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Les difficultés des armées nationales à  lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.


par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016
  

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B-L'ENLISEMENT DES FORCES ARMEES FRANCAISES DANS LE CONFLIT AFGHAN

Depuis 1962, l'armée française a surtout affronté des organisations armées. Par contre, elle a très peu combattu les Etats avec leurs armées régulières. Or, ces deux types de conflits présentent des caractéristiques différentes. Affronter un Etat, relève de la logique de victoire décisive sur le terrain, contre l'armée adverse, comme préalable à la victoire politique. La puissance de feu est alors, l'élément essentiel pour obtenir cette victoire opérationnelle.

Le chef d'escadrons Alexandre de Féligonde, avait publié une note intéressante et sans concessions avec l'IRIS92(*) sur les manquements du contre-terrorisme de l'armée française en Afghanistan. Cette note est intitulée « La contre-insurrection comme solution stratégiques ? Quelques réflexions à partir du cas français en Afghanistan. ». Sur le théâtre afghan, malgré la création de la Task Force la Fayette en 2009, les français manquaient d'effectifs pour mener une stratégie de contre-insurrection à grande échelle dans les districts de Kapisa et de Surobi. Le terrain difficile et vaste pour les manoeuvres militaires, la densité de la population, le manque d'hélicoptères de transport compliquaient le travail de l'armée française. L'auteur constate alors que : « Les effectifs dans l'Est ne permettraient de mener que des opérations de contre-insurrection, mais bien à éviter une contagion trop importante ou encore le développement de zones-refuges pour les insurgés. Ces opérations étaient menées le plus souvent par les forces spéciales, et reposaient sur d'importants efforts en matière de renseignement, mais ne nécessitaient pas d'occuper le terrain et sont donc moins consommatrices en troupes ».

L'auteur dans sa critique de l'approche française se heurte à des freins : une population afghane par essence rebelle (un euphémisme) ; des équipements du soldat ne facilitant pas les contacts ; une certaine « bunkerisation » des soldats. Il s'interroge sur les difficultés des troupes étrangères en général et françaises en particulier en Afghanistan : « Comment mettre en oeuvre une approche globale quand les intérêts et les perceptions sont différents d'une vallée à l'autre, voire d'un village à l'autre ? ». Personne à l'ISAF n'a jamais pu répondre à cette interrogation selon l'auteur. Dans ce sens, l'intervention française n'est pas parvenue à affaiblir les talibans93(*). Les Talibans défaits à Kaboul, ceux-ci ont largement évolué dans leur façon de faire à la fois dans les tactiques utilisées et dans leur stratégie générale. Renonçant aux affrontements directs avec les troupes performantes technologiquement, les talibans sont revenus à la guérilla. Ce qui avait épuisé les soviétiques dans les années 1980. Les innovations sont inspirées de la guerre d'Iraq, probablement avec une expertise d'Al-Qaïda.

En premier lieu, les talibans ont introduit les attentats suicides jusque-là inconnus, plus de 140 en 2007. Cette pratique redéfinit les cibles légitimes de la violence, notamment les civils qui se trouvent en contact direct avec les troupes occidentales. La multiplication des bombes télécommandées a également montré son efficacité. De plus les attentats-suicides et les bombes télécommandées interdisaient une circulation légère des troupes françaises et rendaient les contacts avec les populations difficiles.

En second lieu, les Talibans ont construit méthodiquement leur stratégie en fonction des faiblesses occidentales d'une manière générale et des armées françaises en particulier, notamment l'occupation de terrain. Dans un premier temps, ils ont effectué des raids meurtriers à partir du Pakistan. Puis, ils ont reconstitué des maquis de plusieurs centaines d'hommes à l'intérieur des régions qui leur sont acquises, notamment au Sud et à l'Est.

Dans le même sens, le conflit afghan est bien une « guerre américaine ». On se rappelle de ce télégramme diplomatique révélé dans le Monde par Wikileaks où l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris demandait, sur instance à l'Elysée. Ce télégramme dévoilait que, Washington trouve des façons de faire croire que la France comptait dans les options stratégiques. On se rappelle également que le « commander in chief » américain, de Mckiernan à Petraeus en passant par McCristall relevait et remplaçait, les chefs de la coalition sans se référer aux autres membres.

Depuis l'élimination du leader d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, tué par un commando de l'US Navy au Pakistan. Les pays de coalition en Afghanistan, ont trouvé une excuse pour retirer leurs soldats du guêpier, dans lequel ils se sont fourrés après les attentats du 11 septembre 2001. L'ancien diplomate et attaché militaire français René Cagnat tire un bilan catastrophique de cette « intervention militaire aberrante », qui a fait plus de 3200 morts du côté de la coalition, plus 25000 morts du côté de talibans et au moins 14000 victimes civils94(*).

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'on s'accorde que les « faibles », en termes de simple rapport de forces, ont tendance à l'emporter majoritairement. L'asymétrie des forces est en réalité, souvent compensée par l'asymétrie des enjeux. Le « fort » occidental menant un combat limité à l'étranger contre un « faible », qui, lui mène une guerre totale chez lui, et au coeur de la géographie physique et humaine qui le dissimule. C'est lorsque les adversaires se ressemblent que la supériorité des moyens donne son plein effet.

* 92 Institut des Relations Internationales et Stratégiques.

* 93 L'express, l'Afghanistan : le sommet de Chicago a acté la défaite de l'OTAN, 24 2012.

* 94« Dix semaines à Kaboul- Chroniques d'un médecin militaire », Patrick Clervoy, Editions Steinkis, 2012.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld