WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La place des rappeuses dans l'industrie musicale française


par Léa Piacentini
ISCPA - Bachelor de Production de projets artistiques 2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3/ Un manque de prise de risque de la part de l'industrie musicale

Être signé en label est une étape importante dans la carrière d'un artiste. Avoir un label est souvent l'assurance d'un certain revenu et de moyens de productions plus larges pour leurs projets. Le principe d'artiste indépendant a pris beaucoup de place aujourd'hui. Si de plus en plus d'artistes se tournent vers l'autoproduction pour garder un maximum de liberté créative, il ne faut pas oublier qu'un artiste ne réussit jamais seul. Avoir un entourage professionnel et une structuration est essentiel. La plupart signent toujours en label mais des contrats moins contraignants que le mythique contrat d'artiste. Se construire cet entourage professionnel, manager, label, distributeur, bookeur etc... Peut s'avérer être une véritable épreuve. Pour un artiste, il est extrêmement important de s'informer un maximum sur le fonctionnement de l'industrie musicale avant de se lancer pour préserver leurs intérêts, leur liberté créative et ne pas tomber sur des personnes malveillantes. L'accès à l'information et à l'accompagnement étant compliqué, les artistes ne savent souvent pas comment rencontrer des interlocuteurs qui pourront les aider à développer leur projet.

Pour les entreprises, signer des rappeuses représente une «prise de risque». Quand je l'ai interrogé sur la question, Gauthier Benoit, fondateur du tremplin féminin Rappeuz, m'a répondu qu'en France on a tendance à s'enfermer dans un style qui marche. Il y a une vraie peur de la prise de risque. Signer un rappeur constitue moins un risque que signer une rappeuse, car il aura

23 Voir interview complète d'Ekloz en annexe

31

plus de potentiel de vente. On sait comment les marketer par coeur, le public est toujours ouvert à de nouveaux rappeurs. Une rappeuse serait moins bien accueillie par le public selon eux. Ces labels misent sur des projets qui rapportent plus. La crise du COVID n'arrange pas les choses, les sociétés de production qui ont beaucoup souffert s'aventurent moins avec de nouveaux profils.

Ce n'est pas un secret qu'on est plus exigeants avec les femmes. «On signe souvent les rappeuses quand elles ont déjà un public ou qu'elles sont vraiment excellentes» (Mekolo Biligui). On peut pointer du doigt les Directeurs artistiques, dont le métier est de chercher de nouveaux talents pour les signer en label. Ces révélateurs de talents sont en première ligne pour repérer les artistes de demain, mais ils semblent passer à côté des centaines de rappeuses qui se lancent.

Parfois, on les pousse à faire des sons plus pop car plus vendables, plus grands publics. On attend d'une femme qu'elle chante, pas qu'elle kicke. Ce problème vient aussi du fait que la plupart des postes à responsabilité dans l'industrie musicale sont occupés par des hommes. En effet, le sociologue Karim Hammou a recensé 13% de directrices et de gérantes dans les sociétés d'enregistrement sonore et d'édition musicale dont le chiffre d'affaires est supérieur à 10 millions d'euros par an. Les projets développés par ces artistes passent donc toujours par une validation masculine avant d'être sortis. «Ça les emmerde parce qu'ils ne s'attendent pas toujours à ce qu'une petite meuf qui rappe connaisse un peu son sujet et les mettent face à leurs propres limites Tu te rends compte qu'on ne te prend pas vraiment au sérieux» (Pumpkine, rappeuse).

Josué Bananier rappelle que c'est avant tout une industrie. Du point de vue d'un chef d'entreprise, les entreprises doivent avant tout assurer leurs rémunérations, elles prennent donc le moins de risques possibles, elles ne se lanceront donc pas si le public ne suit pas. Il ne faut pas attendre un label pour se développer et se construire un public. «Depuis la crise du disque, les rémunérations sont plus compliquées. Les grands labels ne font pas du développement d'artistes comme avant. Le travail est fait par les artistes eux-mêmes ou des labels indés. Si ça marche, les majors arrivent et signent derrière. Je ne peux pas blâmer l'industrie à 100%. Par contre, il faut avoir plus de personnes en interne qui ont l'envie de faire monter la scène des rappeuses.»24

24 Voir l'interview complète de Josué Bananier en annexe

32

Pour certains, le public n'est pas prêt à suivre des rappeuses. Pour d'autres, c'est une excuse des labels qui ne veulent pas les produire. Alors le public est-il réticent à écouter des rappeuses ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius