II. CADRE THEORIQUE
II. 1. La théorie
humaniste de l'éducation
Cette théorie est fondée sur les idées
selon lesquelles la nature humaine est fondamentalement bonne. Chaque individu
est unique, tous les êtres humains sont nés égaux et les
inégalités qui surviennent ensuite sont le produit des
circonstances.
Emile Durkheim, un des défenseurs de cette
théorie pense que l'éducation est ce par quoi l'individu devient
un être social. En citant Kant (1989 : 42), il précise
que« le but de l'éducation est de développer dans
chaque individu toute la perfection dont il est
perfectible ». Dans le même sens, James Mill toujours
cité par Durkheim (1989) affirme que « l'éducation
a pour but de faire de l'individu un instrument de bonheur pour lui-même
et pour ses semblables. » Sans éducation, l'individu ne
peut acquérir le statut d'homme. « L'homme, en effet, n'est
homme que parce qu'il vit en société » (op.cit).
Durkheim dans Education et sociologie (1989 : 51) pense
que
« Chaque société,
considérée à un moment déterminé de son
développement, à un système d'éducation qui
s'impose aux individus ». Chaque société se fixe un
certain idéal de l'homme, de ce qu'il doit être du point de vue
intellectuel, physique et moral. La société ne peut vivre que
s'il existe entre ses membres une suffisante homogénéité
en fixant à l'avance dans l'âme de l'enfant des appartements
fondamentaux qu'exige la vie collective ».
Il résulte de ce qui précède que
l'éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune
génération. Cette socialisation s'opère dès la
naissance, au sein de la famille certes, mais c'est à l'école
qu'elle est systématisée et opérationnalisée de
sorte que celle-ci devienne le lieu central de continuité sociale
lorsqu'il s'agit de la transmission des valeurs, des normes et des savoirs.
D'autres auteurs ont également abordé la
théorie humanisant de l'école. Il s'agit notamment de John Dewey
(1990 : 16) qui, dans Démocratie et éducation, essaye
de montrer le rôle capital que joue l'école dans la
société. Il souligne que
« L'école est en premier lieu une institution
sociale. L'éducation étant un processus social, l'école
est simplement cette forme communautaire dans laquelle sont concentrés
tous les moyens d'action qui seront les plus efficaces pour amener l'enfant
à tirer profit des biens hérités de la race et à
employer ses propres capacités à des fins
sociales ».
Pour les auteurs de la théorie humaniste,
l'école a une fonction sociale très importante. Elle favorise
l'égalité des chances pour tous en apportant des corrections aux
inégalités sociales existantes. L'école reste donc
à la base de la mobilité sociale. Cette école
d'après ces théories doit être gratuite pour permettre
à tous d'y accéder et de pouvoir bénéficier de
toutes les vertus qu'elle y incarne.
- La qualité dans la tradition humaniste
La notion de qualité de l'éducation est au
centre des préoccupations de la théorie humaniste. Elle met un
accent sur les programmes d'enseignement. Ainsi, les programmes d'enseignement
standardisés, prescrits, définis ou contrôlé de
l'extérieur doivent être « bannis » selon
l'expression du rapport de l'UNESCO (2005) car ils sont
considérés comme « nuisant » aux
possibilités pour les apprenants, de construire leurs propres
interprétations et, pour les programmes d'éducation, de rester
à l'écoute des situations et des besoins individuels des
apprenants. Le rôle de l'évaluation est de donner aux apprenants
des informations et des avis sur la qualité de leur apprentissage
individuel. Ici, l'autoévaluation et l'évaluation par les pairs
sont bienvenues en tant que moyens de favoriser une prise de conscience plus
profonde de l'apprentissage.
Le rôle de l'enseignant est davantage celui d'un
facilitateur que celui d'un instructeur.
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