Les difficultés des armées nationales à lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016 |
3-LutteLe Grand Larousse Illustré 2016, définit la lutte comme un affrontement entre deux personnes, deux groupes dont chacun cherche, s'efforce à faire triompher sa cause. Dans le cas d'espèce, la lutte est un choc entre deux volontés opposées (les entités étatiques contre les mouvements terroristes) cherchant à imposer à l'autre sa volonté. Elle peut également être considérée ici comme, une confrontation qui oppose les forces armées et les organisations terroristes. 4-TerrorismeLe terrorisme est considéré comme l'une des plus grandes menaces du 21ème siècle20(*). Mais, il faut relever que le terrorisme n'est pas un phénomène nouveau, il est tout aussi ancien que la guerre. Il a été attesté en 1792 pour désigner la doctrine des partisans de la terreur remontant à la révolution française. Celui-ci remonte au 11e siècle par la « sacralisation de la violence » causé la mort pour la cause de Dieu (la terreur sacrée). Autrefois, la terreur faisait peur on tuait des gens en raison de leur insoumission à un régime autoritaire établi et sans leur consentement. On a ensuite utilisé le terrorisme pour manifester son rejet du colonialisme, afin d'oeuvrer pour l'indépendance de son pays (le cas de l'Afrique du Sud dans les années 80 dans la lutte contre le régime d'Apartheid). C'est à la suite de cet épisode historique que le terrorisme a été forgé pour désigner un régime de terreur, pour la plupart des auteurs étudiant le phénomène terroriste, entre autre Armand Blin et Gérard Challiand, Bruce Hoffman et Walter Laqueur etc. L'usage de la terreur à des fins politiques existait déjà. Pourtant, depuis les années 70, la problématique « terroriste » a vu une ample littérature et se hisse de nos jours au sommet des préoccupations mondiales. De par l'abondante littérature consacrée à la notion du terrorisme, les auteurs ne s'accordent pas sur une définition universelle du terrorisme. Il est donc extrêmement compliqué de trouver une définition qui fait consensus entre les acteurs. La définition du terrorisme donne bien à des désaccords. Cela parait lorsqu'une personne est qualifiée de terroriste par certains et honorée par d'autres comme étant un combattant de la liberté. Les efforts en vue de trouver une définition universellement acceptable pour tous se heurtent toujours à deux points de vue : l'inclusion du «terrorisme d'Etat et la demande d'exclusion du recours à la force visant à la libération nationale effectué dans le cadre du droit à l'auto-détermination »21(*). C'est dans ce sens que Brian Jenskins souligne que : « ce qu'on appelle terrorisme semble donc dépendre du point de vue de celui qui emploie le terme. L'usage du terme implique un jugement moral, et si une partie réussit à attacher le label terroriste à la partie opposée, c'est qu'elle est directement parvenue à persuader les autres d'adopter son point de vue »22(*). Isabelle Soumier quant à elle affirme que : « l'étiquette terroriste jette l'anathème, elle renvoie à l'inacceptable »23(*). Le concept reste encore flou du fait de la nature des actions terroristes, les mobiles, les moyens utilisés et les cibles pluriels et divers. En plus, il pose la question entre l'acte politique (le but recherché) et la terreur (le moyen), celle de la violence légitime (supposée exercée par les Etats) et illégitime (exercée par les individus organisés en réseaux ou solitaire, ou des organisations non étatiques sub-nationales) et celle du comportement éthique (le lâchage de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki est-il plus éthique que les attentats terroristes du septembre 2011 ?), et celle du public principal (la cible de l'acte terroriste est-elle la véritable cible ? La véritable cible n'est-elle pas un gouvernement, une Organisation Internationale, ou l'opinion internationale que l'on cherche souvent à atteindre, à informer ou à influencer ?)24(*). Cet ensemble d'incompréhensions sur la notion du terrorisme pour autant ne nous fait dire qu'il n'y a aucune définition du terrorisme ? Les auteurs n'ont-ils pas essayé de définir cette notion ? N'existe-t-il pas des définitions sur la notion du terrorisme ? En effet, ce que nous considérons comme terrorisme n'est rien d'autre qu'une tactique de combat. L'arme du « faible » contre le « fort »25(*), dans le cadre d'une conflictualité asymétrique, où le faible fait usage de cette tactique de combat pour contourner la force arsenalisée du fort. Le terrorisme a donc pour but de conférer la puissance et les avantages tactiques à des acteurs qui en seraient dépourvus s'ils entraient en confrontation directe de nature symétrique avec une armée régulière26(*). Le terrorisme apparait donc comme une approche, une technique guerrière, une catégorie conflictuelle qui relève des stratégies indirectes, irrégulières ou des stratégies alternatives. C'est en tant que méthode de combat qu'Alex Smitt et Albert Jongman le définissent comme, « une méthode rejetée d'actions violentes inspirant l'anxiété, la peur et qui est employée par des individus, des groupes (semi) clandestins ou des acteurs étatiques pour des raisons particulières, criminelles ou politiques ou au contraire de l'assassinat. La cible initiale de l'acte de violence est généralement choisie au hasard (opportunité) ou de manière sélective (symbolisme), parmi une population donnée et sert à propager le message...»27(*). Cette définition recoupe largement celle de Marie Balancier, pour elle, le terrorisme est « une séquence d'actes de violence dument planifiés et fortement médiatisés, en prenant délibérément pour cible les objectifs non-militaires afin de créer un climat de peur et d'insécurité, d'impressionner une population et d'influencer ses décideurs, dans le but de modifier les processus décisionnels (céder, négocier, payer, libérer, réprimer) et satisfaire des objectifs (politiques, économiques, criminels) préalablement définies »28(*). Pour Arnaud Blin, « un acte de terroriste est un acte politique dont le but est de déstabiliser un gouvernement ou un appareil politique, où les effets psychologiques recherchés sont inversement proportionnels, mais non exclusifs à la population civile »29(*). L'Union Européenne (UE) à travers la loi européenne adoptée le 06 décembre 2001 s'accorde sur une définition commune sur le délit de terrorisme. Ainsi, sont qualifiés de terroristes, les actes commis « dans le but de gravement intimider une population ou de contraindre indument les pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir un acte quelconque ou gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales, politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d'un pays ou d'une organisation internationale ». Ainsi, comme nous l'avons souligné plus haut, l'examen de cette abondante littérature sur la notion du terrorisme illustre à suffisance la grande difficulté qu'il y'a à asseoir une définition consensuelle de la notion du terrorisme. Par conséquent, elle illustre l'urgence et le défi de s'accorder sur une définition universelle du terrorisme. Afin que les nations puissent adresser et appliquer les mesures de contre terrorisme et d'antiterrorisme. * 20 Arnaud Blin, Terrorisme : Histoires, formes et méditation, Questions Internationales, Dossier décembre 2004, p. 1. * 21 Société Française pour le Droit International SFDI, « Les nouvelles menaces contre la paix et la sécurité internationales », Paris, éditions, A. Pedone, 2004, P. 34. * 22 Brian Jenkis cité par Bruce Hoffman, la mécanique Terroriste, Calmann-Lévy, 1999, p. 39. * 23 Isabelle Soumier, Le Terrorisme, Paris, 2000, p. 39. * 24 Khader Bichara, Terrorisme islamiste localisé. Terrorisme islamiste globalisé. Essai de définitions. CERMAC, 15 mars, 2005, p. 1. * 25 Gwenaëlle Calcerrada, cité par Rodrigue Nana, la « Tactique du faible au fort » : Apports et Limites des explications structurelles et stratégiques du terrorisme par la discipline des Relations Internationales, IEP de Bordeaux, SPIRIT, 26 aout 2010, p. 2. * 26 Stephen Di Rienzo, « Terrorisme : une forme inédite d'expression de la puissance », in Politique Etrangère, été 2006, no 2, p. 375-384. * 27 Alex Schmitt and Albert Jongman et Al political Terrorism: a new guide to actors, concepts, data bases, theories and literature, New Brunswick, Transaction Books, 1988. * 28 Jean Marie Balancier : «Les Milles et un visage du Terrorisme contemporaine », in Questions Internationales, Documentation française, no 8, 2004, p.6. * 29 Arnaud Blin, Terrorisme Histoires, op.cit. |
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