Les difficultés des armées nationales à lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016 |
1.6. PROBLEMATIQUELa problématique constitue l'élément fondamental scientifique, qui se veut sérieuse et pertinente. Madeleine Grawitz la définit comme étant, « l'ensemble des hypothèses, des orientations des problèmes envisagés dans la théorie, dans une recherche »55(*). Dans la même logique Michel Baud affirme que : « la problématique est un ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche, des lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet choisi »56(*). Ainsi donc, la problématique permet de circonscrire la question en l'orientant dans le sens où celle-ci sera examinée. Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux USA ont confirmé un nouvel ordre géopolitique marqué par la montée aux extrêmes, des « réseaux terroristes ». Cette situation s'est confirmée l'aube du printemps arabe en 2011. Les activités terroristes sont montées d'un cran au Moyen et au Proche Orient, dans le continent africain et en l'Europe, en Asie et en Amérique. Cette menace terroriste se joue de la volonté des Etats. Elle est plus difficile à prévoir, à juguler, à évaluer et à combattre au sens conventionnel de la guerre par les armées nationales. En effet, les conflits et les violences ne sont plus uniquement de nature militaire. D'autres convulsions ont lieu à l'échelle de la planète. Il s'agit des forces transnationales, tirant profit de l'évolution de la réalité internationale pour prospérer. Chaque pays vit sa cohorte de menace terroriste qui fait appel à l'engament de leurs armées. Tel est le cas de l'armée camerounaise. Après avoir été confrontée depuis de longues années à un conflit transfrontalier avec l'armée nigériane sur la presqu'île de Bakassi, l'armée camerounaise fait face depuis quelques années au groupe terroriste Boko Haram. La montée en puissance des groupes terroristes dans le monde illustre à suffisance l'incapacité des forces armées nationales à combattre efficacement contre cette forme de menace. En effet, qu'il s'agit de l'armée la plus puissante du monde, ou de l'armement le plus sophistiqué du monde, les armées nationales n'arrivent toujours pas à remporter la décision dans les combats qui les opposent aux organisations terroristes. L'ampleur de la menace terroriste dans le monde, dicte aux pays du monde entier, à revoir leur politique de défense et leurs approches dans la conduite des opérations militaires anti-terroristes. En effet, la guerre a subi une mutation et le paradigme de la guerre qui prévaut maintenant est celui de « la guerre au milieu des populations »57(*). A cet effet, la lutte contre le terrorisme par les forces armées nationales ne pourra trouver une efficacité certaine, si et seulement si, les acteurs en charge de combattre cette menace pensent autrement. 1.6.1. Question de rechercheA la lumière des développements qui précèdent, la question centrale qui structure ce travail est la suivante : Pourquoi les Armées Nationales éprouvent-elles des difficultés à combattre efficacement les groupes terroristes ? De cette question principale, nous pouvons relever les deux questions secondaires suivantes : · Quelles sont les difficultés que rencontrent les forces armées nationales dans la lutte antiterroriste ? · Quelles sont les spécificités de la lutte contre Boko Haram par l'armée camerounaise? Après avoir présenté la question principale, et les questions secondaires qui s'inscrivent au coeur de notre analyse. Il importe à présent d'avancer des réponses anticipées qui seront vérifiées au terme d'un travail d'expérimentation. * 55 Madeleine Grawitz, lexique des sciences sociales, 5e éd, Paris, Dalloz, 1991, p. 113. * 56 Beaud Michel, l'art de la thèse, Paris, la découverte, 1996, p. 38. * 57 Cette expression est du général britannique Rupert Smith pour qualifier les guerres modernes. |
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