VIII. Interprétation et discussion des
résultats
Interprétation et discussion des
résultats :
La population de l'étude est de 26 professionnels de
santé avec une prédominance du sexe masculin qui
représente 54% de l'échantillonnage de l'étude alors que
le sexe féminin représente un pourcentage de 46%.
Les caractéristiques des personnes
enquêtées sont comme suit: les infirmiers diplômés
d'état (42%) et les médecins généralistes (23%).
Les autres sont les infirmiers auxiliaires (23%), les sages femmes (12%) et les
techniciens d'hygiène (8%).
La majorité du personnel de santé a une
ancienneté d'exercice au niveau de l'EM inférieure à 10ans
(69%) et une ancienneté d'exercice au niveau des ESSB qui varie entre 5
et 20 ans (53%). La tranche d'âge prédominante du personnel varie
entre 41 et 50 ans avec un pourcentage de 54%.
Il est à noté aussi que 73% du personnel de
santé questionné exerce au niveau des centres de santé
communaux avec ou sans maison d'accouchement.
Facteurs liés au paquet d'activités et
prestations offertes :
D'après les résultats obtenus, le paquet
d'activités réellement délivré par l'EM
connaît beaucoup d'insuffisances aussi bien sur le plan quantitatif que
qualitatif. Ainsi, 70 à 75% du personnel affirme que les
activités qui sont régulièrement délivrées
se limitent aux activités liées à la vaccination des
enfants et la planification familiale ( distribution des pilules ).
Ceci corrobore par Cayla (2002) qui voit que la non
diversification des interventions de l'équipe mobile répercute
négativement sur la promotion de la santé chez les populations
définies . En plus, la négligence des autres volets qui sont
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en relation avec l'hygiène du milieu ou de la
surveillance épidémiologique est due au rôle restreint des
équipes mobiles qui est limité (BARBIERI, n.d).
Dash et al (2009) Soulignent que les services offerts par les
unités mobiles de santé (UMS) ne pouvaient pas traiter des
maladies chroniques, ou de fournir des autres soins complémentaires. En
d'autres termes, malgré les efforts réalisés par
l'ensemble des acteurs, les services rendus à la clientèle de
l'EM doivent être révisés en fonction de l'évolution
du profil épidémiologique de la population cible (CHUM. 2000).
Ces résultats sont confirmés par 60% du
personnel qui déclare que la consultation médicale et le suivi
des malades souffrant des maladies chroniques (diabète ou HTA) n'est pas
toujours réalisée.
En plus les personnes enquêtées assistent
à des cas de références qui sont adressés soit au
centre de santé pour suivi et contrôle, soit à
l'hôpital pour examens complémentaires, bilans biologiques et
radiologiques. Ce constat concorde avec des écrits, selon le
ministère de la santé (2008), la référence des
malades au niveau de la prévention doit se faire à tous les
niveaux y compris la stratégie mobile.
Le rendement de l'équipe mobile est aussi
influencé par la qualité des prestations. Cette situation est
confirmée par la majorité des personnes enquêtées
qui soulignent que le paquet d'activité ne satisfait pas totalement les
besoins de la population. Dans ce sens, Mino (2007) souligne que la
qualité des prestions reste limitée vue que la gestion des
symptômes et des pratiques sont affectées dans le temps (à
quelques visites), dans leurs objectifs (régler ponctuellement un
problème clinique).
De même on ne peut pas parler de qualité sans
avoir du temps suffisant pour réaliser à chaque patient des soins
minutieux (Michaud, 2005). Les résultats
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confirment ce volet vu que 70% des personnes
questionnés soulignent que le temps alloué à chaque point
de rassemblement ne dépasse pas 2 heures au maximum. Ce temps
consacré est insuffisant pour permettre à la population des
localités, souvent dispersées et éloignées de s'y
rendre. Une absence de corrélation entre la distance kilométrique
et le temps nécessaire pour arriver au PDR. Ce dernier, en plus du temps
consommé pour la préparation des sorties influence le temps
alloué à chaque PDR.
Facteurs liés aux moyens et ressources
:
Plus de 80% du personnel n'est pas satisfait de la composition
des équipes mobiles. Cette situation de régression est
liée à l'effectif insuffisant, la démotivation du
personnel devant les faibles indemnités de déplacement en
relation avec les sorties de l'équipe mobile et le manque de
sécurité contre les risques encourus et à la faible
implication du médecin dans les sorties de l'EM. D'ailleurs, le premier
problème des équipes mobiles est lié à la faiblesse
des ressources humaines (Mino, 2007). Girard, Estecahandy et Chauvin (2009)
constatent qu'il est très difficile de réaliser les
activités lors des EMS vu leur cadre d'intervention qui est très
large et complexe.
Or, selon un interviewé, l'absence de la culture de
participant à l'équipe et d'un cadre juridique donnant le pouvoir
aux responsables locaux de redéployer le personnel, constituent des
obstacles du bon fonctionnement de l'EM. Ce résultat affirme que
l'insuffisance en ressources humaines freine le déroulement normal des
activités de l'équipe mobile (Meda, 1993).
Pour le volet de la formation, la plupart des personnels
pratiquants l'équipe mobile n'ont reçu aucune formation autour de
la gestion des équipes mobiles. Ce résultat est confirmé
par colin(2003) qui explique que les réalisations médiocres
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concernant l'équipe mobile sont dues essentiellement au
manque de compétence et l'absence d'une filière spécifique
à l'équipe mobile.
En termes de moyens de mobilité propre à chaque
circonscription sanitaire, ces derniers n'existent pas réellement sur le
terrain, alors que 65% estiment que les moyens de mobilité ne sont pas
adaptés au transport du matériel utilisé lors des
équipes mobiles. Parmi les contraintes soulevées par les
responsables locaux, à travers l`entretien, c'est la non
disponibilité de la délégation d'un véhicule
spécifique à l'équipe mobile. Ces résultats
correspondent à celles d'Atif et Touil (2005) qui soulignent que les
réalisations médiocres au niveau de l'équipe mobile
sanitaire sont dues essentiellement, à l'insuffisance de moyens de
déplacement pour le personnel de santé.
Le personnel a déclaré aussi, des contraintes
liées aux médicaments et aux équipements
médico-techniques. 91% des enquêtés confirme l'absence
d'une dotation propre et réservée à l'EM et l'absence
aussi d'un système d'information permettant la gestion des
médicaments utilisés par l'EM. Le sous-équipement des EM,
en particulier en matériel pour la vaccination et la santé
maternelle et infantile (matériel de santé maternelle et
infantile comme les pèse-bébés et les trousses
d'accouchement), et les fréquentes ruptures de stocks de
médicaments sont encore des problèmes aigus (Mohamed Nezhir Ould
Hahmed, 2004).
Dans la même optique, et selon un responsable
interrogé, la contrainte budgétaire peut influencer le programme
de sorties des EM. Ainsi, la gestion de la nature des véhicules qui sont
mises à la disposition de l'équipe mobile, l'augmentation des
prix du carburant et les frais d'entretiens supplémentaires
répercutent sur le fonctionnement des équipes mobiles (Pepin et
al, 1989). En réalité,
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ce qui est reproché aux équipes mobiles c'est le
coût élevé de leurs opérations (Laveissiere et Med,
1993)
Facteurs organisationnels:
Plus de 70% des personnes enquêtées soulignent
que le rythme de passage n'est pas toujours régulier eu égard
à des contraintes géo-climatiques, à la non
disponibilité du personnel . La rythmicité du passage de
l'équipe mobile se fait une seule fois tous les 3mois dans la plus part
des temps, ce qui montre que le problème de la planification des
activités de l'équipe mobile reste une entrave pour la
majorité des CS. Pepin et al (1989) affirment que le Problème de
la programmation des sorties de l'équipe mobile reste un point noir pour
les gestionnaires de santé. En plus, Mantovani (2002) a mis l'accent sur
des problèmes en relation avec la planification des EM qui sont :
L'irrégularité du passage, le moment d'intervention (fin de
journée), le temps d'intervention.
La difficulté liée à la programmation des
PDR a été soulevée et celle-ci a été
justifiée par le fait que la visite à un point de rassemblement
se fait sur la base de la performance par programme ou par couverture
sanitaire. De plus, le choix des PDR se fait surtout au niveau des centres de
santé. En outre, les équipes mobiles échouent à
cause d'une simple faute de planification ou d'organisation à la sortie
(Laveissiere et Meda, 1993).
La coordination est un volet déterminant avec les
autres niveaux de référence qui est la cause des résultats
médiocres en termes d'absence de standard de référence et
de contre référence. Nectoux et al (2008) affirment que, la
coordination et le travail en partenariat entre les équipes mobiles et
les secteurs coexistant semblent encore peu développés et ne sont
pas formalisés.
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92% de personnes enquêtées affirment qu'ils n'ont
reçu aucune supervision lors de l'exercice de l'équipe mobile. Ce
résultat est confirmé aussi par Dash et al (2009) qui
soulèvent que l'absence d'une démarche évaluative et des
outils de supervision retentissent négativement sur l'intervention des
équipes mobile sur le terrain. l'intégration de soins par les
équipes mobiles, le nombre de passages porté de 3 à 6, une
tentative de recherche active des enfants (registre des maternités,
convocation des enfants déjà vaccinés une fois) et une
supervision plus serrée, devraient permettre de continuer
d'améliorer cette situation (Médecine d'Afrique Noire, 1992).
En outre, 67% des professionnels de santé n'ont pas
participé directement ou indirectement à l'évaluation des
activités de l'équipe mobile. Ce constat rejoint celui de Chauvin
(2009) qui déclare qu'aucune démarche évaluative
n'était proposée ni même évoquée pour de
telles évaluations des activités de l'équipe mobile .
Le système d'information, constitue aussi une
contrainte. Le personnel de santé souligne que dans la plupart du temps
(85%), il n'y a pas un système d'information réservé
à la traçabilité des différentes activités
offertes par ces équipes mobiles.
Ce constat est largement conforté par les
données de l'interview qui confirment que l'absence ou la non
actualisation du système d'information entraîne plusieurs
conséquences. Constitue aussi une contrainte, Le système
d'information actuel ne permet pas de connaître la population des points
programmés et celle visités pour pouvoir estimer la couverture de
la population par l'EM. L'absence des outils standardisés et
l'information sur le niveau et le type d'intervention et les problèmes
rencontrés rend difficile l'adaptation des besoins et des modes
d'intervention de l'équipe mobile sur le terrain (Mantovani et Cayla,
2002).
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Facteurs liés à la participation
communautaire :
Selon le responsable de santé de la préfecture
d'Agadir, le problème qui est en relation avec la participation
communautaire réside dans la pérennisation et la
continuité de l'appui de l'équipe mobile dans le temps. Certaines
actions sont relativement liées à des périodes restreintes
pour répondre à des agendas politiques ou autres.
Dans le même sens la majorité du personnel
enquêté dans notre étude voient que l'implication des
communes et des autorités locales est faible au niveau de la
programmation et de la mise en oeuvre. Par contre, l'information et la
participation de la population sembleraient être plus efficaces. Donc ces
résultats sont conformes avec des écrits. Ainsi Nectoux et al
(2008) soulignent que dans la réalité, le renforcement de la
collaboration et de la coopération entre les unités mobiles de
santé avec d'autres ministères et collectivités locales
n'est pas toujours pleinement opérationnel et leur financement reste
incertain.
Les Facteurs Environnementaux :
Plus que la moitié du personnel affirme que la culture
ne constitue aucun obstacle de communication et la bonne compréhension
de l'information par la
population. D'ailleurs, comme preuve sa présence en
masse aux points de rassemblements. Ces résultats sont
contradictoires à ce que soulève la littérature. La banque
mondiale en Amérique latine et des Caraïbes (2009), estime que la
langue et les barrières culturelles sont des obstacles qui freinent la
communication entre le professionnel de santé avec la population lors
des sorties de l'équipe de santé.
Cependant, le plus souvent, les membres de l'équipe
mobile respectent les patients en termes de justice, égalité en
termes de confidentialité, l'intimité est relativement
respectée (57%) chez la population prise en charge (Markstein, 2003).
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La Confidentialité, secret professionnel,
intimité sont autant de questions éthiques auxquelles sont
confrontées les équipes mobiles dans chaque pays. Cette situation
trouve son explication dans l'absence des locaux appropriés et la
diversification de l'équipe en termes de genre (sexe féminin).
Le climat et l'accessibilité géographique
entravent la réalisation des équipes mobiles. Selon le personnel
questionné les passages de l'équipe mobile ne sont pas
réguliers dans 73% des cas. Cette situation est due dans 26% au climat
et à la qualité des routes. Les UMS n'atteignent pas les
communautés très éloignées pendant les saisons
pluvieuses (Garin, Mouleingui, Dutailly, Brasseur, Hamono, 1992 ; Lubrano,
2010). Ces éléments concourent vers les déclarations des
interviewé qui soulignent que même s'il existe des équipes
mobiles fonctionnelles et efficaces, la nature des voies d'accès, la
saison des pluies et la localisation des malades dans l'espace ne leur
permettent pas de viser ce qu'il faut quand il le faut.
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