II.2.c) Portée et sens politique
La dimension politique des AMAP est leur levier d'action
principal : soutien à l'agriculture biologique et au système de
distribution des paniers alimentaires, ces structures ont aussi des lieux
d'engagement citoyen et de réflexion concertée sur l'innovation
sociale de ce modèle agricole, et les circuits de distribution
associés.
« J'ai voulu m'engager sur un sujet qui avait du
sens. Manger est important, et fait partie des choses pour lesquels il est
important de dégager du temps. Faire du bénévolat au sein
d'une AMAP s'est donc naturellement imposé à moi »,
explique Jean-François Gigand, bénévole au sein d'une AMAP
parisienne. Solènne Mutez explique, quant à elle, que si
l'engagement au sein de La Ruche qui dit oui est moins contraignant que celui
que l'on rencontre auprès des AMAP, il n'en reste pas moins aussi
profond : « Les gens n'ont pas toujours le temps de consacrer autant
de temps aux AMAP, mais ils souhaitent néanmoins le faire, sans la
contrainte d'un panier qu'ils n'auront pas choisi et où ils trouveront
des fruits et légumes qu'ils ne connaissent peut-être pas. La
Ruche représente un format d'engagement tout aussi réel, mais
moins contraignant. » Solenne Mutez.
Au niveau local, la portée politique sert
essentiellement au lien social et participe à la création
d'espaces publics délibératifs suivant la définition de
Bernard Eme. Les producteurs et les adhérents échangent sur les
thématiques transverses que drainent des sujets tels que l'alimentation
responsable, la santé, la transition écologique, le malaise
paysan...
Le niveau de sensibilisation est plus élevé en
raison d'une interaction avec les publics concernés par les
problématiques abordées.
? Participation citoyenne/exercice de la
démocratie :
Les AMAP sont des associations, regroupées en un
mouvement inter-regional des AMAP (le MIRAMAP). Au niveau des antennes locales,
les bénévoles sont libres de s'organiser comme ils le souhaitent,
et la gouvernance est soumise aux mêmes règles que celle du monde
associatif : une instance de gouvernance (bureau ou
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Conseil d'Administration) se réunit à
fréquence régulière et les décisions sont prises de
manière collégiale, chaque voix correspondant à un
homme.
L'organisation des ruches relève quant à elles,
d'un certain polycentrisme (les ruches locales choisissent librement leur forme
juridique et leur gouvernance), qui repose néanmoins sur une logique de
centricité autour de l'organe référent, la ruche MAMA. La
Ruche MAMA a un conseil d'administration composé d'entrepreneurs et
d'investisseurs, auquel assistent également des
délégués du personnelcomme Solenne Mutez.
Il y'a , en particulier au sein des AMAP, concordance entre la
volonté de démocratisation par le biais de la dimension
réciprocitéire de l'initiative, et le plaidoyer politique qu'elle
porte.
Cela donne lieu à une forme d'empowerment citoyen qui
s'exprime autant à travers le bénévolat des membres de
l'AMAP, que leur engagement financier visant à soutenir un producteur en
particulier, independement des aléas de sa production.
L'implication politique des gérants de ruchesau niveau
local est probablement plus prégnante, compte tenu de leur participation
à la dynamisation, tant d'un point de vue politique
qu'économique, du territoire auquel ils appartiennent. Cela se traduit
aussi par la participation d'un très grand nombre de gérants de
ruche au niveau de la politique locale en qualité d'élus par
exemple.
Or, suivant Laugier et Ogien, dans leur ouvrage
intitulé Le Principe démocratie: enquête sur les
nouvelles pratiques sociales, l'activisme politique s'accompagne souvent
de pratiques économiques alternatives, relevant tant de la sphère
solidaire par ses finalités que de la sphère collaborative dans
ses moyens d'actions.
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