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Inclusion SEGPA et identité professionnelle


par Séverine Foursin
INSPE Mont-Saint-Aignan - Master 2 2022
  

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7. Analyse transversale

Après avoir étudié les différents entretiens, nous allons dans cette étape croiser nos données afin de valider ou d'invalider nos hypothèses. Sur la méthodologie, nous avons procédé en deux temps : tout d'abord, nous avons choisi d'attribuer une couleur pour chaque catégorie et nous avons repris chaque entretien. Ensuite, dans un tableau mis en annexe XIII, nous avons croisé, en fonction de chaque catégorie, tous les entretiens. En fonction des catégories que nous avions définies, nous allons croiser les réponses de nos répondants et tenter de répondre ainsi à nos hypothèses. Nous tentons tout d'abord de répondre à notre première hypothèse :

Ø Compte tenu des principes de l'école inclusive, la SEGPA dans son fonctionnement est à considérer comme un modèle pour les enseignants du collège.

7.1 : La SEGPA , un modèle de fonctionnement. 7.1.1 : Déterminer les forces de la SEGPA

Dans un tableau, nous reprenons les réponses de nos répondants afin de les comparer et de les croiser. Nous avons demandé aux répondants quelles étaient pour eux les forces de la SEGPA et en quoi elle répondait à l'inclusion ? A cette question, les PE spé ont répondu les éléments suivants :

Tableau 11: Les forces de la SEGPA

 

E1

E3

E4

E6

E7

E8

E9

E10

RAPPORT

Petits effectifs

X

X

 

X

 
 

X

X

5/8

Du temps

X

X

X

X

 
 

X

X

6/8

Non pression des programmes

X

 

X

 
 

X

X

X

5/8

Travail d'équipe

X

X

X

X

 

X

 

X

6/8

Individualisation/personnalisation

 

X

 
 

X

X

 

X

4/8

Redonner confiance

X

X

X

X

X

X

X

X

8/8

Changer le regard

 
 

X

X

 

X

 
 

3/8

Pédagogie basée sur le projet

 

X

 
 

X

 
 
 

2/8

Un lieu agréable

X

X

X

X

X

 

X

X

6/8

Transfert de compétences

ateliers/général

X

X

X

 
 

X

 
 

4/8

Ouverture d'esprit des PE

X

X

 

X

X

X

X

X

7/8

 

E1, E3,E4, E6, E9, E10 utilisent l'expression « avoir du temps » dans leur entretien. Cette

E2, E5 et E11 sont éloignés dans leur perception. Ils donnent un rôle prépondérant aux PE qui selon E5 sont un « point de repère pour les élèves » et E11 pense que les PE spé « ont une relation plus intime avec les élèves ». Ils semblent avoir une méconnaissance du travail réalisé par les PE et le fonctionnement interne de la SEGPA. Néanmoins, ils sont conscients de son utilité : E5 pense que si la structure disparaissait, « les élèves de SEGPA qui auront des difficultés vont couler si on les met dans une classe ordinaire. La SEGPA est une chance de réussite pour des élèves qui auraient eu du mal à réussir dans un parcours classique ». E11 rajoute que parfois des élèves de l'ordinaire, mal orientés, « vont rester dans une scolarité toute leur vie, alors que eux ils auraient eu besoin d'un enseignement adapté, un rythme adapté, une classe plus petite pour pouvoir exister dedans. »

7.1.1.1 : Redonner confiance

Toutes les personnes interrogées mettent en avant qu'une force de la SEGPA est de redonner confiance aux élèves. E3 l'exprime clairement. E6 explique que la SEGPA « permet aux élèves en difficultés de mettre en valeur les compétences qu'ils ont déjà en eux, de redonner confiance en eux, ce qui dans la vie est complètement indispensable pour être heureux ». On note d'ailleurs que le mot « heureux » est employé par E3, E4, E6, E7, E10. E8 rajoute : « C'est l'essence même du taf ! ». Une élève de troisième SEGPA est très claire sur ce point : elle dit se « sentir bien en SEGPA et n'avoir jamais envisagé l'ordinaire » car « les professeurs s'occupaient d'elle », notamment les professeurs des écoles spécialisés, et surtout elle avait « peur de perdre ses repères ». Elle a été stigmatisée dès la primaire, non par les enseignants, mais par les élèves qui la « frappait, l'insultait et la harcelait ». Lorsqu'elle est arrivée en sixième, elle pensait qu'elle était « conne », « différente », « bête ». Avec les quatre années en SEGPA, elle a repris confiance en elle et a pris conscience de ce qu'elle était capable de réaliser. Mazereau (2010) conforte ce point en expliquant que l'enseignant spécialisé accorde une place de choix à la classe spécialisée comme lieu de respiration et de restauration de la confiance en soi.

Nous pouvons nous interroger alors sur ce qui permet de redonner confiance aux élèves. 7.1.1.2 : La SEGPA, un fonctionnement bien huilé

Parmi les élément structurants de la SEGPA et qui peuvent être des forces pour la réussite d'élèves en difficultés, nous observons dans les réponses des répondants quatre variables :

L e temps :

E4, E6, E8 ont clairement exprimé que le changement de regard était important dans

notion de temps est à mettre en corrélation avec la liberté pédagogique dont bénéficient les PE spé avec des programmes adaptables. E3 : « Les élèves ont le temps de pouvoir échanger entre eux, de pouvoir dire ce qu'ils pensent, d'argumenter ». E4 : « c'est la liberté de fonctionner. Et si je veux faire du français ou si je veux parler de la pluie, du beau temps, je peux le faire. Ou si je veux les emmener dehors, je peux le faire ». E6 : « Ils ont besoin qu'on ait du temps. J'ai du temps pour chacun d'entre eux, c'est énorme. Du coup, je ne me sens pas déchirée, partagée ». E9 : « on n'a pas cette pression des programmes, etc. On va vraiment prendre l'élève et le but c'est de le faire progresser en fait ». E10 : « Alors évidemment, on n'avance pas forcément au même rythme, c'est que l'effectif réduit permet un travail plus individualisé, d'avoir des interlocuteurs peut-être plus disponibles. Ils sont rassurés, c'est des gamins qui ont besoin de repères, de temps ». E1 : « S'il n'y a pas une trace écrite récente, c'est pas grave. Si on n'évalue pas tout exactement, ce n'est pas grave non plus, voilà c'est cette liberté là, pédagogique ».

A contrario, les professeurs de collège interrogés clament dans leurs entretiens qu'ils n'ont pas assez de temps. Ce manque de temps provoque chez eux des difficultés d'organisation et met à mal leur professionalisme.

Les petits effectifs :

E1, E3, E6, E9 et E 10 mettent en avant les petits effectifs. Le fait d'être en petits effectifs permet aux élèves de « prendre plus la parole » (E3). « D'entrer plus facilement dans les apprentissages » (E4), « d'avoir les mêmes bases d'apprentissage que les autres mais en adaptant les contenus des cours et les outils utilisés », « de transférer les compétences" (E3), de « renforcer la complémentarité » (E8) entre les ateliers et les cours de mathématiques et de français, « le projet professionnel qui est commencé très tôt dans la scolarité » (E3). E9 rajoute que les petits effectifs lui permettent « tous les jours de s'adresser à chacun des élèves » et dans sa journée, elle doit « s'adresser au moins une fois à chacun de ses élèves pour les réparer, rétablir leur estime de soi ». Pour E10 « les élèves n'avancent pas au même rythme, ils ont un travail individualisé, des interlocuteurs plus disponibles et ils sont rassurés ». Quant à E7, elle fonctionne « en projet et en plan de travail ».

Les classes à effectif réduit sont une demande des enseignants du secondaire depuis des années, qui permettrait de mieux gérer l'hétérogénéité grandissante. Ramel (2010) explique dans son article que les enseignants "regrettent la suppression des classes à effectif réduit car cette suppression a entraîné des effets négatifs sur les élèves en difficulté, sur les autres et sur les professeurs".

Un autre regard sur l'élève

l'évolution de l'élève. Les autres répondants, bien que n'ayant pas utilisé explicitement l'expression « changer de regard » ont la même approche dans leurs propos. E7 : « permettre à l'élève d'aller le plus loin possible », E10 : « en fonction de ses capacités », E1 : « les voir progresser ».

La SEGPA, une famille

Cette approche pédagogique qui semble appartenir à la SEGPA se retrouve dans la perception de la SEGPA elle-même. Les répondants sont nombreux à avoir utilisé les mots « cocon », « famille », « équipe ». Et cette perception de la SEGPA se retrouve également chez les élèves. E6 explique qu'en cas de sixième inclusive, les élèves « ne veulent pas y aller. Ils sont trop bien. Ils sont un groupe ». La SEGPA fait « partie de l'identité du collège, c'est important d'avoir un groupe classe, d'avoir un petit cocon dans lequel on peut se retrouver, auquel on peut se référer » (E3), lorsque les élèves pré-orientés sont dans une sixième inclusive, les élèves « sont rassurés que je sois dans la classe, quand ils vont intervenir, quand ils vont parler » (E9). La SEGPA « c'est plus familial, c'est presque obligé puisqu'on a un fonctionnement d'instit ». « c'est dur pour eux de quitter leur petit cocon de SEGPA » (E10).

Les parents viennent conforter parfois le travail réalisé en SEGPA. E10 nous dit que « les parents arrivent en disant : pour la première fois, mon enfant est ravi de venir à l'école, il est content, il a pas la boule au ventre, il trouve qu'il arrive à progresser ».

Nous constatons ici un des problèmes fondamentaux par rapport à la perception et au vécu des PLC. E2, E5 et E11 s'expriment largement sur leur manque de temps, qu'ils n'arrivent pas à faire face aux injonctions prescrites. Torres (2014) parle d'une « dévaluation sociale du métier ». En effet, il constate qu'avec la massification des publics, les enseignants du secondaire font face à des classes de plus en plus chargées en effectif et de plus en plus hétérogènes, ce qui amène une souffrance au travail. Or, ce sentiment de souffrance, dont nous reparlerons, n'est pas exprimé par les PE spécialisés. En réalité, les PLC souhaiteraient des conditions de travail similaires aux PE spécialisés (temps, effectifs, moins de pression institutionnelle) mais compte tenu des lois sur l'inclusion, la politique de l'éducation nationale ne se dirige pas vers ce type d'organisation.

7.1.2 : La SEGPA, un modèle d'inclusion?

Rappelons les principes d'une école inclusive : les modalités pour une école inclusive peuvent se résumer en un certain nombre de dispositifs selon Boutin et Bessette (2009, p.57) :

Ø créer un climat favorable à l'acceptation de la diversité

Ø modalités d'intervention concernant méthodes et techniques pédagogiques (enseignement mutuel, travail d'équipe, apprentissage coopératif)

Ø place importante donnée à l'individualisation et à la différenciation

Ø pédagogie de projet

Les interviewés, dans les forces de la SEGPA, citent le travail en équipe (E1, E3, E4, E6, E8, E10) qui se met en place au sein de la SEGPA, et au sein du collège avec des projets pluridisciplinaires. E3 : « on avait fait un projet en anglais sur Thanksgiving et du coup, avec le collègue PLP en HAS, on a fait toute une matinée de la cuisine et on avait préparé des repas, enfin des plats typiques de cinq villes. C'est un peu un mélange de tout : atelier, projet, pas trop de frontal, faire en sorte que ce soit l'élève qui construise un peu son savoir ». E6 : « On est une équipe, on arrive à discuter tous ensemble avec des points de vue différents ». E4 : « On a ouvert dans les classes un grand trou dans le mur, j'interviens avec ma collègue pour un même groupe » E10 : « travail d'équipe, travail d'équipe, c'est intéressant et motivant ». E1 : « quand il y avait la 6ème inclusive.le travail en équipe avec l'équipe français. Et en maths, si on cherchait, on y arriverait aussi, ça se fait très bien ».

L'individualisation et la différenciation

E3 : « J'ai envie de me démener et de faire en sorte de pouvoir répondre à tous leurs besoins. Donc oui, c'est motivant, leur permettre d'avoir les mêmes bases d'apprentissage que les autres, mais en adaptant, en adaptant les contenus de cours, les outils utilisés, d'adapter son enseignement pour que chaque élève puisse acquérir les mêmes connaissances, mais par des chemins différents ». E10 : « pouvoir adapter le programme et que l'élève suive désormais ses apprentissages à son rythme, en fait en fonction de ses capacités ». E3 : « on va quand même proposer des aménagements et des adaptations pour qu'il puisse suivre le même enseignement que les autres ».

Une ouverture d'esprit

E3 : « Et on avait émis l'idée de pouvoir casser tout un niveau pour faire des groupes de besoin », E8 : « On a deux systèmes de co-intervention, heu... un triple système de co-intervention. Avec les profs d'atelier, la deuxième intervention qu'on a c'est entre PE, on a un projet sur le développement durable », E6 : « on a eu une réunion avec des parents dont les enfants avaient des dys. Moi, j'ai adoré ce moment-là parce qu'un moment d'échange et de partage, l'association qui nous donne des pistes pour voir comment on peut travailler ensemble ». E9 : « On a vraiment essayé de communiquer, de construire des choses ensemble, pour tous les élèves. Le but n'était pas du tout de juger l'un ou l'autre quoi. Je le fais déjà un petit peu, donc ça serait un peu poursuivre une mission, peut-être les étendre vers d'autres défis à relever ». E7 : « Oui, un gros projet avec le

Sous l'impulsion des PE spé et leur ouverture d'esprit se mettent en place des dispositifs inclusifs qui amènent les élèves à être des collégiens à part entière, tout en adaptant leur pédagogie

prof de physique-chimie en 6ème, on a mélangé deux classes, on a fait cours tout le temps à deux avec 33 élèves Je vais pouvoir plus aller voir les élèves, les aider, les accompagner, leur dire ce qu'il faut faire, comment se comporter tout en chuchotant. Je pense que ça a un impact important pour les élèves de SEGPA, où on voit que certains sont très bien inclus dans la classe. C'est hyper enrichissant. On se répartit les rôles : il a plus commencé à mener parce que c'était des thèmes sur lesquels je n'étais pas à l'aise ». E10 : « on a créé une sixième miroir : donc c'est une sixième, la 6ème SEGPA, qui a un emploi du temps en miroir avec une sixième ordinaire sur quasiment toutes les matières. C'est de faire une progression commune au niveau des notions ».

Les PE Spé. utilisent beaucoup le terme « motivation » et sont ouverts d'esprit. Ils sont habitués à un fonctionnement en équipe (entre les 2 PLP et les 2 ou 3 PE spé) et n'hésitent pas à impulser des idées, toujours dans l'intérêt des élèves. Toutefois, on ne peut omettre des freins à ce que souhaitent mettre en oeuvre les PE :

Lorsque les PE spé proposent des co-interventions, ils se retrouvent devant des réponses négatives de la part des PLC qui « ont peur du jugement » (E6, E9). E3 explique que « les collègues n'ont pas spécialement envie de faire la co-intervention, c'est les collègues qui ne veulent pas ». E6 avait demandé mais « C'était prévu : le prof est pas trop chaud, quoique un peu timide... ça lui semble un petit peu compliqué ». E10 nous explique qu'il y a des « couacs dans les emplois du temps. Il y a plein de choses qui n'avaient pas été prises en compte et du coup, les barrettes, l'emploi du temps barrette, sixième SEGPA et sixième miroir ». E9 rajoute que cela lui « ajoute une somme de travail considérable ».

Les PE spé semblent convaincus du bien fondé de la SEGPA. Pour répondre à l'inclusion telle que la définit Plaisance, à savoir « que la notion d'école inclusive repose en premier lieu sur un principe éthique : celui du droit pour tout enfant, quel qu'il soit, à fréquenter l'école ordinaire », la SEGPA, de part son rôle et son fonctionnement interne, répond à ce droit. D'ailleurs, E3 se questionne sur la notion même d'école ordinaire, elle se demande « C'est quoi l'école ordinaire ? » , elle trouve ça « un peu bizarre qu'on dise l'école ordinaire. C'est dire que les élèves qui sont en SEGPA ne sont pas dans une école ordinaire ? ». Comme Zaffran, les PE spécialisés sont persuadés que l'inclusion est une valeur à défendre et à promouvoir , mais ils se retrouvent parfois face à des enseignants de collège qui refusent de modifier leurs pratiques (mission 2018) et qui subissent des tiraillements répétés entre ce qu'ils peuvent faire et ce qu'ils doivent faire (Tardif et Lessard).

aux difficultés de leurs élèves. Comme le souligne E3, « cette pédagogie devrait être mise en place aussi au niveau des collégiens de l'ordinaire ». Les PE spé sont conscients des problématiques de leurs élèves et oeuvrent par leur pédagogie et par le fonctionnement même de la SEGPA (petits effectifs, du temps, des programmes allégés, de la différenciation, de l'individualisation) à la réussite de tous les élèves. Les enseignants de collège vivent une profonde "redéfinition de leur rôle et de leurs missions [...] La crainte accompagnée souvent de résistance que suscite chez beaucoup d'enseignants la volonté d'intégrer un plus grand nombre d'élèves présentant des difficultés est celle de voir leur métier changer en profondeur, touchant par là-même à la nature de leur métier et donc à leur identité professionnelle" (Ramel, 2010, p.385).

Les PE spé donnent du sens à ce qu'ils mettent en place et même s'ils sont conscients d'une mutation profonde de leur métier, ils travaillent dans l'adaptation. Or, force est de constater que cette adaptabilité les incite à mieux gérer les changements qui les attendent. A la différence du professeur de collège, le PE spé n'a pas à renoncer "au mythe de l'homogénéité" (Ramel, 2010, p.389), ce qui l'amène ainsi à considérer les tâches liées à l'inclusion comme possible à réaliser.

Pour valider notre hypothèse n°1 : Compte tenu des principes de l'école inclusive, la SEGPA dans son fonctionnement est à considérer comme un modèle pour les enseignants du collège, il fallait d'une part que les répondants reconnaissent des forces à la SEGPA et d'autre part qu'ils estiment que de par son fonctionnement, la SEGPA porte en elle les principes inclusifs. Compte tenu des réponses, nous considérons que notre hypothèse 1 est validée.

Désormais, nous allons tenter de valider ou d'invalider notre hypothèse n°2 qui porte sur l'identité professionnelle du PE spé. Comme nous l'avons dit précédemment dans notre cadre théorique, les données scientifiques sur l'IP des PE spé sont minces. Nous nous appuierons sur le concept d'identité défini par Dubar (identité héritée) et le versant psychologique défini par Iannccone, Tatéo et Marsico (2008). Concernant l'empan liminal, les travaux de Gennep nous seront utiles.

7.2 : Une identité professionnelle à la marge

Une définition de l'élève de SEGPA :

7.2.1 : Une perception commune de l'élève de SEGPA.

Dans la circulaire de 2015, l'élève de SEGPA est défini comme « présentant des difficultés scolaires graves et persistantes auxquelles n'ont pu remédier les actions de prévention, d'aide et de soutien ».

Qu'en pensent nos répondants ? Le mot « difficultés » n'est quasiment pas employé quand on leur demande ce qu'est un élève de SEGPA. En revanche, les termes employés portent plus sur la globalité de l'élève. E4 parle de « désordre total dans leur tête, qu'ils sont encombrés, qu'ils s'empêchent de réfléchir et qu'il faut trier, faire du rangement, ils sont abîmés ». E3 « répare des élèves qui ont été blessés dans leur vie », E7 les décrit comme des élèves « ayant des difficultés d'apprentissage et qu'ils ne sont pas, comme elle peut l'entendre parfois, des imbéciles ». E9 reprend le même terme que E4, à savoir « abîmés », « ils ont une mauvaise estime de soi, souvent découragés, ils cumulent tous les problèmes ». Le mot « attachant » est repris par E8, E6, E9 et E10. Nous pouvons noter que les mots employés par les répondants sont violents : « abîmés, réparés, blessés ». Les PE spé semblent avoir une relation plus psycho-sociale que disciplinaire. A contrario, les PLC sont beaucoup plus sur le côté « attente disciplinaire » : E5 définit l'élève comme « ayant besoin de plus de temps ». E2 : « ils ont du mal à avoir des règles, lever la main, travailler dans le silence, se concentrer » et E11 rejoint E5 en disant « ils sont capables d'assimiler des tas de choses mais sur un temps plus long avec une quantité plus limitée ».

Certes, les PE spé. sont conscients des difficultés scolaires de leurs élèves, mais leur vision est élargie aux différentes problématiques qui touchent les élèves de SEGPA. Ils cumulent en effet, comme le disent les répondants, des problèmes cognitifs, sociaux, économiques. Zaffran (2010) corrobore ce constat sur l'élève de SEGPA. A défaut d'analyses sociologiques poussées sur les élèves de SEGPA, il remarque, en établissant une étude comparative entre les élèves qui se dirigent vers la voie ordinaire et les élèves qui sont orientés vers le spécialisé, que les difficultés ne sont pas uniquement liées aux résultats scolaires mais bien plus à des difficultés sociales. Pour justifier son analyse, il explique qu'il « suffit de souligner la forte proportion d'élèves dont le chef de famille est ouvrier non qualifié ou inactif, par comparaison aux employés, de noter l'effet de la taille de la famille et de la composition du ménage sur l'orientation (les élèves de Segpa vivent plutôt dans une famille recomposée ou monoparentale, ils ont trois frères ou soeurs ou plus).) » (Zaffran, 2010, p.86). De cette perception de l'élève découle une perception du travail différente à la fois des PLC mais aussi des PE de l'ordinaire. Ce qui nous a surpris lors de la retranscription des entretiens, ce sont l'utilisation des termes « heureux », « contents » et « motivation ». E3, E6, E1 pensent que la mission principale de l'enseignant, « c'est de donner envie à l'élève de rentrer dans la classe et d'être heureux dans sa classe, heureux d'apprendre de nouvelles choses ».

Les répondants ont envie de « se démener en classe ». Pour eux, c'est une véritable source de motivation (E3, E6, E8, E10). Ils prennent l'élève dans sa globalité avec « ses difficultés, ses connaissances, ses capacités, la famille » (E10, E4). Nombreux disent également que pour eux c'est important de se « sentir utile » (E6, E1, E10, E3). D'ailleurs, E6 explique très bien que son premier poste qui était un poste protégé dans une école de campagne, où tout s'était bien passé, était beaucoup moins gratifiant pour elle car « ce sont les élèves qui lui apprenaient et qu'elle ne servait à rien ». Dans cette perception du travail, tous les répondants parlent de « réussite et de progrès ». Compte tenu de la définition donnée par la circulaire, au regard des réponses, nous pouvons dire que la perception du travail mais aussi de l'élève va bien au-delà du constat de « difficultés ». Cette dimension psycho-sociale où l'élève est pris dans sa globalité, où le contexte de l'élève est pris en compte, modifient à la fois l'attitude de l'enseignant mais a aussi une répercussion sur l'élève dans ses apprentissages. Ce qui nous amène à nous interroger sur les qualités intrinsèques de l'enseignant spécialisé de SEGPA.

7.2.2 : Les qualités du FE spé.

A la question : « Donnez deux ou trois qualités de l'enseignant spécialisé en SEGPA », voici les réponses des répondants :

Tableau 12: Les qualités du PE spé

Qualités

E1

E3

E4

E6

E7

E8

E9

E10

RAPPORT

Bienveillance

 

X

X

 

X

 
 
 

3

Patience

X

X

 

X

X

 

X

 

5

Etre à l'écoute

X

 
 

X

 
 

X

X

4

Aimer les enfants

X

 

X

X

 

X

 

X

5

Observateur

 
 
 
 
 
 

X

 

1

Comprendre

 

X

X

 

X

 
 

X

4

 

La définition de bienveillance du dictionnaire Larousse est la suivante : « Disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui ». Roelens (2019) propose une conceptualisation de la « bienveillance » pensée comme un « moyen de soutenir le devenir autonome d'un autrui vulnérable et de faire face à certains défis, comme l'éducation ».

La patience est définie comme suit dans le dictionnaire Larousse : « Aptitude à ne pas s'énerver des difficultés, à supporter les défaillances, les erreurs ». Entre la perception du travail et la perception de l'élève, les répondants se sentent investis d'une mission, celle de donner à l'élève

l'envie de croire en lui, en ses capacités et que même s'il ne correspond pas à la norme établie par la société, il a des choses en lui qui font qu'il est un être unique. E8 explique qu'il « n'y a pas qu'une seule forme d'intelligence », E6 : « que chaque élève a des compétences, il faut juste savoir les mettre en valeur, leur redonner confiance ». Il n'est donc pas surprenant de constater que les réponses reflètent une approche de l'élève basée sur la bienveillance, sur l'écoute, mais aussi sur la patience. Cette bienveillance passe aussi par « un autre regard » (E4, E9). Un regard qui tolère la différence et qui permet à l'élève de prendre confiance en lui et ainsi d'entrer dans les apprentissages.

Au regard des définitions du Larousse et de Roelens, les PE spé. comprennent, font preuve d'indulgence et amènent l'élève durant ces quatre années à acquérir les bases de l'autonomie. E4 utilise la métaphore de la maison avec « les fondations ». Il construit les « fondations de la maison durant les années de sixième, cinquième, quatrième. Puis en troisième, les fondations sont là, et on peut se poser et travailler pour l'avenir ». Nous pouvons noter E9 qui ne donne qu'une qualité : l'observation. Elle se positionne dans le cadre d'une sixième inclusive où elle travaille beaucoup en co-intervention auprès de deux professeurs d'histoire-géographie ainsi qu'une professeure de mathématiques. Lorsqu'elle parle des co-interventions, elle explique la pédagogie des deux enseignants d'histoire et elle note qu'elle a « un regard différent et une notation différente. Pour les élèves pré orientés, ça les rassure qu'elle soit là dans la classe quand ils vont intervenir, qu'ils vont parler ». Grâce à son observation, elle a un regard qu'elle ne pourrait pas avoir si elle avait la classe entière et cela lui permet de constater que pour certains, l'inclusion est une réussite et pour d'autres, un échec.

En conclusion de cette sous partie, nous pouvons dégager certains traits caractéristiques de l'identité professionnelle des PE spé : ils prennent l'enfant dans sa globalité, sont dans la bienveillance, dans la patience et dans l'écoute de l'élève. Ils souhaitent avant tout son bien-être, qu'il soit bien dans l'école et dans sa tête et qu'il réussisse. Qu'en est-il de l'identité professionnelle du PE spé ? Y a t-il un lien entre l'identité héritée et l'identité professionnelle ? Traverse t-il une crise identitaire ? Si oui, est-elle liée à l'inclusion et une éventuelle peur de la disparition de la structure SEGPA ? Se considère t-il comme appartenant au premier degré, de par sa formation initiale, ou au second degré ? Quelle regard porte t-il sur les PLC ?

Tableau 13: Lien entre identité biographique et identité professionnelle

7.2.3 : Une identité héritée.

 

E1

E3

E4

E6

E7

E8

E9

E10

RAPPORT

parcours chaotique

 

X

X

 

X

 

X

 

4/8

parcours sans incident

X

 
 

X

 

X

 

X

4/8

 

Compte tenu des réponses, il semble que que quel que soit le parcours, a priori cela ne joue pas sur l'incidence à enseigner en SEGPA et surtout à vouloir y rester. Il nous semble intéressant de nous concentrer sur E1, E6, E8 et E10. Quand on regarde le parcours de E8, il est assez révélateur. En dehors du fait qu'il n'ait jamais eu de soucis scolaire (Kagne- Hypokagne), il se sent attiré irrémédiablement vers l'élève en difficulté. En sixième, il a vécu une expérience qui a marqué et sa voie professionnelle et sa façon de voir la vie et notamment les normes établies de la société. Issu de milieu enseignant, rien de mieux qu'une reproduction du schéma social. Or, en sixième, il a « fait partie d'une classe expérimentale au collège. Le chef d'établissement avait mixé la moitié des CPPN et la moitié des élèves classiques, l'inclusion à l'époque. Ils étaient tous des enfants très sages qui sont devenus des élèves pas très sages ! ». Il est persuadé que cette expérience lui a appris « à faire toutes les bêtises mais voir plein de trucs de la vie, qu'il trouvait génial, notamment la construction de meubles ». A partir de cette expérience, il a vu les choses différemment et a constaté qu'il y avait « plusieurs formes d'intelligence ».

E1 et E10 ne donnent aucune raison pour expliquer leur appétence à enseigner dans le spécialisé. E1 explique que sa première motivation pour devenir enseignante c'était « les vacances », puis une quinzaine d'années dans le primaire pour se tourner ensuite vers la SEGPA pour « éviter de devenir une vieille enseignante aigrie et fatiguée ». Quant à E10, après avoir travaillé avec des adolescents handicapés, elle s'est tournée naturellement vers les SEGPA pour continuer « l'orientation professionnelle ». E6 tient un discours qui est implicite. Il est possible d'interpréter et de lire entre les lignes. Elle admet « n'avoir aucune confiance en elle » et bien qu'elle ait été toujours une bonne élève, c'était « pour faire plaisir à maman et faire ce que maman lui disait ». Elle se définit comme un « coeur de cible » et parle de ses élèves comme « ses doudous ». Les mots qu'elle emploie sont emprunts de souffrance : elle utilise les mots « blessure, démunie, mal à l'aise » la concernant. Ce vocabulaire et son manque de confiance en elle peuvent expliquer son envie d'enseigner auprès d'élèves en difficultés où elle se « sent utile » et peut-être pouvons nous supposer ce sentiment d'exister pour elle et pour autrui.

Concernant les quatre autres répondants, on constate des points de convergence :

Ø Ils n'ont pas confiance en eux mais se considèrent tous comme « des élèves moyens, qui aiment l'école mais que l'école n'était pas adaptée à eux ».

Ø Enseigner en SEGPA est un « défi, c'est challengeant ». E7 dit avoir voulu faire un « bac scientifique parce que c'était challengeant et surtout on lui a dit qu'elle n'y arriverait pas. Ensuite, elle a passé deux fois le concours, « elle avait trop peur de dire ce qu'elle pensait car elle était persuadée qu'en face, le jury savait mieux qu'elle et qu'elle allait avoir l'air ridicule ». Elle affirme clairement que « si elle n'avait pas eu le parcours qu'elle a eu , elle n'aurait peut-être pas pu travailler avec des élèves qui sont en difficultés scolaires. Elle pense mieux comprendre les élèves, elle fait attention quand elle s'adresse à eux ». Elle ajoute « qu'il est nécessaire d'avoir traversé des difficultés dans sa vie pour pouvoir comprendre les difficultés d'autrui ».

Ø Un système éducatif qui ne convient pas. E3 et E4 se qualifient de « rebelles ». Les deux répondants, avec une grande différence d'âge, ont été parachutés ou « balancés » dans le spécialisé dès leur première affectation. Durant leur scolarité, ils ont établi les mêmes constats : « c'était l'excellence qui primait, les prof crachaient leurs savoirs, il n' y avait qu'un seul chemin ». Comme E7, leurs parcours biographique a influé sur leurs parcours professionnels dans le sens où ils comprennent mieux leurs élèves, n'ont pas envie de reproduire un schéma qu'ils ont détesté et oeuvrent pour le respect des différences en adaptant leur pédagogie.

Au regard des réponses, finalement, le lien entre identité biographique et identité professionnelle existe. On peut donc parler, comme le mentionne Dubar, d'identité héritée.

7.2.4 : Un empan liminal?

Les travaux de Gennep, repris dans la thèse de Saint-Martin, nous ont interrogés sur le positionnement professionnel du PE spé. Gennep parle de rite de passage, de flottement entre deux mondes : les enseignants spécialisé en SEGPA sont-ils dans cet empan liminal ? Se définissent-ils clairement comme appartenant au premier degré ? Travaillant dans le second degré, se considèrent-ils comme des PLC ? Jaboin (2010) nous dit qu'enseigner dans le second degré pour les professeurs des écoles , « c'est endosser un héritage, celui des pratiques sédimentées et des valeurs léguées par la tradition de l'enseignement spécialisé. »

Tableau 14: Un empan liminal

 

E1

E3

E4

E6

E7

E8

E9

E10

J'appartiens au premier degré

X

 
 
 
 
 
 
 

J'appartiens au second degré

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Je suis entre les deux

X

X

X

X

X

en partie X

 

E1 est la seule à affirmer clairement appartenir au premier degré. Sa réponse est en cohérence avec son parcours professionnel. A la différence des autres répondants qui ont, soit été directement « balancés » (E3 et E4) en SEGPA après leur année de formation initiale, soit ont eu une seule année dans l'ordinaire, E1 a passé quatorze années dans le primaire. A sa dernière inspection, « l'inspecteur lui a demandé de réfléchir à la suite de sa carrière en lui expliquant qu'elle avait la chance d'avoir un métier qui lui permettait de pouvoir enseigner en maternelle, changer de ville, de quartier et qu'il ne fallait pas s'enterrer dans un poste ». E1 justifie son appartenance au premier degré en disant « qu'elle a gardé le rituel d'écrire la date au tableau tous les matins ». E9 est partagée. Elle enseigne depuis huit ans en SEGPA. Elle est arrivée sur le poste au troisième mouvement sans l'avoir demandé mais aujourd'hui « elle ne le regrette pas et souhaite y rester ». Elle explique : « j'appartiens au premier degré, je n'ai pas le même travail que les professeurs de collège. On n'a pas eu la même formation et je pense que nos visions sont totalement différentes. Mais en même temps, j'ai envie de dire, je suis un peu à la marge. J'ai l'impression d'être un peu un caméléon ». E9 est très investie dans le processus d'inclusion et est amenée à travailler en co-intervention avec ses collègues PLC. Et elle constate, comme le mentionnent Tardif et Lessard, qu'elle change de posture en fonction de l'interlocuteur qu'elle a en face d'elle. D'où son expression de « caméléon ». Les autres répondants mettent en avant la polyvalence du PE ainsi que ses compétences comme des forces. E4 et E8 affirment que si la SEGPA venait à trop se transformer, ils changeraient de travail : E8 ferait « cuistot », quant à E4, « ce n'est pas envisageable » pour lui de retourner en primaire. Il ne se voit pas « réécrire la date au tableau tous les matins » car il devrait « réapprendre à écrire correctement et pour lui ce serait une catastrophe ». Ils disent tous qu'ils sont à la marge. Parallèlement, ils affirment ne ressembler en rien au PLC. E8 parle d'eux en les appelant « les profs de l'autre côté ». E6 nous dit « n'avoir jamais enseigné en primaire, qu'elle ne connaît aucun enseignant du primaire et qu'elle n'est même jamais allée dans une école de secteur ». Son sentiment d'appartenance est auprès de ses collègues de SEGPA.

Parmi les répondants qui se qualifient être à la marge, nous pouvons faire les constats suivants :

Ø Aucune ou une année d'expérience dans le primaire

Ø Une méconnaissance de l'enseignement en primaire

Ø Un sentiment d'appartenance à l'équipe SEGPA

Ø Des visions très différentes entre PLC et PE spé.

Ø Une richesse provenant de la polyvalence et de leurs compétences pédagogiques (qui sont en lien avec la perception de l'élève en difficultés).

Il semble donc que les PE spé interrogés se trouvent, comme le définit Gennep, dans un rite de passage mais où ils restent acculés. De même, leur perception de leur métier, leurs objectifs d'éducation semblent, comme nous l'explique Jaboin, appartenir à un héritage. Nous avons pu lire que les PE spé se distancient des PLC. Nous allons tenter de voir quelle perception ont-ils de ces professeurs de collège et pourquoi se sentent-ils si différents ?

7.2.5 : La perception des PLC par les PE spé.

En premier lieu nous aborderons la définition d'un PLC par un PE spé : Le professeur de lycée et collège est défini comme « un bon élève », « excellent dans son domaine » qui « maîtrise un savoir technique sur sa discipline ». Ils « ont des degrés d'exigence plus pointilleux sur les évaluations ». En second lieu, nous pouvons constater que les répondants sont nombreux à signifier qu'ils n'ont pas la même approche en terme de pédagogie. E4 E3 et E6 sont très virulents dans leurs propos : « les PLC , dans leur tête, ils n'ont qu'un seul type d'élève en face d'eux, ils crachent leurs cours [...] avec un seul type de document, avec un seul chemin à prendre » (E3). E4 : « le PLC maîtrise tellement bien son savoir qu'il n'arrive pas à le faire passer, qu'il commence à rencontrer les problèmes de l'hétérogénéité et la difficulté sauf qu'il n'a pas les moyens de fonctionner comme un PE spé car il a pas l'habitude ». E6 va juqu'à utiliser le mot « maltraitance ». Il n'est pas surprenant de lire les propos de E4 et de E3 compte tenu de ce qu'ils ont vécu durant leur parcours scolaire. En effet, comme nous l'avons vu précédemment, le système scolaire ne leur convenait pas et il reste une certaine amertume, un regard très critique envers les enseignants de collège.

En conséquence, les PE spé n'expriment aucun point commun avec les PLC en terme de vision pédagogique et éducative. En revanche, ils sont conscients pour certains qu'ils peuvent s'apporter des choses mutuelles. E7 le fait remarquer lorsqu'elle dit « le PLC apporte le savoir et qu'elle apporte la pédagogie ».

7.2.6 : Les PE spéface aux injonctions ministérielles.

Nous entendons par injonctions ministérielles tout ce qui émane de l'Institution et nous nous posons les deux questions suivantes :

Ø Comment les PE spé réagissent-ils aux lois et textes qui définissent leurs missions ?

Ø Comment perçoivent-ils leur relation avec leur hiérarchie ?

Tableau 15: Les PE spé et l'institution

 

E1

E3

E4

E6

E7

E8

E9

E10

Connaissance des lois et des textes notamment sur l'inclusion

dans les

grandes lignes

pas

vraiment

pas

vraiment

pas

vraiment

dans les grandes lignes

pas

vraiment

 
 

Incompréhension des PE/aux demandes hiérarchiques

X

X

X

X

 

X

 

X

 

Les PE spé. aimeraient plus de visibilité sur ce que l'institution leur demande de mettre en oeuvre. Le sentiment de "naviguer à vue" est ressenti par certains qui se posent la question du pourquoi ?Dans quel but ? E3 prend l'exemple des expériences sur les sixièmes inclusives en disant « j'ai l'impression qu'on nous force mais on va nous demander de la faire sans forcément qu'il y ait de retour ». Les injonctions sont « balancées ». L'exemple du Diplôme National du Brevet professionnel (DNB pro) a été cité par E3, E8 et E10. Désormais, l'institution demande à ce que les élèves de troisième SEGPA soient présentés au DNB pro. Or, jusqu'à présent, les élèves de troisième devaient sortir de leur cursus avec l'acquisition des compétences de cycle 3. Désormais, il est demandé aux PE spé de préparer leurs élèves en travaillant des compétences de cycle 4. Or, les PE spé n'y sont pas préparés : « on doit tous les présenter, mais on ne nous propose pas de cadres pour mieux les préparer » (E3), « il n'existe pas de référentiel en français et en maths pour le DNB pro » (E8). E10 s'interroge également en se demandant « si on inscrit tous nos élèves de SEGPA au DNB pro, quel est l'intérêt de garder la structure SEGPA ? ». Les injonctions tombent sans mettre les moyens en oeuvre pour aider les enseignants. Ces derniers regrettent « le manque de formation, de concertation entre collègues ».

Nous notons également le sentiment d'un manque de soutien de l'institution chez certains, notamment E4 qui vit difficilement le fait « d'aller prêcher la bonne parole aux PLC et d'expliquer comment ça fonctionne un élève en difficultés ». E8 reproche à l'institution sa défiance envers les enseignants et un manque de reconnaissance, il dit que « le système n'est pas performant, que le gel du point d'indice témoigne clairement de la reconnaissance de l'Etat sur l'utilité de notre travail » et il se questionne sur la reconnaissance qui pour lui est « une vraie interrogation ». Hormis deux répondants qui n'ont pas évoqué le lien avec l'institution, les autres affichent nombres de questionnement sur les objectifs du gouvernement qui ne sont pas toujours explicités. Néanmoins, on remarque toujours cette ouverture d'esprit, à savoir que, malgré certains désaccords ou certaines incompréhensions, les PE spé. appliquent ce qu'on leur demande de faire, tout en restant conscients

Le versant social : étayé par Dubar, l'IP y est présentée dans une double transaction, biographique (avec soi-même) et relationnelle (avec autrui, dans la manière dont se forge la reconnaissance de soi

que parfois, ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire. Comme dirait E4, « on est fonctionnaire, on doit donc fonctionner et appliquer les lois ».

7.2.7 : Conclusion de cette partie

Dans cette partie, nous avons tenté de valider ou d'invalider notre hypothèse 2 : Malgré une formation initiale commune, les PE spécialisés se situent dans un entre-deux.

Le concept de liminalité est un concept anthropologique énoncé par Van Gennep sous le terme de liminarité pour décrire les rites de passage. Le mot vient de l'anglais « au niveau du seuil », lui-même dérivé du latin « limen » qui désigne le pas de la porte. Etymologiquement, il renvoie donc à la notion de limite entre l'intérieur et l'extérieur (Saint-Martin, 2014, p.18). Pour valider notre hypothèse, dans les rites de passage décrit par Van gennep, celui qui nous intéresse est le rite de marge qui constitue un rite liminaire, un « entre-deux » dans lequel un individu se trouve dépossédé de son statut antérieur, sans en avoir acquis encore un nouveau. Il flotte entre deux mondes. Les PE spé répondent-ils à ce changement d'état ? Sont-ils entre deux mondes ? Par ailleurs, pour valider notre hypothèse, nous sommes amenés à nous interroger sur l'identité professionnelle des PE spé. Deux versants étayent notre interrogation :

Le versant psychologique : étayé par Iannconne, Tatéo et Marsico (2008) qui avancent que l'expérience familiale de l'enfance de l'enseignant ainsi que le souvenir de soi comme élève constituent les principales sources pour construire son identité professionnelle. Selon ces trois auteurs, les éléments biographiques, en interaction avec des éléments du contexte, joueraient un rôle essentiel, en générant différentes stratégies des enseignants leur permettant de faire face aux difficultés qu'ils rencontrent. Ces éléments sont repris dans les travaux de Blanchard-laville (2001) qui rendent compte de l'IP sous l'angle de processus psychiques pour la plupart inconscients. Ce serait une « co-habitation » du « soi-élève » et du « soi-enseignant ». (Zimmermann, 2013, p 38). Hormis E1, les répondants expliquent leur lien entre une expérience de soi comme élève et le futur enseignant qu'ils sont devenus. Les échecs qui ont jonchés leur parcours d'élèves ou les expériences qu'ils ont vécues ont façonné leur identité professionnelle. Leur construction prend en compte leurs itinéraires singuliers. Ainsi ils aménagent, recomposent les éléments constitutifs de leur identité en fonction des situations et des interactions, pour s'adapter et construire un monde cohérent, entre contraintes, valeurs et ressources dans lesquelles ils peuvent orienter leurs actions et trouver des voies d'implication porteuses de sens pour eux-mêmes et pour les autres. (Balleux et perez-Roux, 2011, in Zimmermann, op.cit).

par les partenaires de l'activité). Dans ce cadre, l'identité se définit comme « le résultat à la fois stable et provisoire, individuel et collectif, biographique et structurel, des divers processus de socialisation qui, conjointement, construisent les individus et définissent les institutions ». Ce modèle avance que la dynamique identitaire relève de deux mécanismes apparemment contradictoires (Tap, 1988) : l'identisation, qui correspond à la reconnaissance du caractère unique de la personne, et l'identification, qui correspond à la reconnaissance de sa similitude avec les autres (Zimmermann, 2013, p.41). Le processus d'identification des PE spé se retrouve dans leur sentiment d'appartenance à la SEGPA. Ils n'appartiennent ni au premier, ni au second degré. En revanche, ils appartiennent à la SEGPA qui a son identité propre.

Figure 19: L'identité professionnelle du PE spé.

Compte tenu des différents concepts théoriques définis précédemment en lien avec nos observations, nous pouvons valider l'hypothèse 2 : malgré une formation initiale commune, les PE spé travaillant en SEGPA se situent dans un entre-deux.

Dans notre dernière partie, nous allons valider ou invalider notre hypothèse 3 : L'inclusion doit être réfléchie et anticipée et pas à n'importe quel prix. Pour répondre à cette hypothèse, nous avions émis l'idée que les PE spé pouvaient vivre une crise identitaire liée aux lois sur l'inclusion et une éventuelle peur de la disparition des SEGPA. Nous nous étions également posé la

question à propos des nouvelles missions définie par le CAPPEI, à savoir que le PE spé. allait désormais devenir une personne ressource et être amené à remplir de nouvelles missions. Enfin, nous souhaitions savoir quel était leur avis sur le « tout inclusif » et ce qu'ils envisageaient de mettre en place compte tenu des lois.

7.3 : Des réponses à l'inclusion

7.3.1 : Une crise identitaire liée à la politique inclusive?

Nous sommes partis des différences entre les concepts d'inclusion et d'intégration définis par Thomazet, Plaisance, Boutin. « La notion d'inclusion repose sur un principe éthique : celui du droit pour tout enfant, quel qu'il soit, à fréquenter l'école ordinaire. » (Plaisance, Belmont,Vérillon, Schneider, 2007, p160). « L'inclusion, à la différence de l'intégration, suppose non seulement l'intégration physique mais aussi pédagogique afin de permettre à tous les élèves d'apprendre dans une classe correspondant à leur âge ceci quel que soit leur niveau scolaire. » (Thomazet, 2006, p.20). Pour Stainback et Stainback (1992), « une école ou une classe inclusive accueille tous les élèves dans un même lieu. Aucun d'eux, qu'il s'agisse des élèves en difficulté ou des autres, n'est exclu et placé dans des dispositifs ou classes spéciales. » (Boutin et Bessette, 2009, p.52). D'après tous ces chercheurs, dans le processus inclusif, c'est l'école et la société qui s'adaptent à l'élève et à ses besoins particuliers et non l'inverse, ce qui implique un changement radical du positionnement de l'école mais aussi de la société dans son ensemble. Compte tenu de ces concepts, notamment celui de l'inclusion, les élèves de SEGPA ne sont pas inclus mais intégrés. En effet, ils sont dans une classe spécialisée avec des enseignants spécialisés. Les différentes expériences de sixième inclusive (Laville et Saillot) laissent supposer que le gouvernement souhaite peut-être étendre ces expériences afin de les généraliser et quid alors de l'avenir de la SEGPA ? Désormais, les enseignants spécialisés sont formés à l'inclusion et deviennent ainsi des personnes ressources, experts en pédagogie (circulaire de 2016).

Comment se positionnent les répondants par rapport aux nouvelles missions qui leur sont confiées ? E9 se démarque très nettement de tous les autres répondants. Elle assume pleinement ses nouvelles missions : « notre rôle, il a évolué pour d'autres missions qui ne sont pas déplaisantes ». Elle rajoute qu'elle ne vit pas de crise identitaire mais qu'en revanche, elle constate « qu'il y a une vraie crise identitaire chez les enseignants spécialisés ». En revanche, elle n'est pas concernée. E3, E6 , E4 et E7 ne se « sentent pas légitimes » dans cette nouvelle posture de personne ressource. E3,

avec humour, dit « qu'elle se sent trop jeune, qu'elle ne sera pas écoutée ». Les répondants sont prêts à « aider, partager des documents », mais ne se voient pas comme personne ressource.

Par ailleurs, on note une crainte émanant directement de cette nouvelle posture : que vont-ils devenir ? Quelle sera réellement leur mission ? Ils sont plusieurs (E3, E4, E6, E10 et E1) à exprimer leur crainte de « devenir une AESH de luxe ». Comme le dit E6, elle a l'impression « qu'on lui enlèverait une partie de ses capacités car un public SEGPA reste un public SEGPA ». E4 se distingue nettement des autres et est en opposition à E9. E4 est en « souffrance » par rapport à l'inclusion. Il a l'impression d'être « manipulé », « qu'on l'utilise pour former les profs du collège et une fois qu'il aura formé tous les prof, que va t-il rester de la SEGPA ? ». Il a « peur ». Il semble perdu car il avoue ne pas pouvoir être contre l'inclusion car en théorie, c'est une belle idée et « on ne peut pas être contre » et en même temps il est persuadé de « scier la branche sur laquelle il est ». Selon Zaffran (2013), « l'enseignant peut penser en toute bonne foi que l'inclusion scolaire est une valeur à défendre ( ce qui nous disent tous nos répondants) et à promouvoir...mais qu'il n' pas de motifs valables de changer ses habitudes dans la mesure où l'histoire de l'éducation des jeunes à BEP est dominée par une logique ségrégative » (Laville et Saillot, 2017, p.319). Il souhaiterait démissionner comme son collègue l'avait fait avant lui, mais « il n'a pas le cran ». L'inclusion provoque chez lui un « mal-être » au point que désormais il ne rentre plus chez lui, comme avant, l'esprit tranquille : « j'emmène avec moi les problèmes de l'école, je ressasse. Ma difficulté actuelle pour moi c'est de me dire j'accepte, je vois le bien fondé de l'inclusion et j'essaie d'y apporter quelque chose en étant le garant de la SEGPA. Je me bats contre moi-même, je suis seul, je suis vieux, pour moi, c'est une souffrance ». Le discours de E4 ne se retrouve chez aucun autre répondant. Certes, nous notons que les autres se posent des questions, s'interrogent sur la direction que prend l'inclusion et les conséquences qui pourraient en découler mais nous ne notons pas un malaise aussi criant que nous pouvons le voir chez E4.

Si nous nous intéressons de plus près aux PLC, les réactions sont très différentes des PE spé. Les trois répondants marquent une vraie crise identitaire. Elle sont jeunes dans le métier (entre huit et dix ans d'expériences) et pourtant vivent très mal les injonctions ministérielles et leurs conditions de travail. Les pressions auxquelles est confronté l'enseignant déclenchent et alimentent de multiples dilemmes : travail autonome, hétérogénéité grandissante, suivi de la prescription, éducation ou instruction, maintien de l'ordre. Les auteurs montrent que les enseignants sont régulièrement contraints d'aller au-delà des rôles qui leur sont prescrits, qui définissent leur tâche ou relèvent de leur statut. Il leur faut trouver le bon équilibre entre ce qu'ils peuvent faire et ce qu'ils doivent faire. (Tardif et Lessard). E2 nous dit : « je ne sais même pas comment faire une heure de cours, gérer les élèves qui sont moins bons et des élèves qui ont des besoins particuliers qui sont

pas forcément moins bons mais qui ont des difficultés pas comme les autres. J'ai l'impression de ne pas faire correctement mon travail, j'ai l'impression de ne plus faire le disciplinaire qu'on me demande, j'arrive pas à faire les deux.Je trouve que j'ai trop de classes et puis faire de la différenciation, ça prend un temps fou... je me bats pour avoir du matériel, tout pour moi est un obstacle ». A l'instar de Maroy, 2006, qui explique que l'enseignant doit « tenir sa classe » et « faire apprendre aux élèves » ce qui implique une activité d'une grande complexité. Lang, Dubet, Barrère, constatent un déplacement du coeur du métier avec une transformation de l'enseignant « magister » vers l'enseignant « pédagogue ». Désormais, l'enseignant est amené à travailler en équipe (projets pluri-disciplinaires) et s'investit plus dans la gestion de son établissement. Compte tenu de la formation initiale du PLC, ce dernier n'est pas préparé à cette transformation du métier. Toutefois, les PLC essaient de donner un sens à leur métier. E2 l'exprime clairement : « je me suis adaptée de plus en plus [euh] au niveau, je me suis un peu éloignée de ce que, théoriquement, [euh] ce qui serait beau qu'on puisse faire avec [euh] tous les élèves et je me suis adaptée un peu plus au terrain, je me suis plus tournée vers l'aspect [euh] purement pédagogique je m'intéresse beaucoup plus à la pédagogie qu'au disciplinaire.

E2 , E5 et E11 ne « cessent de se remettre en question ». Ils subissent « la pression des programmes avec des classes toujours trop chargées et ont l'impression de ne pas faire progresser les élèves ». E11 dit que « la situation est révoltante, car les injonctions de différenciation et le peu de moyens qu'on nous donne pour faire cette différenciation, c'est révoltant ». E5 et E11 parlent de « souffrance au travail ».

Nous pourrions supposer, au regard de ce que nous disent les PLC, une différence notable avec les PE spé qui, de par leur polyvalence et leur adaptabilité, sont prêts à accueillir des publics d'élèves en difficultés et ont un savoir faire que les PLC n'ont pas. Leur formation initiale centrée sur l'aspect disciplinaire ne les prépare pas à l'hétérogénéité de masse aggravée par l'inclusion car l'institution ne leur donne pas les moyens de faire correctement leur travail. Les PE spé, par leur souplesse et leur ouverture d'esprit ne traversent pas de réelle crise identitaire car ils mettent en oeuvre des dispositifs qui leur permettent à la fois de répondre au prescrit, tout en utilisant et gardant l'utilité de la SEGPA.

7.3.2 : Intégration ou inclusion?

Selon Petit (2001), dans le domaine scolaire, le principe de « normalisation » et son corollaire « l'intégration », nécessitent une adaptation de la formation aux besoins des personnes concernées. Le processus d'intégration se traduit donc par des projets individualisés soutenus par une gamme de services qui vont de l'enseignement en classe ordinaire à l'enseignement en école

spécialisée, favorisant l'environnement le plus « normal » possible par l'aménagement de passerelles autorisant un retour au cursus régulier ou dans une classe ordinaire. Selon les cas, la « ségrégation » dans une classe spéciale peut s'avérer plus efficace dans l'optique d'une « normalisation », qu'une « intégration » dans une classe ordinaire. Selon Charles Gardou une école est inclusive lorsqu'elle module son fonctionnement, se flexibilise, pour offrir, au sein de l'ensemble commun, un « chez-soi pour tous, sans toutefois neutraliser les besoins, désirs ou destins singuliers ». L'école s'adapte aux besoins de l'élève et non l'inverse. « La notion d'inclusion repose sur un principe éthique : celui du droit pour tout enfant, quel qu'il soit, à fréquenter l'école ordinaire. » (Plaisance, Belmont,Vérillon, Schneider, 2007, p160). « L'inclusion, à la différence de l'intégration, suppose non seulement l'intégration physique mais aussi pédagogique afin de permettre à tous les élèves d'apprendre dans une classe correspondant à leur âge ceci quel que soit leur niveau scolaire » (Thomazet, 2006, p.20).

Chez nos répondants, nous constatons une certaine confusion entre ces deux termes très usités : E1 définit un élève inclu comme « posé là dans une classe » et un élève intégré est un élève « pour qui on met en place des choses pour que ça fonctionne dans ce groupe ». E7 confond les deux, pour elle, « c'est la même chose ». E3, E10, E8 ont des visions plus globales : « l'inclusion c'est de ne pas faire de différence entre les enfants, qu'ils sont tous sur un même pied d'égalité, c'est d'avoir des escabeaux de taille différentes pour voir tous à la même hauteur » (E3). « L'inclusion c'est de vivre tous ensemble en tenant compte des spécificités de chacun pour pouvoir y répondre au mieux et pour pouvoir donner une chance égale à tous » (E8). Les répondants sont quasi-unanimes pour dire que « c'est une belle et noble idée » mais certains se questionnent sur ce qui se cache derrière cette volonté d'inclure les élèves à tout prix. E8 et E4, E6 pensent que c'est pour faire des économies, « derrière la belle idée, j'ai peur qu'il y ait des remaniements et des suppressions de poste et que ça s'avère malheureusement être la réalité sous couvert d'inclusion : on récupère des postes et au final, nos élèves se retrouvent placés avec d'autres sans bénéficier du coup d'adaptation » (E8), « je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est plus financier qu'une super idée pédagogique » (E4, E6, E2). Certaines craintes sont affichées sur ce qu'il y a vraiment derrière cette idée d'inclusion. Néanmoins, les PE spé sont conscients du caractère stigmatisants de la SEGPA et s'ouvrent, comme nous l'avons dans la partie 7.1.2, vers l'inclusion à travers des dispositifs innovants (classes miroirs), des passerelles, des co-interventions et le partage des disciplines avec les PLC.

7.3.3 : Le tout inclusif

Désormais, il convient de se demander ce qu'ils pensent du tout inclusif ? E4, E1 et E9 ont vécu l'expérience de la sixième inclusive, nous étudierons leur réaction après le tableau ci-dessous qui indique les réponses à la question : êtes vous pour le tout inclusif ?

Tableau 16: Le tout inclusif

 

E1

E3

E4

E6

E7

E8

E9

E10

E2

E5

E11

Etes vous pour le tout inclusif ?

non

non

non

non

non

non

non

non

non

non

non

Une inclusion dans les deux sens?

X

X

X

X

X

X

 

X

 
 
 
 

7.3.3.1 : Les raisons évoquées

Plus de souplesse dans le fonctionnement interne de l'établissement:

E8 dit que « mettre tout le monde ensemble deviendrait tout simplement ingérable pour les collègues car tu devrais faire trop de différenciation », « certaines vont trouver leur voie sur des thématiques en sport ou en musique, pourquoi pas ? mais en français et en maths, ça va être difficile. Notre structure est riche et sous exploitée ».

E1, E3, E8, E6, E7 et E10 évoquent l'inclusion inversée, c'est-à-dire donner la possibilité aux élèves de l'ordinaire qui seraient attirés par les métiers manuels de profiter des ateliers de la SEGPA ou bénéficier d'un enseignement adapté quelques heures dans la semaine. E1 évoque l'idée de « proposer les ateliers à des enfants qui seraient dans l'ordinaire et qui seraient manuels ou tout simplement qui auraient envie de faire autre chose », E3 parle « d'offrir la possibilité à des élèves du collège de pouvoir suivre des heures en SEGPA, de mélanger tout le monde, que les classes soient mouvantes », E8 parle de son expérience de BAR (Bureau d'Aide Rapide) installé sur le temps du midi où les enseignants « aident les élèves de SEGPA mais aussi les autres et on se rend compte que eux aussi, de l'autre côté, ils sont aussi en demande ». E8 rajoute que ce qui le ronge c'est l'idée « d'uniformisation de la société derrière l'inclusion, et ce parcours uniforme est insupportable ».

Les conséquences du tout inclusif sur les élèves:

E10 se dit « Oh, mon dieu, les pauvres ! Ils vont galérer... On va se retrouver avec beaucoup plus d'élèves en échec scolaire, ils vont perdre le goût de venir à l'école alors que là, ils l'avaient enfin ! Je pense que ce ne serait pas judicieux. Inclure pour inclure, non. Beaucoup de parents viennent me voir pour me dire, pour la première fois, mon enfant est ravi d'aller à l'école. Il est content, il n'y va pas la boule au ventre, il trouve qu'il arrive à progresser ». E6 est contre le tout inclusif car c'est une démarche qui doit s'effectuer « dans la réflexion et maîtrisée avec d'autres

collègues. Ce serait moins traumatisant pour les élèves. Je pense que ça ne bouge pas dans le bon sens, dit-elle, le tout inclusif pour moi, c'est pas une solution. Pour moi, on est tous différent, alors pourquoi vouloir mettre tout le monde dans le même moule ? ». E3, E10, E8, E4, E7 et E9, E5, E11 pensent que tous les élèves ne peuvent pas être inclus et qu'ils se retrouveraient en souffrance. Pour E5 « ce serait catastrophique si on en arrivait là. Certains, mal orientés et qui sont dans l'ordinaire sont déjà en souffrance, c'est peut-être aussi pour ça qu'ils développent une aversion pour l'école. Les élèves ont vraiment besoin de voir l'école autrement et nous PLC on n'est pas en mesure de leur montrer un visage différent. Le tout inclure ne serait pas bénéfique pour eux ». E2 parle de « violence folle » faite aux élèves.

E10, pour avoir vécu l'inclusion, parle d'anticiper la démarche et que celle-ci doit être réfléchie et au cas par cas. Même E9 qui met tout en oeuvre pour que l'inclusion se développe dans son collège n'est pas favorable à l'inclusion totale car certains enseignants ne sont pas prêts. Quant aux élèves, ils ne peuvent pas tous suivre. Selon elle, un fonctionnement tout inclusif « pourrait être destructeur pour nombre d'élèves, c'est pourquoi elle doit être réfléchie et accompagnée ». E1 qui a fait l'expérience de la sixième inclusive (celle-ci a duré un an car les effectifs l'année suivante en SEGPA était trop nombreux) est partagée. Elle nous dit « qu'une fois les élèves arrivés en cinquième SEGPA, ils sont soulagés ». Certains élèves lui ont même dit après cette expérience « j'y arrive pas, c'est trop dur et on m'avait promis que j'y arriverai ». E4, qui comme E1, a vécu la sixième inclusive, pense que « c'est une perte de temps » puisque les élèves reviennent ensuite en cinquième SEGPA.

7.3.3.2 : Les leviers et les freins

Les leviers à l'inclusion:

E9 travaille chaque année pour ouvrir les esprits et travailler de concert avec ses collègues PLC. Dans le cadre de la sixième inclusive, elle a impulsé la co-intervention, ce qui est préconisé par les théoriciens de l'inclusion. E7, E8, E5, E4, E3 proposent des co-interventions aux collègues. E7 et E8 voient ces co-intervention comme une richesse dans le partage pédagogique et disciplinaire. E7 a mélangé deux classes, ils ont trente-trois élèves à deux enseignants. Elle « peut aller aider les élèves, les accompagner, leur dire ce qu'il faut faire, comment se comporter tout en chuchotant ». E6 est consciente qu'il « faut conserver la structure en l'adaptant pour répondre au prescrit ».

Les freins à l'inclusion sont plus nombreux:

Les PLC constatent que, s'ils ne sont pas épaulés par un PE spé dans leur classe, c'est trop difficile à gérer (E5) . Certains enseignants refusent catégoriquement de travailler avec des élèves de SEGPA. E3 rapporte des propos très durs de ses collègues : ce « sont des délinquants, des débiles, je me fais chier avec eux. Je ne peux pas faire mon programme ». Selon E4, « les profs de collège sont parfois loin des difficultés de nos élèves et qu'ils préfèrent avoir une classe ordinaire ». La co-intervention est difficile à mettre en place : E3 explique que selon elle la co-intervention c'est « quand deux enseignants co-construisent quelque chose ensemble. Mais j'ai peur que ce soit les collègues PLC qui donnent les directives ».En effet, le problème de la légitimité a été évoqué par nombres de répondants. Même si le PLC est devenu plus « pédagogue » que « magister » (Tardif et Lessard), il n'en demeure pas moins qu'il souhaite garder le contrôle de la classe.Le PLC devant l'élève en difficulté ressent « un sentiment d'incompétences qui augmente et il navigue de la ressemblance à l'étrangeté. » (Piroux, 2017,p.8) Ce sentiment pourrait être allégé par « la présence de l'enseignant spécialisé qui peut permettre le transfert du problème posé » (Ibid), ce que fait remarquer E9. E9 s'est battue pour mettre en place de la co-intervention car un des enseignants avec qui elle travaille « avait peur du jugement ». Il lui a dit « j'ai l'impression que t'étais là pour me juger, que je faisais quelque chose de mal et qu'en gros t'étais là pour me corriger, ce n'est pas facile d'avoir quelqu'un dans sa classe qui va te juger, te dire ce qui va pas, pointer tes difficultés, tes défauts ou autre chose qui fonctionnent pas très bien ». L'idée que préconise E9 est de « réussir à pointer les professeurs, sans leur jeter la pierre mais essayer d'être un caméléon discrètement, de leur apporter des choses et puis d'apporter des choses aux élèves. Je change, je veux dire, je change de personnalité en fonction du professeur que j'ai en face de moi ».

E6 et E7 disent oui à la co-intervention mais pour E6, « tout dépend de la personne, car c'est très intéressant, on peut tirer profit de l'échange, ce n'est pas impossible mais ça peut-être difficile ». E7 affirme qu'on « ne peut pas toujours travailler avec des gens qu'on n'apprécie pas. On doit être en accord sur la gestion de classe, avoir des affinités. C'est un métier où la personnalité de chaque enseignant peut être très différente et suivant qui fait que la classe, elle va pas être menée de la même façon ».

L'inclusion demande du temps de préparation et de l'anticipation :

Mettre en place de la co-intervention est chronophage. Selon E9, « il ne faut pas penser que l'inclusion c'est tout beau tout propre, ça me demande beaucoup de temps, beaucoup d'investissement, beaucoup d'heures et on n'a rien de chiffré sur les apports que ça peut avoir sur les élèves ».

Pour réussir l'inclusion, « les objectifs d'apprentissage doivent être anticipés, le travail en équipe est nécessaire, voire indispensable et que les acteurs soient partis prenantes » (Piroux, 2017, p.10). Si les acteurs subissent, les réactions seront préjudiciables à la fois à la communauté pédagogique mais aussi aux élèves (Laville et Saillot, 2019, p.309).

Pas ou peu de moyens supplémentaires :

E11 trouve qu'en théorie, l'inclusion est une très belle idée, comme E2 d'ailleurs, mais pour qu'elle puisse se mettre en place, « il faut des effectifs réduits, des aides en plus des petits groupes pour progresser en lecture, des petits groupes pour la graphie » et E11 rajoute qu'elle « ne trouve pas qu'on aille vers cela. On ne peut pas dire que l'éducation nationale soit pour la dépense pour aider les gamins en difficultés qu'on va inclure. Oui, pour l'inclusion avec des aides, des béquilles nécessaires ». E2 complète en disant : « il ne faut pas réduire les moyens, avoir une vraie aide car on n'a pas les moyens de suivre ces élèves ». Derrière ce discours récurent se cache probablement une réelle peur du changement qui attend ces professionnels. Selon Gendron (2007), « le refus de vouloir inclure serait peut-être une mesure de protection face à un monde professionnel toujours plus envahi » (Ramel, 2010, p.389). Afin de passer d'une situation de crise identitaire à un projet fédérateur comme le souhaiteraient Puig, Benoit, Gardou, il est indispensable de mettre en place des « renforts pédagogiques et des soutiens spécialisés » (Ibid).

En conclusion de cette partie, voici les constats que nous pouvons énoncer :

Ø Une crise identitaire :

· les PLC vivent une crise identitaire liée à l'hétérogénéité grandissante et à leur manque de formation dans la mise en place de pédagogies adaptées à la difficulté scolaire.

Ø Le tout inclusif

· les répondants unanimement sont contre. En revanche, ils émettent deux idées : x L'inclusion peut être inversée (ouverture ordinaire et spécialisé) x L'inclusion oui mais elle doit être réfléchie, accompagnée et au cas par cas.

Il est à noter que dans les articles portant sur l'inclusion, les chercheurs n'évoquent pas la piste d'une inclusion inversée. Dans le cadre d'une école inclusive, ce qui pose actuellement problème à l'institution (rapport d'Abraham et Despres) et aux chercheurs, c'est le devenir des ateliers en quatrième et troisième SEGPA qui « constituent un obstacle de taille pour rendre effective une organisation inclusive tout au long de la scolarité des élèves. » (Laville et Saillot, 2019, p317).

A l'instar de Zaffran, les répondants croient et défendent la belle idée de l'inclusion pour tous, le « one track approach » (Benoit, 2002). Toutefois, sa réalisation semble difficile et complexe car elle dépend de nombreux facteurs : institutionnels (politique), direction du collège (gestionnaire), équipe pédagogique (pratique) et temps social (sociétal).

Même si à l'instar de Gardou, nous pouvons affirmer qu'il n' y a pas « de vie majuscule sans vie minuscule », « il ne peut y avoir de changements dans un système éducatif sans prise en compte des représentations des acteurs, sans travail sur les différentes composantes d'une identité professionnelle enseignante » (Piroux, 2017, p.11).

En conséquence, nous pouvons dire que notre hypothèse 3 : L'inclusion doit être réfléchie et anticipée et pas à n'importe quel prix est en partie validée.

8. Conclusion :

La réflexion qui a porté ce mémoire a évolué durant l'année et continue de cheminer compte tenu des analyses que j'ai pu entreprendre. Le sujet a évolué non pas tant dans la problématique que dans les hypothèses que je m'étais fixées. Mon cheminement réflexif m'a amenée à mieux cerner mon sujet et mieux appréhender les objectifs que je poursuivais.

J'ai tout d'abord commencé une approche quantitative avec la réalisation de questionnaires à réponses ouvertes et fermées puis une approche qualitative basée sur des entretiens semi-directifs. J'étais donc dans une approche herméneutique, interprétative. Par ailleurs, je souhaitais réfléchir au positionnement à la fois des PLC et des PE spécialisés en SEGPA tant dans leur évolution identitaire que dans leur implication dans une école inclusive.

Or, je me suis rendue compte au fil du temps que je devais faire des choix méthodologiques afin qu'apparaisse dans ma réflexion une certaine pertinence au regard de ce que je voulais démontrer. La réalisation des questionnaires m'a été utile pour poser les bases de ma réflexion mais leur exploitation est selon moi, insuffisante. Quand aux entretiens semi-directifs avec les PLC, je n'ai conservé que leur rapport à leur identité professionnelle.

Je note certaines limites à mon sujet. En effet, aborder à la fois l'identité professionnelle, la SEGPA et l'inclusion mais aussi avoir eu une entrée basée à la fois sur des questionnaires et des entretiens semi-directifs ont rendu le travail difficile et complexe, ce qui ne m'a pas permis d'approfondir mes réflexions comme je l'aurai souhaitée. Concernant le guide d'entretien que j'avais élaboré dans le cadre de mes recherches, il s'est révélé utile au début pour me permettre d'avoir un cadre, puis je m'en suis détachée, laissant une parole plus libre aux répondants, tout en restant dans le cadre de mon sujet. Mais de nombreuses questions en lien avec mon cheminement réflexif sont apparues a posteriori des entretiens.

Lors de l'analyse longitudinale, j'ai pris conscience que des similitudes sémantiques (dans les termes employés) par les répondants étaient récurrentes et que bien que ne se connaissant pas et n'ayant pas nécessairement les mêmes conditions de travail, nombreux étaient les points communs tant dans leurs approches pédagogiques, qu'humaines et sociales.

Le rapport au savoir est également au coeur de notre recherche. Bien que n'ayant pas eu une approche clinique dans mon mémoire, on ne peut l'occulter et elle peut offrir des pistes de réflexion pour l'avenir. De nombreuses thèses décrivent les enjeux psychiques et les conflits personnels et professionnels éprouvés par les praticiens auprès des élèves. Certains chercheurs ont démontré que travailler avec des élèves « hors normes » induisait chez les enseignants une identification

inconsciente aux élèves et un contre-transfert qui prenait une forme éducative et non plus instructrice, les faisant quitter leur place d'enseignant (Simon, 1999).

Lors de l'écriture de mon rapport de stage, je me suis documentée sur l'histoire des SEGPA. Son fonctionnement et les PE qui y travaillent sont inscrits consciemment ou inconsciemment dans une histoire qui leur est propre. Nous pourrions parler d'identité groupale (dans le sens de professionnalisation propre) ou d'identité héritée mais pas uniquement sur le plan biographique. Oserions-nous parler de déterminisme social où tout est imbriqué ?

Compte tenu des données récoltées lors de mes entretiens semi-directifs et en réalisant l'analyse transversale, j'envisage de prolonger mes réflexions et de les approfondir sur la professionnalisation. S'intéresser à la professionnalisation et à la professionnalité des enseignants de SEGPA, permettrait à la fois de mieux définir cette profession, de faire reconnaître socialement ce métier et d'en définir ses compétences mais aussi d'en connaître les gestes professionnels avec l'apprentissage de terrain, les acquis d'expérience, les éléments identitaires de la profession ainsi que ce qui la compose.

En effet, les enseignants spécialisés de SEGPA interrogés semblent être dans un empan liminal. Il serait donc intéressant d'étendre cette recherche pour en connaître les causes dans une approche à la fois sociologique et historique. Cette recherche pourrait mettre en avant une professionnalisation certaine avec un sentiment d'appartenance à un groupe bien défini identitairement et professionnellement.

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