II.1.3 Déséquilibre de la flore vaginale
Dès que le nombre de lactobacilles diminue, la flore
vaginale très sensible se déséquilibre et perd ses
caractéristiques protectrices des infections. Quand une infection
génitale a lieu, celle-ci peut être due à une contamination
exogène (c'est ce qui se passe lors d'infections sexuellement
transmissibles), ou due à un déséquilibre de la flore
commensale avec une diminution voire disparition des lactobacilles et une
prolifération anormale de microorganisme normalement présent en
faible quantité (Berrebi ; 1999).
L'harmonie entre la muqueuse vaginale et sa flore normale se
révèle fragile. La diminution de la quantité de
bactérie lactique peut entrainer une multiplication des germes
pathogènes (Linhares et al., 2010). Par
conséquent, le vagin perd beaucoup de sa capacité
d'auto-nettoyage et ses défenses naturelles diminues (Jaisamrarn et
al., 2013). Cela peut provenir de diverses causes :
- hormonales : dans les cas de troubles de la
sécrétion glycogénique lors d'une grossesse,
d'alcalinisation du milieu vaginal lors des périodes de menstruation, de
la prise de contraceptifs oraux et de la ménopause (Barbes &
Boris, 1999) ;
- physiques : habitudes sexuelles, mauvaise hygiène
intime, utilisation de spermicides, de dispositifs intra-utérins et
parfois de tampons (Berrebi & Ayoubi, 1999) ;
- pathologiques : patientes diabétiques ou
immunodéficientes (Barbes & Boris, 1999) ;
- iatrogènes : induites par des traitements aux
antibiotiques à large spectre d'action, la prise d'ovules, l'utilisation
d'antiseptiques, la radiothérapie et les interventions chirurgicales
(Barbes & Boris, 1999).
II.1.3.1 Déséquilibre de la flore
vaginale lié à un facteur hormonal
? Le cycle menstruel
La quantité d'hormones et particulièrement
d'oestrogènes varie au cours d'un cycle menstruel. Même courte
dans le temps cette variation hormonale influence la composition quantitative
et qualitative de la flore vaginale (Bohbot et al.,
2012). En effet, en début de cycle, l'imprégnation
ostrogénique est plus basse et couplée avec la présence
abondante de sang dû aux menstruations (Bohbot et al.,
2012). Ces deux faits entrainent une diminution de la quantité
de
lactobacilles ainsi qu'une légère augmentation
du pH vaginal, faisant de cette vulnérable période, un moment
propice à la survenue d'infections vaginales (Turovskiy et al.,
2011). Pendant la deuxième période du cycle, les concentrations
plasmatiques en oestrogènes et en progestérone augmentent. Ces
conditions sont favorables au développement de Candida
pathogène. Une mycose vaginale aura plus tendance à se
développer au cours de la deuxième partie du cycle
(Patel et al., 2004 ; Sobel, 2007 ; Spacek et
al., 2007).
? La grossesse
Au cours de cette période, les taux
d'oestrogènes et de glycogène disponibles au niveau vaginal sont
supérieurs à la normale et le système immunitaire est
moins performant (Sobel, 2015). Ces éléments
font de la grossesse et particulièrement le troisième trimestre,
une période propice au développement des candidoses et d'autres
mycoses vaginales (Sobel, 2015). L'incidence d'une
colonisation de la flore vaginale par Candida spp au cours de la
grossesse oscille entre 10 et 50 % (Xu & Sobel, 2003).
? Les contraceptifs hormonaux
L'utilisation de contraceptifs avec des taux très
faibles ou nuls d'éthinylestradiol provoque un état de
hypoestrogénie qui perturbe la production de glycogène. Par
conséquent, les femmes sont particulièrement sensibles aux
altérations de l'écosystème vaginal (Güzel et
al., 2013). Les oestrogènes administrés peuvent eux aussi
favoriser la croissance et l'adhésion de nombreuses espèces
microbiennes à l'épithélium vaginal, d'autant plus si le
contraceptif est fortement dosé (Amouri et al., 2010 ;
Anane et al., 2010).
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