11.1.3 I-1-2/ LE RECOURS A LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Beaucoup d'africains adhèrent encore aux croyances
animistes basées sur une vue mystique non scientifique du monde. Ce qui
montre « combien est grande la place qu'occupe la médecine
traditionnelle dans nos sociétés où la maladie revêt
plusieurs formes d'explications. Elle n'est plus d'origine naturelle,
résultat d'un déséquilibre quelconque au niveau de
l'organisme, mais relève du mauvais sort, du mauvais esprit, du mauvais
oeil et c'est là où le processus psychique joue un rôle
important expliquant ainsi le recours au guérisseur, au marabout
traditionnel, au sorcier lors de la maladie » Touré,(1997). Il
faut souligner que la médecine traditionnelle a bien et bien
existé en Afrique avant celle moderne. Elle use toujours de son
influence sur certains patients dont la maladie est incurable ou tarde à
guérir. C'est ce que Engelhand,(1989) a remarqué en
affirmant : « une attitude de profond mimétisme
coexiste entre avec une tendance persistante à consulter le
tradipraticien. Les populations sont attachées à la
médecine traditionnelle au moins comme une institution
culturelle ».
Aussi, il est à noter que l'équivoque n'est pas
levée autour des différents praticiens de la médecine
traditionnelle (tradipraticiens, marabouts, charlatans, sorciers...). Nous
avons tendance à les mettre dans un même sac car un praticien de
la médecine traditionnelle peut faire office en même temps de
tradipraticien, de marabout, de charlatan, de sorcier...
Toutefois, une série de définitions de
médecine traditionnelle est proposée par certains experts. Tous
sont convaincus de l'existence de ces pratiques empiriques.
D'après Pichéral, (1984) la médecine
traditionnelle est «l'ensemble des formes et modes de
représentation de signification des connaissances et pratiques
explicables ou non pour diagnostiquer, prévenir ou éliminer un
déséquilibre psychique, mental ou social en s'appuyant
exclusivement sur l'expérience vécue et l'observation transmises
de génération en génération ou oralement ou
écrit».
Ces définitions portent des limites dans la mesure
où certaines pratiques de la médecine traditionnelle sont
similaires à celles de la médecine moderne. C'est le niveau de
développement qui différencie le type de soins.
La médecine moderne a toujours usé de la flore
qu'utilise la médecine traditionnelle à travers la
pharmacopée pour traiter, soigner une quelconque maladie. Mais
l'utilisation de ces plantes entre en association avec d'autres composantes
pour une meilleure efficacité.
En plus, certaines maladies sont mieux traitées par la
médecine traditionnelle que moderne. C'est pourquoi nous assistons de
plus en plus à des échanges d'idées, à une
« symbiose » entre les deux médecines. Le but
étant de trouver des remèdes meilleurs contre les maladies.
Dans notre contexte, les praticiens de la médecine
traditionnelle sont disséqués en deux groupes :
- Le tradipraticien, le marabout, charlatan : ils sont
considérés comme des personnages qui
pratiques la médecine traditionnelle. Ils utilisent
comme moyens thérapeutiques pour le marabout et les sciences occultes ou
ésotériques pour le charlatan. Ils interviennent sous la demande
du patient qui peut faire appel à leurs services à n'importe quel
moment moyennant une compensation qui la plupart est inférieure aux
coûts de prestations des soins modernes.
- Le sorcier ou le Saltigui est un personnage mystique, il est
très redouté et considéré dansle
village. Il a hérité les dons de
guérisseurs et de prédicateurs de ses ancêtres. Cette
« fonction » suit une lignée patrilinéaire
qui se transmet de père en fils depuis l'avènement du village.
Le saltigui est le défenseur du village contre les
mauvais esprits. Le recours à ce personnage se fait à une
période sauf en cas d'évènements exceptionnels.
C'est le saltigui qui dirige le « xoy »
une sorte d'appel annuel pour scruter l'avenir et parler de l'hivernage
prochain.
Ici, il impose à la population un traitement unique qui
est appliqué à tous. Exemple au début de l'hivernage,
l'eau de la première pluie est distribuée dans toutes les maisons
laquelle chaque membre s'en baignera.
Vu que la croyance de ces systèmes ancestraux demeure
si persistante, le recours à la médecine traditionnelle s'est
avéré très importante.
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