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Recrudescence et gestion endogène des inondations dans le 9e arrondissement de N'Djamena: contribution à  l'anthropologie écologique


par Adoum Oumar MOUKHTAR
Université Yaoundé 1 - Master 2 en anthropologie 2021
  

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3.2.2.5- Déforestation

Les forêts sacrées existent dans tous les pays d'Afrique. Ce sont des lieux mythiques et mystérieux ou sont gardés de grands secrets d'initiation, des objets sacrés et immémoriaux, nourriture, matériel de construction, médicament, gagne-pain ainsi que des totems. On n'y trouve également les mammifères, oiseaux, insectes, végétaux, de nombreuses espèces parfois rares y ont trouvé refuge. Les « forêts sacrées » représentent, pour certaines populations, des valeurs culturelles et spirituelles. Par conséquent personne ne doit y pénétrer sans y avoir été autorisé et encore moins en exploiter les ressources qu'elles contiennent.

L'Homme joue aussi un rôle important dans le développement des inondations. Le déboisement des grandes zones peut provoquer les inondations. Lorsque trop d'arbres sont abattus, le régime des pluies diminu, le ruissellement augmente et l'érosion des sols

24 Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) fondé le 19 octobre 1939 en France pour coordonner les activités des laboratoires en vue de tirer un rendement plus élevé de la recherche scientifique.

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s'accélère car, la terre n'est plus retenue par les racines (CNRS, 2019)24. La forêt de neems et d'acacias, qui borde l'entrée sud de N'Djaména, dans la commune du 9eme arrondissement, est dangereusement menacée de disparition. Depuis plus de dix ans, elle connait une déforestation accélérée à cause de deux facteurs principaux. D'abord, elle subit une coupe abusive, oeuvre des riverains qui se servent de ses bois pour leurs divers besoins ménagers. Ensuite, la forêt est surexploitée par des éleveurs nomades qui ont élu domicile et l'ont transformée en fourrage pour leur bétail. La déforestation dans cette zone a une conséquence majeure non seulement sur l'avancée du désert, mais aussi et surtout aux inondations. Nous constatons maintenant que par manque de gestion de ladite forêt, les éleveurs et certains habitants coupent les arbres et faire le charbon ou fagot comme leur activité génératrice de revenue. Les arbres vieux de 100 ans sont récoltés en quelques secondes, et aucun n'est planté alors que les animaux et les ressources naturelles grâce auxquelles vivent les gens sont détruits. Cet orgueil insidieux et maladroit que l'homme développe vis-à-vis de la nature compromet la cohabitation et la recherche d'équilibre dans les relations entre l'homme et la nature. Aux regards des inondations qui affectent le Tchad, notamment à N'Djamena et dans les autres régions, nous disons tout simplement que la nature est en train de réagir ou de manifester son ras-le-bol contre toutes ces agressions abusives de l'homme sur les composantes de la nature. Les espaces verts qui servaient d'abris aux divinités ont été pour la plupart complètement rasés. L'inondation de 2020, les habitants de Toukra sont gravement touchés et la majorité se retrouve sans abri. Ce que nous pouvons retenir auprès de notre informateur :

Chaque jour, des éleveurs coupent les branches et les plants pour nourrir leur bétail, empêchant sa régénération et tout cela se passe sous le nez des agents des eaux et forêts qui observent et laissent faire. Le paradoxe dans tout ça, c'est l'attitude passive des agents des eaux et forêt installés à proximité du site. Ils sont prêts à arrêter et ou amender toute personne qui entre en ville avec du charbon de bois ou du fagot, mais ne font rien face aux arbres qui disparaissent peu à peu sous leurs yeux. Les troupeaux qui ont détruit la forêt de Walia appartiennent à des gens haut placés (autorités). C'est la raison pour laquelle, pendant la période pluvieuse, cette forêt conserve l'eau et à un moment elle déverse dans les quartiers. (Entretien avec Ado, Ancien délégué et responsable des sinistrés, a Walia le 18 septembre 2021), a Walia le 18 septembre 2021 à 09h).

Dans ces propos nous retenons que les éleveurs coupent abusivement les plantes pour nourrir les bétails en présence des agents des eaux et forêt. Les habitants aussi coupent les

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plantes pour faire le fagot, bois et charbon pour leur vente et cette pratique (déforestation) fait pousser les eaux à la sortie et déverse dans les quartiers.

A l'époque, vers le Kabé, Toukra et une partie de Walia, les habitants coupaient en masse les arbres et les transformaient en charbon puis les vendaient en ville avant l'arrivée du gaz. Les pratiquants de cette activité confirment la rentabilité de ce métier jusqu'à ce que les agents des eaux et forêts prennent une décision ferme. C'est sous cet angle que notre informateur affirme son expérience en ce sens :

À l'époque, j'accompagnais mon papa aux forets qui ne sont pas très loin d'ici. Mon père coupait les arbres et moi je les ramassais et rentre avec à la maison. On découpe en morceau et sortait avec vers la brousse, on mettait le feu et ça devient les charbons. On mettait dans le sac et partaient les vendaient en ville jusqu' à ce qu'on le gouvernement nous a interdit. (Entretien avec Dounia, ancien charbonnier, à Kabé le 07 Juillet 2021).

Dans ce propos nous pouvons retenir que l'exploitation de forêt de Walia est considérée comme une activité pour certains riverains, une activité qui menaient depuis longtemps pour leur survie. La transformation des bois coupés en charbon ou fagot est fréquent jusqu'à de nos jours.

Photo 3 : Forêt de Walia a l'état actuel

Source : Archive de la commune du 9eme arrondissement.

Forêt de Walia qui était autre fois dense. La pratique de chasse et cueillette se faisait dans cette forêt mais aujourd'hui, elle n'en reste que quelques arbres bien séparés.

Sur cette photo nous observons le champ du riz implanté en plein quartier anarchiquement sans une étude de faisabilité au préalable envahi par les eaux. Nous pouvons

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3.2.2.6- Agriculture

La pratique agricole est la véritable cause de l'inondation pour la simple et bonne raison qu'on remarque la présence des champs au bord des fleuves et d'autres se retrouve tout près de la digue. Les riverains font la riziculture. Quand il y a manque d'eau, ils ouvrent un canal de la digue ou du fleuve le plus proche jusqu'à leur champs et ils ne referment jamais, et quand la pluie tombe, et que la digue est pleine, l'eau prend la direction qui est ouverte et ça entre dans les quartiers. Certains sinistrés de Toukra accusent des personnes dites intouchables (autorités) qui pratiquent l'agriculture dans cette zone. Selon les propos de Albe :

Le problème n'est pas la pratique d'agriculture qui est la cause des inondations dans ce quartier mais les pratiques des agriculteurs qui causent l'inondation. Certains agriculteurs utilisent la motopompe pour leur champ mais d'autres, malgré que leur statut et classe sociale, ils casent la digue pour canaliser l'eau vers leur champ et ce sont les intouchables qui labourent le riz derrière l'Université de Toukra qui ont cassé le barrage. Ce qui a occasionné le déversement de l'eau dans les quartiers. (Entretien avec Albe, 47 ans, délégué, à Walia le 21 septembre 2021).

Ce qui est à retenir dans ces propos, la pratique d'agriculture n'est pas la véritable cause de l'inondation dans cette commune mais pendant la rupture de pluie, les agriculteurs ouvrent de canal vers leur champ et c'est quand la pluie tombe, il passe par l'ouverture fait part les riverains et envahisse le quartier et ses environs. Notons aussi que les sinistrés ont mis l'accent sur certaines autorités qui laboure sur des grands hectares et refusent d'utiliser la motopompe.

Photo 4 : Le champ de riz situé à Toukra inondé

Source : MOUKHTAR Adoum Août 2021

25 Nom d'emprunt

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dire que les terrains non construit sont devenus de coins stratégiques pour faire le champ par les riverains. Notons aussi que la majorité de propriétaires de terrains non construits vivent en dehors du pays ce qui fait qu'ils n'ont pas le contrôle de leurs terrains et les riverains en profitent pour faire le champ.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle