Première
partie :
Phase
conceptuelle
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I. Problématique
Le concept de soins de santé primaire tel que
défini à la conférence d'alma ATA en 1978 est un moyen
d'organisation des soins de santé qui est largement reconnu comme une
solution universelle pour améliorer le bien-être de la population
dans le monde (Ministère de la santé, 2009).
En s'inscrivant dans cette démarche, plusieurs pays ont
développé des actions qui intègrent des plans de
développement de la couverture sanitaire fixe (conçu pour offrir
des services de santé de proximité) et mobile en milieu rural.
Comme stratégie complémentaire du mode fixe, le mode mobile, avec
ces
composantes opérationnelles à savoir
l'équipe mobile et l'itinérance, visent à rapprocher
les services de santé et les prestations de soins de la population
rurale et ce en améliorant l'accessibilité
géographique.
En effet, les caractéristiques géographiques du
milieu rural, particulièrement la dispersion des localités d'une
taille très réduite et d'une densité variable,
l'éparpillement et l'éclatement de l'habitat
(généralement des maisons ou groupes de maisons
éparpillées), des voies et des moyens de communication
insuffisants et difficile ont été à la base du
développement de la stratégie de couverture par le mode mobile
(Ministère de la santé, 2011).
Pour remédier à la situation où
l'accès aux soins par le malade en milieu rural, reste rare ou tardif,
des unités mobiles de santé (UMS) ont été
utilisées dès 1951 dans les zones tribales de l'Inde, dans le but
d'améliorer l'accès aux services de la santé pour les
personnes vivant dans des zones mal desservies et inaccessibles (Laveissiere et
Meda, 1993 ; Du-Mortier, Michel, Berzig et Perrin, 2006).
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L'unité (équipe) mobile est une unité de
prestation des services de santé de qualité aux populations
n'ayant pas ou difficilement accès aux dits services, composée
d'une équipe pluridisciplinaire se déplaçant grâce
à un véhicule adapté aux conditions géographiques
pour mettre en oeuvre le paquet minimal de soins de santé de base
(Ministère de la Santé de la République de Djibouti,
2006).
Comme pays adhérant aux principes de la
déclaration d'Alma Ata, le ministère de la santé au Maroc
a développé au profit de la population rurale un nouveau plan
d'extension de la couverture sanitaire visant à apporter à la
majorité de la population des prestations de soins de santé de
base dans le cadre de la stratégie de couverture sanitaire mobile. La
proportion de la population couverte par la stratégie de l'équipe
mobile - au delà de dix km- représente 24,0% de la population
marocaine (direction de la population Maroc, 2009). De même, le mode de
couverture des populations en milieu rural n'est assuré par les
formations fixes que dans 50,7% des cas et le reste de la population devrait
être desservie par le mode mobile (Direction de la population, 2009).
Cette stratégie de couverture sanitaire, soutenue par
les efforts du gouvernement pour le développement
socio-économique du monde rural, permettant de satisfaire non seulement
les besoins en soins préventifs (santé maternelle et infantile, y
compris la planification familiale et la lutte contre les maladies), mais
également la demande exprimée en soins curatifs en
développant le niveau de compétence et d'équipement des
centres de santé et dispensaires et en facilitant l'accès aux
formations hospitalières(Ministère de la santé, 2008). Les
résultats de ce modèle sont encourageants tel que
l'amélioration de l'accès aux groupes de population dans les
zones difficiles au système de santé, réduction des cas
d'hospitalisation et donc des coûts, dépistage, diagnostic
précoce de certaines
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maladies (cataracte, la tuberculose...etc.) et d'orientation
en temps opportun des cas nécessitant une hospitalisation (Du-Mortier et
al, 2006).
Selon Dash et al (2008) le but de ses équipes est
d'améliorer la disponibilité et l'accès à la
qualité des soins de santé par les gens, surtout pour ceux
résidant dans les zones rurales, les pauvres, les femmes et les
enfants.
Cependant, L'évolution de ce mode mobile s'est
heurtée, historiquement, à des problèmes et à des
limites car selon Maazouzi ; Fkri-benbrahim ; Atif et Touil (2005) les
performances de ce mode mobile en terme de couverture et de contribution
à l'offre de soins sont faibles, si bien que l'on peut dire qu'une
partie de la population rurale n'a que peu accès aux soins. Aussi, le MS
(2007) a mis l'accent sur la faible production et participation de
l'équipe mobile à l'offre de soins en milieu rural, qui est
sensée compléter la couverture du mode fixe. D'autre part, les
réalisations produites par l'EM comparées à celles du fixe
sont très faibles (Vandenbusche, 2009).
Par conséquent, Cette situation peut produire : a) des
suites négatives, vue que dans un premier temps il y'aura une
régression dans le taux de dépistage des personnes atteintes de
maladies chroniques, ce qui entraine une réduction de la qualité
de leur prise en charge et aussi de leur accompagnement (Bacon-ML et al, 2004)
; b) la faiblesse des réalisations des activités de
l'équipe mobile engendre des répercussions négatives sur
le système de santé qui se manifestent par l'insatisfaction des
patients et des professionnels (Decelle, 2011) ; c) l'absence de
sécurité en matière de santé et de nutrition
(Jensen Mk, 2011), d) l'insatisfaction des patients et des professionnels
(Decelle, 2011) ; e) l'image négative perçue par la
population(MS, 2005) et f) une dégradation de la santé humaine
(Médecin du Monde, 2011).
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Lors du stage de la première année du
deuxième cycle des EPM, l'auteur a constaté au niveau de la
préfecture d'A.I.O que la part de l'équipe mobile dans les
réalisations globale (fixe et mobile) reste faible :(a) consultation
curatives (1%),(b) la vaccination des femmes par le VAT (6%), (d) la
vaccination des enfants par VAR (15%), (e) consultation prénatale (16%),
(f) consultation postnatale (8%) et (g) le taux de dépistage des
hypertendus et des infections sexuellement transmissibles reste aussi
insignifiant avec un pourcentage qui est respectivement de 0,13% et 0,06%
(SIAAP d'Agadir IO, 2010).
C'est dans cette optique, que l'équipe mobile a
été instaurée depuis 1986. Seulement après 26 ans
de sa mise en oeuvre, l'opinion générale des professionnels de
santé et de la population sur son efficacité et sur efficience,
voire son utilité devient de plus en plus défavorable (Aabir et
al, 1998)
Il conviendrait donc de se pencher sur l'étude des
déterminants de ces dysfonctionnements visant l'amélioration de
la couverture par des soins de santé primaires de proximité
destinés aux populations ayant des difficultés d'accès au
système de soins.
Partant de ce constat, ce travail de fin d'étude vise
à explorer les facteurs qui entravent la performance de l'équipe
mobile dans la couverture sanitaire au niveau du réseau de soins de
santé de base en choisissant comme champ d'investigation la
préfecture d'AGADIR IDA OUTANAN.
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II. La recension des écrits
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