CONCLUSION PARTIELLE
L'Afrique de l'Ouest offre actuellement l'image d'une terre
de violence sans fin et de conflits apparemment insolubles et, en même
temps, un environnement où les nouvelles opportunités de paix
sont grandes et pleines de promesses. Les efforts pour saisir ces nouvelles
opportunités sont essentiellement symbolisés par la
détermination actuelle des peuples de cette sous-région visant
à trouver des solutions viables à leurs défis de
sécurité.
Dans un tel contexte, les atouts les plus précieux dont
les peuples d'Afrique de l'ouest ont besoin sont : une volonté tenace de
survivre et la détermination d'aller toujours de l'avant, dans la bonne
direction. En effet,aujourd'hui, l'Afrique de l'Ouest comme l'ensemble du
continent africain se situe à un tournant crucial de son histoire. Il
est impératif que le moment opportun soit saisi avec
détermination et créativité. Fort heureusement, il semble
bien que c'est ce que, depuis une dizaine d'années, les peuples
d'Afrique de l'Ouest essaient de faire dans leurs efforts de transformer leur
région en un système de paix viable. Cette volonté de
survivre et de vivre dans la dignité et le respect mérite
d'être encouragé et soutenu, notamment par toutes les bonnes
volontés de la communauté internationale. C'est également
un exemple à suivre par les autres sous-régions africaines qui
sont tout autant, sinon plus déchirées et meurtries que l'Afrique
de l'Ouest.
Par ailleurs, la mise en contexte sur la CEDEAO dans le
nouveau contexte sécuritaire en Afrique de l'Ouest a voulu montrer que
les conflits actuels tirent leur source dans le passé notamment avec
la colonisation. A l'indépendance, les nouveaux dirigeants africains ont
préféré le statu quo plutôt que le
chamboulement de l'ordre établi en important le modèle de
l'État-nation à l'occidental qui n'a pas de réalité
sociologique. Mais c'était dans un souci de maintenir le parti
unique.Toutefois, lorsque l'Etat frappé de plein fouet par la
conjoncture économique a dû céder devant les institutions
financières internationales dans les années 1980 aux
conditionnalités de l'ajustement structurel, il perdit sa
capacité de distributeur du bonheur public et commença à
être contesté. En Côte d'Ivoire par exemple, le
décès du président Félix Houphouët Boigny a
été le détonateur de la crise actuelle. Mais au fond, le
malaise ivoirien trouve ses racines dans les limites des capacités de
redistribution de l'Etat qui a poussé les « conjonctures »
à se replier derrière des identités primaires comme
l'ethnicité. C'est dans ce contexte que le concept d'ivoirité
fera son apparition dans le débat public.
La CEDEAO agira dans ces conflits en utilisant deux leviers,
le droit et la politique. Par le droit, elle a adopté un certain nombre
de mécanismes juridiques pour prévenir ces crises. Par la
politique, elle essayera d'intervenir militairement pour gérer ces
conflits, dont les derniers en date sont ceux du cas ivoirien et
libérien. Ainsi la question qui mérite d'être posée
est de savoir si l'application de la norme juridique internationale est-elle
respectée en Afrique de l'Ouest. C'est ainsi que dans le chapitre
suivant, nous allons essayer de montrer deux normes juridiques internationales
à savoir la charte de la CEDEAO et la charte de l'UA pour examiner leurs
missions et pouvoirs face à des situations de crise.
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