B- Au niveau politique
La résolution de la divergence politique en
matière de protection de la biodiversité notamment de la faune et
de la flore nécessite un effort commun de la communauté
internationale. Tous les pays du monde doivent avoir une politique consensuelle
pour assurer une gestion rationnelle de la faune et de la flore. Ainsi, il
faudrait mettre un terme à cette divergence politique entre les pays du
Nord et ceux du Sud en matière de protection de la
biodiversité
Pour atteindre cet objectif les pays du Nord dits pays riches
devraient modifier leurs rapports avec les pays du Tiers Monde. Cet objectif
serait atteint si les pays riches acceptent, d'une part, de supprimer les
effets néfastes de la dette et, d'autre part, de réorienter
l'aide au Tiers Monde.
Supprimer les effets néfastes de la dette, le Tiers
Monde a accumulé une dette, plus ou moins importante selon les pays,
vis-à-vis des pays capitalistes et de leurs très nombreuses
organisations financières nationales et internationales (telles que le
groupe de la Banque Mondiale). Pour nombre de pays, le poids du remboursement
de cette dette, à l'époque même où les prix des
matières premières qui constituent l'essentiel de leurs
exportations sont à un bas niveau, est devenu insupportable.
De même, il faudrait réorienter l'aide au Tiers
Monde, les dons et prêts des pays riches peuvent être
orientés vers les projets favorables à la fois à un
développement humain et à la protection de l'environnement,
notamment de la faune et de la flore151.
149 MALJEAN DUBOIS (Sandrine) et RICHARD (Vanessa), op.cit,
p.36.
150 BIDOU (Pascale Martin), Droit de
l'environnement, Paris, Vuibert, 2010, p.130.
151 MATHIEU (Jean Luc) , La protection internationale de
l'environnement, Paris, PUF, 1991, pp.13-14.
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CONLUSION
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Pour assurer la protection de sa faune et de sa flore, la
Côte d'Ivoire a ratifié la plupart des Conventions internationales
relatives en la matière, en plus de sa législation nationale.
Elle dispose de la législation la plus ancienne en matière de
protection de la nature et des ressources naturelles, inspirée de la
Convention de Londres de 1933 relative à la préservation de la
faune et de la flore à l'état naturel en Afrique.
Malgré ce cadre juridique riche et diversifié
mis en place depuis longtemps, l'Etat n'a pas atteint le seuil d'une protection
efficace des espèces animales et végétales dans la mesure
où celles-ci continuent de subir des pressions du fait du braconnage,
des feux de brousse, de la pratique agricole extensive, de l'exploitation
forestière, de la démographie et la pauvreté. En plus de
cela, cette législation comporte des textes qui sont inadaptés
car élaborés depuis l'époque coloniale, mais
également se pose aussi le problème de l'ineffectivité de
l'application des textes par les autorités compétentes. D'autres
facteurs interagissent également, tels que l'incohérence des
politiques de mise en oeuvre, le manque de moyens financiers et
matériels, et le manque de coordination entre les parties prenantes. Par
conséquent, le manque d'éducation, de formation et de
sensibilisation de la population entraine non seulement une faible conscience
écologique nationale, mais également une faible vulgarisation des
textes auprès des populations.
Par ailleurs, au niveau international on dénombre
plusieurs problèmes qui entravent la protection de la faune et de la
flore. Ces problèmes sont : la difficulté d'accès aux
ressources financières pour les pays du Tiers Monde, le problème
de coexistence entre les Conventions régionales et les Conventions
universelles, l'absence d'harmonisation des législations nationales avec
les Traités internationaux, le faible moyen financier et technique des
organisations intergouvernementales en charge de la protection de la faune et
de la flore, la divergence politique entre les pays du Nord et ceux du Sud en
matière de protection de la biodiversité.
Pour permettre une protection efficace de la faune et de la
flore en Côte d'Ivoire, la législation relative à la
protection de la faune et de la flore doit être reformée et
actualisée en tenant compte des différentes Conventions
internationales ratifiées. Les autorités compétentes
doivent appliquer les textes juridiques ainsi que les sanctions qui en
découlent en cas d'infraction. L'Etat doit mettre en place un
système national d'information et de sensibilisation afin
d'éveiller la conscience écologique nationale.
Au sein de la communauté internationale, il serait
judicieux de mettre en place un système institutionnel, financier et
politique cohérent qui prend en compte les aspirations de toutes les
parties prenantes. En revanche, les pays en développement doivent
s'acquitter de
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leurs contributions et quotes-parts au sein des
différentes organisations intergouvernementales environnementales pour
être éligibles aux différents financements
internationaux.
Pour terminer, soulignons que les textes juridiques
recensés et analysés montrent l'existence d'une
législation riche et diversifiée, son contenu a toujours un sens,
sous réserve d'une actualisation indispensable. La perte de la faune et
de la flore n'est pas une fatalité. Le cadre juridique de leur gestion
n'est pas une simple appréhension matérialisée sur le
papier. Une certaine conscience de l'importance des ressources fauniques, tant
d'un point de vue patrimonial qu'économique, pourrait être
l'occasion d'un nouveau départ dans un processus de protection qui
partage avec la vie même d'être en permanence ininterrompu. Par
ailleurs, dans un monde subjugué par le trafic des espèces
animales et végétales, atteindre le seuil d'une protection
juridique efficace est un combat de longue haleine mais, il est primordial
d'assurer la protection de ces espèces, car elles jouent un rôle
écologique important pour la survie de l'humanité et de son
environnement.
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