4.1.6.3. Le troisième itinéraire
thérapeutique : tradipraticien-biomédecine-tradipraticien
Cet itinéraire thérapeutique concerne seulement
7 accidentés sur les 994, soit 0,7% de l'échantillon. Ces
victimes optent d'abord pour la médecine traditionnelle dès le
premier jour de leur accident. Lorsque cette première initiative
n'aboutit pas à la guérison ou lorsqu'il y a des complications,
elles vont en consultation médicale. Cependant, après la
consultation médicale et en l'espace d'une semaine, deux victimes sur
les sept sont retournées chez le rebouteur. Au bout de trente jours, une
victime de plus est retournée chez le rebouteur. Ces résultats
indiquent que les victimes ont recours à différents types des
traitements thérapeutiques. L'analyse des lésions subies par ces
victimes montre qu'elles sont en majorité des fractures fermées
(71,4%). La plupart de ces victimes sont des jeunes de 25 à 34 ans (4
67
personnes sur 7) chefs de ménage de sexe masculin (5/7)
avec un niveau d'instruction relevant du primaire. D'une part, le choix de cet
itinéraire thérapeutique témoignerait non seulement de la
confiance que les victimes accordent à la médecine traditionnelle
mais aussi de leur manque de moyens financiers pour poursuivre les soins
médicaux. D'autre part, les victimes qui optent pour ce type
d'itinéraire thérapeutique ne seraient pas conscientes de la
gravité de leurs blessures. La plupart des blessures ne pouvant
être décelées qu'avec les examens médicaux et
radiologiques.
L'analyse des résultats ci-dessus révèle
que le choix de l'itinéraire thérapeutique dépend des
caractéristiques socio-professionnelles des victimes, et par
conséquent de leur niveau de revenu, de la nature de leurs blessures et
de leur niveau de connaissance de la gravité des blessures. Le recours
aux rebouteurs est principalement dû au manque de moyens financiers pour
payer les soins médicaux.
4.2. Les conséquences des accidents de la route sur
les conditions de vie des
victimes
4.2.1. Les coûts économiques
Les coûts économiques des accidents de la route
regroupent, dans le cadre de notre étude, les coûts
associés à la victime et les coûts des dommages
matériels.
Les coûts des dommages matériels sont
représentés par les coûts de réparation ou d'achat
des véhicules endommagés suite aux accidents. La plupart des
victimes ont été confrontées à ces coûts
entre 7 et 30 jours après leur accident. En effet, 36% des victimes ont
heurté d'autres véhicules au moment de leur accident et 8,1% de
ces victimes ont eu à payer chacune en moyenne 18 905 francs CFA pour la
réparation de l'engin de la personne avec laquelle elles ont eu
l'accident. La plupart des victimes enquêtées, (60%)
étaient propriétaires de l'engin impliqué dans l'accident
et plus de la moitié de ces propriétaires, soit 59,8% ont fait
des réparations sur leur propre engin. Le coût moyen de la
réparation est estimé à 30 836 francs CFA par victime.
Enfin, seulement 1% des propriétaires des engins impliqués dans
l'accident a eu à acheter un autre véhicule deux roues avec un
coût d'achat moyen d'environ 919 167 francs CFA (Tableau 6).
68
Tableau 6 : Les coûts matériels de l'accident de la
route
Motif des dépenses
|
Coût moyen partiel (F/CFA)
|
Effectif Partiel
|
Effectif total considéré
|
Proportion
|
Réparation autre engin
|
18 905
|
29
|
358
|
8%
|
Réparation engin de la victime
|
30 836
|
358
|
597
|
60%
|
Achat d'un autre engin
|
919 167
|
6
|
597
|
1%
|
Coût moyen total
|
43 518
|
|
|
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Ainsi, le coût moyen matériel d'un accident de
la route avec dommage matériel est estimé à 43 518 francs
CFA. En considérant la somme des dépenses effectuées pour
les soins de la victime depuis la date de l'accident jusqu'à 30 jours et
le coût moyen matériel, le coût total d'un accident de la
route peut être estimé à environ 159 849 francs CFA (Cf.
Tableau 7).
Quant aux coûts associés à la victime,
ils sont constitués par l'ensemble des dépenses liées aux
soins des victimes et les frais d'hospitalisation. Ces coûts liés
aux soins comprennent le coût des kits et des médicaments, les
frais des examens et des analyses médicales, le coût des
interventions chirurgicales. D'autres dépenses sont associées
à ces coûts, notamment, les frais de restauration des victimes et
de leurs accompagnants à l'hôpital, les frais de transport des
victimes pour se rendre à leurs domiciles à la sortie de
l'hôpital ou pour les soins ambulatoires. Les données de
l'enquête nous permettent d'estimer au bout de 7 jours, le coût
moyen de la prise en charge médicale d'une victime d'accident de la
route à environ 68 854 francs CFA. Les victimes ont
réalisé des traitements complémentaires entre 7 jours et
30 jours après leur accident ; elles ont dépensé en
moyenne 47 477 francs CFA de plus. Ainsi, le coût total des soins durant
les 30 premiers jours après l'accident est en moyenne de 116 331 francs
CFA par victime (Tableau 7).
69
Tableau 7 : Répartition des coûts liés
à l'accident (en F/CFA)
Sept jours
|
Trente jours
|
Total
|
Coût des soins
|
68 854 F
|
47 477 F
|
116 331 F
|
Coût matériel
|
|
43 518 F
|
43 518 F
|
Total
|
68 854
|
90 995 F
|
159 849 F
|
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Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Ce coût moyen total de l'accident de la route (159
849F) est largement au dessus des dépenses mensuelles des ménages
de la majorité des victimes de notre échantillon, estimées
en moyenne à 54 500 francs CFA. Au regard de ces résultats, il
ressort que la plupart des victimes sont incapables de payer la prise en charge
de leurs soins et de faire les réparations de leurs engins.
Ces chiffres demeurent sous-estimés car toutes les
victimes n'ont pas pu donner leurs dépenses. En effet, 65,2% des
victimes ont pu répondre à la question sur les dépenses
totales effectuées pour leurs soins à l'enquête 7 jours.
Les réponses à la même question 30 jours après
l'accident, représentent 49,5% des enquêtés.
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