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Le contrôle de gestion au sein des clubs de football professionnel de la region du littoral


par Dany-Arthur AKOUNG
Saint Jerome Management Science and Business School - Master 2021
  

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SECTION II : DEMARCHE ET METHODE DE LA RECHERCHE

Plusieurs approches méthodologiques s'offrent au chercheur pour conduire sa recherche. Toute la question qu'il doit prioritairement se poser est celle du choix de l'approche qu'il entend mobiliser pour appréhender la réalité.

I. Le paradigme interprétativo-constructiviste

Ce paradigme prend appui sur deux notions : l'interprétation et la construction. C'est une démarche interprétative « parce qu'elle voit dans les phénomènes organisationnels moins de réalités que l'objet d'une représentation de la part des participants qui en font l'expérience. Elle est constructive lorsqu'elle voit les participants en quête continuelle d'un sens qu'ils reconstruisent à mesure de leurs expériences » (Bouquin 1997). Pour le paradigme constructiviste, le contrôle ou tout autre dispositif de management ne peuvent s'accommoder dans leur observation, des méthodes des sciences dites dures dans la mesure où les dispositifs de contrôle sont le résultat d'un projet et d'un processus d'élaboration libres et non pas déterminés par des forces naturelles ou de simples applications d'un savoir unique. Ce qui doit être privilégié ici c'est l'étude de ce processus. Ce courant plus connu sous l'expression « l'individualisme méthodologique ».

Ebondo (2004) refuse de voir dans les organisations autre chose qu'une coalition d'individus. Il fait ainsi beaucoup plus de place à l'individu, à sa culture, à ses processus cognitifs et à son apprentissage qu'au groupe auquel il peut appartenir pour un but collectif. Les chercheurs qui adhèrent à ce paradigme reconnaissent que le savoir qu'ils élaborent n'est qu'une interprétation d'un réel jamais connu. Piaget résume parfaitement cette approche lorsqu'il écrit « l'intelligence organise le monde en s'organisant elle-même ». La méthodologie de la recherche en contrôle a subi aussi des influences de la sociologie des organisations (Argyris, 1952 ; Crozier, 1963 ; Crozier et Friedberg, 1977 ; Cyert et March, 1963 ; Hofstede, 1967) de la sémiologie. C'est surtout la sociologie qui a vu apparaître un paradigme interprétativiste, qui s'est par la suite ramifié (interactionnisme, ethnométhodologie) où la réalité sociale y apparaît comme la somme d'actions individuelles construites par des acteurs en interaction qui interprètent des références communes stables. De ce point de vue l'objet de

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la recherche est de comprendre les processus par lesquels les individus donnent un sens à leurs actions quotidiennes.

Si les positivistes avaient poussé les chercheurs vers des approches quantitatives construites autour des relations statistiques entre différentes variables pour établir des relations de causalité, le constructivisme et l'interprétativisme réhabilitent la recherche qualitative, les méthodes ethnographiques à base d'études de cas, dont l'ambition est de comprendre les processus, moins le pourquoi et le comment, les relations entre les acteurs et les systèmes, les dynamiques qu'elles engendrent. Mais, l'approche structuro-fonctionnaliste est combattue par la méthode généalogique de Foucault qui considère qu'elle passe sous silence une part de la réalité sociale de toute organisation, lieu de conflit permanent entre les groupes sociaux et que lorsqu'elle n'oublie pas les acteurs, elle donne la part trop belle aux managers. Les radicaux voient ainsi les systèmes de contrôle comme des dispositifs clés au service des dirigeants pour leur permettre de surveiller ceux qu'ils exploitent même lorsque ceux-ci sont eux-mêmes de petits managers. Tous ces développements ou courants ont conduit certains auteurs ayant une logique managériale, à faire évoluer les recherches vers l'analyse des conséquences, baptisé « empowerment » qui n'est autre que le processus consistant à faire refluer vers les acteurs une plus large part de décisions et de créativité en s'appuyant sur des outils de gestion pour les faire de manière coordonnée.

Les outils du contrôle ne seraient non plus tournés vers la construction de personnes obéissantes et disciplinées, mais vers l'émergence d'acteurs responsables et innovateurs, plus nécessaires dans des organisations confrontées à un environnement rapidement changeant.

II. LES CHOIX METHODOLOGIQUES

La principale source de donnée primaire de notre étude est l'entretien, nous avons mené nombre d'entretien semi-directif avec l'échantillon retenu selon différents critères.

2-1) La méthode qualitative de collecte des données

Les caractéristiques du matériel théorique à partir duquel nous avons construit notre recherche ont largement influencé les choix méthodologiques. Notre cadre théorique est à la

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fois nourri par des recherches relatives aux CSPF, mais également par une analyse de la littérature sur le contrôle de gestion. Les recherches menées sur le sujet avant 2007 ont fait l'objet de l'utilisation des méthodes quantitatives de collecte de données. Or, celles-ci s'avèrent d'un maniement particulièrement délicat, voire totalement inapproprié lorsque le sujet abordé touche à un sujet aussi sensible que le métier, qui renvoie à des questions délicates comme celles de l'identité, du pouvoir et de la relation. Les interlocuteurs peuvent céder, même inconsciemment, à la tentation de renvoyer une image « satisfaisante », « positive » d'eux- mêmes via les questionnaires. Les méthodes qualitatives de recueil des données se sont donc imposées comme le moyen le plus pertinent d'accès au réel.

Notre objectif ici étant d'accéder au réel système de contrôle dans les CSPF camerounais, la méthodologie qualitative tel qu'utilisé par Lambert (2005) et Meyssonnier

(2015) semble être la mieux adapté pour mener à bien notre recherche. Les spécificités de celle-ci (méthodologie qualitative) siéent parfaitement à la nature exploratoire de notre recherche, nous ne pouvons ressortir des spécifiés grâce au processus mécanique se basant sur des questionnaires mais plutôt grâce à un questionnaire orienté vers la nature des données que nous désirons collecter.

2-2) Le choix de l'entretien comme méthode de collecte de données sur

l'activité

L'activité professionnelle est un sujet sensible. Les méthodes qualitatives de recueil des données, assurant un contact direct entre le chercheur et l'objet de recherche se sont donc imposées comme étant les moyens les plus pertinents pour accéder au réel. « L'entretien est une technique destinée à collecter, dans la perspective de leur analyse, des données discursives reflétant notamment l'univers mental conscient ou inconscient des individus. Il s'agit d'amener les sujets à vaincre ou à oublier les mécanismes de défense. Qu'ils mettent en place vis-à-vis du regard extérieur sur leur comportement ou leur pensée » (Baumard et al., 2003, p. 235). L'environnement et les habitudes de notre population ont également fortement orientés notre choix méthodologique ; En effet, nos observations sur le terrain nous ont poussés à conclure que la cible de nos entretiens est assez réfractaire lorsqu'il s'agit de transmette des informations concernant le fonctionnement interne de leur entreprise, nous avons donc estimé que les

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entretiens seraient le moyen le plus adaptés car ils laissent une marge de conviction au chercheur et permets de créer un contact qui est supposé faciliter le recueil des informations.

Deux analyses de Hughes (1997a) ont orienté le choix méthodologique quant au type d'enquête mené durant cette étude ; Notamment en termes de liberté accordée à l'interviewé et d'implication du chercheur. Ces questions sont centrales car elles sont au coeur de la validité de la recherche menée. Si l'on veut avoir accès au rôle, au-delà de l'activité, une certaine proximité, intimité doit être créée entre l'intervieweur et l'interviewé. Hughes (1997b) souligne combien sur le sujet du métier, les interlocuteurs peuvent avoir tendance, inconsciemment ou non ; à transformer la réalité dans leurs discours

« Une partie des problèmes de méthode que rencontre l'étude des comportements au travail réside dans le fait que ce sont ceux qui exercent un métier qui le connaissent le mieux et qui fournissent les données de l'analyse. Ils risquent de joindre une connaissance très sophistiquée et tactique des relations sociales appropriées à une très forte volonté de refouler et de dénier la réalité profonde de ces relations, auxquelles s'ajoute, chez les professions de statut élevé, une grande habileté verbale pour interdire aux autres de penser et de discuter ces relations » (Hughes, 1997b, p. 76), ou encore à omettre volontairement ou non une information.

2-3) Degré de liberté laissé à l'interviewer

Concernant le type d'entretien à mener, deux logiques s'affrontent. Pour certains auteurs, les différents types d'entretien répondent à une finalité autre que la collecte de données, l'entretien libre correspondant à une démarche exploratoire, et l'entretien centré à une démarche confirmatoire (Ghiglione et Matalon, 1978 ; Blanchet et Gotman, 1992 ; Grawitz, 2001 ; Baumard et al., 2003). D'autres défendent une méthode spécifique, souvent en cohérence avec le domaine de recherche et le type de problématiques envisagées (Romelaer, 2000 ; Kaufmann, 2001). Grawitz (2001) classe les différents types d'entretiens en fonction du degré de liberté laissé aux interlocuteurs et le niveau de profondeur des réponses obtenues. Selon elle, ces deux paramètres définissent les autres caractéristiques des entretiens (durée, nombre...). « Le degré de liberté laissé aux interlocuteurs se traduit dans la présence et la forme des questions. Le niveau d'information recueillie s'exprime dans la richesse et la complexité des réponses. C'est l'objectif à atteindre qui déterminera la liberté laissée à l'enquêteur et à l'enquêté, la

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profondeur des informations à recueillir, c'est à dire le type d'interview à préconiser. Liberté et profondeur entraînent d'autres caractéristiques .
· durée, nombre d'interviews, nombre d'enquêtés, éléments à analyser, etc.
» (Grawitz, 2001, p. 645). Blanchet et Gotman (1992, p. 43), comme Ghiglione et Matalon (1978, p. 76), soulignent les particularités de l'entretien exploratoire. Il n'est pas question de créer ou modifier une méthode, tout en s'autorisant l'émergence de nouvelles observations, analyses et hypothèses.

« Les entretiens exploratoires ont pour fonction de mettre en lumière des aspects du phénomène auxquels le chercheur ne peut penser spontanément, et compléter les pistes de travail suggérées par ses lectures. L'entretien est l'outil de prédilection de la phase exploratoire d'une enquête dans la mesure où, il est lui-même un processus exploratoire. » (Blanchet et Gotman, 1992, p. 43). Romelaer (2000) souligne que l'entretien semi-directif centré apparaît comme le compromis optimal entre la liberté d'expression du répondant et la structure de la recherche. Loin de la double castration de la curiosité du chercheur et de la liberté d'expression de l'interviewé évoquée par Kaufmann, l'entretien semi-directif centré laisse la porte ouverte « aux surprises du terrain ».

« Le répondant s'exprime sur les thèmes qu'il souhaite, et dans son propre langage .
· la directivité de l'entretien est donc très réduite. Le chercheur en retire deux éléments .
· (1) des informations sur ce qu'il cherche à découvrir ; (2) des données auxquelles il n'aurait pas pensé (la surprise venant de la réalité du terrain)
» (Romelaer, 2000, p. 1).

L'entretien libre et l'entretien semi-directif centré ont finalement une même finalité. Ils permettent d'expliciter et d'approfondir avec les répondants les concepts fondamentaux de la recherche tout en laissant émerger du terrain des concepts non envisagés par le cadre conceptuel. Ils répondent également à la nécessité d'enraciner l'analyse de l'activité dans l'expérience vécue des répondants. En conclusion, il semble que la distinction majeure entre ces deux méthodes porte davantage sur l'influence autorisée de l'intervieweur sur l'interviewé. Cependant, nous avons choisis d'adopté la méthode de l'entretien semi-directif centré parce que nous avons pour objectif de déterminer les particularités du rôle du contrôleur de gestion dans les CSPF, notre champ de recherche n'est donc pas ouvert il est d'ores et déjà spécifié par les différents résultats développés par le chercheur sur le contrôle de gestion.

III- Échantillonnage et collecte des données

3-1) Échantillon et profil des personnes interviewés

Notre travail porte sur les spécificités liées au rôle du contrôleur de gestion dans les CSPF camerounais, la population soumise à notre étude sera constituée de l'ensemble des CSP définit dans la loi N°2018/014 du 11 juillet 2018 portant organisation et promotion des activités physiques et sportives au Cameroun comme caractérisé par un effectif ne dépassant pas 60 employés et un chiffre d'affaires d'au plus dix millions annuellement. Nous avons adopté une méthode d'échantillonnage non aléatoire à savoir celle des quotas car il n'existe pas une liste exhaustive de CSPF camerounais, mais aussi en raison des contraintes de couts (budget très réduit) et de délais (courts).

Cependant, nous avons jugé nécessaire de choisir ces CSP selon deux critères (propres à notre convenance) : les CSP de Ligue 1 et les CSP de Ligue Régionale selon la classification de Julien et Marchesnay (1987). Ce choix a été motivé par le fait que durant notre observation préliminaire, nous avons distingué des CSPF qualifiés de classiques (ils n'ont pas de réelles raisons de croissance) et des CSPF qualifiés de modernes (ils sont plus liés aux entreprises privées). Nous avons estimé que l'évaluation du contrôle de gestion de ces CSPF serait plus pertinente s'ils avaient déjà une certaine expérience (durée de vie) raison pour laquelle notre échantillon n'est constitué que de CSP d'au moins deux ans de vie. Il existe cependant un recensement précis permettant de donner le nombre exact de CSPF existants sur le territoire, mais le choix des CSPF a été fait de manière aléatoire sans distinction de la nature ni de la catégorie à laquelle ils appartiennent. Ceci afin de ressortir une diversité d'observations ne résultant pas que des facteurs de contingence d'un domaine précis. Les CSPF évoluant en Ligue 1 ont été plus ou moins hostiles aux entretiens surtout quand nous proposions d'enregistrer les réponses, tandis que les CSPF modernes pour la plupart ont été très ouverte à notre enquête mais opposaient toutefois une objection au fait d'être enregistré.

61

Le récapitulatif du profil des CSPF recensés se présente comme suit :

62

Tableau 1 : Présentation des clubs objet de notre enquête

Clubs

Codification

Nombre d'entretien

Âge

(existence)

Type de club

Effectif global

Durée Entretien

C1

C01

1

5

Canton

1

8 min

 

C02

1

5

Ville

1

10 min

C3

C03

1

6

Canton

1

9 min 30

C4

C04

1

66

Ville

1

11 min

C5

C05

1

52

Ville

1

10 min

C6

C06

1

6

Ville

1

9 min

C7

C07

1

5

Privé

1

7 min 20

C8

C08

1

13

Privé

1

9 min

C9

C09

1

5

Privé

1

10 min 15

C10

C10

1

7

Ville

1

9 min 45

C11

C11

1

12

Ville

1

11 min 30

C12

C12

1

66

Canton

1

10 min

C13

C13

1

12

Canton

1

12 min

Total

13

13

 
 
 

126 min 40

 

Source : par nos soins

3-2) Confidentialité de la recherche et les sources de données

La confidentialité a été assurée par la création de pseudonymes pour les individus comme pour leurs organisations. Les entretiens dont la durée a varié entre trois minutes et une douzaine de minute, ont tous été retranscrits dans leur intégralité.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius