Les difficultés des armées nationales à lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016 |
B-LE RENFORCEMENT DES RELATIONS CIVILO-MILITAIRESLes relations civilo-militaires ne sont pas récentes. Mais, depuis la recrudescence des activités terroristes au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Au regard de mutations des nouvelles formes de menaces, les rapports entre les civils et les militaires se sont révélées d'une importance capitale. La relation entre « civil et militaire » se définit, au contact de la mutation de la scène internationale comme celle qui se caractérise à la fois par l'irruption de nouveaux acteurs dans la scène internationale, et par les nouvelles formes d'expression de la violence. Lors des guerres classiques où les forces armées nationales avaient comme adversaire une armée bien identifiée, l'action des civils ne faisaient pas partir de l'effort de guerre. Au service d'une action défensive ou offensive, la question de la relation civilo-militaire pouvait sembler être négligeable dans l'atteinte des objectifs de l'Etat. Mais depuis le 11 septembre 2001, le monde fait face à une nouvelle dynamique de menaces mettant à mal la souveraineté des Etats. Il s'agit de l'« ennemi invisible » qui ne se fait sentir que par l'ampleur de ses actions. Du fait de son habilité tactique et sa capacité à se diluer dans la population civile. Il opère dans l'ombre sous l'impuissance des forces armées nationales à l'attente d'un ennemi identifié. Il apparait donc ici, que l'absence d'une véritable relation civilo-militaire a coûté cher aux USA car, la multitude d'instances entre les acteurs civils et le commandement militaire n'a pas été au service de la spontanéité requise, face au terrorisme. Or, une symbiose est entre les deux parties, l'une apportant les informations, l'autre la puissance agissante aurait permis d'étouffer le mal dans l'oeuf. A l'épreuve des faits, le terrorisme véhiculé par les acteurs irréguliers, responsables des nouvelles formes de menaces impose comme mesure stratégique, une relation civilo-militaire, les civils à même de détecter l'ennemi qui se frotte à eux en toute sécurité à la quête des zones d'affluence, les militaires capables d'annihiler tout foyer d'insécurité. Tout gage de sécurité passe donc par la mise à contribution de cette relation à trait d'union. Il est donc question pour les instances politiques de sensibiliser et d'informer la « partie civile » de la nouvelle réalité internationale porteuse de nouvelles menaces avec pour cible privilégiée les populations civiles, de la relative capacité de la « partie militaire » à assurer leur sécurité sans leur véritable participation258(*). Au Cameroun, la réponse à la crise sécuritaire dont fait face le pays passe par un renforcement des relations civilo-militaires, ce qui relève à bien des égards, au soutien apporté aux militaires engagés dans la lutte contre Boko Haram, par le peuple camerounais. Cette relation s'illustre au Cameroun par la réalisation d'importants projets de développement tels que la construction des routes et autres édifices par l'armée camerounaise. Ces actions sont encore appelées les Actions Civilo-Militaire (ACM). Parmi ces actions nous avons la réalisation de certaines oeuvres sociales telles que la santé (hôpitaux militaires, les campagnes de santé faites par le BIR), l'éducation (la construction des salles de classe). Un vaste programme qui ne peut-être réalisé que s'il existe une véritable synergie d'actions entre l'Armée et la Nation. Après être apparue sous l'action violente la plus déterminante, la prise de l'initiative de Boko Haram au Cameroun a véritablement déclenché une sorte d'euphorie au sein de la population camerounaise. Une sorte d'émulation du concept de défense populaire du Cameroun. En effet, elle s'est manifestée par les opérations de dons et les marches de soutien au profit des militaires camerounais engagés au front. A en témoigne la « Grande marche patriotique » du boulevard du 20 mai à Yaoundé, qui a été présenté comme une « marche de soutien aux forces armées et aux populations de l'Extrême-Nord ». Dans le même sens, le compte d'affectation spécial ouvert par le Ministère de Finances est présenté comme destiné à « retracer les contributions des différentes couches de la population au titre de leurs appuis à nos forces de défense et de sécurité engagées sur le front de la guerre contre l'organisation terroriste Boko Haram »259(*). Le titre même du compte est : « contribution du peuple dans la lutte contre Boko Haram ». La récolte de fonds et de dons est appelée « effort de guerre ». Il ressort que cet appui de la Nation à l'effort de défense participe au renforcement des relations civilo-militaires, indispensables dans la lutte contre le terrorisme. Dans le même sens, il solidifie la collaboration du couple Armée-Nation dans la lutte contre le terrorisme, qui constitue un gage d'efficacité pour l'action des forces armées dans la lutte contre cette menace. * 258 www.memoireonline.com/ Ernest Claude Messinga, Les F.A.C face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010, Thèse de Doctorat/Ph. D en Science politique, Université de Yaoundé2, op. cit. * 259 Augustin Charles A. Mbia, « La « mobilisation contre la secte Boko Haram » au Cameroun : une objectivation du tryptique Peuple-Armée-Nation. », Bulletin d'Analyse Stratégique et Prospective de l'EIFORCES, N0003 et 004, décembre 2014, p. 85. |
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