48
3.1.3. Le niveau d'instruction des victimes
Les données de l'enquête montrent que parmi les
victimes, le niveau d'instruction secondaire est le plus
représenté suivi par les non scolarisés (Cf. Figure 3).
Les proportions des victimes de niveau primaire et supérieur restent
relativement importantes. Au regard de ces résultats, il ressort que
même si l'analphabétisme est un facteur explicatif de la survenue
de l'accident de la route, il n'en demeure pas le premier. En effet, la
prépondérance des victimes de niveau secondaire et le nombre
élevé des victimes du niveau supérieur montrent que la
méconnaissance du code de la route et le mauvais comportement des
usagers seraient les principaux facteurs qui concourent à la survenue de
l'accident. Cependant, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude la relation
entre le niveau d'instruction et l'accident de la route car cela
nécessite une étude plus approfondie.
Figure 3 : Répartition des victimes selon le niveau
d'instruction
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
3.1.4. Les secteurs d'origine des victimes et les lieux
des accidents
La plupart des victimes, soit 97,5%, sont des habitants de la
ville de Ouagadougou. Le reste des victimes provient des autres villes du
Burkina Faso (2% des cas) et des résidents d'autres villes des pays
voisins (1%). Ce résultat se justifierait par le fait que le CHU-YO
constitue pratiquement la seule structure de référence de la
ville qui assure la prise en charge des victimes des accidents de la route.
49
Dans la plupart des cas, les victimes habitent les secteurs
périphériques de la ville, soit environ 77%. La carte 4 montre
l'origine géographique des victimes des accidents de la route selon les
30 secteurs7 de la ville de Ouagadougou. La localisation des lieux
d'habitation à partir des 30 anciens secteurs est due au fait que la
plupart des victimes enquêtées n'arrivent pas à identifier
leur secteur dans le nouveau découpage mis en vigueur en décembre
2012. A la lumière de ce qui précède, les résultats
de BOYER F. et DELAUNAY D. (2008-2009) ont montré que les quartiers
périphériques de Ouagadougou sont caractérisés par
la faiblesse des revenus des populations et des conditions de vie
précaires. En outre, les individus de ces zones reculées
parcourent quotidiennement de longues distances pour rejoindre le centre-ville
où se concentrent les activités et les infrastructures (KAFANDO
Y., 2009).
La localisation des lieux des accidents de la route indique
également une concentration des accidents dans ces secteurs
périphériques, à l'exception du secteur 4 (Cf. Carte 5).
La forte mobilité des populations périphériques et
l'insuffisance de la signalisation sur les principaux axes routiers de la
ville, expliquerait la forte concentration des accidents dans les secteurs
périphériques. Ces résultats sont en conformité
avec ceux de THIRAN P. et al (1997), selon lesquels, la plupart des accidents
de la route se produisent à proximité du domicile et les
personnes qui parcourent les longues distances sont les plus
touchées.
7 La plupart des enquêtés n'arrivant
pas à situer leur lieu d'habitation à partir des nouveaux
secteurs, nous avons tenu compte des 30 anciens secteurs de la ville de
Ouagadougou.
Carte 4 : Secteur d'origine des victimes Carte 5 : Secteur de
survenue des accidents
50
51
3.2. Les caractéristiques socio-économiques
des victimes 3.2.1. La situation professionnelle des victimes
Les victimes des accidents de la route,
considérées dans le cadre de notre étude, sont issues de
toutes les catégories socioprofessionnelles (Cf. Figure 4). Cependant,
les élèves et les étudiants ainsi que les ouvriers et les
employés sont les plus représentatifs avec respectivement 21,9%
et 21,5% des cas. Ils sont suivis de près par les professions
intermédiaires, constituées des secrétaires, des
instituteurs, des fonctionnaires.
Figure 4 : Répartition des victimes en fonction de leur
profession
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Une analyse de l'heure de survenue des accidents de la route
montre que la plupart des accidents ont lieu dans la journée au moment
où la population active est en pleine mobilité (Cf. Tableau 2).
En effet, dans la journée, les fonctionnaires, les ouvriers, les
élèves et étudiants se déplacent beaucoup plus,
soit pour rejoindre leurs lieux de travail, soit leurs établissements
respectifs.
Tableau 3 : Répartition des victimes selon l'heure de
l'accident
Heure
|
Proportion
|
06h-12h
|
33,60%
|
12h-18h
|
36,2%
|
18h-06h
|
30,2%
|
Total
|
100%
|
|
Source : Enquêtes de terrain
52
3.2.2. Les catégories d'usager
Presque toutes les catégories de véhicule, sont
impliquées dans les accidents de la route ; allant des quatre roues aux
deux roues en passant par les tricycles (Cf. Figure 5). Cependant, les usagers
des engins à deux roues motorisées sont les plus
représentés, avec une proportion de 87,1%. Ce résultat
serait dû à la forte augmentation des engins à deux roues
dans la ville de Ouagadougou. Les piétons représentent 5,1% des
victimes devant les usagers des véhicules quatre roues (4,7%). Ce
résultat est assez surprenant car la marche à pied
représente moins du quart des modes de déplacement des ouagalais
(KAFANDO Y., 2006). Il s'expliquerait par l'insuffisance des trottoirs, la
méconnaissance et le non respect des passages pour piétons. Les
conducteurs des tricycles et autres types de véhicules, sont les moins
impliqués.
Les résultats de nombreux auteurs montrent cette
prépondérance des véhicules deux roues motorisés
parmi les accidents de la route, dans certaines villes africaines. SAW A. A.
(2003) et MAÏGA H. (2006) montrent qu'ils représentent près
de 45% des cas d'accidents de la route au Mali. Dans d'autres villes par
contre, ce sont les piétons qui sont les plus touchés par les
accidents de la route. Les études de LACHEHEB M. (2013) et NGABOYIRHU P.
(2010) montrent que les accidents de la route impliquent respectivement 54,1%
des piétons au Maroc et 61% au Congo RDC.
Figure 5 : Répartition des victimes par catégories
d'usager
Source : Enquêtes de terrain
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3.2.3. Le rôle de la victime dans le ménage
et le nombre de personnes à charge Les résultats de
l'enquête montrent que 388 victimes, soit 39% de l'ensemble de notre
échantillon, se déclarent chefs de ménage. Parmi elles, le
nombre de femmes est d'environ 10% contre 90% pour les hommes.
Chaque victime chef de ménage assure la
responsabilité de cinq personnes, en moyenne. Une répartition de
celles-ci en fonction de la situation matrimoniale des victimes, montre que
dans la plupart des cas, les victimes mariées sont celles qui ont le
plus de personnes à leur charge (Cf. Figure 6). Les couples
divorcés ou séparés possèdent moins de personnes
à charge que les autres catégories. Ces personnes sont soit les
enfants des victimes, leurs conjoints/conjointes, leurs parents, leurs
frères et soeurs ou encore des autres membres de la famille. Nous
n'avons pas trouvé de lien entre le nombre de personnes à charge
et les caractéristiques socioprofessionnelles des victimes. Par contre,
la combinaison avec le mode de payement des soins une semaine après
l'accident, révèle que les victimes qui paient les soins avec
leurs économies personnelles ont plus de personnes à leur charge.
Il s'agit des personnes ayant un niveau de revenus stable qui leur permet de
s'occuper, en plus de leur propre famille, des autres membres.
Figure 6 : Répartition du nombre de personnes à
charge selon la situation
matrimoniale des victimes
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
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