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Les difficultés des armées nationales à  lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.


par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016
  

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PARAGRAPHE 2 : DIFFICULTES DE PROJECTION DES FORCES DANS LES OPERATIONS ANTI-BOKO HARAM

L'Etat du Cameroun est doté des forces armées, instruments de sa puissance et de la violence légitime, dont la vocation consiste en la préservation de l'indépendance et de la défense nationale. Ces Forces sont préparées à la guerre conventionnelle selon la logique réaliste et westphalienne opérationnelle dans le cadre d'une configuration de guerre interétatique.

Comme nous l'avons évoqué en amont, le conflit entre l'armée camerounaise et les terroristes de Boko Haram se déroule en milieu sahélien. Et la particularité avec cette région est que, celle-ci n'est pas favorable pour l'armée régulière. Dans la mesure où cette région n'est pas favorable pour les manoeuvres militaires (A), certains matériels militaires n'y sont pas adaptables (B).

A-DIFFICULTES D'OPERER LES MANOEUVRES MILITAIRES DANS LES ZONES DE COMBATS

Le Sahel, est caractérisé par des températures hostiles très élevées dépassant facilement 500C. Ces températures sont marquées par de fortes amplitudes. Les vents sont forts, chauds, secs et chargés de poussière. La longue saison sèche de huit à dix mois laisse la place à une courte saison humide durant laquelle les précipitations, parfois, sont violentes. Elles provoquent un fort ruissellement car leur intensité dépasse la capacité d'infiltration des sols. Le degré de la pluviométrie permet de diviser le sahel en trois zones : la zone saharo-sahélienne ; la zone sahélienne et la zone soudano-sahélienne, zone à laquelle appartient l'Extrême-Nord du Cameroun. Le sahel est traversé par quatre grands fleuves : le Sénégal, le Niger240(*), le Logone-Chari et le Nil. Il s'y ajoute le Lac Tchad, lequel a perdu 80% de sa superficie en un siècle. Le réseau hydrographique se compose de cours d'eau éphémères241(*)alimentant des mares temporaires dont certaines retiennent l'eau jusqu'au printemps. Ce qui est favorable aux troupeaux.

Ainsi, mener les opérations militaires dans la zone sahélienne nécessite une meilleure connaissance du terrain. Dans le cas d'espèce, les militaires camerounais déployés dans l'Extrême-Nord du Cameroun pour lutter contre les terroristes de Boko Haram souffrent d'une mauvaise connaissance de la région. Car, le gros des effectifs est constitué des militaires en provenance du Sud Cameroun. Par contre, cette région offre une grande mobilité pour les groupes armés notamment pour les terroristes de Boko Haram qui ont une parfaite connaissance de la région.

Le relief de l'Extrême-Nord du Cameroun comprend de vastes étendus sableuses, parsemées de relief gréseux peu vigoureux, mais découpés et troués par l'érosion. Cette région est propice au camouflage pour les combattants du mouvement terroriste Boko Haram pour se constituer des bases de repli. Par contre, cette région n'offre pas une parfaite mobilité pour les forces armées camerounaises. Caractérisée par une géographie difficile pour les opérations militaires (montagnes rocheuses, l'avancée du désert, etc.), la région de l'Extrême-Nord camerounais constitue un désavantage pour l'armée camerounaise déployée au front. De part la lourdeur et la rigidité des forces armées, celles-ci ont du mal à se déployer efficacement dans les théâtres d'opérations militaires. En effet, dans certaines zones de l'Extrême-Nord les manoeuvres militaires sont totalement inopérables, la reconnaissance aérienne est même aléatoire et l'accès aux colonnes motorisées s'avère même impossible. Bref, il parait très difficile pour l'armée camerounaise de réussir les opérations de surprise, terrestre ou héliportée dans cette zone.

L'une des règles du combat en milieu désertique stipule que, « la rébellion doit avoir une base inattaquable, un lieu à l'abri non seulement d'une attaque, mais de la crainte d'une attaque ». Il est même parfois impossible pour l'armée camerounaise de mener les actions en profondeur dans certaines zones notamment dans les mont Mandara. Selon le témoignage recueilli auprès de certains militaires d'Emergence4 à Maroua : « nos blindés et nos véhicules 4x4 sont souvent incapables de manoeuvrer dans certaines zones d'opérations »242(*). L'environnement local ne permet donc pas de manoeuvrer ou de circuler dans certains endroits. Ceci, à cause du sable, et pendant la saison pluvieuse, tous les Mayo (cours d'eau) se communiquent entre eux et rendent encore plus difficile la circulation pour les forces armées.

Ainsi, les obstacles géographiques de la région de l'Extrême-Nord camerounais ne permettent pas un meilleur déploiement des forces armées camerounaises. Dans ce sens, ne permettent pas à celles-ci de gagner en efficacité dans cette lutte. A ces obstacles géographiques, il faut relever que les militaires camerounais sont également confrontés à un autre obstacle, celui de la barrière sociologique et ethnolinguistique des populations du septentrion camerounais. Comme nous l'avons déjà évoqué, les militaires camerounais déployés au front sont constitués majoritairement par les militaires en provenance du Sud. Par conséquent, ils ne comprennent pas les langues locales. Considérées par certains comme des forces de protection mais d'autres les prennent comme des forces étrangères.

* 240 Joliba (en mandingue), Issa Beri (le grand cours d'eau en songhaï) et le fleuve pour les Touareg.

* 241 Appeler Mayo à l'Extrême-Nord du Cameroun.

* 242 Entretien avec un officier de l'Opération Emergence4 à Maroua, le 5 mai 2016.

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