L'étude menée a été
réalisée au sein du Centre Hospitalier de Cholet. Il s'agit d'un
établissement public de 669 lits et 181 places situé dans le
Maine et Loire, aux confins des départements de Vendée,
Deux-Sèvres et Loire Atlantique. La structure propose une offre
multidisciplinaire (médecine, chirurgie, obstétrique, SSR,
EHPAD/USLD, psychiatrie) répartie en cinq pôles, sur quatre sites
géographiques.
Afin d'assurer les missions en lien avec la prévention
et le contrôle des infections, le Centre Hospitalier dispose d'une
équipe opérationnelle d'hygiène composée d'un
praticien hygiéniste (0.9 ETP dont 0.1 ETP sur le RTH du Choletais),
d'une cadre de santé (0.8 ETP dont 0.6 TEP sur le RTH), de trois
infirmières hygiénistes à temps plein (dont une
détachée pour le RTH), d'un technicien bio hygiéniste (0.5
ETP) et d'une adjointe administrative (0.5 ETP).
Durant l'année 2021, deux épisodes
épidémiques majeurs (en dehors de ceux rencontrés avec la
COVID-19) ont été à l'origine d'une réflexion
menée par l'EOH et ayant conduit à l'étude décrite
dans ce travail.
? Épidémie de gastro entérite
aigue
En avril 2021, le service de cardiologie s'est vu
confronté à une épidémie de gastro entérite
aiguë à Rotavirus. Suite à l'admission d'une patiente pour
diarrhées importantes, 6 patients et 11 professionnels ont
été contaminés. Lors des premières investigations
faites par l'infirmière hygiéniste référente du
service, les problématiques suivantes ont été mises en
avant :
- Le bio-nettoyage des chambres n'était pas optimum
faute de personnel (arrêt de travail de l'ASH, non remplacée)
- Le tablier n'était pas systématiquement
porté lors des soins mouillants. Il n'était quasi pas
porté lors de la gestion des excréta et les
soignants réalisaient des vidanges manuelles
- Les dispositifs médicaux n'étaient pas
entretenus entre chaque patient
- L'entretien des claviers d'ordinateur et des
téléphones n'était pas réalisé entre
chaque
équipe
- Aucun flacon de solution hydro-alcoolique n'était
disponible en salle de pause
13
Au vu de ces éléments, il apparaissait
évident qu'il s'agissait d'une transmission croisée par contact
direct (via les mains contaminées des professionnels) ou indirect (via
l'utilisation de matériel non nettoyé). En parallèle, la
cartographie du service et le tableau synoptique réalisés (Cf.
figures 3 et 4) ont également mis en évidence la forte
probabilité d'une transmission croisée indirecte en lien avec
l'environnement chez des patients infectés qui ont été
hospitalisés dans une même chambre (soit en même temps, soit
l'un à la suite de l'autre).
Figure 3 : Cartographie du service de cardiologie,
suivi de l'épidémie de GEA
14
Figure 4 : Courbe épidémique et tableau
synoptique, suivi épidémie GEA en cardiologie, avr.
2021
? Diffusion de BHRe EPC OXA 48
Sur l'ensemble de l'année 2021, plus d'une quarantaine
d'hospitalisations de 25 patients porteurs de Bactéries Hautement
Résistantes Emergentes (BHRe) ont été
réalisées dans 9 services de MCO/SSR. Ces porteurs de germes EPC
OXA 48 ont ainsi générés 720 contacts BHRe dont 214 en
risque élevé (29,7%). Parmi ces patients contacts, 15 sont
devenus porteurs à leur tour (7%), dont 8 à l'occasion d'une
épidémie dans le service de gériatrie en janvier 2021 et 6
à l'occasion d'une nouvelle épidémie dans ce même
service en novembre 2021 (Cf. figure 5). Les investigations menées lors
de ces deux évènements avaient permis, entre autre, de mettre en
évidence des défaillances au niveau du bio-nettoyage,
probablement responsable d'une part de contamination par transmission
croisée indirecte en lien avec l'environnement.
15
Figure 5 : Courbe épidémique et tableau
synoptique, suivi épidémie BHRe en gériatrie, nov.
2021
1.3 Hypothèse
Dans le cadre de la mise en oeuvre des précautions «
standard », l'équipe d'hygiène s'interroge sur deux points
concernant l'entretien de l'environnement :
3 Les professionnels sont-ils au clair avec les bonnes pratiques
de bio-nettoyage ? 3 Existe-t-il un manque de formation ? de compétences
?
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Pour répondre à ces interrogations, l'EOH
décide d'évaluer les pratiques des professionnels sur le terrain.
Mais, les techniques d'observation en direct ont déjà
été testées et ne fonctionnent pas. Les résultats
sont souvent biaisés car les agents effectuant le bio-nettoyage se
savent observés et ne réalisent pas leurs tâches selon
leurs habitudes. Ils s'appliquent davantage et les résultats des
observations réalisées sont souvent assez éloignés
de la réalité. De ce fait, en partenariat avec les laboratoires
ANIOS®, l'EOH décide donc de tester une nouvelle technique
d'évaluation des pratiques professionnelles (EPP), basée sur
l'utilisation d'un outil appelé DAZO® (gel de marquage
à base de fluorescéine) et utilisé dans le cadre d'un
programme de surveillance de l'environnent.
Nous partons de l'hypothèse selon laquelle
l'utilisation d'un outil d'évaluation tel que le DAZO®
permet de sensibiliser les professionnels et d'améliorer leur niveau de
compétence en bio-nettoyage.