L'importance de la relation à l'institution dans la professionnalisation des AUESH: l'AESH référent un acteur essentielpar Marilyne Louis Université de Bourgogne - Master sciences de l'éducation - Parcours expertise économique et sociale des systèmes éducatifs 2023 |
4. Pour aller plus loin:La professionnalisation des AESH implique aussi l'émergence d'un groupe professionnel avec ses propres codes et modes de relation. L'enquête nous offre des informations supplémentaires à ce sujet. 68 a. En cas de difficulté ou de questionnement vers qui se tournent les AESHEn effet à la question qui contactez vous en premier, voici les réponses obtenues Pour l'académie hors département et hors PIAL : Figure 10: académie-(pial-i-département) Pour le département: Figure 11: département Pour le PIAL 69 Figure 12: Pial Dans la majeure partie des cas (sauf pour des questions d'ordre administratif) les AESH contactent leurs collègues en premier lieu. Le groupe AESH est donc existant, l'identité professionnelle peut se construire et permettre leur professionnalisation. Néanmoins il y a peu de référents contactés en première instance; l'accompagne-ment et la figure du référent comme personne ressource prend du temps à s'installer. Pour accélérer ce processus l'institution se doit de présenter la mission du référent que se soit aux AESH expérimentées où à chaque nouveau recrutement. b. Ce que souhaitent les AESH en matière d'accompagnementL'analyse catégorielle des réponses (annexe 11) à la question « Pour vous, qu'est-ce que l'AESH référent peut faire pour améliorer son accompagnement? » a permis de quantifier certaines occurrences pour hiérarchiser les demandes des AESH. Au total 343 AESH ont répondu à cette question. Nous avons regroupé les résultats dans un tableau: Pour 18 %, ils demandent plus de rencontres entre AESH, d'ateliers d'échange de pratiques, 14,3 % demandent plus de disponibilité du référent et 9,7 % le trouve absent ou demande qu'il se fasse connaître. 70
* 11 % des phrases sont très négatives voire virulentes au sujet du référent; les termes « petit chef », « supérieur », « inutile », « flicage », « malhonnête », et « copinage » reviennent régulièrement. exemple : « inutile.inexistant. et pour entendre une aesh référent qui travaille dans le même établissement, elle de plus ne fait rien.de la poudre aux yeux! C'est pas avec ces recrutements que les aesh passeront pour des professionnels. » ** Nous avons relevé 10 % de réponses très positives (où tout va très bien il n'y a rien à faire de plus).exemple : « Le mien pas grand chose ..car elle est super, disponible, bienveillante , répond et apporte autant d'outils qu'elle peut et qu'elle à à sa disposition. » La récurrence de la demande de temps d'échange de pratiques pose un problème organisationnel au référent nous l'avons vu précédemment. Auparavant ces ateliers existaient dans les programmes de formation obligatoire au rythme de minimum deux par ans. Ils étaient organisés et animés par l'ERS, avec la présence de la conseillère d'orientation et psychologue du secteur (COPSY). D'autre part les AESH souhaiteraient des formations moins générales, plus spécifiques à leur type d'accompagnement (niveau, type de trouble...). 71 Les 9,7 % qui le trouvent absent et pensent qu'il doit se faire connaître témoignent aussi de la difficulté pour le référent à contacter les AESH. Ce qui peut être ressenti par les AESH comme un acte volontaire de déni peut venir parfois de l'incapacité matérielle du référent à les joindre. Il faut noter que nous avons relié les réponses très négatives à l'existence de contact avec le référent sur les données « contact de l'AESH » et « rencontre avec le référent ». Systématiquement (sauf pour 2 réponses, correspondant aussi à un contact désagréable) il n'y a eu aucune rencontre ou contact entre les deux.
La démarche nous a permis d'établir que la communication AESH-Institution est un élément déterminant dans la professionnalisation des AESH. Dans cette communication aux AESH que ce soit dans les échanges ou dans l'apport d'outils et de ressources, l'institution doit porter une attention particulière à la forme qu'elle y met. Privilégier des échanges agréables et courtois, permettre une acquisition d'informations nécessaires à l'activité, donner des informations très claires sur la profession, sont des vecteurs de reconnaissance pour les AESH. Ils pourront ainsi avoir des repères fiables pour construire leur identité professionnelle. L'AESH référent a besoin d'un cadre plus explicite de ses missions, et celles-ci nécessitent d'être clairement présentées à la communauté des AESH. Une formation pour le référent sur les notions d'accompagnement individuel et collectif serait un plus. De plus l'accès à un répertoire exact et régulièrement mis à jour des AESH est indispensable à la communication. Programmer des échanges entre référents permettrait aussi plus facilement la diffusion d'outils. Concernant les temps d'échanges de pratiques, s'ils étaient organisés et proposés par le pilotage du PIAL (avec le soutien du référent) nous pensons que les AESH seraient plus enclins à y participer. 72 La nécessité d'une formation pour les AESH avant la prise de poste est indispensable. Peut-être en attendant l'organisation de celle-ci, la possibilité d'une ou deux journées d'immersion pour les nouvelles recrues auprès d'un AESH expérimenté serait bénéfique. Au sujet de l'adaptation des évaluations et des documents, la transmissions d'outils aux enseignants sera une aide précieuse; le rappel de cette nécessité à la rentrée par les chefs d'établissements peut aussi influencer l'enseignant. Mais nous sommes conscients du fait que si l'école inclusive est dans les axes de politiques éducatives du ministère elle doit aussi entrer dans la formation initiale des enseignants. Pour finir nous mentionnons le fait que toutes les disparités existantes à l'échelle de l'état dans la gestion des AESH qu'elles soient administratives, humaines ou professionnelles, sont un frein à leur professionnalisation. 73 |
|