WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les passerelles entre économie solidaire et économie collaboratve


par Eugenie Lobe
Conservatoire national des arts et métiers  - Master Sciences humaines et sociales 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2.d) MODELE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

L'homogénéité de la forme juridique des AMAP (association) permet d'avoir une vision plus claire de leur modèle économique. Le consommateur est pro-actif et participe à titre bénévole à la construction de l'offre et de la demande. La porosité

86

entre la sphère professionnelle, que l'espace des AMAP représente pour les producteurs, et l'espace public qu'est l'association, lieu ayant vocation à politiser dans une dynamique de « voice » les problématiques liés aux circuits de distribution courts, entraîne un encastrement entre le politique et l'économique. La dimension économique est, de ce fait, essentiellement réciprocitaire dans les AMAP, dont le positionnement à la fois solidaire et citoyen affiche une distance assumée avec le modèle marchand.

« La différence entre marché et réciprocité ne peut et ne doit pas être réduite à la seule gratuité supposée du transfert pensé comme don. (...) Le principe de réciprocité ne peut pas être compris sur cette base transactionnelle.(...) La réciprocité est fondée sur cette complémentarité d'éléments distincts. Ceux-ci ne sont pas commutables comme le sont pour l'économie dominante le vendeur et l'acheteur (...). Le souci de l'autre, de la réciprocité s'oppose à l'intérêt pour soi du principe de marché. »70

En revanche, il existe un décalage entre l'antenne national des ruches MAMA et les structures locales, qui se cristallise à travers le modèle économique qui dépend de la forme juridique choisie.

La ruche locale de La Courneuve n'est pas dans une recherche de rentabilité économique. Régine et Perrine, les responsables de ruche, souhaitent rester dans une dimension réciprocitaire et locale, dans laquelle l'échange économique est prétexte aux liens tissés lors des distributions. Elles expliquent que les ruches, ayant pour statut l'auto-entrepreneuriat, gèrent en moyenne 2 à 3 ruches simultanément, à raison parfois de 150 commandes par distribution. La recherche de productivité et d'efficacité précède le lien, pérennité économique oblige. « Ils ne les connaissent pas les clients. Là du coup, je parle de clients. Les gens passent, prennent leur truc et ils s'en vont, parce qu'ils ne peuvent pas se garer, il y a trop de monde... C'est le bazar. Nous, c'est tout l'inverse, vous avez vu, la place qu'il y a là, on peut se garer, on ouvre la grille... » raconte Régine.

70Jean-Michel Servet, « Le principe de réciprocité chez Karl Polanyi, contribution à une définition de l'économie solidaire », Revue Tiers Monde 2007/2 (n° 190), p. 255-273. DOI 10.3917/rtm.190.0255

87

La ruche MAMA dépend d'un modèle de développement se calquant sur les traditionnelles start-up, pour lesquelles la levée de fonds privés est un accélérateur de croissance, l'objectif étant de croître le plus rapidement possible. Si les fonds privés d'investissements sollicités sont tous agréés par Finansol, et sont donc solidaires, les levées de fonds successives de 1 million d'euros en 2013 et de 9 millions en 2015 ne laissent que peu de place à l'hybridation des ressources, qui est l'un des traits distinctifs d'une économie solidaire.

Enfin, il est intéressant de noter comme le modèle économique influe sur la dimension politique, et inversement. Au démarrage de l'activité en 2011, à Toulouse, l'échange marchand s'organisait dans une dimension se situant entre l'administration domestique et la réciprocité. « Les distributions se faisaient de façon informelle, dans le garage mis à disposition par des personnes participant à l'échange. » (Solenne Mutez)

Aujourd'hui, l'échange a définitivement quitté la dimension de l'économie domestique (ou de subsistance), lieu de solidarité naturelle ayant pour vocation première d'assurer la subsistance d'un cercle restreint d'individus, souvent circonscrit l'univers familial, pour gagner celui de l'échange réciprocitaire, pour les ruches locales, et marchand, pour la ruche MAMA.

La perennité économique d'un grand nombre de ruches locales repose sur l'équilibre entre les ressources non monnétaires, relevant de la réciprocité, les ressources non-marchandes relatives au système redistributif et les ressources marchandes issus de l'intermédiation entre usagers et producteurs, dont ils retiennent 8,35% du chiffre d'affaire, pour le travail d'organisation, de ventes et de gestion de la communauté effectué par le responsable de ruche.

En revanche, le recours à la levée de fond , dans le modèle d'expansion économique de la ruche MAMA aurait tendance à marginaliser le prélèvement de 8,35% qui rémunère le service (support technique et commercial) et les frais bancaires des transactions effectués sur la plateforme internet.

88

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein