4/ Relation entre le public et les rappeuses
a - Les rappeuses américaines ont la côte en
France
Si on se tourne du côté des États-Unis,
les rappeuses vivent une belle période : Nicky Minaj, Cardi B, Doja Cat,
Saweetie, Megan The Stallion... Les projets féminins sont nombreux et
n'ont pas de mal à faire du bruit à l'international. Cardi B est
la première rappeuse de l'histoire à obtenir un disque de diamant
aux États-Unis, soit dix millions de ventes pour son single Bodak
Yellow en mars 2021. Elle est également cinq fois disque de platine
pour son single WAP en featuring avec Megan Thee Stallion. Il est
clair que ces artistes ont leur public en France, et que personne ne remet en
question leur carrière ou leur talent de kickeuse. Comment expliquer que
l'engouement autour des rappeuses américaines ne suive pas pour les
rappeuses françaises ?
Le dernier clip de Shay «DA», sorti le 29 avril 2022
a suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux. L'artiste
exécute une chorégraphie dans un lieu qui rappelle un
laboratoire. Quand on se penche sur ces critiques, on comprend vite leur
caractère problématique. Shay s'est vue d'abord reprocher le fait
de s'être inspiré de Cardi B. Deuxièmement, elle a
reçu beaucoup de critiques sur l'aspect «vulgaire» du clip.
Enfin, elle s'est vue dans la plupart des critiques rattachée à
d'autres hommes de l'industrie : «Qu'elle laisse le titre DA à PNL
seulement», «Booba a donné une carrière à Shay
mais elle a préféré dormir pendant 3 ans avant de revenir
avec un son guez», «Le Motif, c'est à cause de toi, tu aurais
dû aider ta soeur au lieu de devenir youtubeur» (Tweets).
On se demande alors en quoi s'être inspiré d'une artiste
américaine constitue un problème. Les rappeurs ne se cachent
jamais de s'inspirer d'autres rappeurs américains, pour le flow, les
textes, les instrumentales ou la direction artistique des clips. Chez PNL par
exemple, l'influence de Young Thug se ressent dans leur premier album Le
Monde Chico, par le style vestimentaire, l'autotune ou les instrumentales.
Nekfeu, de son côté, s'inspire largement de Drake, dans ses
projets Cyborgs et Feu. On sent le flow d'Energy de
Drake dans les titres Martin Eden et Mal aimé. Sans
compter l'influence des projets de Kanye West sur les artistes de rap
français. Les
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références directes ne se font même pas
rares. L'inspiration est vue dans DA comme quelque chose de
négatif, alors que c'est un reproche rarement fait aux artistes
masculins. C'est en plus loin de relever du domaine du plagiat, les paroles
sont en français et Shay construit un univers bien à elle.
N'est-ce pas normal de retrouver des influences de la rappeuse qui vend le plus
dans le monde ces dernières années, dans les projets rap ?
À la suite de son clip, elle a reçu des
critiques qu'on peut qualifier de «slutshaming», concernant sa danse
et sa tenue, jugée vulgaire par certains. Cette chorégraphie
n'est pourtant pas vraiment différente dans le clip de Liquide
avec Niska, qui n'avait pas eu un accueil aussi violent. Les rappeuses
américaines, de leur côté, semblent plus à l'aise
avec l'image de leur corps et la sexualisation. Le public américain ne
serait probablement pas choqué par le travail de Shay. Pour Mekolo
Biligui, «les rappeuses américaines ont une autre façon de
considérer le corps, je pense qu'en France on a un souci avec ça.
On le met à distance en se disant que c'est une autre culture, mais
quand c'est la nôtre ça ne passe pas.» Certains
titres où la sexualisation est très poussée sont de gros
succès à l'international et la France n'y échappe pas. Par
exemple, la danse évocatrice de WAP de Cardi B et Megan Thee
Stallion, a été reprise par de nombreux internautes comme un
challenge. Autre exemple, le phénomène
révélé par Tik Tok, la rappeuse Ashnikko. Cette artiste
présente un univers robotique et futuriste, qui tourne autour de la
sexualité. Ces textes et ses clips sont très évocateurs,
pourtant le public français qui la suit ne s'en formalise pas.
Pour Renaud Durussel, programmateur du festival suisse
Transform «Il y a un rapport à la féminité et aux
valeurs que la femme est censée incarner en France qui est
différent de ce que l'on retrouve dans le mainstream américain.
C'est probablement une question de culture qui dépasse le cadre de la
musique»25.
La femme, dans l'imaginaire du rap en France, est soit la
petite soeur, soit une femme respectable (souvent la mère de famille),
soit une salope. Si l'homme peut aborder des sujets sexuelles pour lui ou la
femme, ça ne passe pas quand la femme en parle, pour elle ou pour
l'homme. Le public est habitué à voir les artistes
américaines se sexualiser, c'est plus rare pour les artistes
francophones. L'américain constitue un fantasme, un gage de
«qualité» dans
25 Voir l'interview complète de Renaud Durussel
en annexe
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l'imaginaire du public français, que les artistes
francophones ne sont a priori pas capables d'atteindre, quoi qu'ils fassent ce
sera une copie.
Enfin, l'artiste féminine est ramenée aux hommes
qui l'entourent, toujours en la comparant de manière péjorative.
Un artiste masculin aurait fait mieux, son frère aurait dû
décider à sa place, elle n'est pas digne d'avoir
été signée par un artiste masculin... Comme si la femme
seule ne peut pas être talentueuse ou légitime.
Denis-Constant Martin rappelle dans son livre Quand le rap
sort de sa bulle26, que les rappeuses américaines ont
adopté à la fin des années 2000 des postures
particulières pour sortir des rôles auxquels elles étaient
cantonnées dans le rap fait par les hommes. Elles ont eu le choix, en
réalité, soit de réagir avec la même violence pour
les hommes que celle utilisée contre elles, soit en adoptant une posture
de «mec», soit de se sexualiser pour devenir un objet de
désir. Ces postures leur permettent de récupérer leur
pouvoir face à l'objectivation dont elles sont victimes dans les
discours des hommes. Elles ont créé la rappeuse
«désirable mais dangereuse». «Comme les femmes sont
présentes depuis le début de l'histoire du rap aux
États-Unis, et ont rapidement pris ces positions, c'est resté
dans dans la culture américaine, et l'image que l'on en a. Les rappeuses
françaises, elles se distinguent dès leurs débuts des
rappeuses américaines.» Ça a forgé notre vision
séparée de ce que peuvent et ne peuvent pas faire ces artistes
selon leur genre, mais aussi selon leur nationalité.
Les rappeuses américaines ont donc bien la côte
en France, elles ne sont pas jugées aussi durement par le public
français, sous prétexte que c'est «américain»,
et les français n'ont pas le droit de les prendre pour exemple. Il y a
probablement une recherche culturelle plus approfondie à faire sur le
sujet, et ça doit toucher à bien d'autres domaines qu'à la
musique. La sexualité, la réussite et la
célébrité sont perçues différemment dans ces
deux cultures. Ça peut expliquer pourquoi le public français
présent pour les rappeuses américaines, ne suit pas les rappeuses
francophones. Les paroles en anglais mettent aussi une distance avec l'oeuvre
et l'écoute que l'on en fait. Les États-Unis ont peut-être
bien toujours dix ans d'avance sur nous comme on l'entend
26 MARTIN Denis-Constant : Quand le rap sort de sa
bulle. Sociologie politique d'un succès populaire, 2012
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souvent. Est-ce que pour autant on doit considérer que
le public français n'est «pas prêt» à
écouter des rappeuses ?.
b - Le public est-il prêt à écouter des
rappeuses francophones ?
Dans mon sondage, 65% des participants ont dit qu'ils
étaient ouverts à écouter des rappeuses mais qu'il n'en
connaissent pas. 20% ont dit qu'ils n'apprécient pas la musique des
rappeuses qu'ils connaissent. On m'a aussi déjà dit qu'il n'y a
pas assez de choix et de diversité artistique parmi les rappeuses
existantes. Au vu de ces réponses, il est clair que l'accès aux
rappeuses est bloqué. Comme évoqué dans la première
partie de ce mémoire, le grand public pense qu'il y a très peu de
rappeuses, hors, nous savons grâce au média Madame Rap qui les
recense, qu'il y en a au moins 350 en activité aujourd'hui. Le point de
vue féminin apporté au rap dans leur musique constitue en
lui-même une proposition qui diffère de ce que l'on a l'habitude
d'entendre. J'ai pu assister au casting parisien du tremplin Rappeuz de cette
année. La diversité des profils était étonnante.
Chaque participante avait un univers bien à elle. Les propositions
masculines sont tellement courantes, que beaucoup se ressemblent dans le style
musical, les textes, les instrumentales, l'attitude... Il suffit de regarder
les propositions drill mises en ligne chaque jour. Peu d'artistes
réussissent à apporter un point de vue nouveau et original, ou
une sonorité différente. Pour les artistes féminines,
visiblement, l'originalité ne suffit pas. Les quelques rappeuses
signées en label sont souvent marketée comme
«l'exception», «la femme qui rap». Hors, on ne peut plus
présenter cela comme un phénomène exceptionnel. Il faut
banaliser la femme qui rap pour mettre les artistes masculins et
féminins sur un pied d'égalité.
Le marché de la musique est certes lié aux
goûts du public, mais le public est dépendant de l'offre qu'on
leur présente. L'industrie à un réel pouvoir d'influence
sur les goûts du public grâce à un outil qu'on appelle le
marketing. Les surprises font partie du métier. Parfois un artiste buzz,
parfois il floppe. Ce n'est pas toujours prévu, il y a tout le temps une
part de risque. «Surtout après le covid personne ne veut
prendre de risque. Dénicher de nouveaux talents c'est pas attendre que
le public mette des likes» (Éloïse Bouton). Faut-il attendre
que le public réclame des rappeuses, où prendre le risque de leur
offrir de la visibilité ? On oublie que le rap a été
longtemps mis de côté, alors qu'il avait bel et bien un public,
laissé de côté par les médias
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mainstreams et spécialisés en musique.
Aujourd'hui, même schéma pour les rappeuses. Elles sont absentes
des médias dédiés au rap. Ceux-ci sont «responsables
de la première attribution publique de sens et de valeur à une
oeuvre» (Buch, 2006). Autrement dit, ces médias donnent de la
crédibilité ou non à un artiste et jouent un rôle
décisif dans les goûts du public attaché au rap. Chez
Booska P, par exemple, média référence du rap
français, les rappeuses sont peu nombreuses à avoir droit
à des contenus portraits (interview, reportages, freestyles...). Il n'y
en a qu'une seule, Doria, pour la sortie de son album Dès le
départ en juin 2021.
Il y a encore des idées préconçues sur la
crédibilité d'un rappeur, la street credibility. Dans cette
vision, la femme n'est pas légitime à rapper. «Les hommes
sont meilleurs dans le milieu. Leur voix est plus faite pour ça»,
«elles reprennent les codes (...) du rap mais ça sonne faux»
(extraits du sondage Google Form). Elles ne peuvent pas avoir cette street
credibility, associée à la violence, à la vente de drogue,
à la misère et à la virilité. On notera que des
rappeurs ne correspondant pas à ces critères en ont fait les
frais aussi, comme Bigflo & Oli, mais que ça n'a pas
empêché l'industrie de miser sur eux. Leur carrière s'est
bien développée au final, en touchant un public très jeune
et familial dans un premier temps.
«Toi t'es une go donc tu peux pas faire de rap, c'est
sûre que t'as jamais côtoyé la misère. Ouais c'est
possible, mais toi tu parles bien de vendre de la drogue alors que tu n'as
jamais visser» (Tous à table, Leys)27.
Le public peut-il réellement être prêt
à accueillir un nouvel artiste ? Bien que certaines époques et
contextes sociaux-politiques soient propices au développement de
certains artistes, la réussite d'un artiste est avant tout basée
sur son talent et son travail. Le marketing peut changer la donne, selon
l'image qu'on donne à l'artiste. L'industrie est responsable de
l'invisibilisation des rappeuses. Dans une période aussi fructueuse pour
le rap en France, qui est devenu la nouvelle pop28, il n'y a pas
d'excuses pour aussi peu de parité dans l'offre présentée
au public. La prise de risque fait partie du métier, et le public finira
par reconnaître la qualité si on la présente comme telle.
Aussi, il est possible qu'on cible le mauvais public, car une partie est
invisibilisée..
27 Extrait du morceau Tous à table de
la rappeuse Leys, 2020
28 Phrase notamment reprise par Chilla ou Franck
Gastambide en interview, difficile de savoir qui en est à l'origine
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Peut-être que les rappeuses attirent un public qui a
dû mal à se reconnaître dans l'offre rap que l'on a
l'habitude d'écouter ?
c - Un public invisibilisé
Paulo Higgins s'intéresse aux difficultés pour
les femmes et les personnes queers à se qualifier d'amateur·ice du
genre hip-hop dans sa note de recherche Femmes et Queers : des publics
subalternes et cachés du rap français ? Pour constituer un
public, un groupe doit non seulement savoir qu'il en est un mais aussi pouvoir
réaliser des actions et émettre des critiques sur les
critères définissant les pratiques d'amateurs du genre. Se
définir comme amateur et faire partie d'un public permet d'appartenir et
de se distinguer. La musique écoutée ou pratiquée permet
de s'identifier à un groupe, à une classe sociale et joue un
rôle social chez l'individu. Stéphanie Montero a
enquêté sur les publics rap à la fin des années
2000, et mis en avant un phénomène de hiérarchisation des
pratiques du public rap, qui illégitime un certain type de public. Le
rap est associé depuis les années 1990 à la figure du
jeune de banlieue (selon le sociologue Karim Hammou). Dans les années
2000, cette image est amplifiée et transformée par les
médias, en associant le jeune de banlieue à une figure sexiste et
homophobe, donnant ainsi cette direction à l'image publique du rap. Si
l'image public du rap est un milieu masculin, sexiste et homophobe, alors il
est logiquement impensable que les personnes s'identifiants comme femme ou
queers (toute personne sortant des normes cishétérosexuelle),
puissent être amateur·ice de rap. Je parle ici d'amateurisme comme
étant plus que de la consommation. La pratique culturelle d'un amateur
tient un rôle important dans sa vie. Il y a une certaine forme de
connaissances, liée à un intérêt fort pour ce style
musical et donc une «légitimité» à
émettre des avis et critiques. Ceci peut expliquer la réflexion
que m'a faite Mekolo Biligui lors de son interview : «Les femmes sont bien
présentes dans l'écoute du rap mais ne s'expriment pas beaucoup.
On les voit en concerts mais ce ne sont pas elles qui donnent leur avis sur les
réseaux». On a vu dans la première partie que le
public rap est autant féminin que masculin. Pourtant, on a l'impression
que le public masculin drive les goûts musicaux, surtout dans le rap. En
réalité, les femmes et les personnes queers ont plus de mal
à se reconnaître comme amatrices de rap. La faible présence
de femmes dans l'industrie à des postes de décisions, sur des
plateaux radios ou TV pour s'exprimer dans des débats à propos du
rap y est pour quelque chose. La présence sur les concerts de rap est
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également plus difficile pour les femmes et personnes
queers. En effet, de nombreux témoignages de violence envers des
personnes queers et d'agressions sexuelles envers des femmes existent. La
sécurité est un critère plus important pour ces personnes
que pour les hommes cishétéros pour se rendre à des
événements musicaux. Elles se sentent plus à l'aise
d'aller dans des événements spécialement féminins
ou LBGTQ+, ou encore pour voir des artistes eux-mêmes queers et
engagés féministes.
Comme vu dans la première partie, il y a autant de
femmes que d'hommes qui consomment du rap, le public féminin est juste
invisibilisé car il s'exprime moins aisément. En
réalité, les femmes et les queers constituent une part de
marché non négligeable pour l'industrie musicale. On a
remarqué qu'une rappeuse attire un public plus diversifié,
d'homme, de femme et de queers.
Pour cibler le public de l'artiste, énorméments
de critères existent (style musical, thèmes abordés,
âge, image...). Il y a autant de cas que d'artistes, je ne fais donc pas
de généralités. On sait par exemple, que les femmes
constituent une cible essentielle de l'industrie musicale, beaucoup d'artistes
l'ont compris. Un rappeur comme Hatik cible un public visiblement plus
féminin. Une rappeuse comme Soumeya est écoutée par 60%
d'hommes29. De plus, les femmes rapportent plus, dans le sens
où elles achètent plus facilement des places de concerts ou des
albums, et qu'elles viennent plus souvent en groupe sur les
événements. «Les femmes sont majoritaires dans la plupart
des autres équipements culturels : théâtres, spectacles de
danse ou de cirque, concerts de musique classique mais aussi musées et
lieux d'exposition» (Olivier Donnat, féminisation des pratiques
culturelles)30. Selon une étude du ministère de
la culture, en juin 2005, 41% des filles de 15/24 ans se sont rendues en
concert contre 28% des garçons. Le problème est que le public
féminin est souvent associé au mainstream et à quelque
chose de «moins bien». Un rappeur comme Hatik va probablement
être «illégitimé» par les amateurs de rap. Au
contraire, un artiste de rap qui a un public plus masculin sera
considéré par les amateurs comme plus qualitatif. Les public
queers, eux, sont simplement dissociés du rap, on ne s'attend pas
à les trouver dans les publics rap, ils sont donc parfois oubliés
des stratégies marketing. Tout ça est lié à
l'association du rap au sexisme, à l'homophobie et à la
transphobie, ce qui illégitime et
29 Voir La Récré, Les femmes
ont-elles leur place dans le rap ?
30 DONNAT Olivier, Féminisation des pratiques
culturelles, 2005
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invisibilise les femmes et les queers des publics rap et
à l'inverse donne de la légitimité à la critique
émise par les publics masculins.
Quand on parle de public il faut aussi différencier le
public mainstream et de niche. Un artiste à succès n'est pas,
comme on le pense souvent, un artiste qui touche le grand public. Les rappeuses
ont pour l'instant un public dit de «niche», c'est pourquoi on a
parfois l'impression qu'elles ne sont pas suivies, ou qu'elles n'ont pas de
succès. Celui-ci à l'avantage d'être plus fidèle
à l'artiste et de plus acheter (places de concerts, merchandising...),
que le public mainstream qui est plus volage. Il peut être attiré
grâce à un tube, mais ne pas suivre l'artiste par la suite. "Un
marché de niche permet de se concentrer sur un marché très
étroit et de cibler une clientèle précise tout en
améliorant ses marges grâce à la faible concurrence»
(dictionnaire du marketing). Un artiste peut très bien vivre en
s'entourant de sa niche, et viser des tubes plus populaires par la suite si
c'est ce qu'il souhaite. «On a trop cette image du succès comme
étant grand public. Un artiste qui ne passe pas sur des médias
mainstream peut très bien vivre et remplir des zéniths.»
(Josué Bananier, interview complète en annexe).
Finalement, les enjeux des femmes dans le rap
s'intègrent dans un fond de sexisme propre à la
société française en général. Les
mécanismes d'invisibilisations et de reconnaissance des rappeuses sont
les mêmes que dans la plupart des domaines. On peut ajouter à cela
la particularité du métier d'artiste qui présente une plus
grande exposition, ainsi que des stéréotypes qui touchent la
musique rap. Si l'industrie musicale est liée au public et à ses
goûts, elle a aussi un pouvoir d'influence sur ce public. Ainsi, une
certaine responsabilité des projets qu'elle décide de produire et
présenter.
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CHAPITRE 3 : LES SOLUTIONS À METTRE EN PLACE POUR
AIDER LES RAPPEUSES À SE POPULARISER EN FRANCE
On a abordé dans le chapitre deux, les freins qui
empêchent les rappeuses de s'imposer dans le rap français. Si ces
freins sont nombreux et profondément ancrés dans notre
société, je pense que nous avons le moyen de faire bouger les
choses au sein de notre industrie, en mettant en place des actions simples. De
plus, les nouveaux outils digitaux destinés aux artistes
indépendants sont un enjeu à saisir pour rendre la proposition
musicale plus inclusive. La musique est importante dans une culture, de ce fait
l'industrie musicale a une responsabilité sur le public et la
visibilité qu'il donne aux femmes.
Tout ce que je vais présenter dans cette partie
relève de la préconisation, et est basé sur les
témoignages des professionnels du milieu et mes observations sur le
terrain.
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