en
charbon puis les vendaient en ville avant l'arrivée du gaz. Les
pratiquants de cette activité confirment la rentabilité de ce
métier jusqu'à ce que les agents des eaux et forêts
prennent une décision ferme. C'est sous cet angle que notre informateur
affirme son expérience en ce sens :
À l'époque, j'accompagnais mon papa aux
forets qui ne sont pas très loin d'ici. Mon père coupait les
arbres et moi je les ramassais et rentre avec à la maison. On
découpe en morceau et sortait avec vers la brousse, on mettait le feu et
ça devient les charbons. On mettait dans le sac et partaient les
vendaient en ville jusqu' à ce qu'on le gouvernement nous a interdit.
(Entretien avec Dounia, ancien charbonnier, à Kabé le 07
Juillet 2021).
Dans ce propos nous pouvons retenir que l'exploitation de
forêt de Walia est considérée comme une activité
pour certains riverains, une activité qui menaient depuis longtemps pour
leur survie. La transformation des bois coupés en charbon ou fagot est
fréquent jusqu'à de nos jours.
Photo 3 : Forêt de Walia a l'état
actuel
Source : Archive de la commune du 9eme
arrondissement.
Forêt de Walia qui était autre fois dense. La
pratique de chasse et cueillette se faisait dans cette forêt mais
aujourd'hui, elle n'en reste que quelques arbres bien
séparés.
Sur cette photo nous observons le champ du riz implanté
en plein quartier anarchiquement sans une étude de faisabilité au
préalable envahi par les eaux. Nous pouvons
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3.2.2.6- Agriculture
La pratique agricole est la véritable cause de
l'inondation pour la simple et bonne raison qu'on remarque la présence
des champs au bord des fleuves et d'autres se retrouve tout près de la
digue. Les riverains font la riziculture. Quand il y a manque d'eau, ils
ouvrent un canal de la digue ou du fleuve le plus proche jusqu'à leur
champs et ils ne referment jamais, et quand la pluie tombe, et que la digue est
pleine, l'eau prend la direction qui est ouverte et ça entre dans les
quartiers. Certains sinistrés de Toukra accusent des personnes dites
intouchables (autorités) qui pratiquent l'agriculture dans cette zone.
Selon les propos de Albe :
Le problème n'est pas la pratique d'agriculture qui
est la cause des inondations dans ce quartier mais les pratiques des
agriculteurs qui causent l'inondation. Certains agriculteurs utilisent la
motopompe pour leur champ mais d'autres, malgré que leur statut et
classe sociale, ils casent la digue pour canaliser l'eau vers leur champ et ce
sont les intouchables qui labourent le riz derrière l'Université
de Toukra qui ont cassé le barrage. Ce qui a occasionné le
déversement de l'eau dans les quartiers. (Entretien avec Albe, 47
ans, délégué, à Walia le 21 septembre 2021).
Ce qui est à retenir dans ces propos, la pratique
d'agriculture n'est pas la véritable cause de l'inondation dans cette
commune mais pendant la rupture de pluie, les agriculteurs ouvrent de canal
vers leur champ et c'est quand la pluie tombe, il passe par l'ouverture fait
part les riverains et envahisse le quartier et ses environs. Notons aussi que
les sinistrés ont mis l'accent sur certaines autorités qui
laboure sur des grands hectares et refusent d'utiliser la motopompe.
Photo 4 : Le champ de riz situé
à Toukra inondé
Source : MOUKHTAR Adoum Août 2021
25 Nom d'emprunt
89
dire que les terrains non construit sont devenus de coins
stratégiques pour faire le champ par les riverains. Notons aussi que la
majorité de propriétaires de terrains non construits vivent en
dehors du pays ce qui fait qu'ils n'ont pas le contrôle de leurs terrains
et les riverains en profitent pour faire le champ.
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