Les difficultés des armées nationales à lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016 |
B- LA CAPACITE D'ADAPTATION DU GROUPE TERRORISTEIl est désormais connu que, selon les lois propres de la guerre, l'adversaire modifie ses manières de combattre autant que les circonstances l'exigent. Les nouveaux acteurs s'adaptent plus vite, profitant de leur connaissance du milieu et des forces armées nationales pour épaissir le « brouillard de la guerre » et diminuer l'effet de la puissance technologique des armées nationales. S'agissant du cas de Boko Haram, ce groupe terroriste jouit d'une capacité d'adaptation dans le conflit qui l'oppose à l'armée camerounaise. Dans la mesure où, le terrain dans lequel se déroule les opérations militaires en bien connu des terroristes. Les configurations sociologiques de la région sont à l'avantage des terroristes. Aussi, les terroristes de Boko Haram jouissent d'une forte capacité à pouvoir contourner la force traditionnelle de l'armée et à exploiter ses vulnérabilités. Au cours de ces dernières années, Boko Haram a connu plusieurs évolutions majeures, en réaction aux stratégies et méthodes des forces gouvernementales des pays de la région et induites par les changements du contexte international dans lequel le groupe s'inscrit. Le terrorisme de Boko Haram en Afrique Occidentale s'inscrit dans le Jihadisme international inspiré par la figure emblématique du terrorisme global d'Oussama Ben Laden. Celui-ci est d'ailleurs soupçonné d'avoir encouragé et financé le jihad au Nigéria via le groupe terroriste lors de sa création238(*). C'est à partir de 2009 que le groupe a renforcé ses liens avec les mouvements terroristes étrangers à la suite de la répression violente qu'avait connu le groupe terroriste cette année la. Des dirigeants du groupe ayant survécu à la répression notamment Mamman Nur, ont fuit le pays en direction du Mali, l'Algérie, en Somalie, voire même en Afghanistan. Ils auraient reçu des entrainements aux actions terroristes et à la guérilla. De retour au pays, ceux-ci ont développé les enseignements reçus à l'étranger auprès des spécialistes du terrorisme international. C'est ce qui justifie en partie les victoires tactiques engendrées par ce groupe face aux forces armées nationales. La vaste campagne militaire dont le Tchad a pris l'initiative aux côtés de leurs frères d'armes camerounais au début de janvier 2015 a permis d'obtenir des résultats significatifs contre le mouvement terroriste. L'armée tchadienne associée à leurs frères d'armes camerounais, nigériens et nigérians ont tout de même réussi à contrer les ambitions régionales de celui qui a pris l'appellation de l' « Etat islamique en Afrique de l'Ouest », d'étendre ses tentacules dans les pays de la sous-région notamment au Cameroun. Si l'action des armées de la sous-région a permis d'amoindrir d'une manière significative les capacités opérationnelles du mouvement terroriste, mais celui-ci n'a pas coulé. Il a plutôt fait preuve de sa capacité d'adaptation face à la montée en puissance des armées de la région. Boko Haram garde toujours sa capacité à imprimer la terreur au Cameroun et dans le bassin du lac Tchad. Sa puissance de feu considérablement réduite, par la perte ou la destruction de son arsenal. Boko Haram ne désarme pas, il mue dans son action, en exploitant les vulnérabilités des pays de la région. Cette situation constitue un avantage pour le groupe terroriste qui lui permet de se reconstruire dans sa structure et son mode de fonctionnement. Vu que celui-ci prouve de jour en jour sa capacité à imprimer la terreur au Nigéria et au Cameroun par les attentats suicides et les embuscades tendues aux forces armées. Boko Haram exerce une emprise territoriale significative localisée dans le Nord-Est du Nigéria, malgré la libération de nombreuses localités par l'appui des armées de la région. Mais, la zone d'action du groupe est nettement plus large. Bénéficiant de réseaux reposant sur la continuité de l'espace ethnique Kanouri dans les Etats du bassin du lac Tchad, mais également de réseaux plus ou moins structurés de sympathisants à leur cause, ou à leur idéologie et d'opportunistes (criminels, voleurs, etc.). Il ne peut être exclu que Boko Haram dispose de cellules dormantes et opérationnelles dans les pays de la sous région239(*). * 238 Terrence McCoy, This how Boko Haram funds its evil, The Washington Post, 6 juin 2014 ; Robin Simcox, Boko Haram and defining the `al-Qaeda network', Al Jazeera, 8 juin 2014. * 239 Les attaques de Boko Haram contre les forces nigériennes et tchadiennes au Niger mais également contre les localités tchadiennes et camerounaises confirment à minima les infiltrations du groupe terroriste. |
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