54
3.2.4. Les dépenses mensuelles du ménage
En l'absence de données sur les revenus des victimes,
nous nous sommes intéressés aux dépenses mensuelles des
ménages. Les données collectées indiquent que plus de la
moitié des victimes chefs de ménage (51%) dépensent par
mois 30 000 à 79 000 francs CFA, ce qui équivaut à une
moyenne de 54 500 francs CFA, pour satisfaire les besoins de base de leurs
familles (eau, nourriture, électricité,...). Les dépenses
mensuelles variant entre 80 000 et 130 000 francs CFA concernent 23% des
victimes et 19% pour l'intervalle 130 000-300 000 francs CFA. Les
ménages qui dépensent plus de 300 000 francs CFA
représentent une faible proportion de notre échantillon (Cf.
Figure 7).
Figure 7 : Répartition des victimes en fonction des
dépenses mensuelles
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
CHAPITRE IV : LA PRISE EN CHARGE DES
VICTIMES
55
La prise en charge des victimes des accidents de la route
dépend de la gravité de leurs blessures, de leur niveau de revenu
et de celui de leur ménage et entourage. Il s'agit dans ce chapitre de
présenter les différents traumatismes subis par les victimes,
d'analyser les modes de prise en charge et de déterminer les
conséquences des accidents de la route pour les victimes et leur
entourage.
4.1. Les caractéristiques cliniques des victimes
4.1.1. Les traumatismes des victimes
Les accidents de la route engendrent plusieurs
catégories de lésions8 plus ou moins graves. Le nombre
moyen de lésions constatées est estimé à trois
lésions 9par victime. Cette moyenne cache cependant de
nombreuses disparités. Car, une répartition des lésions
par classes d'amplitude deux et selon les victimes, montre que la classe de 2
à 4 lésions concentre une proportion importante de victimes, soit
46,80%. Le nombre de victimes diminue progressivement au fur et à mesure
que les lésions augmentent. Ainsi, les classes de 8 à 10
lésions et plus concernent une faible proportion de victimes (0,2%). Une
confrontation des différentes classes de lésions avec le moyen de
transport des victimes permet de constater que les usagers des engins à
deux roues motorisées sont les plus nombreux à avoir plusieurs
lésions. Les données montrent que les classes de 8 à 10
lésions et plus concernent exclusivement les usagers des deux roues
motorisées (Cf. Tableau 4).
8 Un accident de la route peut provoquer plusieurs types de
lésions dont les plus fréquentes sont les plaies,
les fractures, les luxations, les entorses.
9 Une victime peut avoir, à elle seule, au
moins une lésion et au maximum 12 lésions et plus.
56
Tableau 4
|
: Répartition des lésions par victime selon le
mode de transport utilisé
|
|
Nombre de lésions/Type de
Véhicule
|
Camion
|
Camionnette
|
Voiture
|
Deux-roues motorisées
|
Tricycle (taxi- moto)
|
Bicyclette
|
Piéton
|
Charette
|
Autre
|
Moins de 2
|
1
|
0,6
|
1,6
|
84,2
|
1
|
5,4
|
6
|
0,3
|
0
|
De 2 à 4
|
0,4
|
0,2
|
0,9
|
88
|
0,9
|
4,7
|
4,5
|
0
|
0,4
|
De 4 à 6
|
0
|
0
|
0
|
89
|
0,7
|
4,5
|
5,8
|
0
|
0
|
De 6 à 8
|
0
|
0
|
2,3
|
90,9
|
2,3
|
2,3
|
2,3
|
0
|
0
|
De 8 à 10
|
0
|
0
|
0
|
88,9
|
0
|
0
|
11,1
|
0
|
0
|
De 10 à 12
|
0
|
0
|
0
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12 et plus
|
0
|
0
|
0
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
TOTAL
|
0,5
|
0,3
|
1
|
87,1
|
0,9
|
4,7
|
5,1
|
0,1
|
0,2
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Les multiples lésions des usagers deux roues
motorisées s'expliqueraient d'une part, par le fait qu'ils subissent un
double impact lors de l'accident. Dans un premier temps, la collision de
l'usager de l'engin à deux roues avec d'autres véhicules (deux
roues ou pas), crée de nombreuses lésions, car presque toutes les
parties de son corps sont exposées au choc. Dans un second temps, le
contact entre la victime et le sol multiplie le nombre de lésions. La
victime retombe au sol où elle subit de nouvelles lésions en plus
de celles déjà créées par l'impact du
véhicule (LE COZ J-Y et al (2012). Enfin, la vitesse excessive de ces
usagers contribue à augmenter le nombre de lésions et leur
gravité.
La répartition du cumul des lésions en fonction
de l'âge montre une nette prédominance des lésions pour les
jeunes de 25 à 34 ans, soit 36% de l'ensemble des lésions (Cf.
Figure 8). Le nombre de lésions reste légèrement important
pour les tranches d'âge 18-24 ans et 35-49 ans, qui représentent
respectivement 22% et 20% des lésions. Les moins de 18 ans et la tranche
d'âge 50-64 ans totalisent chacune 10% de l'ensemble des lésions.
Les victimes âgées de 65 ans et plus subissent moins de
lésions avec seulement 3% et se déplaceraient moins que les
jeunes. La forte proportion des lésions chez les jeunes de 25-34 ans
s'expliquerait par leur surreprésentation parmi les victimes et leur
grande mobilité. En outre, les jeunes se déplacent beaucoup plus
que les autres victimes.
57
Figure 8 : Répartition du cumul des lésion des
victimes en fonction de l'âge
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015 4.1.2. Le niveau de gravité des
blessures des victimes
Le niveau de gravité est déterminé
grâce à l'échelle abrégée de la blessure
appelée AIS (Abbreviated Injury Scale). C'est une échelle
conventionnelle mondiale, utilisée pour déterminer le niveau
clinique des blessures. L'échelle AIS classe les blessures selon un
degré de sévérité allant de 1 à
610 (des blessures mineures aux blessures maximales).
Le niveau de gravité des victimes de notre
échantillon varie inversement avec le nombre de lésions
constatées aux urgences traumatologiques (Cf. Figure 9). En effet, la
plupart des lésions des victimes des accidents de la route, soit 40,62%,
sont des lésions mineures. Ensuite viennent respectivement les
lésions modérées, les lésions sérieuses, les
lésions sévères. Les lésions critiques et maximales
ne concernent qu'une infime partie des victimes. Les données ne nous
permettent pas d'établir une relation entre le niveau de gravité
et les caractéristiques socioprofessionnelles, le type de
véhicule ou encore l'âge des victimes.
10 CHIRON M. et al., 2004. « Description et gravité
des lésions traumatiques selon les classifications AIS
1998 et IIS 1994».
58
Figure 9 : Niveau de gravité par rapport au cumul des
lésions
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
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