3.2
Milieu humain
3.2.1
Historique du peuplement
La plaine du Litimé est constituée
majoritairement d'Akposso qui constitue le peuple autochtone du milieu.
L'origine de ce peuple est controversée et plusieurs sources
s'affrontent dans sa reconstitution. Il s'agit de la version de l'autochtonie
et de celle de la migration. Selon la première version, les Akposso
seraient descendus du ciel ou sortis d'une grotte. Pour d'autres les Akposso
seraient venus du Ghana à Agbogboli lieu d'origine d'Ida ancêtre
des Akposso suite à une migration à partir de Notsè. La
seconde version, explique que les Akposso seraient venus de la Nubie pour
s'installer dans un premier temps à Agbogbomé une localité
à proximité de Notsè ce qui explique la
compréhension de la langue Ewe par les Akposso considérée
comme leur seconde langue (Nyassogbo et al,1995). Ensuite ces Akposso
furent obligés de quitter le territoire de Notsè à cause
des exactions du roi Agokoli chef des Adja-ewé pour rejoindre la plaine
occidentale du Togo-britannique (l'actuel Akposso koumbi). Après une
rude bataille avec les Akwamous remportée par les Akposso, une partie du
peuple Akposso décide de migrer vers le plateau Atakorien pour
être à l'abri des envahisseurs et échapper à la
traite négrière qui sévissait sur la côte de l'or au
18e siècle. Ainsi cette migration s'est effectuée par
vagues successives. La première vague était constituée du
clan logbo qui aurait fondé des localités comme
Témédja, Ebéva,Adogli. La seconde vague aurait
été conduite par l'ancêtre Tchokli pour fonder des
localités comme Amou oblo, Sodo, Agadji, Ezimé et la
dernière vague est celle qui a peuplé la plaine du Litimé
conduite par l'ancêtre Yalou dialecte Ikpana dont beaucoup de mots sont
empruntés de la langue Ashanti (Gayibor, 1997). Au 20e
siècle avec le développement de l'économie de traite
d'autres peuples d'horizon diverses viendront se joindre aux Akposso entrainant
une mixité de la plaine. Litimé signifie lieu des Bambous en
Ewé (Kokou,2014).
3.2.2
Evolution de la population
Depuis la période coloniale,la population de la plaine
du Litimé a eu un accroissement démographique très
accéléré. Plusieurs facteurs sont à l'origine de
cet accroissement démographique. La première raison est
l'instauration de l'économie de traite dans le milieu par les
Français à la fin de la première guerre mondiale. En effet
le Litimé étant un milieu favorable à la culture du
café et du cacao. Les colonisateurs (Français) ont
encouragé une forte implantation humaine afin de mettre en valeur les
terres fertiles de la plaine. Cette politique s'est traduite par des vagues de
migrations des populations du Nord-Togo à l'instar des Kabyè et
Losso qui sont considérés comme des peuples redoutables en
agriculture. Mettant en valeur les sols latéritiques et pauvres de la
Région de la Kara, ces peuples ont été encouragés
à migrer vers le sud- ouest du Togo qui regorge les sols fertiles du
pays. A ces peuples, viendront plus tard s'ajouter d'autresdans le cadre de
certaines activités comme le commerce, la fonction publique,
l'élevage. C'est le cas des Ewé du sud du pays, des Moba, les
Kotokoli, les Bassar et d'autres peuples étrangers au Togo comme les
peuhles, les Ibo.
La population du Litimé était de 4900 habitants
en 1949. En 1959, 10 ans après la population de la plaine a plus que
quintuplé passant à 26000, puis à 37000 habitants en 1970
soit une densité de 80 hbt/km2 (Antheaume ,1982). Ce chiffre
évoluera encore pour atteindre 47622 habitants au recensement de 1981.
Le denier recensement de 2010 a donné une population de 51073 habitants.
On remarque une évolution lente de la population entre 1981 et 2010. Ce
phénomène s'explique par l'importante émigration qu'a
connue la zone et continue jusqu'aujourd'hui. Le Litimé qui était
une zone d'immigration subit aujourd'hui le phénomène
contraire.
La population du Litimé à connue deux phases
d'évolution. La première phase qui va de 1949 à 1981
marquée par une évolution très rapide. La deuxième
phase qui va des années 2000 jusqu'aujourd'hui est marquée par
une évolution lente. Cette évolution lente depuis les
années 2000 s'explique par la dégradation des essences
forestières et à la crise liée à l'économie
de plantation. Cette crise se traduit par la chute des cours mondiaux des
cultures de rente qui sont le café et le cacao entrainant un
départ massif des populations de la plaine.
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