3.5.4. Accès au logement des réfugiés
dans la ville d'Ayorou
Cette partie traite de l'accès au logement des
réfugiés dans la ville d'Ayorou et les types de logement auxquels
ils ont accès. Selon WALT WALT C (ibid) l'obtention des logements est le
second aspect que les réfugiés estiment être source de leur
meilleure intégration dans la localité d'accueil. Donc
l'acquisition d'un terrain ou d'une maison est un élément
important d'intégration pour les réfugiés.
En ce qui concerne la ville d'Ayorou, les
réfugiés maliens ont accès au logement de plusieurs
manières (figure 11). En effet 36% de chefs de ménages sont
logés gratuitement, ils sont dans les quartiers, ils vivent avec les
habitants et partagent le même logement. Ces réfugiés sont
en grande partie logés gratuitement dans la ville à travers les
liens solidarités locales et parentales. Ceux qui les logent sont leurs
parents, amis et connaissances. C'est le cas par exemple d'un chef de
ménage de réfugiés qui loge chez son beau parent. Ensuite,
30% autres squattent dans la ville. On trouve cette deuxième
catégorie à côté des écoles, au bord des
rues, sur des espaces publics ou à côté des services
administratifs. Certains réfugiés (23%) ont eu
leurs logements à travers de prêt. Ils sont
installés dans les champs et dans les parcelles non bâties de la
population hôte. Ceux qui leur ont prêté sont les habitants
de la ville ayant des champs ou des parcelles qui n'ont pas mis en valeur et
certains sont des natifs (fonctionnaires, acteurs économiques) d'Ayorou
mais qui vivent à Niamey.
Figure 11 : Accès au logement des réfugiés
dans la ville d'Ayorou Source : Enquête terrain, 2021
On constate que l'accès au logement des
réfugiés dans la ville est dominé par le logement gratuit.
Il faut préciser qu'il n'y a pas eu de cas de conflit entre les
habitants et les réfugiés par rapport à cette question.
Les propriétaires terriens n'ont jamais réclamé leurs
champs grâce aux sensibilisations, plaidoiries et cadres de concertation
qu'organisent les acteurs humanitaires et la CNE. Ces propos du chef de canton
« Les habitants de la ville ont fait preuve de solidarités
envers ces réfugiés car comme selon l'adage zarma, « ay
kanka bon kana gna ga koul gaka bon fouta gna mo ga4 »
(Entretien, 14/08/2021).
Enfin, 11% des enquêtés louent des maisons en
banco ou en dur dans la ville, ces réfugiés qui louent ont en
majorité des revenus importants et préfèrent être
dans des maisons confortables et avoir leur autonomie résidentielle que
d'être sous des tentes. C'est des maisons qu'ils louent entre 5000 FCFA
et 7000 FCFA par mois en fonction de l'état de la maison. Ces
réfugiés ont majoritairement du travail (maçonnerie,
artisanat...), ils exercent des activités génératrice de
revenus (commerce...).
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4 Ce proverbe zarma signifie « lorsque le feu
brûle dans la maison du voisin, il vaut mieux l'aider à
l'éteindre avant qu'il n'arrive chez toi ».
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Photo 3 : La tente d'un réfugié
installée dans la cour de son parent dans la ville d'Ayorou
:
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
Selon les résultats de ce travail, les
réfugiés vivent dans trois types de logement à savoir la
tente ou bâche, la maison en banco et la maison en dur. Par ailleurs le
3/4 de nos enquêtés vivent sous des tentes. En effet, elles
constituent le type de logement privilégié par le HCR pour loger
les réfugiés où qu'ils soient. La majorité de
réfugiés gardent toujours les bâches que les acteurs
humanitaires les ont offertes depuis qu'ils étaient dans le camp.
Quelques années après, ces tentes étaient plus que
vétustes.
Photo 4: Tente d'un réfugié
installée dans le champ d'un habitant de la ville
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021 3.5.5.
Accès des réfugiés aux soins de santé
L'accès de réfugiés au CSI se fait au
même titre que les habitants de la ville. Mais pour faciliter
l'accès et le traitement des réfugiés, le HCR a
aménagé un petit bloc au sein du CSI de la ville d'Ayorou. Selon
les réfugiés les consultations et traitement sont gratuits.
Malgré les efforts de l'État et des ONG dans le cadre de
l'accès aux services sociaux, le besoin reste encore supérieur
à l'offre. Puisque, non seulement le nombre de réfugiés
augmente dans la ville mais aussi viennent se greffer des
déplacés internes qui se font aussi soigner dans le même
CSI. Selon le représentant du HCR, un centre de santé de type 2 a
été construit sur le
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site. Mais, puisqu'il a été abandonné il
va falloir reprendre ça dans la ville pour alléger la pression
sur le CSI d'Ayorou.
Photo 5: Une tente au sein du CSI de la ville
d'Ayorou pour le traitement des réfugiés
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
Il faut noter que dans le cadre des soins des
réfugiés, le nombre du personnel du CSI d'Ayorou a
été renforcé et des médecins spécifiques
sont déployés par l'ONG MSF pour les soins de ces
réfugiés.
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