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Les difficultés des armées nationales à  lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.


par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016
  

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CHAPITRE 4

LES DEFIS POUR UN RECADRAGE DE L'ACTION DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE

La guerre n'a pas changé, elle est toujours fondamentalement un acte politique constitué de lutte entre deux volontés indépendantes243(*). Mais, elle a changé de nature. Après les attentats du 11 septembre 2001, la guerre avait en effet, pris un nouveau visage, tandisque l'évolution constante des circonstances constituait la capacité d'adaptation en qualité essentielles des armées face à des adversaires plus doués que les forces armées nationales pour l'innovation. Même si nous admettons que la puissance militaire reste indispensable pour les guerres modernes, il faut admettre que, celle-ci ne garantie plus l'efficacité de l'action militaire dans les combats modernes. Confronté à une puissance trop forte pour oser s'y frotter avec ses propres armes, le faible jugeant le puissant hors d'atteinte, invente les nouvelles formes de défis qui modifient la notion même de victoire244(*).

A cet effet, il se pose un défi pour les forces armées nationales pour pouvoir gagner les conflits modernes, notamment dans la lutte contre les groupes terroristes. Le défi stratégique et tactique que le terrorisme représente pour les forces armées nationales d'une manière générale, l'armée camerounaise d'une manière particulière, peut se résumer en ces termes : comment pourrait-elle devenir un acteur crédible dans la lutte globale contre le terrorisme, dont le pays est entré ces dernières années ? Autrement dit, quels seraient en ce qui les concerne, les éléments d'une initiative stratégique camerounaise, apte à relever ce défi ? La réponse à ce questionnement prescrit un recadrage de l'action des forces armées nationales pour l'adapter aux spécificités des combats modernes.

Concernant donc les défis pour un recadrage de l'action de l'armée dans la lutte antiterroriste, nous analyseront le défi pour l'armée camerounaise à mettre en oeuvre une stratégie claire et précise face de la menace terroriste (Section 1), et la nécessité d'une mutualisation des moyens (Section 2).

SECTION 1 : LES DEFIS POUR L'ARMEE CAMEROUNAISE DE METTRE EN OEUVRE UNE STRATEGIE CLAIRE ET PRECISE DE LA MENACE TERRORISTE

Créée au moment de l'indépendance en droite ligne avec la pensée stato-centrée occidentale, l'armée camerounaise a originellement été formée et entrainée pour faire la guerre conventionnelle au sens clausewitzien du terme. Avec la mutation des menaces de plus en plus asymétriques, dont le terrorisme islamiste, où la conflictualité ne relève pas des canons traditionnelles de la guerre. Pour gagner en efficacité dans les nouveaux champs d'opérations, celle-ci est appelée à relever un défi stratégique et tactique (Paragraphe 1), et par, une adaptation aux spécificités et à la nature des nouvelles menaces (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : UN DEFI STRATEGIQUE ET TACTIQUE POUR L'ARMEE CAMEROUNAISE

Les menaces asymétriques d'une manière générale, le terrorisme islamiste d'une manière particulière, constituent pour les armées nationales, un défi stratégique et tactique particulièrement difficile à relever. L'expansion actuelle du terrorisme dans le monde rend précisément compte de la complexité d'une équation sécuritaire semble-t-il aux antipodes des us et coutumes de la guerre classique. En ce qui concerne le défi stratégique et tactique à relever pour l'armée camerounaise, nous verrons, qu'il faut relever le défi dû au déni de reconnaissance de l'ennemi terroriste (A). Il faut aussi relever un défi tactique (B).

A-LE DENI DE RECONNAISSANCE DE L'ENNEMI TERRORISTE

Sun Tzu, grand maître de la science et de l'art de la guerre de l'époque héroïque de la Chine des royaumes combattants, prescrit de « comprendre l'autre et ne pas faire ce qu'il attend de vous ». La reconnaissance et la compréhension de l'ennemi devient le postulat irréductible dans l'établissement du rapport de forces. Autrement dit, c'est par rapport à l'autre, réel ou possible, que se détermine ou que l'on se prédétermine. Toute stratégie trouve sa pertinence au regard de l'autre.

Hors, la menace terroriste comme le reste de toutes les menaces relevant des stratégies alternatives et irrégulières, souffre historiquement de la part des Etats d'un déni de réalité qui obère substantiellement sa compréhension, pourtant nécessaire. C'est ce déni de reconnaissance que souffrent les terroristes de Boko Haram par le haut commandement militaire camerounais, mais aussi par les autorités politiques camerounaises. La conséquence en apparait au travers des nombreuses difficultés qu'il y a encore de nos jours à cerner et à conceptualiser la phénomélogie du terrorisme en tant que menace à sécurité nationale des Etats, d'une manière générale, et de l'Etat du Cameroun d'une manière particulière.

La connotation diabolisante de l'acteur terroriste visant à vider son action de toute action rationnelle et de toute légitimité. Cette connotation est due à ce qu'il faut bien appeler le dogmatisme westphalien, qui constitue un obstacle majeur, non seulement pour la mise en oeuvre d'une stratégie antiterroriste, mais également d'une épistémologie du terrorisme. En outre, la difficulté la plus probante qu'il y a à cerner la menace terroriste se situe également dans la multitude et la complexité des enjeux qu'il incarne dont les plus constants se situent aux niveaux religieux et politique.

L'immixtion du religieux est en effet récurrente dans l'histoire du terrorisme. La sacralisation de l'action terroriste, « la terreur sacrée », trouve déjà son empreinte dans la violence des Zélotes juifs au premier siècle de l'ère chrétienne et celle des Sectes ismaélienne des Assassins entre les XI et XIIIème siècles. Pour ne pas oublier celle des croisés du christianisme catholique au cours de cette dernière période. Autant dire que le fanatisme religieux n'est pas une particularité du fondamentalisme islamiste.

Quant à l'enjeu politique, il est substantiel à l'enjeu de puissance, de pouvoir et de domination dans une optique désormais étatique (Etat Islamique en Iraq et en Syrie, et le Kalifa de Boko Haram au Nord-Est du Nigéria). Bref, du conflit hégémonique, qui structure fondamentalement l'histoire et la géopolitique des sociétés humaines depuis la nuit des temps. Dans ce sens, la violence est un moyen pour la réalisation des finalités politiques. Il s'agit de « faire plier la volonté de l'adversaire en affectant sa capacité de résistance ». Tout comme la guerre que Carl Von Clausewitz définit comme : « la continuation de la politique par tous les moyens », le terrorisme vise à, « amener notre ennemi à exécuter notre propre volonté ».

Ainsi donc, l'absence d'une objectivation stratégique précise de la menace terroriste de Boko Haram dans le corpus doctrinal d'emploi des forces de l'armée camerounaise accentue ici plus qu'ailleurs, un mélange de genres. Et les conflits d'écoles à propos de la catégorie stratégique réelle à laquelle appartient la menace terroriste de Boko Haram, ainsi, qu'à propos des approches contre-terroristes y afférentes. Cette absence explique par conséquent, les carences opérationnelles dans la lutte contre Boko Haram par l'armée camerounaise et les difficultés des acteurs engagés dans ladite lutte peuvent éprouver quant à intégrer au sein des dispositifs mutualisés.

Le défi stratégique de la lutte contre la menace terroriste de Boko Haram par l'armée camerounaise, est aussi un défi tactique.

* 243 Vincent Desportes, La guerre probable : penser autrement, op. cit, p. 187.

* 244 Vincent Desportes, Idem.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams