La non-tenue de l'élection présidentielle dans
les délais constitutionnels, c'est-à-dire avant le 16
décembre 201637 avait provoqué une crise de
légitimité institutionnelle. Pour apporter une solution à
cette crise qui s'annonçait inévitable, un dialogue politique a
été organisé à l'initiative de l'Union Africaine
sous la facilitation du togolais, Edem KODJO. Ce dialogue a
débouché sur un accord intitulé: "Accord du dialogue
national signé le mardi 18 octobre 2016 à la Cité de l'OUA
(dans la suite: l'Accord du 18 octobre 2016). Cet accord avait pour but final
l'organisation des élections apaisées, crédibles et
transparentes en RDC38.
Une frange de l'Opposition politique n'avait pas
participé à ce dialogue. Il s'agit du Rassemblement des Forces
Politiques et Sociales Acquises au Changement, et du Front pour le Respect de
la Constitution. C'est pourquoi un autre dialogue voulu inclusif a
été convoqué sous la médiation de la
Conférence Épiscopale Nationale du Congo, prétendument "en
harmonie avec la Constitution de la RDC, les résolutions pertinentes du
Conseil de Sécurité des Nations-Unies, notamment la
Résolution 2277, l'Accord-Cadre d'Addis-Abeba ainsi que d'autres
instruments juridiques nationaux et internationaux pertinents39.
Ce deuxième dialogue s'était
clôturé par la conclusion d'un accord le 31 décembre 2016,
dénommé "Accord Politique global et inclusif du Centre
interdiocésain de Kinshasa" (dans la suite: L'Accord du 31
décembre 2016 ou l'Accord de la Saint-Sylvestre).
Aborder cette question peut paraître, aux yeux de celui
qui a lu l'Accord du 31 décembre 2016 jusqu'à la fin, comme une
étude de la seconde composante du titre de la disposition finale portant
sur "la forme et la valeur juridique de l'Accord politique". Le
développement de ce titre se limite, toutefois, à la
dénomination conventionnelle de l'Accord: "Accord Politique global et
Inclusif du Centre Interdiocésain de Kinshasa". La dénomination
d'un accord par les parties contractantes ne lui confère pas un
caractère juridique supplémentaire à sa nature
conventionnelle. Ainsi, la valeur juridique de l'Accord du 31 décembre
2016 est à déterminer à l'aune des textes régissant
la RDC, en l'espèce à celle de la Constitution.
37 Sur la date de la fin du second mandat de Joseph
Kabila, entre le 16 et le 20 décembre, voir mon article "La fin du
mandat présidentiel et le principe de continuité de l'État
dans la Constitution congolaise",
http://www.droitcongolais.info/files/rdc-mandat---continuite.pdf.
38 Accord du 18 octobre 2016, Préambule,
§1
39Accord global et inclusif du Centre
Interdiocésain, Préambule, §9
[38]
Avait arrêté les mesures de décrispation
du climat politique, Nous avons constaté: jusqu'au jour des
élections, certains opposants politiques étaient toujours soit en
prison soit en exil.
La liberté de manifestation n'était pas encore
un acquis pour tous. La récente répression violente de la
manifestation des étudiants de l'Université de Kinshasa qui a
causé trois morts en est une illustration. Faut-il souligner aussi que
l'accès aux médias publics n'est pas équitable.
Nous avons observé aussi que, contrairement aux
dispositions légales, les agents de la territoriale et les
administratifs, des ministres aux chefs des villages, sont contraints de battre
campagne pour une seule tendance politique; et les moyens de l'État sont
réquisitionnés, et mis à la disposition d'une seule
plateforme politique. Ce qui consacre l'inégalité des chances,
inadmissible dans une compétition démocratique40.
À cela s'ajoute, d'un côté,
l'épidémie d'Ebola dans le Territoire déjà
sinistré de Beni et, de l'autre, l'arrivée massive de nos
compatriotes expulsés violemment de l'Angola, au mépris du droit
international, dans les provinces de Kongo Central, Kasaï, Kasaï
Central, Kwango et Lualaba.
Ce tableau nous permettait-il d'aller aux élections
sans que les résultats ne soient contestés? Le climat
socio-politique était-il de nature à nous amener aux
élections « inclusives où toutes les parties prenantes
jouissaient de l'égalité de chance et dont les résultats
Sérent effectivement l'expression de la volonté du peuple »?
Dans ces conditions, notre pays connaîtra-t-il une alternance
démocratique qui assure la légitimité de ceux qui seront
appelés à nous gouverner? Nous pensons que tout n'était
pas encore perdu, si nous avions un esprit patriotique et la volonté
politique.