Les difficultés des armées nationales à lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016 |
B-L'ARMEE CAMEROUNAISE UN OUTIL DE DEFENSE PREPARE A LA GUERRE CONVENTIONNELLEGarante de la sécurité du pays, l'armée camerounaise par son existence, par sa nature et sa posture, témoigne de la défense de la nation camerounaise. Elle contribue par leur action à la mise en oeuvre de la politique de défense militaire de la nation. Organisée, équipée, entrainée pour faire face à toutes les menaces directes et indirectes. Elle doit acquérir les capacités logistiques, opérationnelles nécessaires à l'exécution de leur mission. Le Cameroun dès son accession à l'indépendance en 1960, va opter pour la défense populaire comme concept d'emploi des forces. Les raisons de ce choix semblent multiples. Le Cameroun accède à l'indépendance en pleine période de guerre froide, au prix du sang de ses compatriotes. Avec les moyens modestes, il parait évident pour les autorités, que pour faire face à une rébellion il faut impliquer toute la nation à la défense de la nation. C'est du moins pour cela que le président Ahidjo affirmait à l'époque que, la défense populaire peut être d'un grand secours, en agissant au-delà de nos frontières avant tout déclenchement. Le président Paul Biya reviendra sur le concept de défense populaire pour souligner le lien qui existe entre l'armée et la nation. Ce concept a connu des évolutions au fil des années face à un monde en mutation. Pour ce qui concerne la première phase, elle recouvre deux textes fondateurs qui vont de l'ordonnance n0 59/57 du 11 novembre 1959224(*). Dans les articles 3, 5, 17 et 19 l'on retrouve déjà les termes de mobilisation générale et le service national comme ancêtre lointain du concept de défense populaire, à la loi n067/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation générale de la défense. La seconde phase, tout en se nourrissant de la loi de 1967 rappelée si dessus s'ouvre par le discours du président Ahidjo, le 15 août 1970, devant les élèves officiers de la promotion du 10e anniversaire de l'indépendance. C'est à cette occasion qu'il affirmait, en effet, notre défense doit être nationale, c'est-à-dire l'affaire de tous, l'affaire du peuple tout entier. Cette orientation va se confirmer avec la loi n0 73/12 du 12 décembre 1973 portant organisation générale de la protection civile. Dans le préambule du décret n0 75/700 du 6 novembre 1975 portant règlement de discipline générale dans les forces armées, un texte qui pour la première fois énonce les raisons pour lesquelles le peuple tout entier doit participer à l'effort de défense. C'est en vue, stipule t'il, de dissuader tout agresseur éventuel et de s'opposer par tous les moyens, soit à l'invasion du territoire national, soit aux manoeuvres de l'intérieur ou de l'extérieur. La troisième phase, va des années 90 à nos jours. Elle se caractérise par deux principales orientations, qui semblent pour certains aspects dépasser le cadre du concept de défense populaire. D'un côté, se propage une forte internationalisation de la politique camerounaise de défense, laquelle se manifeste par une projection des forces de plus en régulières dans la sous-région, en Afrique et dans le monde. Mouvement ayant pour pendant, la signature de nombreux accords et des pactes de non-agression, entre les Etats du continent, voire du monde. De l'autre côté, la publication de 21 décrets réorganisant l'armée du 25 juillet 2001225(*), confirme la tendance observée tout au long des années 90, à savoir, l'émergence de nouveaux territoires de commandement et la création de plus en plus d'unités spécialisées. L'on peut dans ce sens citer les décrets n0 92/156 du 17 juillet 1992 portant organisation du commandement militaire territorial ; n0 93/212 du 4 août 1993, portant nouvelles appellations des formations et unités des forces armées ; n0 93/0940 du 4 septembre 1993, portant mise sur pied du 1er BAFUMAR; n0 94/183 du 29 septembre 1994, fixant les conditions de recrutement et d'admissions dans les écoles militaires de formation des officiers et n0 99/015 du 1er février 1999, portant création du Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN). Ainsi, en quadrillant le territoire national dans son ensemble, cette politique de rapprochement des commandements en direction des populations participe de l'esprit de défense populaire. La doctrine d'emploi de l'armée camerounaise peut donc être considérée comme l'ensemble d'idées directrices dont il faudra s'inspirer non seulement dans la conduite de l'action militaire, mais aussi pour l'organisation l'équipement des forces. Elle est guidée par le souci de préserver la paix et de respecter les règles du droit international contenues dans la Charte des Nations Unies et de l'UA. Dans ce sens, la politique d'emploi des forces se doit de répondre au préalable à quelques questions : à quel ennemi aura-t-on à faire face dans une guerre éventuelle ? Quel caractère présenterait la guerre probable ? Quelles sont les forces armées nécessaires pour résoudre les problèmes posés et dans quelle direction mener l'organisation militaire ? Comment réaliser la préparation de la guerre ? A quel moment mener la guerre ? De ce fait, le pouvoir exécutif dans l'exercice de ses attributions constitutionnelles, peut prendre une série de mesure et mobiliser les forces armées à différentes missions de défense. Pour pouvoir atteindre les objectifs assignés, les forces armées camerounaises ont été classées en fonction des hypothèses de défense élaborées par la haute hiérarchie politique et militaire. Ce classement a prouvé son efficacité dans les épreuves de guerre dont le Cameroun a eu à faire face, partant de la lutte contre la rébellion armée des nationalistes camerounais, au conflit transfrontalier de Bakassi, en passant par la tentative du coup d'Etat militaire du 6 avril 1984. D'un point de vue de la défense militaire, les Forces de Défense camerounaises en trois grands groupes. Il s'agit : des unités de réserve générale (la Brigade du Quartier Général (BQG) et la Garde Présidentielle (GP).) ; des unités d'intervention et des unités territoriales. L'utilisation de ces forces est fonction des hypothèses de défense. Malgré la professionnalisation entamée au sein des FAC, celles-ci restent dominer par un fort encrage, aux guerres classiques. Cette situation est révélatrice dans une certaine mesure, les difficultés pour l'armée camerounaise à remporter la victoire décisive face à Boko Haram. * 224 L'ordonnance portant création des forces armées camerounaises et organisation générale de la défense. * 225 Voire les décrets du 25 juillets 2001 portants réformes de l'armée camerounaise. |
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