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Les difficultés des armées nationales à  lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.


par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016
  

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CHAPITRE 3

LES DIFFICULTES DE L'ARMEE CAMEROUNAISE A COMBATTRE LE GROUPE TERRORISTE BOKO HARAM

La création des Forces Armées nationales chargées d'appliquer une politique de défense, relève du domaine réservé de chaque Etat. Et son orientation dépend, de la politique de défense et de sécurité de chaque Etat. Cette activité régalienne est un élément fondamental de tout jeune Etat qui accède à la souveraineté internationale. Les forces armées constituent le bouclier du pouvoir central chargé d'assurer la défense de l'intégrité territoriale du pays, protéger les personnes et les biens contre toute forme de menace venue de l'intérieure ou de l'extérieure. Les forces armées constituent non seulement un gage de crédibilité de l'Etat, mais également, un élément dissuasif contre tout acteur international belliqueux. A ce titre, « la défense militaire pour l'entité Etat-Nation, apparait ainsi comme un impératif catégorique ; une nécessité vitale, sans laquelle les institutions étatiques et les activités économiques et sociales, ne peuvent être assurée d'un fonctionnement normal »209(*). La première armée camerounaise a été formée par les autorités allemandes après la signature du protectorat le 12 juillet 1884. Face à la farouche résistance des indigènes à la pénétration allemande à l'intérieur du Cameroun, « une garde indigène » sera formée afin de venir à bout de cette opposition armée. Ce sont ces troupes indigènes qui fourniront les premiers éléments de l'Armée camerounaise210(*).

La mise en place de l'armée camerounaise obéit à une autre raison. En effet, en 1955, la situation sociopolitique au Cameroun est très instable du fait, des activités criminelles des nationalistes camerounais. Les forces de police débordées, elles ne sont plus capables d'assurer de manière efficiente l'ordre face à la rébellion armée. Par ailleurs, les forces coloniales françaises ont le sentiment de mener une « intervention gratuite, une pacification sans âme qui prend l'aspect d'une mauvaise corvée à assurer dans le pays qu'il faudra en tout état de cause quitter bientôt »211(*). Dans ce contexte, les Etats nouvellement accédés à l'indépendance, dont le Cameroun doit se doter des forces armées nationales212(*)indispensables face au péril national.

Garantes de la sécurité du pays et de l'indépendance nationale, les forces armées, par leur nature et leur posture, témoignent de la volonté de défense de la nation. Elles contribuent par leur action à la mise en oeuvre de la politique de défense militaire du Cameroun.

Comme toute institution étatique qui a trouvé sa place dans le concert des nations, son rythme et ses normes, les forces armées camerounaises ne cessent de s'ajuster pour s'adapter à la dynamique des menaces auxquelles elles pourront faire face. En effet, l'histoire prouvant qu'une politique de défense ne saurait être figée parce que le monde ne l'est pas. La société est dynamique, et le monde est sans cesse évolutif. L'Afrique n'a jamais cessé d'être soumise à l'engrenage conflictuel dû aux revendications territoriales, aux crispations identitaires, aux activités criminelles des groupes terroristes, aux trafics en tout genre, etc.

Les confrontations entre Etats aux moyens des forces armées régulières cèdent le pas à des conflits totalement déstructurés, dans lesquels les nouveaux adversaires apparaissent à côté des Etats adoptant des stratégies alternatives. La spécificité de ces nouveaux adversaires est qu'ils sont mobiles difficiles à neutraliser par les forces armées nationales. Ainsi, dans le cadre de ce chapitre, il sera question, tout d'abord, d'analyser les difficultés pour l'armée camerounaise à mettre en oeuvre une stratégie anti-terroriste dans la lutte contre Boko Haram (Section 1). Par la suite, il sera question d'analyser les difficultés pour l'armée camerounaise à remporter la victoire décisive sur le plan opérationnel (Section 2).

SECTION 1 : UNE STERATEGIE ANTITERRORITE DIFFICILE A METTRE EN OEUVRE FACE A LA COMPLEXITE DE LA MENACE TERRORISTE

Par définition, les menaces asymétriques portées par les acteurs non étatiques, nationaux ou transnationaux, constituent pour l'armée camerounaise un défi stratégique particulièrement difficile à relever. L'expansion terroriste actuelle dans le bassin du lac Tchad en général, et au Cameroun en particulier, rend précisément compte de la complexité d'une équation sécuritaire aux antipodes des pratiques conventionnelles de la guerre. Pour le cas de Boko Haram, l'armée camerounaise, rencontre les difficultés à implémenter une stratégie efficace contre cette menace. Cette situation est due, non seulement à la conception des FAC (Paragraphe 1), mais aussi, sur les difficultés à circonscrire et à identifier les motivations réelles du groupe terroriste Boko Haram (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA CONCEPTION DE L'ARMEE CAMEROUNAISE : UN ANDICAP DANS LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM

L'acte fondateur des forces armées camerounaises est l'ordonnance du 11 novembre 1959213(*) et sa direction connaitra une dynamique à celle du système politique camerounais. Un texte de 24 articles, l'ordonnance stipule en son article premier qu'« il est créé une armée camerounaise relevant de l'autorité du premier ministre, chef du gouvernement camerounais ». Dans son second article, les missions de cette armée nouvellement créée dont, la mission est la sanctuarisation de l'espace national face aux menaces conventionnelles interétatiques (A), et, dont le but est de faire la guerre conventionnelle (B).

A-L'ARMEE CAMEROUNAISE UN INSTRUMENT DE SANCTUARISATION DE L'ESPACE NATIONAL

C'est le 11 novembre 1959, par l'ordonnance n059/57, portant création de l'armée camerounaise et de l'organisation générale de la défense, que vont naître la Gendarmerie Nationale, l'Armée de Terre, l'Armée de l'Air et la Marine Nationale. Les textes qui structurent l'action de l'Etat au niveau national dans sa volonté de préserver la paix et l'intégrité du territoire sont déterminés par l'environnement national, régional et international.

Nouvellement créée, l'armée camerounaise dans l'article deux (02) de l'ordonnance portant création de la dite armée, celle-ci a pour « mission principale d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes formes d'agressions, la sécurité et l'intégrité du territoire national ainsi que la vie de la population ». Cette mission est largement inspirée de la conception moderne de la défense qui, ne fait plus de distinction entre l'état de guerre et l'état de paix, érige les forces armées en sentinelles permanentes.

Initialement conçue pour lutter contre la rébellion armée et la défense du sanctuaire national contre toute menace venant de l'extérieure. Vue l'environnement international, à la fluctuation des menaces, et à la résurgence de nouvelles menaces, l'armée camerounaise a subit d'importantes réformes pour pouvoir répondre à la nouvelle donne sécuritaire. En effet, la performance des matériels militaires a atteint un seuil jamais égalé, et le soldat doit être en mesure de s'en servir efficacement. Il doit apprendre à gagner ses batailles en même temps qu'il doit penser la guerre, renoncer à la notion de frontière ou faire abstraction des Etats-Nations actuels, idéaux supranationaux ou des causes humanitaires. Le soldat doit-être habile, capable de s'adapter plus vite que son adversaire dans les champs de batailles. Car, dans les conflits modernes, la victoire décisive appartient au plus habile. Bref, selon les propos de Jean Guitton, l'homme de guerre du 21ème siècle doit être, un penseur, capable de renouveler sa vision des évènements. Il doit être un guerrier philosophe214(*).

Prenant conscience de ces profondes mutations de la réalité internationale, le chef de l'Etat a engagé le 25 juillet 2001, une série de réformes dans l'appareil de défense camerounais, pour lui donner une dimension plus moderne.

Selon l'ordonnance du 11 novembre 1959, et de la réforme des forces armées camerounaises, l'armée camerounaise est composée de l'Armée de terre, de la Marine nationale, de l'Armée de l'air. A ces trois armées s'ajoute, la Gendarmerie nationale qui est une force de sécurité ayant les missions de défense. Dans le cas de notre analyse nous ne parlerons pas de cette force qui n'est pas considérée fondamentalement comme une armée, mais comme une force de défense et de sécurité.

L'Armée de Terre, elle est la principale force de l'armée camerounaise. Elle a pour mission, d'assurer en tout temps, et en toutes circonstances, et contre toute forme d'agressions : la sécurité et l'intégrité du territoire national ; le respect des accords internationaux ; des traités et agréments ; certains services publics ; la participation aux opérations humanitaires ; le tout sous le commandement d'un chef d'état-major. Celle-ci absorbe le plus gros des effectifs de la défense camerounaise, dans la mesure où, c'est le corps qui est chargé de la défense des frontières terrestres du territoire camerounais215(*). Elle est constituée de quatre (04) RMIA et de dix (10) Secteurs militaires. Elle est également constituée des unités de combat, d'intervention, de soutien et de réserves.

Figure N°7 : Les soldats du BIR-Alpha en opération à l'extrême-nord du Cameroun.

Source : Le Monde.fr

La création du BIR ; la combinaison des bataillons d'infanteries motorisées et le BIR ; la mise à jour de l'artillerie dans les régions ; la présence active des unités spéciales sur le terrain notamment, les BIR, le BSA, le BTAP216(*) ; sont des innovations issues de la réforme de 2001. Il est important de souligner ici que, l'action de l'armée de terre s'est amplifiée suite au décret n°2001/183 du 25 juillet 2001217(*). Ainsi, face à la prolifération des conflits dits asymétriques qui donnent lieu à de nouvelles formes de menaces. Il s'est imposé une nécessité de déployer les militaires sur le terrain pour y faire face, à travers leur présence permanente218(*). L'action de l'armée de terre nécessite au préalable une visibilité dans les zones stratégiques et sensible du territoire national. En plus, elle exige des équipements majeurs et des moyens logistiques, de détection, d'orientation et de transmission importants pour renforcer la présence des soldats dans des zones stratégiques, ainsi que de mener des patrouilles sur le renseignement.

L'Armée de l'Air : le Décret n°2002/037 du 4 février 2002219(*) incombe la tâche à celle-ci de «  venir en soutien aux autres forces de défense dans la surveillance et la protection du territoire national »220(*). C'est une armée qui fut formée suite à l'indépendance du Cameroun en 1960. D'un point de vue normatif, l'armée de l'air a une mission double ; en temps de paix et en temps de guerre. En temps de paix, elle prévient toute atteinte à l'intégrité de l'espace aérien national. Et en temps de guerre, elle défend l'espace aérien contre les assauts de l'ennemi. D'après Gabriel Metogo Atangana221(*)concernant les missions de l'armée de l'air, elles s'organisent en trois systèmes : « le système d'avertissement stratégique, le système de contrôle, de commandement et de communication, et, enfin le système de forces anti-aériennes »222(*). Spécifiquement, l'Armée de l'Air a pour mission : la surveillance, la protection et la défense de l'espace aérien ; le soutien et l'appui aux autres forces de défense ; la surveillance et la protection des installations aéroportuaires en liaison avec le Ministère des transports. Chapotée par un chef d'état-major, l'Armée de l'Air, depuis la réforme de 2001, est calquée sur le modèle commun des Armées de Terre et de Mer.

Les forces de l'Armée de l'Air sont aujourd'hui structurées sen trois (03) sous-ensembles. Les forces aériennes : composées des escadrons aériens ; les forces terrestres : composées des forces de protection et de combat, articulées autour des fusiliers de l'air et le bataillon de fusiliers commandos de l'air implanté à Bamenda. Les éléments de soutien et de formation que sont les bases aériennes et les centres d'instruction de l'Armée de l'Air.

La Marine Nationale, elle est une composante des forces armées nationales dont l'utilisation est exclusive en milieux marin et maritime. Sa mission principale est : la protection des espaces maritimes nationaux, fluviaux et lacustres, des installations essentielles à la vie de la nation, placées à proximité immédiate du littoral ; la conduite de l'action de l'Etat en mer, en liaison avec les autres administrations et le soutien aux autres forces de défense. En dehors de ses missions classiques, la Marine camerounaise est également impliquée dans le service public en mer, notamment ; l'assistance des personnes en difficultés ; la recherche et le sauvetage des vies en mer ; l'aide humanitaire lors des catastrophes naturelles ; la régulation et le contrôle du trafic maritime ; la police des pêches dans notre Zone Economique Exclusive (ZEE) ; la lutte contre les trafics illicites en tout genre dans les côtes maritimes camerounaises ; la lutte contre l'immigration clandestine ; la lutte contre la piraterie maritime notamment dans la zone D du Golfe de Guinée et la lutte contre le terrorisme international.

Placé sous le commandement d'un chef d'état-major, la Marine Nationale est composée de deux forces représentant, la composante maritime et terrestre de la taille d'une infanterie. Les forces de surface composées de plusieurs flottilles, les forces de Fusiliers Marins et les Palmeurs de Combat rassemblant la composante terrestre (trois bataillons de fusiliers marins) et la composante Commando : la COPALCO. Lors de la réforme de 2001, la Marine Nationale a connu d'autres innovations, entre autres, la création d'un chantier naval à Douala ; l'activation d'un atelier naval dans chaque Base Navale ; la création d'une Ecole d'Application des Officiers de la Marine à Douala et la création d'une Ecole de Plongée à Issongo ; la création des Centres d'Industrie Navale de Douala et de Perfectionnement des Fusiliers Marins de Man O War Bay. Il est à noter que ces centres existaient déjà mais sans actes de création. La création du Centre Opérationnel de Surveillance Côtière pour la détection de tous les navires et aéronefs longeant nos côtes223(*), vient compléter ces innovations dans les forces de la Marine Nationale.

De ce qui précède, l'on peut observer que les FAC constituent un véritable outil de sanctuarisation du territoire national contre toute forme d'agression venant de l'extérieure ou de l'intérieure.

* 209 Ela Ela ; La politique de défense du Cameroun depuis 1959 : contraintes et réalités, Thèse de Doctorat, Université de Nantes, UFR d'Histoire et Sociologie, 2000, p.38.

* 210 Ela Ela, op.cit. p.41.

* 211 Chaffard, G., Les carnets secrets de la colonisation, Tome 2, Calmann-Lévy, Paris, 1962, p.399.

* 212 Bangoura Dominique, Les Armées africaines : 1960-1990, la Documentation française, Paris, 1992, p.25.

* 213 Ordonnance N0 59/57 portant création de l'armée camerounaise et de l'organisation générale de la défense.

* 214 Onana Mfégué.

* 215Extrait du journal le Messager du 06mai 2011

* 216 Nkoa Atenga Camille, Army, In the mood of change, Honneur et Fidélité, numéro Spéciale, 2005, p.20-21.

* 217Décret portant réorganisation des formations de combat de l'armée de terre, op. cit.

* 218J.P Meloupou, «  les grands repères indicatifs », in Honneur et Fidélité, Yaoundé, MINDEF, décembre 2010, p. 9.

* 219Décret portant organisation des Forces de l'Armée de l'Air.

* 220Article 2 du Décret n°2002/037, op.cit.

* 221 Colonel ancien commandant le Secteur Militaire Terrestre n°3.

* 222Gabriel Metogo Atangana, in  les problématiques sécuritaires des frontières en Afrique, 2014, p. 95.

* 223 Ngouah N'gally Guillaume, Marine Nationale, Cap vers l'avenir, Honneur et Fidélité, Numéro spécial, 2005, p.24-25.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein