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Publicité et attitude des consommateurs.


par Marcello Kawa Ngoie kitenge
Institut supérieur d'éudes sociales  - Graduat en gestion marketing 2020
  

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1.2.2. Les inconvénients de la publicité

Mais la publicité n'a pas que des aspects positifs. Le cas de la publicité mensongère qui trompe le consommateur et l'incite à acheter des produits qui ne sont pas conformes à ses attentes. Elle abuse alors de confiance de gens et de leur naïveté.

· La publicité utilise souvent des techniques de manipulation de l'esprit. Elle ne s'adresse pas toujours à la raison, mais aux désirs des consommateurs. Son but ultime est de vendre des produits, de nourrir la passion de la consommation, même lorsque la cible n'a pas besoin des produits vantés (favorise la société de la consommation, voire la surconsommation).

· La publicité peut cibler des catégories fragiles et profiter de leurs faiblesses pour réaliser des profits, notamment lorsqu'elle vise des enfants, des adolescents, des gens en situation de fragilité économique (les crédits).

· La publicité peut devenir trop envahissante, non seulement dans le paysage urbain qu'elle contribue à déformer (les panneaux publicitaires, les affiches collées sur les murs, les enseignes des magasins, etc.), mais aussi dans le paysage audiovisuel (la radio, la télé, internet). La publicité interrompt les émissions et peut gâcher le plaisir du spectacle par leur longueur ou leur fréquence de répétition.

· La publicité, comme marché juteux, donne aussi un pouvoir énorme aux entreprises qui peuvent ainsi influencer l'objectivité et la ligne éditoriale des journaux, revues et autres médias audio-visuels. Ainsi une entreprise qui a un gros budget de publicité peut punir un journal qui la critique en lui retirant ses publicités.

· Dans le même sens, et particulièrement dans le domaine politique, la publicité peut fausser les élections et le choix démocratiques en favorisant un candidat au détriment d'autres candidats qui n'ont pas les même moyens financiers.30

2. L'ATTITUDE ET LA PUBLICITE

1. Les fonctions de l'attitude

L'importance de l'attitude en comportement de consommateur s'explique par l'importance des fonctions psychologiques qui lui sont associées. En 1960, KATZ met au point une typologie des fonctions de l'attitude. Pour lui, si les bénéfices psychologiques associés aux attitudes sont connus alors il sera plus aisé de comprendre la dynamique sous-jacente.

Les fonctions de l'attitude sont les suivantes :

· La fonction utilitaire : elle aide les gens à fonctionner dans leurs environnements. Ainsi, les individus adoptent les attitudes positives pour les produits et services qui les satisfont et des attitudes négatives pour ceux qui ne les satisfont pas. Ces attitudes sont liées au produit ou la situation.

· La fonction d'expression des valeurs : l'attitude permet d'exprimer l'image que l'individu a de lui-même et des valeurs qu'il juge primordiales.

30 CARINE TSHAMALA, Op.cit. P.15-17

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? La fonction de défense de l'ego : dans ce cas, l'attitude correspond à une façon de voir le monde, c'est une sorte de synthèse de ce que pense l'individu sur plusieurs sujets. Les attitudes permettent ainsi d'organiser la masse d'informations et de la simplifier.31

2. Les deux orientations théoriques

Historiquement, deux orientations ont émergé de l'étude des attitudes. La première trouve principalement ses sources dans les travaux de Rosenberg et Hovland qui ont permis une avancée considérable dans la définition de l'attitude en la décomposant en trois dimensions :

? La dimension cognitive qui comprend les connaissances et croyances qu'une personne à sur un produit ou service.

? La dimension affective qui fait référence aux sentiments qu'une personne éprouve envers un produit ou un service.

? La dimension conative qui est représentée par les intentions et les comportements par rapport au produit et service.32

Cette vision traditionnelle de l'attitude a par la suite évolué vers une vision unidimensionnelle. Selon cette deuxième approche, l'attitude est composée uniquement de la dimension affective. Les deux autres sont vues comme les antécédents et les conséquences immédiats de l'attitude.33

3. changement d'attitude et persuasion

Du point de vue stratégique, les markters ont tendance à maintenir ou renforcer les attitudes existantes ou changer une attitude négative en attitude positive. Plusieurs approches conceptuelles traitent de la modification des attitudes, le paragraphe ci-dessous présente l'une d'entre elle liée au modèle élaboration « Likelihood model »

Ce modèle a été proposé par Petty, Cacioppo et shumann en 1983, il s'applique à la fois en situation de forte ou de faible implication. Appelé « modèle de la probabilité d'élaboration cognitive » ou E.L.M, il décrit les deux processus suivis par les individus lors du traitement de l'information persuasive. Deux routes possibles mènent à la persuasion : la route centrale et la route périphérique. Dans les deux cas l'objectif est la formation, la modification ou l'intensification d'une attitude.

La route centrale se déclenche lorsque la probabilité d'élaboration est forte. Dans ce cas, le consommateur prêtera plus d'attention au contenu du message, à la rigueur et à la qualité des arguments. Une fois que celui-ci aura analysé l'information, il génèrera des réponses cognitives et faveur ou en défaveur du produit. Ce processus requiert un effort cognitif important de la part du consommateur. Lorsque la probabilité d'élaboration est faible, la persuasion emprunte une route détournée dite périphérique, l'attention se focalisera alors sur des éléments périphériques du message tels que la musique, l'humour, la source du message,

...

31 KATZ et DANIEL, the functional approach to the stady of attitudes, the public opinion quarterly, vol.24, no 2, P.163

32 ROSENBERG, MILTON J. et HOVLAND CARL, attitude organization and change, new heaven connecticut : yale university press, 1960n, P.232

33 LUTZ et RICHARD J. the role of attitude theory in marketing, in perspectives in consumer behavior, sous la dir. De KASARJIAN ; H.J. et ROBERTON T.S, 4e éd Englewood cliffs NJ : prentice-hall. P.317

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L'intérêt suscité par le message dépend de la pertinence de celui-ci pour le consommateur. Selon que le produit est impliquant ou non, le consommateur n'emprunte pas la même route dans le changement d'attitude. Plus le message est pertinent pour le consommateur, plus le degré d'implication sera fort et plus l'élaboration sera poussée. Dans ce cas, il est recommandé d'utiliser la route principale pour changer les attitudes. La route périphérique quant à elle, sera plus efficace dans le cas d'une faible implication de la part du consommateur.34

Une étude réalisée par Aaker et Maheswaran sur des chinois et des américains indique que le modèle E.L.M est robuste sur le plan cross-culturel, et ce à la fois pour prédire et pour expliquer la persuasion. Toutes, la perception et la « diagnosticity » des stimuli est traitement de différente selon les cultures individualistes et collectivistes. Les auteurs ajoutent que les préférences en matière de l'information diffèrent entre les deux cultures. Ainsi, les collectivistes favorisent le traitement heuristique tandis que les individualistes favorisent le traitement central.35

Une autre étude réalisée par Aaker et Sengupta indique d'autres différences entre les collectivistes et individualistes. Ainsi, lorsqu'ils sont face à des stimuli incongrus les individus des deux cultures vont tenter de résoudre cette incongruité, toute fois la façon de le faire va être différente. En situation de faible implication, les individualistes ont tendance à se baser exclusivement sur l'information des attributs en suivant une stratégie d'atténuation. Les collectivistes quant à ceux vont utiliser l'information contenue à la fois dans la source et dans les attributs en suivant une stratégie additive. En situation de forte implication les collectivistes et individualistes suivront une stratégie d'atténuation.36

Ainsi, même si sur certains plans, notamment les stratégies de traitement de l'information, des différences sont notables entre cultures, le modèle E.L.M semble être sur le plan cross-culturel.

4. La publicité et attitude des consommateurs

Lavidge et Steiner voient la publicité comme une force qui fait passer les individus par sept étapes pour arriver finalement à l'achat. Ces sept étapes sont :

1. Méconnaissance de l'existence du produit ;

2. Connaissance de l'existence du produit ;

3. Connaissance des attributs du produit ;

4. Attitude favorable vis-à-vis du produit ;

5. Préférence pour le produit ;

6. Préférence et désire d'achat pour le produit ainsi que la conviction qu'il s'agit d'un achat judicieux ;

7. Transformation de l'attitude en achats

34 PETTY, REICHARD E., JOHN CACCIPO et DAVID SHUMANN, central and peripheral routes to adversing effectiveness ; the moderating role of involvement, journal of consumer research, vol.10,1983, P.135

35 AaKER, JENNIFER L. et D. MAHESWARN,the effect of cultural orientation on persuasion, journal of consumer research, vol.10, no 3, 1997, P.315

36 AaKER, L. JENNIFER et SENGUPTA, additivity versus attenuation : the role of culture in resolution of information incogruity, journal of consumer psychology, vol.29, no 3, 2000, P.67

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Ces auteurs expliquent que la distance entre les différentes étapes est variable. Par ailleurs, un individu peut tout à fait passer par plusieurs étapes simultanément. Plus l'individu est impliqué dans l'achat et plus ces étapes auront une importance. De même, si l'individu est peu impliqué, il accordera peu d'importance aux différentes étapes. C'est le cas de l'achat impulsif, dans lequel il n'y a pas de connaissance, de préférence ou de conviction préalables à l'achat.

Ces étapes peuvent être regroupées en trois fonctions majeures de la publicité à savoir :la connaissance, le sentiment et l'action. Ces trois dimensions coïncident avec le concept de l'attitude, ses causes et ses conséquences.

? La fonction cognitive qui fournit des informations permettant aux consommateurs de connaitre la marque.

? La fonction affective qui créée des affinités et une préférence pour la marque, la préférence faisant référence à une attitude plus favorable envers la marque.

? Enfin, la fonction conative qui permet de stimuler le désir pour la marque et pousse le consommateur à l'achat.

Il parait clairement, que la mesure de l'efficacité de la publicité passe par la mesure de chacune des trois dimensions citées plus haut.37

37 LAVIDGE, J. ROBERT et GARY A. STEINER, a model for predictive measurements of adversing effecttiveness, journal of marketing, vol.25, no 6, 1961, P.59

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote