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La gestion des déchets biomédicaux dans le district sanitaire de Bogodogo: cas de l'hôpital du district


par Théophile 2e Jumeau KABRE
Université Joseph Ki-Zerbo - Mémoire de Maîtrise en géographie 2013
  

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4.2. Les risques sanitaires liés à la gestion des DBM 4.2.1. Les risques pour le personnel de gestion des DBM

Nous entendons par risque sanitaire, le contact possible avec le déchet entraînant une contamination sanitaire potentielle. Les risques sanitaires, liés à la gestion inappropriée des DBM à l'hôpital du district de Bogodogo, concernent globalement les blessures accidentelles du personnel de soins. Les intoxications aiguës, les infections et les nuisances guettent le personnel d'entretien et de nettoyage. C'est le cas par exemple des odeurs nauséabondes dues au manque d'équipements de protection et à la longue durée de stockage des déchets au niveau de l'incinérateur De Montfort. Pour ce qui concerne les infections, nous avons identifié trois catégories. Il s'agit :

? des maladies virales telles que le HIV/SIDA. Sont principalement exposés à ces pathologies le personnel de soins, les gardes-malade, le personnel d'entretien et de nettoyage, et les ouvriers de l'hôpital en construction;

? des maladies microbiennes ou bactériennes telles que la tuberculose, la fièvre typhoïde ;

? des maladies parasitaires telles que la dysenterie, les ascaris et les infections nosocomiales.

Certains déchets biomédicaux solides tels que les boîtes de sécurité contenant les objets piquants et coupants sont stockés à plusieurs endroits de l'hôpital sans aucune sécurité.

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D'abord entassés autour de l'incinérateur, nous les retrouvons dans la cour de la morgue. Certaines boîtes de sécurité, étant rongées par les termites, laissent les seringues éparpillés sur le sol. Pourtant, nous retrouvons également à ces endroits et autour du dépôt sauvage, des excrétas humains, preuve que des gens y entrent pour faire leurs besoins et plus particulièrement les ouvriers qui travaillent au niveau de la construction du nouveau hôpital. Ce qui les expose à un risque décontamination et surtout aux accidents par piqûre d'aiguilles et autres objets tranchants.

? Les risques pour la population

De façon globale, la population du district sanitaire de l'hôpital est doublement exposée aussi bien par les DBM déversés dans le dépotoir sauvage que par les comportements à risques. Les risques de blessures sont fortement accrus, notamment avec les aiguilles qui traînent au sol au niveau du dépotoir De Montfort et à l'intérieur de la Morgue.

Un autre type d'impact concerne la contamination potentielle de la chaîne alimentaire. En effet, le niveau d'ignorance des manipulateurs de déchets à la source ainsi que l'inadéquation et la faiblesse des équipements de stockage, de collecte et de disposition de déchets sanitaires se traduisent par un mélange des déchets sanitaires avec les autres déchets courants moins nocifs notamment au niveau du dépôt sauvage très fréquenté par les animaux domestiques ou sauvages (chats, souris) en quête de nourriture, les oiseaux et les insectes. Cette situation peut entraîner une propagation potentielle de maladies et de contaminants chimiques à travers la chaîne alimentaire. De la même manière, les vents de poussière et l'eau de ruissellement peuvent propager des germes pathogènes et les aiguilles provenant du dépotoir.

En outre, le stockage à l'air libre des déchets biomédicaux et leur incinération constituent une source de pollutions environnementale et atmosphérique. C'est de toute évidence la source la plus polluante pour l'air en raison des émanations de gaz et de particules contenant des substances hautement toxiques. La combustion des déchets sanitaires à l'air libre entraîne des émissions riches en acide chlorhydrique, en azote et en oxyde de soufre ainsi que des émissions de particules contenant des substances organochlorées telles que d'autres gaz cancérigènes comme les chlorobenzènes.

En résumé, les risques sur l'environnement biophysique sont d'ordre divers et concernent la pollution de l'air et les incommodités provoquées par la combustion des déchets à ciel ouvert, ainsi que par les fumées des incinérateurs, la contribution à la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines par les eaux de lixiviation des décharges. Les excrétas renferment des

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micro-organismes pathogènes vecteurs de nombreuses maladies telles que la fièvre typhoïde, les dysenteries, le paludisme, les parasitoses, la tuberculose. Le schéma suivant montre les voies de transmission des agents pathogènes présents dans les excrétas (cf. Figure 4, page 60).

Figure 4 : Les voies de transmission d'agents pathogènes à l'homme

Loisir

Aliments

Agriculture

Eaux souterraines

Agents pathogènes

Mains

Déchets solides

Mouches

Eaux de surface

Sols

Réserve d'eau de Boisson

Transmission à l'homme

Source : KANKOUDRI, 1995-1996

Les agents pathogènes peuvent contaminer les aliments à travers les mains, les insectes (mouches), les déchets. Les eaux de surface sont contaminées par les déchets entreposés à l'état sauvage et contamine à leur tour les eaux souterraines. Certains déchets utilisés comme humus dans les champs peuvent s'infiltrer et contaminer également la nappe souterraine ; celle-ci constitue une source d'eau potable dans certains endroits, particulièrement en milieu rural (puits, pompes, ...). Les germes sont ainsi transmis à l'homme à travers l'eau de boisson.

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4.3. L'itinéraire des DBM solides

Le chemin suivi par les DBM depuis leurs lieux de production jusqu'à leur lieu de destruction a une très grande influence dans les possibles contacts avec les déchets dans la mesure où la brouette utilisée à l'hôpital du district pour le transport est très petite. Ceci est une source de morbidité importante particulièrement pour le personnel en charge de l'acheminement. C'est pour cette raison que ZONGO, 2009 dans son mémoire de fin de cycle, estime que les déchets de soins produits dans les établissements de soins doivent suivre un itinéraire approprié et bien identifié. Son hypothèse est soutenue par TRAORE, 2010 dans sa thèse de doctorat d'État, elle affirme que la mauvaise gestion des DBM laisse la possibilité de récupérer le matériel médical jetable.

Pour tenter de matérialiser ces itinéraires nous nous sommes appuyés sur l'outil GPS et sur les travaux réalisés par des géographes sur les déplacements des piétons (BONNET, 2008 ; MAIGNANT, DUTOZIA, 2010) que nous avons adaptés à notre problématique. Il s'agissait de mettre en évidence, les lieux potentiels de contact entre les déchets et les malades, les accompagnants ou les visiteurs.

Le service du Bloc opératoire comporte deux salles d'opération, une salle de réveil, une salle de stérilisation, deux salles de garde et le cabinet du major. Chaque salle d'opération comporte deux poubelles de pré-collecte à pédales, une poubelle contenant un sachet-poubelle, deux à trois boîtes de sécurité, un vidoir. Des poubelles sont également disposées dans le cabinet du major, dans la salle de stérilisation et dans une des salles de garde. Le nombre d'agents de santé affectés à ce service est de 39, toutes catégories confondues. En 2011, le bloc opératoire a effectué 1374 interventions ; ce qui équivaut à environ quatre interventions par jour (enquête de terrain, juillet 2012). Lors de chaque intervention, les déchets sont triés à la source à l'aide des récipients suscités. A la fin des interventions, les garçons et les filles de salle vident les poubelles de pré-collecte dans les fûts situés à l'entrée de chaque service. Les déchets anatomiques sont contenus dans des sacs-poubelles de couleur noire, parfois bleu-claire. Les déchets souillés par le sang et les déchets courants sont simplement vidés dans les poubelles de collecte et mélangés aux ordures ménagères.

Le bâtiment de la pédiatrie est composé d'un cabinet du major, d'une salle de soins et de quatre salles d'hospitalisation. La salle de soins dispose des poubelles de pré-collecte et le cabinet du major d'un panier pour ordures ménagères. Ce service totalise 42 agents composés entre autres de Sages-Femmes et de Maïeuticiens d'État, d'infirmiers, de médecins

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gynécologues. Les déchets des salles d'hospitalisation sont surtout produits et collectés lors de chaque visite médicale. La table roulante de visite des médecins comporte une poubelle qui est constamment vidée par les stagiaires dans les récipients de collecte stationnés devant les salles et au moins une boîte de sécurité.

Il n'y a pas d'itinéraire prédéfini pour le transport des DBM, car toutes les poubelles ne sont pas vidées tous les jours. En effet, les récipients de collecte de déchets disposés au niveau des services administratifs ne comportent le plus souvent que des ordures ménagères et ne se remplissent pas vite ils sont donc vidés une fois tous les deux ou trois jours. Par contre, les poubelles de collecte stationnées devant les unités médicales sont vidées chaque matin par le préposé à l'incinérateur (cf. Carte 3, page 63).

L'hôpital du district de Bogodogo reçoit chaque année un nombre important de patients. Ces derniers viennent pour des examens (Radiographie, Échographie, examen de sang, examen de selles), pour des consultations ou pour des soins. Parmi tous les services de l'hôpital du district, le service des Urgences est le premier à recevoir plus de patients. C'est dans ce service que les ambulances amènent les blessés accidentels ou les malades graves qui ont été référés des CSPS, des centres médicaux ou des cabinets privés. Ce service reçoit également les patients qui viennent directement pour des consultations tout en accordant la priorité aux malades référés. Après les premières visites et les premiers soins, les malades sont transférés à la pédiatrie pour les enfants, au service d'hospitalisation chirurgicale pour les blessés ou médecine pour les malades. Les femmes enceintes sont transférées à la maternité qui constitue le second service en quantité de patients reçus. Le service de la maternité est constitué de la salle d'accouchement, de la Santé Maternelle et Infantile (SMI), du service Poste-opéré. C'est à la salle d'accouchement que se font les accouchements, les consultations prénatales (CPN) et les consultations gynécologiques. Les femmes enceintes qui ont des complications nécessitant des interventions chirurgicales sont soit transférées au bloc opératoire, soit référées au Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). Le service postopératoire s'occupe des femmes qui ont eu des complications après un accouchement par césarienne. Les nouveau-nés qui sont atteints d'une quelconque maladie nécessitant un suivi médical, sont transférés à la pédiatrie. Les examens de sang, de selles et autres sont effectués au laboratoire et, les radiographies et échographies au service de l'imagerie médicale. Les différentes unités de soins sont munies de bancs où les patients s'assoient pendant les heures de service tandis que les accompagnants et les visiteurs occupent les hangars.

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Nous avons constaté lors de notre enquête que les déplacements des piétons dominent ceux des véhicules et des motocyclettes car l'accès de ces derniers à l'intérieur de l'hôpital était réservé soit au personnel, soit aux cas d'urgences. En ce qui concerne les véhicules, il s'agit principalement des ambulances de l'hôpital du district ou des autres formations sanitaires, ou encore des taxis qui viennent déposer les malades au niveau du service des urgences ou en hospitalisation chirurgicale/médecine. Les motocyclistes déposent certains malades au laboratoire, au service d'imagerie médicale ou en chirurgie. Les engins du personnel médical et la majorité de leurs véhicules sont garés au niveau du parking du personnel. Cependant, certains responsables de service déposent leur véhicule à côté de leurs cabinets (le centre de dépistage volontaire, la salle d'accouchement, les cabinets de consultation). Les piétons vont dans tous les services et ils empruntent toutes les pistes.

Dans l'ensemble, les mouvements des patients et des visiteurs au sein de l'hôpital se font selon des itinéraires différents d'un individu à l'autre. Malgré l'existence des couloirs à sol pavé ou terrassé, certains piétons, pour se rendre dans les différents services de l'hôpital, privilégient le chemin le plus court en temps mais avec un risque élevé de contact et d'exposition aux odeurs nauséabondes tandis que les automobilistes et les motocyclistes choisissent un chemin mieux praticable. Les piétons passent le plus souvent à proximité des poubelles autour desquelles sont entreposés certains déchets.

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20 0 20 40 m

Trajet des déchets

1er parcours

X( Incinérateur

s Poubelle de collecte

Limite de l'hôpital

2eme parcours

Trajet des boîtes de sécurité

Dépotoir

Parking

Kioque

Hangar

Bâtiment administratif

Unité de soins

3eme parcours

Toilette

Conteneur

Source: Fond de carte, Google Earth; données personnelles Réalisation : KABRE T. Décembre 2012

Dépôt

pharmaceutique

5H30

s

Administration

s

ORL

s

Guérite

Cardiologie

s

s

Salle de réunion

s

s

Caisse

s

Ophtalmologie

s

Dépôt répartiteur Maternité

Pharmacie

s

Imagerie médicale

s

Bloc opératoire

s s

s

Centre de dépistage

s

Laboratoire s

s

s

Kiosque

s

SMI

s

Post-opéré

s

s

s s

Cuisine

Médecine

s

4H00

s

Salle de consultation

s

s s

Centre jeunes

Buanderie

s

s s s s s

4H40

s

Entrepôt

Magasin Morgue

6H15

s

Pédiatrie

Dépôt sauvage

Incinérateur

N

(X(X (X

4H30

5H20

CARTE 3 : L'ITINERAIRE DE DBM AU SEIN DE L'HOPITAL DU DISTRICT DE BOGODOGO

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La matérialisation des itinéraires de collecte des déchets montre les efforts évidents des responsables de l'hôpital et de la société de collecte de maintenir un contact le plus limité possible entre individu et déchets (carte 3, page 64). En effet, les heures indiquent une collecte effectuée tôt le matin avant l'arrivée des patients et des visiteurs et permettant au personnel d'entamer une journée de travail avec des récipients de collecte vidés. Même si les itinéraires peuvent varier au cours de la semaine en raison d'une collecte moins régulière des déchets produits par les services administratifs (et par définition sans conséquences sanitaires), les déchets contenus dans les poubelles disposées dans les unités médicales sont vidées chaque matin.

La division du circuit de ramassage en trois passages est imposée par le matériel de transport des déchets : une brouette de faible capacité de rétention. Ce moyen peu conventionnel a conduit à définir des itinéraires qui semblent davantage imposés par la disposition des bâtiments que l'organisation fonctionnelle du site, ou le type de déchets produits. En effet, le tracé, matérialisé en vert sur la carte, collecte les déchets des salles de consultation, des services de chirurgie, de médecine, de pédiatrie, puis collecte le contenu des poubelles de la cuisine pour se diriger ensuite en maternité avant de rejoindre sa destination finale. Or, on l'imagine aisément, les déchets collectés ne sont pas de même nature mais, compte tenu de l'insuffisance des sacs-poubelles et du matériel de transport non approprié, tous les déchets sont mélangés lors du transport sauf ceux contenus dans les sacs-poubelle et les boîtes de sécurité. Il existe alors un risque évident de mélange de déchets, particulièrement lorsque les sacs plastiques ne sont pas disponibles au niveau des services. Par ailleurs, la qualité du moyen d'acheminement jusqu'au lieu d'incinération laisse supposer la possible perte de certains déchets au cours du transport en des lieux susceptibles de diffuser plus facilement les germes.

Enfin, la carte montre la destination finale des DBM : un tas de déchets sauvages, certes situé au fond de l'hôpital mais qui reste à ciel ouvert et peut donc favoriser la diffusion des germes de manière différente. Notons qu'à l'époque de notre enquête les incinérateurs De Montfort et SH20 n'étaient pas fonctionnels. L'incinérateur SH20 a été mis en marche en août dernier mais l'incinérateur De Montfort reste inutilisé. Cette situation illustre, un phénomène récurrent lorsque le matériel tombe en panne puisqu'il n'existe généralement aucune alternative pour évacuer les déchets en toute sécurité et éviter les contacts possibles

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entre les individus hôtes et les agents pathogènes contenus dans ces matières. Toutefois des efforts sont faits par le BAHCS pour que les déchets soient dans des sacs-poubelles.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld