II.2. LES NOUVELLES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL
Dans sa théorie des avantages comparatifs RICARDO
insiste sur le fait que c'est parce qu'un pays est plus compétitif dans
la fabrication d'un produit qu'il l'exporte. Les années 1980-90 sont
marquées par un renouvellement profond de l'analyse des échanges
internationaux. Il s'agit des nouvelles théories du commerce
international développées par des auteurs comme PAUL KRUGMAN et
HELPMAN.
II.2.1 Différence entre les théories
traditionnelles et les nouvelles théories du commerce
international
PAUL KRUGMAN et HELPMAN considèrent que c'est surtout
en exportant qu'un pays devient plus compétitif. C'est en prenant part
au commerce international, en faisant le pari de l'ouverture aux
échanges internationaux, que chaque pays multiplie ses avantages.
- Dans l'analyse de Ricardo
? Existence d'un avantage comparatif
? Ouverture aux échanges internationaux ? Naissance d'un
avantage comparatif
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Rédigé et présenter par Serge
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Intégration sous régionale et
développement du commerce entre les états membres de la zone
CEMAC
- Dans les nouvelles théories du commerce international
Cette approche montre que les avantages comparatifs n'ont rien
de définitif, ni d'exclusif et peuvent être construits, voire
choisis arbitrairement. Un pays peut par exemple se fabriquer un avantage
comparatif en privilégiant une certaine production même si au
départ il n'est pas particulièrement bien doté en facteurs
de production pour y parvenir.
Les nouvelles théories de l'économie
internationale ont ainsi apporté de nouveaux arguments aux thèses
favorables à l'ouverture internationale. Elles considèrent que
les gains du commerce sont cumulatifs : l'ouverture internationale provoque des
avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de
suite.
En définitive, l'ouverture internationale et
l'accès à des marchés plus vastes permettent des
rendements d'échelle croissants ainsi, en accédant à des
marchés plus vastes, une entreprise peut mieux tirer parti de sa
spécialisation. En effet, tout effort d'investissement (augmentation du
capital) afin d'améliorer sa compétitivité lui permet
d'écouler sa production auprès d'un nombre plus important de
consommateurs que ne le permettrait le seul accès au marché
national, ce qui assure une meilleure rentabilité des investissements,
l'amélioration des profits, etc.
II.2.2 La vision de PAUL KRUGMAN
PAUL KRUGMAN préconise donc une ouverture croissante
des économies et donc une libéralisation du commerce tout en
acceptant une politique étatique volontariste d'incitation à
l'exportation.
Mais il pense qu'une politique commerciale stratégique
de subvention et même de protectionnisme temporaire peut être
profitable car elle permet de contrer le monopole étranger qui arrive
sur le marché national.
Il ressort cependant de beaucoup d'analyses que la croissance
du commerce international ne profitait pas à toutes les nations de la
même manière et les questions suivantes se posent de plus en plus
:
- Le commerce international engendre-t-il pour les PED un
développement du sous-développement ?
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- Un PED peut-il compter sur l'insertion au marché mondial
pour réussir à se développer ?
Ces interrogations prennent tout leur sens si l'on
considère que l'importance croissante des firmes transnationales, le
développement d'un commerce international intra-branche et la forte
mobilité des capitaux à l'échelle planétaire
constituent une profonde rupture avec le contexte dans lequel Ricardo
envisageait les bienfaits de l'échange.
Tout d'abord, l'importance croissante des firmes
transnationales modifie profondément la nature du commerce
international. Il s'agit de moins en moins d'échanges de pays à
pays et davantage de transactions internes entre les différentes
unités de production d'une même entreprise. Ces transactions
échappent donc de plus en plus aux Etats ainsi qu'aux tentatives de
réglementation et de contrôle internationaux qu'ils pourraient
mettre en place afin de les organiser.
Ensuite, le développement du commerce international
intra-branche rend prépondérant les échanges entre pays
ayant des niveaux de développement identiques. C'est ainsi que
l'essentiel des échanges internationaux se font entre pays
industrialisés ; ce qui laisse peu de place aux pays ne disposant pas
des mêmes atouts en termes de technologies, de qualification de la main
d'oeuvre, etc.
De l'autre côté, la très forte
mobilité des capitaux peut se révéler être un
handicap pour certains pays. En effet, les capitaux se déplacent d'un
pays à l'autre en quête de rendements attractifs. Or, les
investisseurs parient davantage sur les économies déjà
très performantes, sur des économies émergentes ou
potentiellement émergentes. Ainsi, les pays en développement
(PED) qui connaissent des difficultés dans leur développement
économique ou encore une forte instabilité politique et/ou
sociale seront boudés par les investisseurs au profit de lieux plus
sûrs pour faire fructifier leurs capitaux.
Enfin, le commerce international peut faire naître des
rapports de domination. Ainsi, pour François Perroux, la domination ne
résulte pas d'un processus délibéré mais
résulte des inégalités de forces productives
(quantités, qualité et combinaison des facteurs de production)
entre les pays. Les pays dominants disposant d'un appareil productif
développé, spécialisés dans des biens à
forts gains de productivité et dans des secteurs à forte
croissance de la demande, acquièrent rapidement une position clé
sur le marché au détriment des autres. De plus, les prix
évoluent souvent de façon favorable aux nations dominantes qui
voient leurs
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termes de l'échange s'améliorer au
détriment des nations les moins performantes. Les marxistes partagent ce
point de vue, mais pour eux, cette situation traduit la volonté
délibérée d'exploitation des pays pauvres par les pays
riches.
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