II. DISCUSSION
Les co-infections à Plasmodium et
Salmonelles sont des maladies qui provoquent la mortalité chez
les enfants, et engendrent de forts coûts médicaux. Au cours de
ces dernières décennies les co-infections à Plasmodium
et Salmonelles représentent un problème majeur de
santé publique (Simon-Ok et al., 2020). Au
Cameroun, la prévalence de cette maladie est en nette augmentation dans
les populations urbaines et rurales à cause de la pauvreté, de la
malnutrition, d'un mauvais état sanitaire, d'une mauvaise hygiène
personnelle, et d'un faible niveau d'éducation (Udeze et
al., 2013). Notre étude à l'Hôpital
Laquintinie de Douala effectuée sur 101 patients de 2 à 5 ans a
permis d'axer nos résultats sur deux grands points : une determination
de la prevalence des coinfections à Plasmodium et
Salmonelles, ensuite une comparaison entre les paramètres
hématologiques des patients co-infectés par rapport aux patients
sans.
Les cas des co-infections à Plasmodium et
Salmonelles, sont présents dans tous les quartiers de
provenance de nos patients qui consultent ce centre hospitalier, bien que cette
structure couvre une aire de santé bien limité dans la ville de
Douala, les patients viennent de presque partout dans la ville de Douala et en
dehors (urbaine et rurale). La prévalence des coinfections à
Plasmodium et Salmonelles est de 26,73%. Les
mécanismes expliquant l'association entre le paludisme et la
co-infection typhoïde sont inconnus, bien qu'il ait été
montré que l'hémolyse, qui se produit dans le paludisme, peut
prédisposer à la fièvre typhoïde (Ukaegbu et
al ., 2014). Il a été constaté que les
deux sexes sont concernés par ces pathologies, avec une forte
prédominance chez le sexe féminin, soit 17,81% pour l'association
Plasmodium/Salmonelles contre 8,91% pour le sexe masculin avec une
différence non significative pour (p<0,05). Il a été
constaté également que les patients vivant dans les quartiers
périphériques de la ville de Douala sont plus exposés aux
co-infections à Plasmodium et Salmonelles (18,81%) que
les patients vivants dans le centre-ville (7,92%) avec une différence
significative pour (p<0,05). la prévalence élevée
enregistrée dans les zones périphériques (rurales)
pourrait être due à leurs différentes habitudes
(hygiène des mains, qualité d'eau, préparation des
aliments) (Maskalyk, 2003) leurs niveaux d'exposition aux
piqûres de moustiques. Ceci corrobore avec les résultats de
Morde et al., 2013.
Des altérations des paramètres
hématologiques ont été étudiées et
signalées dans les infections à Plasmodium et
Salmonelles (Dangana et al., 2010 ; Erhard et
al., 2004 ; Kayode et al., 2011 ). Il est
nécessaire d'inclure des investigations hématologiques dans le
diagnostic de l'infection à Plasmodium et Salmonelles
afin de détecter les complications
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Rédigé et présenté par
: Axel MASRA
précoces associées à des infections
aiguës. Cela aide à soigner le patient de manière intensive
et à prévenir la mort pouvant résulter de telles
complications (Mishra et Mohanty, 2003). Le résultat de
notre étude montre que les co-infections à Plasmodium et
Salmonelles concomitante entraînent des altérations de
certains paramètres hématologiques.
Les données présentées dans cette
étude montrent que les globules rouges étaient significativement
en baisse (p<0,05) chez les patients atteints à l'infection à
Plasmodium, Salmonelles et les co-infectés que chez le
témoin. Dans notre série nous comptons 85,18% des cas (soit
23/27) dont 74,07% soit (20/27) ayant un taux d'hémoglobine inferieur
à 12g/100ml, 3/27 soit 11,11% qui ont un taux d'hémoglobine
compris entre 12-14g/100ml. La diminution concomitante du nombre des globules
rouges est principalement due à une inflammation, hémorragie
voire même hémolyse entrainant une anémie
périphérique. Ces résultats corroborent avec les travaux
de TRAORE et al ., 1991 qui ont obtenus une
diminution considérable des globules rouges. Un faible taux de globules
rouges a également été signalé dans des maladies et
des infections telles que l'hépatite, les maladies de la moelle osseuse,
les maladies auto-immunes, maladies génétiques, maladies
héréditaires et aussi à un manque de l'acide folique.
Cette étude rapporte une thrombopénie, nous
comptons 55,55% des cas (soit 15/27) ayant un taux de plaquettes sanguines
inférieur à 200 000mm3 chez les patients
co-infectés à Plasmodium et Salmonelles qui
peut être attribuée à une hypersensibilité des
plaquettes à l'ADP, augmentant les facultés d'hémostase
primaire. Cette observation corrobore avec les travaux de Ramde
Réma (1998), Saissy et al., (1991), qui ont
signalé une diminution du nombre de plaquettes sanguines lors des
co-infections.
Cette étude nous montre que 48,14% soit (13/27)
personnes co-infectées avaient un nombre plus élevé de
globules blancs que les personnes normales. Cela peut être dû
à l'effort du corps pour résister à l'infection par le
Plasmodium et Salmonelles, entraînant une production
continue de leucocytes. Ce qui est en accord avec les travaux de
Odikamnoro et al. 2018 menés au Nigeria ou ils
obtiennent un nombre considérable de leucocyte.
Nos résultats montrent que les patients
co-infectés ont un nombre de lymphocyte plus bas que les patients sains,
48,14% soit 13/27. Ceci peut être médicalement significatif car
les effets combinés de la comorbidité du paludisme et de la
fièvre typhoïde peuvent entraîner des anomalies des
lymphocytes et du coup sa diminution. Ces résultats corroborent à
ceux de Asma et al., 2019 au Pakistan.
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Notre étude nous montre que 59,25% soit 16/27 des
patients co-infectés avaient un taux élevé de monocyte que
les patients normaux. Ceci s'explique en partie que le Plasmodium
présent chez les patients co-infectés provoque une
inflammation, les monocytes vont se multiplier de façon
considérable pour combattre cette inflammation. Ce résultat
corrobore avec les résultats de Muhammad et al., 2017
en Pakistan
Rédigé et présenté par
: Axel MASRA
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