2.1.4.2 David Ricardo
Selon David Ricardo, « l'impôt est cette
portion du produit de la terre et de l'industrie d'un pays, qu'on met à
la disposition du gouvernement. En définitive, cette portion est
toujours payée par le capital ou le revenu de la
nation. » (David Ricardo, du principe de
l'économie politique et de l'impôt, 1817, p.97)
Lorsque la consommation du gouvernement, augmentée par
la levée de nouveaux impôts, est suivie, soit d'une augmentation
de production, soit d'une consommation moins forte de la part de la nation,
l'impôt ne frappe que le revenu, et le capital national reste intact ;
mais s'il n'y a ni augmentation de production ni diminution de consommation
dans la nation, l'impôt atteint nécessairement le capital.
À mesure que le capital d'un pays diminue, ses
productions diminuent parallèlement, et, par conséquent, si le
gouvernement et la nation continuent à faire les mêmes
dépenses pendant que la production annuelle décroît, les
ressources du peuple et de l`État déclineront avec une
rapidité toujours croissante, et la misère, la ruine en seront
les suites inévitables.
Il cite en exemple le gouvernement anglais qui a fait
d'énormes dépenses pendant les vingt années
antérieures sur leur capital national, mais que l'augmentation de leur
production nationale a plus que compensées. Non-seulement leur capital
national est resté intact, mais encore il s'est accru de beaucoup, et le
revenu annuel du peuple, même après avoir payé les
impôts, est peut-être plus considérable en ce temps qu'il ne
l'a jamais été à aucune époque antérieure de
leur histoire.
Et cependant, continue Ricardo, il faut reconnaître que
sans les prélèvements de l`impôt cet accroissement de
richesse eût été bien plus rapide. Il est peu de taxes qui
n'aient une tendance à diminuer la puissance d`accumulation
inhérente aux capitaux. Tout impôt doit nécessairement
atteindre le capital ou le revenu. S`il frappe le capital, il diminue
proportionnellement le fonds dont l'importance règle le
développement que peut recevoir l'industrie d'un pays. S`il atteint le
revenu il affaiblit l'accumulation ou force les contribuables à combler,
par l'épargne, le vide que fait l'État dans leurs ressources ; et
la consommation improductive des objets de luxe, d`agrément ou
même de première nécessité diminuera dans le pays.
Certaines taxes, plus que d'autres, sont de nature à produire cet effet
; mais les maux qui résultent d`impôts exagérés, se
révèlent moins par tels ou tels désordres partiels que par
l'influence qu'ils exercent sur l'ensemble de la fortune publique.
L'impôt n'atteint pas nécessairement le capital,
par cela seul qu'il est assis sur les capitaux, ni ne porte sur le revenu parce
qu'il est assis sur le revenu.
Le désir que tout homme ait de maintenir son rang dans
le monde, et de conserver intacte sa fortune, fait que la plupart des
impôts sont payés par le revenu, qu'ils se trouvent, d'ailleurs,
assis sur les capitaux ou sur les revenus. Par conséquent, à
mesure que les impôts augmentent, ainsi que les dépenses du
gouvernement, la dépense annuelle de la nation doit diminuer, à
moins que le peuple ne puisse augmenter son capital et son revenu dans les
mêmes proportions. Il est de l'intérêt de tout gouvernement
d`encourager cette disposition dans le peuple, et de ne jamais lever des
impôts qui atteignent inévitablement les capitaux ; car on attaque
ainsi le fonds destiné à l'entretien de l`industrie, et on
diminue par conséquent la production future du pays.
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