II.1.3.2 Déséquilibre lié à
la prise de médicaments et à l'utilisation d'antiseptiques
? Les médicaments : antibiotiques
Les bactéries lactiques sont très sensibles aux
antibiotiques, en particulier aux macrolides et aux tétracyclines
souvent prescrits dans les infections gynécologiques (D'Aimmo
et al., 2005). Ces molécules entraînent un
déséquilibre de l'écosystème vaginal dès la
mise en oeuvre de la moindre antibiothérapie, ce qui entraine une
prolifération de micro-organismes opportunistes (Sobel, 2007). Le risque
de survenue d'une candidose vulvo-vaginale après une
antibiothérapie est d'autant plus important que l'antibiothérapie
est à large spectre et que la durée du traitement est longue
(Pirotta & Garland, 2006). Le pourcentage des mycoses vaginales qui font
suite à une prise d'un antibiotique oscille de 28% à 33%
(Amouri et al., 2010).
? Les antiseptiques
L'utilisation abusive d'antiseptique entraîne une
sélection de germes pathogènes et une modification de la flore
vaginale physiologique en une flore anormale mycosique et/ou bactérienne
(Delcroix, 1997). Une étude réalisée par
Neut et al. (2015) montre que les ingrédients
actifs des antiseptiques (Chlorhexidine et Polyvinylpyrrolidone) peuvent avoir
un effet destructeur sur les bactéries lactiques in vivo.
II.1.3.3 Déséquilibre lié aux
comportements inappropriés de la femme
? L'hygiène
Une hygiène intime permet le nettoyage de
l'excédent de film hydrolipidique de surface, des cellules mortes, de la
sueur et des bactéries (Bohbot, 2007). Les
bénéfices de l'utilisation quotidienne d'un produit
d'hygiène intime, mis en évidence par des études
cliniques, font partie des conseils à communiquer aux femmes
(Sobel, 2007). Les produits de douches sont composés
principalement d'eau, d'agents acidifiants (acide benzoïque, citrate de
sodium) et d'antimicrobiens (chlorure de cétylpyridinium,
édenté disodique) (Pavlova & Tao, 2000 ; Martino &
Vermund, 2002). Une hygiène intime excessive ou inadaptée est
nuisible au vagin qu'un défaut d'hygiène. La pratique de
multiples toilettes intimes quotidiennes (réalisées par des
femmes souhaitant souvent l'obtention d'une quasi-stérilité du
vagin), des douches vaginales (ou irrigation vaginale) ou l'utilisation
d'antiseptique peuvent induire l'altération de
l'épithélium et de son revêtement, la modification du pH
local et le déséquilibre de la flore physiologique La
conséquence est le risque accru d'une colonisation bactérienne ou
mycologique (Graesslin et al., 2005). Le défaut
d'hygiène de la région anogénitale, associé
à la transpiration et à la macération créé
à l'inverse des conditions favorables à la prolifération
bactérienne, parfois responsable de pathologies (Delcroix, 1997).
? Les tenues vestimentaires
Le port de vêtements serrés, en particulier les
pantalons, les collants et le port de sous-vêtements synthétiques,
gênent l'aération et augmentent la température locale
(Graesslin et al., 2005). Il en résulte des
conditions favorables au développement des germes pathogènes. Ce
type de vêtements, par frottements répétés, irritent
et fragilisent la muqueuse vulvaire (Graesslin et al., 2005).
? Les moyens de contraception
PREVALENCE DE LA CO-INFECTION A GARDNERELLA VAGINALIS ET
CANDIDA SPP CHEZ LES FEMMES CONSULTANTES HLD
REDIGE PAR ABDOUL WAHAB ISSA 17
PREVALENCE DE LA CO-INFECTION A GARDNERELLA VAGINALIS ET
CANDIDA SPP CHEZ LES FEMMES CONSULTANTES HLD
REDIGE PAR ABDOUL WAHAB ISSA 18
PREVALENCE DE LA CO-INFECTION A GARDNERELLA VAGINALIS ET
CANDIDA SPP CHEZ LES FEMMES CONSULTANTES HLD
REDIGE PAR ABDOUL WAHAB ISSA 19
L'utilisation des dispositifs intra-utérins (DIU) est
considérée comme facteur de risque de Vaginose bactérienne
(Ocak et al., 2007). La mise en place d'un dispositif
intra-utérin augmente significativement la fréquence de vaginose
bactérienne, en altérant la flore vaginale (Ocak et al.,
2007). De plus, les DIU sont associés à un haut risque
d'infections du haut appareil génital et notamment des maladies
inflammatoires pelviennes (Ocak et al., 2007). Les diaphragmes et les
dispositifs intra-utérins favorisent également le risque de
survenue de candidose vulvo-vaginale, grâce à un mécanisme
d'adhésion et de production d'un biofilm à la surface du DIU qui
permet aux levures de ne plus être soumises aux agressions du
système immunitaire (Sobel, 2007 ;). Les spermicides, méthodes
contraceptives à base de nonoxynol-9 (N-9), se sont
révélés toxiques pour les lactobacilles (Watts
et al., 1999). Par conséquence, la perturbation de la
flore vaginale a été associée à la mise en place
d'infections opportunistes comme la Vaginose bactérienne et un risque
accru de contracter le VIH de type 1 (Watts et al., 1999). Le
nonoxynol-9 est le composé actif dans de nombreuses formules spermicides
(Watts et al., 1999). C'est un détergent non ionique, qui
réduit la tension superficielle de la membrane du spermatozoïde
humain, provoquant une perte de motilité, une diminution de sa puissance
glycolytique et une altération de la perméabilité. Elle
affecte également la teneur en lipides de la membrane du
spermatozoïde (Amouri et al., 2010).
? Stress chronique
Le stress chronique favorise la production de grandes
quantités de stéroïdes, principalement le cortisol, ce qui a
un impact négatif sur plusieurs structures systémiques. Le vagin
est l'une de ces structures, c'est-à-dire qu'il est un endroit
également atteint par les corticostéroïdes
surrénaliens qui altèrent la croissance des lactobacilles et la
production d'acide lactique (Borges & Silva, 2014).
? Rapports sexuels
Le pH vaginal en phase de reproduction varie de 3,8 à
4,5 (O'Hanlon et al., 2010). Le sperme qui renferme
des bases azotées agit comme un agent alcalinisant puissant qui
réduit l'acidité vaginale en quelques secondes et maintient le
vagin neutralisé (à un pH supérieur à 7) pendant
plusieurs heures après les rapports sexuels, quand les
spermatozoïdes peuvent entrer dans les organes de reproduction
(O'Hanlon et al., 2010). En raison de la
neutralisation de l'acidité du vagin, les spermatozoïdes, qui
tolèrent mal cette acidité, se protègent et les
bactéries pathogènes, qui trouvent les milieux alcalins aptes
à leurs survies vont coloniser le vagin (O'Hanlon et al.,
2010). Par conséquent, en raison de la présence de sperme dans le
vagin, les mécanismes de
protection naturels sont neutralisés (O'Hanlon et
al., 2010). Cela peut expliquer que de nombreuses femmes souffrent
d'inconfort vaginal après des périodes de relations sexuelles
fréquentes (O'Hanlon et al., 2010).
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